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Retraites : Bérézina d’un projet politique

L’adoption d’une nouvelle réforme des retraites devait être le moment d’un renouveau du pacte de sécurité sociale des Français, en même temps que la démonstration internationale de notre capacité à maîtriser nos dépenses publiques. Il se termine dans la discorde et l’effarement de la presse européenne et mondiale. Alors que nous regardons ce naufrage, souvenons-nous un instant de ce qu’était la promesse du macronisme.

C’était il y a peu, dans un climat de forte déception face à un groupe fatigué de politiques professionnels qui s’appliquaient à se caricaturer. C’était au contraire l’émergence espérée de nouvelles têtes, venues des sphères associatives, c’était une réaffirmation de valeurs centrales – certaines globalement tenues comme l’Europe qui nous est chère, d’autre moins comme la dignité de l’accueil des étrangers qui nous est chère également – c’était le règne annoncé du choix des meilleurs, de la compétence et des idées les plus convaincantes plutôt que d’un théâtre d’affrontements stériles. Ce que nous voyons aujourd’hui ressemble bien d’avantage à une verticalité des premiers de cordée.

Le projet politique porté par la réforme des retraites n’est plus compréhensible. S’agit-il d’une mesure de justice sociale ? D’un redéploiement de nos dépenses de solidarité vers de nouveaux besoins de prise en charge ? De sauver un système en implosion financière ? De réduire nos déficits ? De limiter le coût du travail pour dynamiser l’emploi ? Nous avons vu en trois ans se succéder plusieurs annonces de réformes distinctes et contraires. Les ministres directement concernés ne semblaient eux-mêmes pas en saisir les enjeux et les ressorts ; en tout cas ils n’ont pas en mesure de les exprimer clairement et sans erreur. Dans ces conditions comment convaincre ?

L’argument central même d’un régime de retraite à sauver, alors que nos voisins européens ont tous fortement repoussé l’âge de départ, n’est pas flagrant. Dans un régime par répartition, les générations nouvelles payent les pensions des générations précédentes. Le taux de natalité français est tout à fait exceptionnel en Europe, ce qui interdit de considérer comme une évidence l’exemple général. La réalité est que l’effort national des Français pour leur retraite est un peu supérieur à celui de la Belgique et l’Espagne, équivalent à celui du Portugal et de l’Autriche et un peu inférieur à celui de l’Italie. De même, le déficit du régime de retraites ne se comprend que par l’idée traditionnelle d’un financement unique par des cotisations sur les salaires, que l’État s’emploie parallèlement à supprimer car il les juge néfastes pour l’emploi. Personne ne s’interroge jamais sur un hypothétique déficit de l’éducation nationale ou de la police, qui relèvent du budget général de l’État. On oublie d’ailleurs un peu vite que le gouvernement Jospin avait créé en période de croissance un fonds de réserve public, qui aurait assuré l’équilibre du régime s’il n’avait pas été détourné par le gouvernement Fillon. L’effort en termes de PIB est donc la seule référence qui ait un sens réel. Il est probable en revanche que le vieillissement de la population se traduise par une baisse des pensions, en particulier si l’on prévoit de réduire les cotisations affectées aux retraites.

L’opinion est largement défavorable à la réforme qu’elle trouve illisible et n’a pas été convaincue de la justesse des efforts qui lui sont demandés, les mouvements sociaux sont les plus importants depuis des décennies, les syndicats ont su trouver des compromis pour surmonter leurs divergences et présenter un front uni et finalement le recours au 49.3 est l’aveu que le Parlement non plus n’a pas été convaincu. Ce passage à marche forcée constitue une faute majeure contre la démocratie. La recherche de compromis, à tort considérée comme une faiblesse, est une de ses composantes fondamentales et s’impose d’autant plus qu’il n’existe pas de majorité favorable. A défaut, le précédent des gilets jaunes conduit malheureusement à penser que seules la violence et la destruction sont audibles. Le fait que cette procédure soit prévue à titre exceptionnel par la Constitution pour garantir l’existence du budget ne peut tenir lieu de légitimité partagée.

Cet échec du débat ne doit pas être mis au seul débit du gouvernement, les oppositions en faillite n’étant pas capables de présenter de projet alternatif. Les Républicains sont un parti différent au Sénat et à l’Assemblée, les socialistes ont publiquement au minimum deux programmes sur le sujet, tandis que les écologistes se sont évanouis. Les Insoumis vivent apparemment dans un monde sans contraintes et le Front national ne prétend même pas avoir d’idée sur le sujet, ce qui lui permet de ne plus rebuter personne.

Au final, la discussion des choix démocratiques possibles s’est organisée autour de la société civile et des syndicats. Les divergences dans les approches n’ont pas été dissimulées, mais ont nourri une convergence d’action. Les défilés ont été à la fois massifs et dignes. Il y a là sans doute des forces de renouvellement de notre démocratie et nous devrons nous en souvenir. C’était après tout la promesse du macronisme.

Sauvons lEurope

Un engagement pro-européen et progressiste en faveur d'une Europe démocratique et écologique, espace commun de libertés et de protection sociale.

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23 Commentaires

  1. Le problème avec la macronie et la caste dirigeante c’est leur vision commune de la retraite qui n’est pour eux qu’une dépense comptable alors qu’elle est financée par des cotisations ….les déficits sont le résultat d’une gestion malhonnéte des besoins qui s’annoncent , dans le seul but d’harmoniser l’âge de départ avec les autres pays membres ….tout ça n’est qu’idéologie libérale .
    Le seul projet qu’offre l’Europe en matière de retraite n’est que régression sociale et perte de souveraineté …..triste destin pour les pays fondateurs qui remercient leurs populations après 50 ans d’une baisse de pension et un recul social inacceptable ….

  2. IL faut au moins une demi heure pour expliquer le système actuel et la réforme; sur les TVs on n’a jamais entendu cela, donc tous les gens sont abusés par les simplifications sélectives. C’est comme si un référendum concernait une réforme constitutionnelle avec une douzaine de modifications: chacun pourrait y trouver une modification qui ne lui plait pas, et la plupart voteraient non. La complexité requiert un effort d’analyse. Une réforme dans la complexité requiert des négociations et cela requerrait des majorités opportunistes sur chaque détail important, et non pas de l’obstruction stupide et un rejet a priori d’un seul point l’âge légal normal, susceptible d’exceptions ciblées à justifier. Trop de députés de gauche se sont soumis aux Insoumis et à la moustache et grande gueule syndicale.

    1. Le peuple n’a que faire des explications de ce gouvernement: il a compris ce que signifie néolibéralisme et qu’il est plus que temps de s’en débarrasser (pour rappel, Macron est fan de Schumpeter).

  3. Pointons tout de même la responsabilité des journalistes qui expliquent mal les enjeux de la réforme des retraites et qui au contraire caricaturent l’objectif recherché. Pointons aussi l’irresponsabilité des syndicats philo-révolutionnaires, d’un autre temps, incapables d’entrer dans la modernité.

    1. Ce n’est pas aux journalistes de justifier une réforme. Certains, comme Alternatives Economiques, l’ont assez bien expliquée. Quant aux syndicats, ils jouent très bien leur rôle de contre-pouvoir, et, beaucoup mieux que les politiques, ils représentent les 70%de citoyens opposés à cette réforme. Certains ont tendance à l’oublier.

  4. Reporter l’age légal de départ à la retraite c’est pénaliser ceux qui ont commencé à travailler tôt, qui n’ont pas eu la chance de pouvoir faire d’études et qui ont les métiers les plus ingrats et les plus mal rémunérés. Ceux qui ont fait des études jusqu’à 24 ou 25 ans travaillaient déjà jusqu’à 64 ans pour avoir leurs annuités.

  5. Qu’on le veuille ou non la France et les Français bénéficient d’un système social remarquable et d’un niveau de vie exceptionnel; mais en France comme ailleurs on souffre de la montée des inégalités ce qui rend l’idée de demander un effort supplémentaire à la population : deux ans de travail supplémentaires cela ne passe pas et la façon de mener cette réforme a été un fiasco incroyable. Que faire? Il faut s’engager à taxer les plus riches qui ont vu la valeur de leur patrimoine plus que doubler depuis 1995 (voir INSEE) sans aucune justification de production si ce n’est l’envolée des prix du patrimoine financier et immobilier

  6. Vous plaisantez, je suppose, lorsque vous évoquez les nouvelles têtes venues des « sphères associatives » ? Vous ignorez, ou pas, que la plupart des membres de ce qu’on appelle la « macronie » sont issus des hautes « sphères » économiques, hauts cadres d’entreprises, pour la plupart « riches », pour employer un gros mot ! Vous plaisantez aussi en utilisant le terme « coût du travail », cliché néo-libéral qui considère donc le travail, non comme une production de richesse, bien utile pour TOUS, y compris les rentiers du capitalisme, mais comme quelque chose qui « coûte »… C’est finalement indécent. Quant à la valeur « Europe », c’est se moquer? L’Europe est un continent géographique, pas une valeur… les Norvégiens, les Ukrainiens, les Russes sont aussi européens. L’Union Européenne – cette Europe dont vous parlez – est le parangon d’un régime non démocratique où la volonté des peuples disparaît derrière une commission non élue qui dispose de beaucoup de pouvoirs, qui tient compte des lobbies les plus nuisibles, qui se couche devant les décisions américaines, qui a détruit la Grèce, etc.
    Enfin, à aucun moment, dans votre article, vous n’évoquez la vie des gens, leur douleur au travail, leur misère lorsqu’ils ne trouvent pas d’emploi, jeunes ou vieux travailleurs, à aucun moment, vous ne tentez de comprendre leur colère devant l’injustice qui fait que la plus grosse fortune du monde est française, alors qu’on exige de gens modestes qu’ils travaillent jusqu’à l’épuisement. Je dois dire que votre « Europe », nous sommes nombreux à ne pas vouloir la sauver. Pas celle-là. Et si nos voisins sont satisfaits de leurs injustices sociales, par exemple de leur départ à la retraite à plus de soixante-cinq ans, on peut considérer qu’ils ont tort. Mais je doute qu’ils soient si satisfaits, tant sont nombreux partout sur le continent, les victimes d’un néo-libéralisme échevelé.

    1. Chère madame Ascari,

      C’est avec la perception d’une communauté de « longueur d’ondes » que je me suis senti proche du début de votre commentaire. Mais je crains que vous n’ayez cédé à quelques sirènes démagogiques lorsque vous avez abordé les considérations visant spécifiquement l’Union européenne.

      Ainsi, à propos de la ritournelle quelque peu éculée de l’omnipotence d’une Commission non élue, on peut craindre que votre commentaire n’aborde la question plutôt par le petit bout de la lorgnette, dont la caractéristique est d’éloigner d’une vision réaliste. Il me paraît donc utile de réitérer quelques observations que j’ai déjà développées à plusieurs reprises sur le présent site au sujet de ce détournement de perception:

      – certes, les commissaires ne sont pas directement élus dans le cadre de leur désignation au sein du « Collège » qu’ils composent. Mais: d’une part, si leur candidature est, à la base, promue par leurs gouvernements respectifs, c’est au Parlement européen, où siègent des « élus », qu’il convient d’accorder l’investiture définitive – et cela à l’issue d’une procédure d’auditions individuelles… qui est loin d’être une partie de plaisir, comme l’ont montré plusieurs exemples de rejet des candidatures;

      – une vision réaliste – fondée sur l’expérience – de l’équilibre institutionnel de l’UE conduit par ailleurs à largement relativiser l’omnipotence que vous -mais pas les traités, ni leur application – attribuez à la Commission. En effet, les jeux de pouvoirs ont contribué, au fil des ans, à faire davantage émerger les prérogatives des Etats membres en la personne de leurs chefs d’Etat ou de gouvernement, mais aussi des ministres (voire de leurs collaborateurs) !. Du reste, en mentionnant les ministres, peut-on négliger le fait qu’eux non plus ne sont pas directement « élus » pour assumer leurs responsabilités, y compris européennes ? En tout cas, à mon humble niveau, je n’ai jamais été convié à prendre part à l’élection d’un ministre en tant que tel: il semblerait que le privilège du choix demeure l’apanage des plus hautes sphères de l’Etat.
      Certes, les ministres – lorsqu’ils ne sont pas de purs technocrates (mais il y en a tout de même un certain nombre) – peuvent se prévaloir d’avoir souvent eu un parcours d’élus avant leur entrée au gouvernement.. Mais n’est-ce pas aussi le « curriculum » de nombreux membres des Commission successives ? Si vous avez la curiosité de vous reporter à la biographie des commissaires (c’est sur la place publique, à commencer par Google), vous constaterez que ces personnes ont déjà eu l’occasion de se mesurer au suffrage populaire, au niveau municipal, départemental, régional ou national – et, bien entendu, pour certains d’entre eux, à celui de l’élection du Parlement européen;

      – quant à l’influence des lobbies,on ne saurait l’ignorer. En revanche, ce que l’on ignore, c’est que, depuis quelques années, des dispositifs sont été mis en place pour en limiter l’ampleur et la portée. Paradoxalement, du reste, c’est parce que l’Europe se montre plutôt transparente en ce domaine sensible que l’activité des groupes d’intérêts n’est précisément pas véritablement dissimulée de manière honteuse. Il serait en outre naïf de méconnaître que ces « influenceurs » sont au moins aussi actifs sur le plan national… mais on a tendance à en parler de manière plus discrète (sauf, peut-être, le « Canard enchaîné »);

      – s’agissant enfin de l’existence de « valeurs » que vous semblez mettre en doute à l’échelle de l’UE, peut-on vous inviter à prendre la peine de lire (ou parcourir) la « Charte des droits fondamentaux » qui fait partie intégrante du traité de Lisbonne ? Nul doute que les promoteurs de la « Déclaration » de 1789 se reconnaîtraient une certaine paternité. Si divers pays tiers frappent à la porte de l’Union, ce n’est pas uniquement pour des raisons économiques: la défense des droits humains, des libertés fondamentales et de l’Etat de droit n’y est peut-être pas tout à fait étrangère. La démarche de l’Ukraine en est un exemple particulièrement emblématique.

      Ma conviction demeure que tout ce qui touche à l’Union européenne appelle des appréciations nuancées et que relayer la rumeur plus ou moins « populiste » ne repose pas sur la connaissance des faits.

      Bien cordialement.

  7. La partie la plus faible du texte concerne la nécessité – ou pas, justement – d’une réforme du système actuel de financement des retraites. On entend tout et son contraire à ce sujet, venant de spécialistes (ou supposés tels) de cette question. Cela illustre les limites de la démocratie vs. la technocratie, qui se justifient l’une et l’autre – à développer ! -.
    A partir de là, l’opinion qu’on peut se faire, nous, non spécialistes, confine à la foi en celui qui émet un avis soi-disant éclairé.
    En tout cas, c’est certain : quelle maladresse (due à du mépris ?) d’avoir mis le pays à feu et à sang sur un tel sujet.

  8. Que l’on récupère directement pour les caisses de retraites les bénéfices des autoroutes qui tombent drus depuis des années dans les poches de nos oligarques.
    Avec un coup de pied où je pense pour tout dédommagement. On pourrait créer une loi «  d’urgence économique » pour l’occasion.
    Et voilà ! Madame l’oligarque ( l’oligarce ?) à qui monsieur avait promis un yacht pour elle aussi et ses copines sera certes un peu déçue mais elle pourra toujours emprunter celui de son mari.

  9. Pourquoi Macron a-t-il si lourdement endetté la Nation avec son « koikilencoûte » alors que, surtout en tant que banquier, il ne pouvait ignorer qu’il hypothéquait l’avenir des français pour longtemps et que les financeurs ne manqueraient pas, sous peine d’augmenter leurs taux, pour obtenir des garanties, d’exiger, comme pour la Grèce, des contreparties qui les rassurent en leur rapportant comme des privatisations et l’étranglement des services publics? Les pays qui ont moins généreusement arrosé leurs entreprises, se sont moins endettés, s’en sortent-ils plus mal ?

    L’UE, quant à elle, semble avoir fait pression pour harmoniser le recul de l’âge de la retraite et cette mesure semble nous conduire tout droit encore plus, et plus brutalement, vers un ultra-libéralisme numérique dépendant de plus en plus des USA. Le Wall Street Journal laisse entendre que si Macron a relancé cette réforme de retraite c’est pour «augmenter nos dépenses militaires» !

    Quoi qu’il en soit, toutes ces raisons justes ou non, n’ont rien à voir avec les faux-prétextes avancés par la macronie pour justifier cette réforme inutile, injuste et nos sacrifices ! Non, tous les hommes ne naissent pas avec les mêmes chances, les mêmes choix !

  10. Bonsoir.

    Je rejoins les commentaires d’Annie ASCARI RAME et de Roberto BASARTE, on est dans l’indécence, dans un déni de la démocratie.

    Monsieur MACRON, vous avez bonne mine de vouloir donner des leçons de démocratie à Monsieur POUTINE, vous êtes vraiment très mal placé, de plus, malheureusement, ce dernier vous prend pour un « CHARLOT », vous êtes un teckel qui aboie, vous vous êtes discrédités auprès de nombreux Français, vous êtes le roi des bonimenteurs et des manipulateurs, vous êtes celui qui sera responsable de la montée de l’extrême droite, quel malheur ?

  11. Si, dans un commentaire précédent, j’ai souhaité longuement argumenter les nuances qui me séparent de Mme Ascari au sujet du « vécu » de l’Union européenne, j’ai également manifesté ma compréhension à l’égard de ses critiques de l’attitude actuelle – largement empreinte de maladresse, sinon d’amateurisme – des plus hauts dirigeants français face à la question ultra-sensible de la réforme des retraites.

    En fait, d’autres gouvernants avant l’actuel Président de la République – en duo avec sa Première ministre – ont dû affronter de sérieux mouvements de grogne… dont ils ont su parfois tirer les leçons. Si je mets à part les « troubles » de mai 68 et l’usage plutôt prolifique du « 49.3 » par Michel Rocard, trois souvenirs me reviennent en mémoire: le faux-pas du général de Gaulle recourant à la réquisition face à la grève des mineurs en 1963; l’attitude réaliste (sinon résignée) de François Mitterrand ne donnant pas suite au projet de réforme touchant l’enseignement privé en 1982; le même réalisme dont a fait preuve Jacques Chirac en présence de la contestation – déjà ! – de la réforme des retraites mise en chantier en 1995.

    Malheureusement, Emmanuel Macron – au surplus, apparemment très mal conseillé – ne semble pas avoir (ou pas encore ?) l’étoffe de De Gaulle, Mitterrand ou Chirac: comme quoi il arrive que Jupiter n’ait pas toujours la forme… olympique – et c’est dommage, nom de Zeus !

  12. Emmanuel Macron nous montre à quelle point la 5° république peut être anti-démocratique et dangereuse si elle tombe entre les mains de personnes mal intentionnées. J’approuve désormais Mélenchon dans sa volonté de passer à une 6° république plus moderne et respectueuse de la volonté du peuple.

  13. Bonsoir Monsieur VERNIER.

    L’Européen que je suis pensait que nous allions bâtir tous ensemble un modèle de société qui faciliterait le mieux et le bien vivre en Europe, est ce le cas ?
    D’après moi, nous en sommes loin, les discours qui nous sont servis par certains membres de la Commission Européenne et de nos gouvernants sont remplis d’ambiguïtés, de mensonges dans beaucoup de domaines dont celui de la retraite.
    Pour soi disant équilibrer les comptes des retraites (mensonge), n’est ‘il pas indécent de demander de travailler plus longtemps alors qu’il n’y a pas eu taxation des super profits fait en profitant de la crise, de taxation des très hauts revenus, d’arrêter l’exonération des charges sociales qui contribuent à ne plus alimenter les régimes de protections sociales, l’évasion fiscale des plus riches et des multinationales, etc, etc…
    Le déficit est créer volontairement pour aller vers des réformes néo libérales qui rempliront les poches d’une minorité au détriment de nous tous, elle contribuera inévitablement à notre appauvrissement.
    On cite comme exemple d’autres pays comme l’Allemagne et autres, mais a t’on vraiment envie de les copier, a t’on vraiment envie de voir des retraités qui n’ont plus les moyens de vivre, a t’on envie de voir des personnes âgées cassées en deux pour travailler, est ce cela notre Europe ?

    1. Bonsoir Mylord,

      L’acteur américain John Barrymore affirmait qu’on devient vieux – et vraiment vieux, insistait-il – lorsque les regrets remplacent les rêves.

      Alors, en dépit d’un âge affiché au compteur qui devrait, dans quelques mois, m’interdire la lecture de Tintin, conçu pour « les jeunes de 7 à…. », j’ose avouer que je nourris encore des rêves en ce qui concerne l’avenir de l’Union européenne, pour contourner la tentation des regrets.

      Certes, il m’arrive de déplorer, comme vous, les occasions souvent manquées de faire progresser la patiente construction de notre continent. Cela dit, je ne suis pas indifférent à l’évolution de certaines formulations. Ainsi en est-il de la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE sur un point précis: dans des arrêts rendus à partir des années 60 – et pour justifier la primauté du droit communautaire – elle invoquait des transferts de souveraineté consentis par les Etats membres « dans un nombre RESTREINT de domaines; au contraire, sa jurisprudence plus récente, prenant en compte le développement progressif des compétences de l’Union, constate que de tels transferts se manifestent dans un nombre de plus en plus ETENDU de domaines.

      Bien entendu, nous ne sommes pas dans l’aire d’un fédéralisme classique, comme peuvent s’en prévaloir – avec des nuances d’un pays à l’autre – des modèles comme les Etats-Unis, la Suisse, l’Allemagne ou la Belgique. En fait, c’est sans doute Jacques Delors qui, oscillant entre l’observation d’un « OPNI » (objet politique non identifié) et l’objectif de réaliser une « Fédération d’Etats-nations », a le mieux cerné l’originalité de l’entreprise.

      De surcroît, il serait inopportun, même de nos jours, d’oublier la « prédiction » formulée en 1950 par Robert Schuman – à savoir que l’Europe ne se ferait pas d’un coup ni dans une construction d’ensemble, mais plutôt à travers des réalisations concrètes créant des solidarités de fait.

      Par ailleurs, on ne doit pas non plus méconnaître une soupape de sécurité que ménage désormais le traité sur l’Union européenne sous la forme de « coopérations renforcées » à travers lesquelles quelques Etats membres peuvent promouvoir des avancées dans telle ou telle politique, en attendant que d’autres choisissent de s’y rallier eux aussi.

      Ces réflexions de ma part peuvent paraître très éloignées des considérations que vous développez sur le sujet très précis des retraites. Mais mon propos, dans une optique plus générale, était de rappeler quelques éléments de contexte dans lequel prend place une construction à laquelle je vous sais très attaché… quitte à faire montre d’une sympathique impatience.

  14. On pourrait à juste titre me reprocher un excès de bavardage en marge d’un thème – la réforme des retraites – au sujet duquel je n’ai pas exprimé de position détaillée quant au fond.

    A cet égard, je me limiterai à rappeler qu’en 2020 le Conseil d’Etat s’était exprimé sur la mouture d’un projet initial… en déplorant que le gouvernement ne lui ait pas laissé le temps nécessaire pour garantir la « sécurité juridique » du texte et que les projections financières de l’époque apparaissaient plutôt « lacunaires ».

    Pour en revenir à ma réponse à Mme Ascari, quitte à enfoncer (le plus délicatement possible) le clou, je reprends le clavier avec l’intention d’expliciter un point qui pourrait avoir laissé des lecteurs sur leur faim: ma mention des « collaborateurs » (terme sans doute trop vague) des ministres. Cette mise au point me semble d’autant plus appropriée qu’il s’agit d’un ressort non négligeable du processus décisionnel de l’UE.

    Pour simplifier, on peut considérer que le dispositif ainsi déployé se répartit sur deux étages:

    – d’une part, un rouage fondamental s’incarne dans le « COREPER », abréviation du Comité des représentants permanents des gouvernements des Etats membres, dont l’existence est mentionnée à l’article 16 § 7 du traité sur l’Union européenne et à l’article 240 du traité sur le fonctionnement de l’UE.

    Cette instance, qui est présidée à tour de rôle par le représentant de l’Etat membre qui assure semestriellement la présidence du Conseil, est composée des ambassadeurs de chaque Etat membre auprès de l’Union. Il s’agit de diplomates de haut vol chargés de préparer les différentes délibérations et les décisions des ministres réunis en Conseil. On ne saurait en effet imaginer que ces derniers étudient en personne et discutent chaque projet de texte soumis à leur approbation formelle. Dans la réalité, un travail de tri s’effectue à ce niveau des Représentants permanents, ce qui permet de ne laisser à leurs ministres respectifs que l’examen des dossiers les plus sensibles avant de se prononcer. Autant dire que les affaires ainsi évoquées au niveau strictement ministériel restent en général limitées en nombre, ce qui n’amoindrit pas – loin de là – leur importance politique.

    – d’autre part, en amont du COREPER, un dispositif préparatoire est également aménagé sous la forme de comités spécialisés et de groupes de travail réunissant des fonctionnaires et experts nationaux, soit directement attachés à chaque Représentation permanente, soit mandatés au cas par cas, en fonction des dossiers traités, par les ministères concernés.

    On osera espérer qu’en regard des explications ainsi développées la vision d’un système décisionnel à sens unique sous la coupe d’une Commission omnipotente aura été quelque peu tempérée par ces coups d’oeil sporadiques en direction des coulisses des institutions de l’UE.

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