La gauche court-circuitée ?

C’est lundi, c’est permis. Il est permis depuis quelques heures de quitter les rivages du tout réglementé pour ceux du rien, ou à peu près, réglementé. Et une fois qu’on a goûté au rien, inutile de songer à revenir au tout. En tout cas, moi je n’y connais rien au marché de l’électricité et du gaz, et je suis sûr qu’un des passants de ce blog saura bientôt me prévenir que je mets les doigts dans la prise.
A n’y rien connaître, on en finit cependant par penser à tout. Je conçois la difficulté de créer un marché unique de l’électricité et du gaz si chaque Etat fixe ses tarifs. Dans ce cas, il y aura évidemment un court circuit. A ce stade, de deux choses l’une :

  • ou bien on s’oppose catégoriquement à l’idée même d’un marché unique de l’énergie. Alors, on consulte le Pr. Reynié qui diagnostiquera, avec raison, une pathologie sociale-nationaliste ;
  • ou bien on conçoit que le gaz et l’électricité puissent faire l’objet d’une concurrence libre et non faussée entre, forcément, plusieurs opérateurs et sans qu’une administration nationale ne se mêle de fixer les tarifs en deçà ou au delà des Pyrénées.

Et cette fois alors :

  • ou bien on considère que le gaz et l’électricité sont des fournitures comme toutes les autres et on laisse faire, on laisse aller ;
  • ou bien on ne considère pas que le gaz et l’électricité sont des fournitures comme les autres et alors on ne réglemente plus, on encadre.

A l’évidence, ni le gaz ni l’électricité ne sont des matières classiques, elles conditionnent tout de même un peu la dignité des personnes, comme l’eau courante par exemple. Il en faut pour être libre. De la sorte, l’idée d’un service public de l’énergie ne nous ramène pas aux temps bénis des Soviets. Désormais pourtant, il ne s’agit plus d’assurer le service d’une fourniture publique de l’énergie à tous, mais bel et bien de fabriquer les modalités d’une fourniture à chacun de l’énergie à des conditions justes, équitables et pérennes. Ce faisant, l’autorité publique retrouve son rôle protecteur, en particulier des plus faibles. Mais comment en imaginer les mécanismes nouveaux. Comment traduire en effet, dans ces conditions inédites d’un grand marché continental, les attendus d’un service d’intérêt économique général ? Comment ne pas abandonner les usagers aux tempêtes de l’offre et de la demande, car l’énergie doit demeurer un droit accessible à tous ? Faut-il songer, par exemple, à amortir des hausses éventuelles des tarifs par un mécanisme assurantiel ? Ce sont, me semble-t-il, des ouvrages de ce type qu’il convient désormais de placer sur le métier de la gauche.
Quel impérieux devoir !

Yohann Abiven
Secrétaire général de Sauvons l’Europe

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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