Regards croisés franco-allemands

Naviguant depuis plusieurs années pour des attaches personnelles entre France et Allemagne, plus précisément entre le 14è à Paris et Erehnfeld à Cologne, il est plaisant et même instructif de croiser l’actualité de nos deux pays.

 

A Erehnfeld, quartier cosmopolite où la communauté turque est bien établie, se prépare la construction de la mosquée avec son minaret de 60m…avec une manifestation de l’extrême droite européenne qui a fait flop le mois dernier; une contre manifestation bien plus importante s’est imposée avec ses allures de carnaval, une institution là-bas…comme les cabarets, autre tradition de Cologne. Quand on sait que Erehnfeld a été autrefois un haut lieu de résistance au nazisme, on est moins surpris!

 

A la télévision Marcel Reich-Ranicki, le « Bernard Pivot » allemand, a lancé un pavé sur la baisse de niveau culturel des émissions grand public à l’occasion d’une remise de prix. C’est vrai que le football y est un peu envahissant…En France on discute de la publicité ou non sur les chaînes publiques, là-bas elle est réservée aux chaînes commerciales…

 

Depuis plusieurs mois le débat fait rage sur l’instauration du salaire minimum, qui existe déjà dans de nombreuses branches mais n’est pas généralisé. Un thème pour les prochaines élections l’an prochain du Bundeskanzler.

 

Mettront-elle fin à la grande coalition? ceux qui l’exercent la voit comme une parenthèse, mais qui dure, qui dure…et il n’est pas certain qu’on en sorte en 2009; les allemands ont l’air d’aimer çà? impensable en France.

 

Ce qui m’a plus attiré ces derniers jours c’est le réveil du SPD. Avec 5 présidents en 5 ans, le parti social-démocrate s’était épuisé depuis le départ de Schröder, plus contesté sans doute pour son passage à la présidence d’une filiale du russe Gasprom que pour le bilan des réformes de son gouvernement…dont Angela semble celle qui tire le plus de fruit des résultats des réformes précédentes sur l’économie allemande?

 

Donc le SPD s’est trouvé au dernier congrès extraordinaire à Berlin le 18 octobre une double tête résolument soucieuse de poursuivre les réformes: Franz Müntefering ex-dirigeant qui s’était retiré un long moment des estrades politiques pour soigner son épouse malade et Frank-Walter Steinmeir, actuel ministre des affaires étrangères, tous deux assez populaires dans l’électorat. Le premier reprend la tête du parti et le second est le candidat à la chancellerie, avec 95% des mandats.

 

C’est donc un nouveau départ refusant l’alliance avec « la gauche de la gauche » allemande, Die Linke que Steinmeir qualifie de populiste, après de nombreuses hésitations qui avaient jeté la confusion et affaibli le parti. En pleine crise financière, refuser ainsi la surenchère témoigne d’une maîtrise certaine. Tout n’est pas résolu: comment combattre l’ultra-libéralisme et refondre la social-démocratie, mais au moins le SPD est de retour. Voilà qui pourrait nous donner des envies en France?

 

Guy Morvan

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Arthur Colin
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