Référendum : Mario Monti a raison

La leçon à tirer de l’échec du référendum sur le TCE est que, finalement, peu importe le contenu du traité, qu’il soit TCE ou traité de Lisbonne, ce qui est en cause en France, c’est l’acceptation ou non de la représentation démocratique. La méfiance des français à l’égard de leurs représentants a atteint un tel degré que, si on les consulte, les français répondront systématiquement par la négative car ce qu’ils rejettent ce n’est pas un texte, c’est leur représentation nationale.

 

La preuve : les français ont discuté abondamment du TCE à tel point qu’ils étaient devenus des spécialistes du droit international ! Mais la raison cachée de cet engouement, c’est que chaque français avait estimé que les négociateurs du TCE avaient mal fait leur travail et qu’il fallait le refaire ! A l’époque, on avait trouvé cela admirable. Quel peuple, ces français ! Quel attachement à l’Europe ! Aucun autre peuple n’est aussi passionné par l’Europe que le peuple français ! Quelle leçon pour les autres pays ! Mais, en réalité, tout au long de la campagne référendaire, on a assisté à quelque chose de sur-réaliste, à savoir que les français, en direct à la télévision et des semaines durant, re négociaient un traité international entre eux ! Ce peuple est extraordinaire ! Il pense sérieusement que l’Europe se décide entre français ! On comprend mieux pourquoi le TCE a été rejeté : il n’instaurait pas l’Europe française. Car l’Europe française c’est l’Europe avec un TCE tel qu’il est apparu au fur et à mesure de la négociation entre français : tel article est maintenu, tel autre est retiré, telle affirmation est ajoutée, telle autre est retirée… Les partisans du non sont des partisans de l’Europe française et tant que l’Europe ne sera pas française ils resteront partisans du non. On aura compris qu’en France un rejet par référendum peut en cacher un autre… et, devant ce constat, on pourrait être tenté de réclamer un référendum non plus au niveau national mais au niveau Européen. Le problème c’est que le peuple européen n’existe pas. Alors, il faut bannir tout nouveau référendum sur une question Européenne.

 

Avec le traité de Lisbonne, les pays Européens manifestent à nouveau leur volonté de faire fonctionner l’Europe tout en réaffirmant qu’elle ne sera toujours pas française ! Par conséquent, la suite logique pour les partisans du NON qui risquent d’être désavoués de nouveau par le reste de l’Europe, c’est de demander un nouveau référendum mais cette fois pour savoir si oui ou non la France doit se maintenir dans l’UE ? Car, à partir du moment où l’Europe française ne se fera pas, il faut en sortir !

 

De plus, à partir du moment où l’enjeu était fondamental, où se jouait non seulement l’acceptation du TCE par un pays mais également l’avenir de l’Europe, ne fallait-il pas envisager de démissionner en cas de rejet du TCE ? Ne fallait-il pas que tous les français qui ont participé à l’élaboration de ce TCE démissionnent puisqu’ils ont été désavoués ? De nos jours plus personne ne démissionne. Or, à partir du moment où le TCE a été négocié âprement par les représentants français, que ces derniers se sont engagés à fond vis à vis des représentants des autres pays, que ce TCE porte fortement leurs empreintes et que finalement le peuple français l’a rejeté, ne faut-il pas que les représentants français démissionnent en bloc ? Je sais que c’est de la fiction. Mais cette absence de démission sur un sujet aussi important ne porte-elle pas un grave préjudice à la politique et aux politiciens ? Car finalement, on peut mettre en doute le fait que le sujet soit si important qu’on le dit et donc on peut prendre position à la légère en se disant que cela n’aura aucune conséquence. Vous me direz qu’en cas de démission groupée, les partisans du non auraient trouvé cela extraordinaire puisqu’ils se seraient également débarrassés des plus grands défenseurs de la cause Européenne ! C’est exact. Mais n’est-il pas nécessaire d’en passer par-là pour que le peuple puisse se dire que sa parole compte dans la vie politique de ce pays.

 

Luc ANDRAL

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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