Demain nous roulerons sans essence ni diesel…

En 2035,  l’alternative sera soit l’achat d’un véhicule à batterie… ou l’usage rallongé de votre future vieille voiture thermique ou hybride de première main.

Ce bouleversement traduit un choix radical assumé par l’Union européenne, dans le cadre de son plan climatique visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 comparativement à 1990. Avec pour 2050, l’ambition que la quasi-totalité des véhicules, y compris les camions et bus soient électriques ou hydrogènes.

Le vote final du Parlement européen, mardi 14 février, vient boucler un long processus législatif qui jusqu’au dernier vote, aura rencontré l’opposition de 279 députés contre 340.

A ce stade, soulignons deux sérieux problèmes en perspective.

D’une part, si rien ne change d’ici 2035, la voiture électrique risque bien de rester financièrement inaccessible à tout un pan de la population, créant ainsi « une fracture sociale » en matière de mobilité. Pour l’heure l’espoir est, celui d’économies d’échelle, et d’une offre élargie à l’entrée de gamme avec des voitures plus petites et taillées pour la ville. Un espoir qui repose surtout sur une baisse de prix des batteries lithium, qui représentent 40 % du coût d’une auto à moteur électrique. Soit la possibilité qu’une batterie emporte dans le futur une plus forte densité énergétique à poids et prix équivalent, ce qui n’est pas encore acquis, car la chimie des batteries obéit aux contraintes de la table de Mendeleïev.

D’autre part, la Chine domine la chaîne de valeur en matière de mobilité électrique. Au niveau mondial, elle produit déjà plus de la moitié des véhicules électriques et trois quarts des batteries et de leurs composants stratégiques, à savoir cathodes et Anode. En amont, elle représente la moitié des capacités de raffinage du lithium, du cobalt et du graphite. Il s’agit là d’un volontarisme économique et politique sans précédent, qui se décline très concrètement dans les rue chinoises, où la vaste majorité des motos et scooters sont également électriques.

En comparaison, l’Europe produit le quart de la production mondiale de véhicules électriques, ce qui est presque remarquable vu le peu d’enthousiasme de nos constructeurs sur le sujet ces vingt dernières années.  Un manque d’enthousiasme qui se traduit dans un chiffre clé, celui de la production de batteries made in EU représentant à peine 7% du volume mondial…

En 2035, des véhicule électriques certes, mais y en aura-t-il pour toutes les bourses ? Et d’où viendront les composants clés des batteries cachées sous nos pieds ?

Henri Lastenouse
Henri Lastenouse
Vice-Président de Sauvons l'Europe

Soutenez notre action !

Sauvons l'Europe doit son indépendance éditoriale à un site Internet sans publicité et grâce à l’implication de ses rédacteurs bénévoles. Cette liberté a un coût, notamment pour les frais de gestion du site. En parallèle d’une adhésion à notre association, il est possible d’effectuer un don. Chaque euro compte pour défendre une vision europrogressiste !

Articles du même auteur

24 Commentaires

  1. Eh oui, tout à fait d’accord sur les nouvelles réglementations, mais… j’ai 76 ans, je ne peux pas me passer de voiture, j’ai un vieux diesel, pas l’argent pour une voiture électrique et il n’y a aucune borne de recharge dans la zone où j’habite… (périphérie de Rome, Italie), alors je fais comment ? Je garde mon vieux diesel et dois m’accommoder des restrictions de circulation en ville. C’est ça la réalité pour des millions de personnes et sûrement pas seulement en Italie.

  2. Et combien de centrales électriques va-t-il falloir construire pour fournir l’électricité ? Sans compter les embouteillages aux bornes les jours de départ en vacances ! Pourquoi entendons nous si peu parler de l’hydrogène ?

    • Parce que l’hydrogène est un procédé assez peu efficace (en tout cas pour les véhicules individuels).
      D’ailleurs on en parle beaucoup et la conclusion des personnes informées est invariablement que ce n’est pas une meilleure solution que les véhicules à batterie (oui, parce que dans leur grande majorité les véhicules à hydrogène sont des véhicules électriques).

    • Parce que pour avoir de l’hydrogène « vert » (sachant que pour le moment, il est obtenue à partir d’énergies fossiles à plus de 90%, donc très émetteur de GES), il faut de l’électricité, que le rendement global est médiocre, et donc qu’il faudrait encore plus de centrales électriques pour avoir des véhicules à hydrogène.
      Pour plus d’information, par exemple : https://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/opecst/quatre_pages/OPECST_2021_0032_note_hydrogene.pdf
      Selon le Plan de Transformation de l’Économie Française, l’hydrogène devrait, en priorité, être utilisé pour l’industrie qui ne peut s’en passer (métallurgie, production d’engrais), proche du centre de production d’hydrogène pour éviter les pertes par fuite (le dihydrogène est la plus petite molécule existante), plutôt que pour la mobilité. Ce qui me semble effectivement plus rationnel.

  3. En 2035, à moins de nouvelles découvertes technologiques, la majorité des déplacements se fera en transports en commun décarbonés ou à pied et à bicyclette. Ce qui entraînera une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

  4. Cela paraît une bonne décision, mais cela semble mettre la charrue avant les bœufs.
    En eff et, le réseau de recharges électriques est ( toujours) indigent et rend tout voyage un peu long extrêmement flippant quant il n’y a pas de recharge fonctionnelle à l’arrivée.
    Exemple : hier je suis venu charger à une station indiquée sur Chargemap ( logiciel indiquant les points de charge). Le garagiste le dit que la borne ne marche pas. Je vérifie : la borne est allumée, toute neuve et les voyants sont au vert. Je demande au garagiste d’en libérer l’accès pour que je la teste. Après de longues négociations, il veut bien déplacer les QUATRE véhicules qui obstruent l’accès.
    Je branche ma voiture, la recharge commence (!!??) et TOUT saute moins d’une minute après!!
    Voilà les affres de la recharge quand on est en voyage!

    • J’ai fait 12 000 km l’été dernier et n’ai pas eu les problèmes que vous évoquez… mais effectivement l’infrastructure est à développer.
      Il y a 10 ans pour le faire, quand on voit ce qui a été fait en deux ans c’est largement faisable … et très motivant !

  5. Voilà bien l’exemple même des aberrations produites par nos élites européennes ou nationales. Les petits génies du « yaka ». Rien n’est prêt, mais on décrète quand même.

  6. Je n’achaiterais surement pas une voiture électrique, mais plutôt une voiture à l’hydrogène, même en sachant que la production de hydrogène n#est pas encore bien règlé. Mais à mon avis, les problèmes sont moins grand que avec les batteries des voitures électriques.

  7. Hier soir j’écoutais un Webinaire organisé par la SIA (Société des Ingénieurs de l’Automobiles français) avec différents experts qui ont tenté d’expliquer les conséquences de cette électrification européenne « à outrance », obligeant l’achat « 100% électrique » des Véhicules Neufs (VN) à partir de 2035. En dehors des Véhicules Electriques (VE) par eux mêmes (dont les gains réels en émissions GES/CO2 peuvent se faire longtemps attendre (> à 60.000 km ?) à partir du moment où on fait une « ACV » (Analyse du Cycle de Vie = depuis les matières premières, la fabrication, l’utilisation du VE et son recyclage final) il en va de même, si l’on veut bien tenir compte, des « ACV » des milliers d’installations et des conditions de recharge (individuelles, publiques et privées). Ce sujet est fort sérieux et préoccupe énormément nos experts VE, car les installations et conditions de recharge peuvent devenir rapidement extrêmement coûteuses (aux états et aux européens !) pour être disponibles « partout, où je veux, comme je veux et quand je veux », voire totalement incompatibles avec les jours de grands départs. Des équipements chers seront alors très souvent sous-employés, d’autres seront débordés = inaccessibles lors des chassés-croisés des vacanciers… Ce problème est vécu en Norvège du fait de leur taux déjà exceptionnellement élevé de VE en circulation. Pour y faire face, des re-conceptions des VE actuels se font jour, car il n’est pas envisageable, tant matériellement qu’économiquement, de généraliser les très lourdes et coûteuses définitions « Hauts de Gammes » actuelles offrant alors des autonomies élevées (?) … de l’ordre des 500 km…
    Des solutions sont imaginées telles que de petites remorques-batteries complétant temporairement (= prêts/échanges) le dimensionnement trop réduit des batteries à bord du VE, OU des systèmes très rapides (en 1 minute ?) d’échange des batterie (ce qui supposerait, dès à présent, une « intention » rapide de normalisations dimensionnelles et des branchements, non encore initiée entre tous les constructeurs européens !). Enfin, il est également évoqué la « route électrique », c’est à dire une voie de circulation dédiée, permettant d’alimenter/recharger les VE en continu, tout le long d’un trajet surtout autoroutier intra-européen…). Heureusement certains décideurs européens ont évoqué un principe de « revoyure » (2026 ?) car pressentant que l’idéal européen des « 100% VE neufs en 2035 » ne pas sans poser d’énormes problèmes techniques et financiers, surtout si les durées d’amortissements (économiques et climatiques) sont pires que de maintenir une part (à définir) de Véhicules Thermiques optimisés (dont les hybrides) encore commercialisée bien au delà de 2035 ! C’est bien beau de vouloir (penser) être exemplaire au niveau mondial, mais les « ACV » (techniques et financières) sont des préalables fondamentaux pour ne pas se mettre dans une grave impasse, alors que le Reste du Monde ne suit d’ailleurs pas du tout nos ambitions européennes en la matière !

    • Les analyses du cycle de vie disent pourtant bien que les véhicules électriques sont plus écologiques que les véhicules thermiques, déjà maintenant, et même en Pologne.
      Le réseau de recharge reste sous-dimensionné, et pour avoir fait l’expérience de la Norvège l’été dernier, je n’ai pas eu le problème que vous évoquez.

      • Le « bon » (?) dimensionnement des réseaux de recharge coûtera une fortune. Vous le verrez quand son bilan économique sera publié, et se manifestera, comme d’habitude dans l’endettement de la France, dans le prix des recharges (plus si intéressant que cela !) et dans nos impôts. Sinon, en termes de réduction des émissions GES/CO2, n’ignorez pas, SVP, que la production du VE et surtout celle de son énorme batterie, vont demander, en Europe, de l’ordre de 60.000 km de roulage en VE pour être enfin bénéfique en réduction CO2.
        L’ACV (Analyse du Cycle de Vie) ne se réduit pas à la seule phase de roulage du VE; si c’est de cela dont vous parlez, alors, là et seulement là, je vous donne raison !

  8. A mon humble avis, dans l’avenir, au-delà de 2035, il faudra prévoir un réseau ferroviaire, bcp plus vaste, plus éclaté que sur les axes que l’on connaît actuellement entre grandes villes, des réseaux urbains de bus et tramways allant partout, des mini-bus en service entre stations, gares et quartiers résidentiels pour en venir vraiment à la suppression des voitures. Dans les grands centres les taxis resteront utiles… Cela impliquera des coordinations fines entre tous ces réseaux, merci à l’informatique, il y aura du travail dans ce domaine. Pour moi pas de souci en 35 j’aurai 85 ans et je crois que je cesserai de conduire, je me déplacerai sans doute peu, mais j’espère que nos jeunes résoudront ainsi leurs besoins de bouger, mais il est à craindre que l’on ne voyagera plus jamais autant que nous l’avons fait au cours de ces 50 dernières années. Les avions sont une merveille mais faire monter dans les airs ces tonnes en mouvement me semble fou et une extravagance de quantité de carburant polluant à mettre en œuvre. Il faudra bien y renoncer à mesure que la production baissera inexorablement. Et même s’il y a encore du combustible disponible, il faudra le réserver aux usages précieux de la science, la recherche ou la santé pour l’énergie dans les hôpitaux (groupes électrogènes p. ex.)

  9. Étant donné la fréquence de renouvellement bien rapide des véhicules et le nombre de kilomètres parcourus par le transport routier, il aurait été plus judicieux d’électrifier cette flotte (camions et bus) en premier pour un meilleur résultat. Cela va sans dire que le remplacement de tous les véhicules routiers par des véhicules électriques à batteries est tout simplement hors de notre portée: les ressources terrestres en métaux sont insuffisantes et/ou inaccessibles pour des raisons géopolitiques – sans compter les désastres écologiques liés à l’extraction. De plus, la fabrication de ces véhicules et la réalisation de l’infrastructure nécessaire, ne pourra se faire sans un appel massif aux énergies fossiles, ce qui est à l »opposé des objectifs de réduction des gaz à effet de serre. On voit poindre la fin du tout automobile.

  10. C’est déjà mon cas ! Voici sept ans que je n’ai plus de voiture. Et que je ne roule plus qu’à vélo. Même pas électrique. Et non, je n’habite pas en ville. Ni dans un endroit plat (plutôt rare en Wallonie). Et j’ai 62 ans…

  11. Le prix ? Il ne faut pas être informé pour le présenter comme un obstacle rédhibitoire.
    1. Déjà maintenant, les véhicules électriques neufs, plus chers à l’achat, se rentabilisent vite (entretien moins coûteux, carburant aux 100 km moins cher), en tout cas avec les aides ;
    2. Dans 4 ans (maximum) ils deviendront moins chers à l’achat.
    3. Quand on dit « c’est hors de prix » on compare des choses incomparables : un véhicule électrique neuf (dans l’idéal haut de gamme) et un véhicule d’occasion (dans l’idéal premier prix). Ce ne sont pas les véhicules électriques que beaucoup ne peuvent pas se payer, ce sont les véhicules neufs. Là encore, le marché de l’occasion électrique, actuellement inexistant, va nécessairement se développer dans les prochaines années.

  12. Pendant ce temps là l’industrie automobile et les nucléaristes (entre autres) se frottent les mains
    Pendant ce temps là les petits enfants chiliens d’Antofogasta (entre autres) pourront continuer à mourir de plus en plus nombreux du cancer, ce n’est pas bien grave car les norvégiens et nous (entre autres) auront de belles voitures et de belles infrastructures pour les recharger

  13. Bonjour.

    Actuellement, les progrès fait pour aller vers le tout électrique sont loin d’être suffisant, ne maquille t’on pas son impact environnemental ?

    Allons nous continuer à suivre bêtement des directives dénudées de bon sens, ne faut-il pas d’abord accentuer et rechercher tous les moyens à mettre en œuvre pour économiser l’énergie, mettre la charrue avant les bœufs ne contribue t’il pas à accentuer notre déclassement, notre appauvrissement ?

    Je l’ai déjà écrit dans mes précédents commentaires, nos soi-disantes élites n’ont pas évoluées, elles sont restées dans des logiques passéistes, elles sont cupides et malhonnêtes, elles me font craindre le pire, la non prise en compte des différents rapports alarmistes sur le réchauffement climatique depuis 50 ans en est une preuve.

  14. En 2035 nous roulerons sans essence ni diesel…, voilà, c’est décidé au niveau des gouvernements, oui mais il reste à régler de très gros problèmes, dont la plupart sont cités dans le texte et les commentaires :
    • Rendre la voiture électrique financièrement accessible à toute la population,
    • Baisser le prix des batteries lithium, batteries qui représentent 40 % du coût de la voiture, et dont la capacité se réduit au fil des ans et des km
    • La bienveillance de la Chine, en guerre économique avec notre allié Américain, la Chine qui produit les trois quarts des batteries et de leurs composants stratégiques et représente la moitié des capacités de raffinage du lithium, du cobalt et du graphite.
    • Les centrales nucléaires correspondant à la future demande qui ne sont pas encore construites
    • Les stations de rechargement qui ne sont pas encore construites, imaginez 10.000 parisiens quittant l’Ile de France le 14 juillet pour la côte d’Azur … avec en plus les temps de rechargement actuels (Rappelons que la Norvège fait 4,5 millions d’habitants soit la moitié de l’Ile de France)
    • L’hydrogène qui devra être fabriqué à partir d’électricité verte, stocké, distribué, et finalement produire de l’électricité pour les moteurs électriques des poids lourds, des navires et avions et des voitures ? … le rendement énergétique descend alors à moins de 30%. Le seul avantage est que l’hydrogène peut se stocker, alors que le stockage énergétique batteries …
    • Avec les voitures électriques, la pollution diminue bien chez nous, mais le bilan global mondial est nettement moins certain, mais bon, la Chine et l’Afrique, c’est loin
    Il faut bien se rendre compte que notre monde actuel est fortement dépendant des énergies fossiles, et ce depuis la révolution industrielle du XIXème siècle, et que ce qui s’annonce est un changement fondamental décidé essentiellement dans certains pays riches et démocratiques qui ne représente même pas actuellement une évolution mondiale. Le choc sera rude, mais avons-nous un choix ?

  15. Donc si je comprends bien on va utiliser des véhicules qui mettront des années à combler le CO2 pour les produire, avec des centrales qui sont en difficultés ou pour les autres pays à charbon sans savoir comment recycler les batteries qui demandent des minerais qui gaspillent l’eau, polluantes à extraire sans compter les conditions sociales (travail des enfants) et on nous vend ça comme un progrès mais nous sommes dirigés par des fous furieux.

    Il faut ainsi entre 41.000 et 1,9 million de litres d’eau pour extraire une tonne de lithium. Au total, une voiture électrique consommerait 56% d’eau en plus sur son cycle de vie qu’une voiture thermique d’après un rapport du Congrès américain.

    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/mines-de-cobalt-des-geants-de-la-tech-mis-en-cause-dans-la-mort-denfants-1157075

    • Bonjour PARMENION71.

      Vous et nos commentaires résument ne nouvelle imposture de nos dirigeants actuels, on est dans le grand n’importe quoi ?
      Pourtant des solutions existent (diminution de la démographie mondiale, fin de l’obsolescence, mais elles ne vont pas toutes dans le sens du marché, isolation des habitats, etc, etc….) mais elles ne remplissent pas les poches d’une minorité, pourquoi dans SAUVONS L’EUROPE rien n’est dit clairement sur ce sujet là ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

A lire également