Missak Manouchian, précurseur de l’Europe ?

L’hommage rendu ces jours-ci à Missak Manouchian et à ses compagnons Résistants « étrangers » a été l’occasion d’attirer l’attention sur la lettre poignante que le responsable des FTP-MOI a adressée à son épouse quelques heures avant son exécution, un texte que Louis Aragon et Léo Ferré ont sublimé à leur manière.

Or, au-delà des considérations personnelles développées dans la missive, deux passages m’ont personnellement interpellé :
• « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand. »
• « Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre, qui ne durera plus longtemps. »

Déjà, cette conscience acquise en février 1944 que les armes devraient se taire à brève échéance témoignait d’une profonde clairvoyance, sans doute partagée par d’autres acteurs de l’époque. Mais la triple référence au terme « peuple », compréhensible en regard de la posture idéologique de Manouchian, ainsi que l’évocation de la paix, acquièrent une résonance singulière en amont des premières pierres de la construction européenne.

De là à prétendre que l’homme de « l’affiche rouge » serait à inscrire parmi « les pères de l’Europe », il y a un pas qu’on hésite a priori à franchir. Cela dit, il y a dans ces propos une tonalité digne d’un précurseur… comme le fut, dans un contexte différent, Robert Schuman. Certes, imaginer que ce dernier, inspiré par Jean Monnet, l’ait été aussi par Manouchian — à supposer qu’il ait eu connaissance de sa lettre à Mélinée, ce qui est peu probable — serait un raccourci excessif.

Il n’empêche : dans sa déclaration du 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères soulignait que l’action à entreprendre dans le cadre de son initiative devait toucher au premier chef la France et l’Allemagne, ce qui témoignait d’une courageuse lucidité dans le contexte de l’époque, quelque cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

De même, si le terme de « fraternité » n’est pas mentionné en tant que tel, une connotation d’attachement quasi-familial transparaît dans celui de « solidarité » expressément évoqué dans la déclaration.

Enfin, on ne saurait négliger les références tant à la paix mondiale à sauvegarder qu’à la paix tout court, dont le service est appelé à constituer, selon Robert Schuman, un objet essentiel pour la France. De surcroît, si le patronyme de Manouchian commence par les trois lettres « MAN », ces dernières terminent celui de Schuman. Il y aurait comme de l’«huMAN » dans l’air…

Le cercueil de Manouchian a désormais rejoint le Panthéon… mais aussi ceux de Jean Monnet et de Simone Veil. Peut-être que, dans le silence de la crypte, on pourrait bien entendre parfois quelques bruissements murmurant l’Ode à la joie ? C’est ainsi qu’à leur manière les âmes vivent…

Gérard Vernier
Gérard Vernier
Ancien fonctionnaire de la Commission européenne & enseignant à l'Université Libre de Bruxelles

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12 Commentaires

  1. Ne faut-il pas souligner que ce n’est que bien tardivement que l’UE a réagi aux multiples exactions perpétrées par les colons israéliens en Cisjordanie, une des causes de la situation actuelle?

  2. Personne ne saurait remettre en question l’héroïsme admirable des 23 du groupe Manouchian mais cela n’impose pas pour autant de se voiler les yeux et de ne pas se poser des questions tant l’héroïsme de ce groupe semble, dés 1955 jusqu’à aujourd’hui, avoir été instrumentalisé par tous, notamment par le PCF. Il est important de replacer ce fait dans le contexte historique de l’époque et de rappeler certaines vérités troublantes qui peuvent passer pour politiquement incorrectes mais qui posent questions !

    La seconde guerre mondiale a pu commencer grâce au traité germano-soviétique de non agression mutuelle d’août 1939 qui, en secret, a convenu d’un partage de l’Europe entre Hitler et Staline: Pour Staline, le droit à l’invasion de la Finlande, des pays baltes, d’une région ukrainienne et pour Hitler le droit d’envahir, en toute tranquillité : la Pologne occidentale, les Pays-bas, la France. Trois jours après, Hitler envahissait la Pologne et, en juin 40, il défilait à Paris. 3 jours plus tard, De Gaulle lançait son appel à la résistance contre l’occupant !

    Le PCF ne pouvait officiellement résister contre Hitler, alors allié de Staline, et ne l’a fait que lorsqu’ Hitler a envahi l’URSS en août 4I. La question que l’on est en droit de se poser si l’on veut rester honnête, objectif, a-partisan, est: le PCF est-il entré en résistance pour soutenir Staline ou contre l’idéologie nazie? Rappelons qu’en 1939 Staline avait depuis longtemps trahi l’idéal communiste de Marx, avait déjà massacré des millions de ses citoyens, ce qu’avait laissé entrevoir le voyage de Gide en 1936 mais qu’ont refusé de reconnaître bon nombre d’artistes, d’intelectuels français dont Aragon…

    Ce n’est qu’un an après la déstalinisation de Khrouchtchev, en 1954, que le PCF, en 1955, met en lumière Manouchian, que paraît le poème du communiste français Aragon…Pourquoi juste à ce moment? Pour éviter l’écroulement du parti, resserrer les rangs ? Parti qui n’a toujours pas réussi complétement à se dédiaboliser, à faire taire des craintes de récidive, à effacer ces 30 ans de son histoire malheureuse malgré tous ses efforts démagogiques pour arrondir les angles, pour prouver, patte blanche, qu’il n’est plus un parti révolutionnaire, qu’il ne défend plus la lutte des classes, qu’il ne demande plus qu’un ultra-libéralisme franchouillard, inoffensif, souriant, jeune et cool, réformiste, à « visage humain » !

    La chanson de Léo ferré est parue en 1961, qui en a parlé ? On ne peut pas dire que Léo ait été alors le grand chou-chou des média! Pourquoi ne parle-t-on autant du groupe Manouchian qu’aujourd’hui, 70 ans après leur exécution ? Rappelons que les résistants étrangers avaient fui des guerres, des régimes totalitaires fascistes ou nazis, des polonais, italiens, espagnols, (communistes, anarchistes), comme le font aujourd’hui bon nombre de nos migrants que l’on refoule ou utilise comme des marchandises, une main d’oeuvre mondialisée servant de variable d’ajustement pour maintenir les profits exponentiels de quelques dominants ultra-libéraux !

    Ce qui est écœurant, c’est cette récupération tous azimuts de ces résistants qui sont morts pour l’idéal d’un monde partagé entre tous et non pour cette UE d’aujourd’hui identique à celle d’hier où c’est toujours les USA de Roosevelt, de Trump ou Biden et la Russie de Poutine, hier URSS de Staline, qui entendent se partager, comme à Yalta, une l’UE discordante, qui a laissé ressurgir le fascisme et le nazisme, qui confie aux entreprises la transition écologique à leur rythme et selon leur bon vouloir pour maintenir leurs profits et leurs prédations, leurs intérêts immédiats aux dépends de notre santé, une UE de moins en moins démocratique, loin des peuples et de leurs réelles préoccupations, de plus en plus élitiste, technocratique et réactionnaire tant au niveau des migrants, qu’au niveau de l’écologie, des services publics…

    Comme le chante un autre poème d’Aragon : C’était un temps déraisonnable/On avait mis les morts à table/On faisait des châteaux de sable/On prenait les loups pour des chiens/Tout changeait de pôle et d’épaule/La pièce était-elle ou non drôle…/Est-ce ainsi que les hommes vivent/Et leurs baisers au loin les suivent ?

    • Je voudrais vous remercier pour les précieux compléments d’information que vous avez souhaité apporter à l’article… du moins en ce qui concerne le contexte dans lequel s’est située l’action du « groupe M

    • (problème informatique… donc, je reprends)
      Je voudrais bien sincèrement vous remercier pour les précieux éléments d’information que vous avez souhaité apporter à l’article… du moins en ce qui concerne le contexte dans lequel s’est située l’action du « groupe Manouchian ».
      Permettez-moi d’ajouter un autre élément, non mentionné dans l’article, délibérément centré sur le prophétisme européen du nouveau « panthéonisé » : à savoir qu’en plus de la Légion étrangère l’armée française de l’époque comptait dans ses rangs des régiments d’engagés volontaires étrangers. Certains d’entre eux venaient d’Europe centrale, d’autres étaient des survivants des Républicains espagnols et des Brigades internationales. A la différence du groupe Manouchian, constitué en commando, ils entraient dans le moule d’un corps d’armée « régulier ». Justice soit aussi rendue à ces autres amoureux de la France !
      Je serais en revanche plus nuancé que vous – mais cela ne vous étonnera pas – sur les jugements quelque peu expéditifs que vous formulez à propos de l’Union européenne d’aujourd’hui. Si je peux moi-même déplorer diverses dérives inspirées par un certain « néo-libéralisme », je suis plus prudent quant à une évacuation du type « bébé/eau du bain » en ce qui concerne l’évolution globale de l’Union. Un suivi attentif de celle-ci, y compris récente, appellerait un effort de réalisme auquel, au prix d’une information mieux documentée, vous pourriez être sensible – de même qu’Yves Herlemont.
      En tout état de cause, si vous pouviez faire état de faits précis en regard de ce que vous dénoncez, je serais tout à fait disposé à poursuivre le dialogue en détail, en nous efforçant, l’un et l’autre, de faire la part des choses. Par exemple, ceux qui peuvent se prévaloir d’un minimum de connaissance du fonctionnement des institutions apprécieraient sans doute que l’on ne charge pas exagérément la barque à l’endroit de la Commission européenne : même s’ils ne sont pas toujours exemplaires, évitons de faire systématiquement de ses membres des boucs émissaires (boucs commissaires ?).
      Du reste, ne négligez pas le fait que ce sont, souvent, les Etats membres de l’UE qui mènent la danse à Bruxelles. Si vous voulez un exemple éloquent et très récent de cette réalité, n’hésitez pas à vous pencher sur la manière dont a été traitée la question du statut des travailleurs des plateformes numériques : après de laborieuses négociations, Parlement européen et Conseil étaient parvenus à un accord provisoire à ce sujet… mais, dans la dernière ligne droite, certains Etats membres ont retourné leur veste – ce qui, comme on dit chez les grands couturiers, peut être assimilé à une véritable pantalonnade…
      Suite à un prochain numéro ? En tout cas, bien cordialement !

      • Je sais, Gérard Vernier, que je manque parfois de nuances. J’ai suffisamment d’expérience et de credo dans la démocratie pour savoir que tout n’est jamais tout noir ni jamais tout blanc. Mais force est de constater que même quand les décisions sont bonnes (par exemple le Green deal), elles ne résistent pas, dans leurs mises en application aux différences pressions exercées par les lobbies des grandes entreprises industrielles multinationales (comme celles de l’agro-alimentaire, par exemple) relayées par des groupes de pression, eux-mêmes sous influences, tels la FNSEA en France ou le Boerenbond en Belgique. Pour rester dans le domaine écologique, la C.E.E est restée sourde à la lettre ouverte de Sicco Mansholt, seulement soutenue, à l’époque par André Gorz (le père de l’éco-socialisme) et Edgard Morin, où il critiquait durement, notamment, les fondamentaux productivistes et écocides de la P.A.C. Pourtant tout était déjà dit dans les années 70…
        Moi-même, en tant qu’ancien syndicaliste dans les services publics, j’ai subi de plein fouet les méfaits de l’austérité, tout au long de ma carrière. C’est, peut-être, ce qui fait notre différence de vécu, les cris du peuple ne franchissant pas toujours les murs feutrés de la Commission européenne ni ceux plus académiques de l’université. Je reste cependant ouvert au débat et suis toujours attentif à vos prises de position plus optimistes (que je ne demanderais pas mieux de partager) qui me permettent souvent de ne pas sombrer dans le désespoir. De toute façon, la contradiction est toujours roborative.

        • Merci pour cette très intéressante mise au point, qui me permet de penser que nous sommes sans doute plus proches l’un de l’autre que ce que pourraient laisser croire divers clivages parfois exprimés de manière un peu abrupte… mais « roborative », comme vous le soulignez à juste titre. Ainsi, je rejoins tout à fait ce que vous écrivez au sujet des lobbies, notamment agricoles, qui freinent le dynamisme que l’on est en droit d’attendre d’une UE dont le mérite, à mes yeux, est, comme elle l’a montré, quoi qu’on en pense, en diverses circonstances, de penser à long terme.

          Vous citez Sicco Mansholt, pour qui je conserve une profonde admiration. Je me permettrai d’y ajouter le nom d’Edgard Pisani, son alter ego, qui a, lui aussi, à partir d’un certain moment, contribué à alimenter une réflexion se détournant de l’impasse d’un productivisme forcené. L’attention à accorder prioritairement au développement rural des pays africains, qu’il a promue lorsqu’il est devenu commissaire européen à la coopération au développement, a constitué un infatigable cheval de bataille de son action. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

          Puis-je ajouter, au risque d’être taxé de mettre mes gros sabots dans un plat que je ne connais peut-être qu’insuffisamment, que je me demande si, dans une réforme pertinente de la PAC, la rémunération de nos agriculteurs ne devrait pas être axée en plus grande proportion sur leur contribution à la préservation et la promotion de l’environnement. Serait-ce bien différent de la rétribution des services publics ?
          Signé: Lou Ravi

  3. Manouchian était communiste et donc internationaliste. (« prolétaires de tous les pays, unissez-vous »). Son internationalisme était sincère, contrairement à celui du Komintern qui visait, avant tout, l’expansion du totalitarisme stalinien (voir notamment son rôle pendant la guerre d’Espagne). En cela, Zorro a parfaitement raison. La construction européenne possède une tout autre base, celle du marché capitaliste qui oppose les intérêts des peuples entre eux via la concurrence économique acharnée. La C.E.E. , à partir du début des années 80 a institutionnalisé cette concurrence en ouvrant davantage encore les marchés par la libre circulation des biens et des services en interne et en concluant des traités de libre-échange avec l’extérieur, déstabilisant et déstructurant les conquêtes sociales acquises au cours du siècle passé. De plus, le productivisme, corollaire indispensable de la concurrence capitaliste a détruit (et continue à détruire) l’environnement, mettant en péril, à terme, l’existence même de l’humanité.
    S’il est vrai que la construction européenne a apporté le bienfait incommensurable de la paix armée entre nations européennes, elle a instauré une nouvelle guerre économique dont nous mesurons les effets dévastateurs aujourd’hui, sur les salaires (par rapport aux richesses produites), sur les conditions de travail, sur les protections sociales et sanitaires, sur les services publics, outre ceux sur l’environnement. Plus que jamais, nous avons besoin d’une autre Europe basée sur la coopération, la solidarité et la protection de l’environnement. Ce n’est pas la voie qui est entreprise actuellement.

  4. Bonjour,
    Cette panthéonisation tardive a le mérite de mettre l’accent sur le rôle important d’étrangers dans la Résistance française qui se sont battus contre l’occupation allemande il y a maintenant 80 ans.
    Ceux-ci étaient de toute nationalité comme le prouvaient d’ailleurs les origines diverses des compagnons d’armes de Missak Manouchian.
    Alors que des Français avaient choisi le camp de la collaboration menée par l’Etat de Vichy.
    Parmi les résistants au Nazisme en France, certains étaient allemands parce-que juifs, communistes ou simplement démocrates. Pour eux, c’était double tarif dans l’accusation qui leur était faite puisque considérés à la fois tels des terroristes comme les autres résistants mais également des traitres à leur pays d’origine l’Allemagne. C’était la mort assurée quand ils se faisaient prendre.
    A quelques mois de la libération de Paris au mois d’août 1944, ne serait-il pas temps de rendre hommage à ces autres combattants étrangers !
    Et ce aux noms de l’Histoire, de la justice et bien sûr de l’amitié franco-allemande.
    A voir……
    Antoine

  5. Bonjour,
    Cette panthéonisation tardive a le mérite de mettre l’accent sur le rôle important d’étrangers dans la Résistance française qui se sont battus contre l’occupation allemande il y a maintenant 80 ans.
    Ceux-ci étaient de toute nationalité comme le prouvaient d’ailleurs les origines diverses des compagnons d’armes de Missak Manouchian.
    Alors que des Français avaient choisi le camp de la collaboration menée par l’Etat de Vichy.
    Parmi les résistants au Nazisme en France, certains étaient allemands parce-que juifs, communistes ou simplement démocrates. Pour eux, c’était double tarif dans l’accusation qui leur était faite puisque considérés à la fois tels des terroristes comme les autres résistants mais également des traitres à leur pays d’origine l’Allemagne. C’était la mort assurée quand ils se faisaient prendre.
    A quelques mois de l’anniversaire de la libération de Paris au mois d’août 1944, ne serait-il pas temps de rendre hommage à ces autres combattants étrangers !
    Et ce aux noms de l’Histoire, de la justice et bien sûr de l’amitié franco-allemande.
    A voir……
    Antoine

  6. A l’attention d’Yves Herlemont:
    En poursuivant le dialogue, je souhaite revenir sur votre propos selon lequel « les cris du peuple ne franchissent pas toujours les murs feutrés de la Commission européenne ni ceux plus académiques de l’université ».
    Il me semble en effet que, sur ce terrain également, nous avons l’un et l’autre, en toute bonne foi, un vécu – donc un ressenti – différent. Je tiens, du reste, à souligner la tonalité pondérée de votre formule « pas toujours ».
    Pour ce qui est des murs de la Commission et de leur revêtement qui aurait été délibérément imaginé comme « anti-bruit », on peut, certes, se figurer, de l’extérieur, qu’une certaine imperméabilité ait présidé à leur conception. Cela étant, ayant fréquenté notamment le bâtiment principal de l’institution (le « Berlaymont », édifice pas tout à fait inconnu des téléspectateurs des émissions d’actualité) durant quelques décennies, je puis témoigner : d’une part, que les bureaux qu’il abrite sont équipés, de longue date, de téléphones et, plus récemment, d’écrans permettant de personnaliser la communication entre fonctionnaires et interlocuteurs externes ; d’autre part, qu’il est agrémenté de nombreuses salles de réunion – dont certaines pourvues de tables longilignes de nature à faire pâlir de jalousie le premier Poutine venu – destinées à accueillir des « visiteurs » qu’on ne saurait réduire à la seule catégorie des lobbyistes.
    Ne négligez pas, non plus, le fait que, plus souvent qu’on ne le suppose, les gratte-papier logés dans lesdits bureaux quittent fréquemment ces derniers pour aller à la rencontre des « vraies gens » du terrain, voire du terreau. Si je puis me permettre de faire état (pas « étalage ») de ma propre expérience, j’évoquerai les nombreux cas où j’ai été convié à exposer, en particulier à l’intention des PME, les possibilités dont ces dernières pouvaient bénéficier en matière de financements communautaires. J’insiste bien sur ce point : il ne s’agissait en aucune manière de grands groupes industriels. J’aurais aimé rencontrer davantage de syndicalistes, opportunité qui ne s’est que rarement présentée. Heureusement, d’autres collègues s’y sont prêtés.
    Quant aux murs plus académiques de l’université, je rappelle que ceux-ci, d’une façon générale, ne sont pas infranchissables pour des auditeurs dits « libres » – et j’ai eu le plaisir d’en croiser. De surcroît, comme l’engagement auquel j’ai participé aussi bien à Nanterre qu’à Bruxelles portait (et porte toujours à Bruxelles) sur la coopération entre l’Union européenne et les pays en développement, j’ai largement apprécié de dialoguer avec des étudiants issus de ces pays… des étudiants pas toujours fils ou filles de diplomates ou autres sommités, mais souvent boursiers.
    Je confirme donc mon propos liminaire : à chacun son vécu, à chacun son ressenti…

    • Merci de rectifier: 9 lignes avant la fin, il convient de lire « enseignement » et on pas « engagement ».

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