Macron l’européen est-il progressiste ?

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Six mois avant l’élection présidentielle, il est temps de dresser un bilan du mandat d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République au regard de l’europrogressisme, qui vise à promouvoir une Europe davantage sociale, écologique, démocratique, qui défend les droits humains.

Nous ne nions pas le bilan européen positif d’Emmanuel Macron. Les avancées sont nombreuses.

Il a contribué à apporter une réponse européenne lors de la crise du Covid, avec le plan de relance ou l’investissement dans les vaccins. Il a porté et permis certaines avancées notables au niveau européen : conditionnalité sur le plan de relance, notamment vis-à-vis de la Pologne, le Green deal et sa mise œuvre avec le FIT for 55.

Quand il s’agit de condamner Victor Orban, Emmanuel Macron intervient et soutient la Commission Européenne. Cette détermination ne va, cependant, pas jusqu’à inquiéter le Premier Ministre tchèque, du fait qu’il est membre du même groupe parlementaire que LREM.

Mais il a largement oublié son progressisme, comme le montre son bilan sur différents aspects.

Sur le traitement des migrants, on doit constater quelles que soient les causes (et Emmanuel Macron n’est pas le seul responsable), que le règlement de Dublin n’est pas réformé et que le gouvernement semble se satisfaire de cette situation indigne, comme le montrent le traitement des migrants à Calais ou les contrôles frontaliers en Italie ou Espagne. On peut également citer le renouvellement de l’accord entre la Turquie et l’Union européenne en 2021, dont le principe consiste à externaliser notre politique migratoire.

Sans une fiscalité juste, le financement d’un modèle social européen ne peut qu’être une impasse. Deux éléments européens soulignent les choix du gouvernement français sur le sujet :

  • L’opposition du gouvernement à la proposition américaine de 20% sur l’impôt sur les sociétés mondiales, pour demander un niveau plus faible
  • Le silence du gouvernement sur les Pandora papers

Ces faits montrent que le gouvernement montre une absence d’ambition sur les enjeux fiscaux.

La déclaration de Göteborg est porteuse d’espoir. Cependant, le compromis est complexe à trouver sur le sujet. Ainsi, si l’unanimité empêche d’avancer avec le blocage habituel de certains États, nous nous étonnons de ne pas avoir vu la France initier une coopération renforcée sur l’Europe sociale autour des principes de la déclaration de Göteborg et, ainsi, porter une vraie ambition.

Pire, la position du Président français à propos de la directive sur le congé parental avait une ambition assumée et claire : limiter fortement l’ambition du texte. Pareillement, le soutien du gouvernement français sur la directive sur le statut des travailleurs des plateformes donne l’impression d’être plus que limité. Sur l’environnement, si les objectifs européens sont un premier objectif à discuter et à dépasser (le projet FIT for 55 et son objectif de 55% d’ici 2030, étant le strict minimum), les objectifs français de la loi Climat sont d’une telle insuffisance, que même la rapporteure publique du Conseil d’Etat a enjoint le gouvernement à prendre “ toutes les mesures nécessaires pour faire cesser le préjudice et empêcher son aggravation ». Le mépris du gouvernement, et du Président de la République en particulier, sur les  directives sur les chasses traditionnelles est un double scandale : environnemental sur la non-protection d’espèces menacées et vis-à-vis du droit européen. Le double-langage est évident sur ce sujet.

Tous ces exemples montrent que le bilan d’Emmanuel Macron sur le front européen est indéniablement positif, mais que le progressisme n’a été que de façade.

La Présidence française de l’Union européenne qui s’annonce sera-t-elle l’occasion de relancer in extremis les dossiers progressistes ? Nous ne pouvons que l’espérer. Nous suivrons avec attention les résultats de la Présidence française de l’Union Européenne, qui pourrait modifier cette analyse sur ce progressisme oublié. Cependant, les trois priorités d’Emmanuel Macron (“relance, puissance, appartenance”) ne semblent pas indiquer un axe fort sur le progressisme, hormis communiquer sur ce qui est déjà initié par la commission européenne sur le front social.

Ainsi, il est nécessaire que, d’une part, Emmanuel Macron revienne à son europrogressisme de sa campagne électorale et, d’autre part, que les candidats europrogressistes actuels (Hidalgo, Jadot, Taubira) se rassemblent, car la division serait mortifère pour ce camp.

 

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22 Commentaires

  1. Quel bilan positif peut-on tirer d’une présidence qui a opposé toute les couches populaires qui constituent notre démocratie.
    Ce personnage irrespectueux et imbus de sa personne ne peut être représentatif de notre société française et n’oublions pas qu’il a cautionné une répression sans limites du mouvement des gilets jaunes , est ce là la manifestation d’une idéologie progressiste qui consiste à gouverner sans consulter son peuple , et dans le cas de la gouvernance européenne ne devrait il pas consulter l’ensemble des peuples européens sur la notion même de progressisme…
    Ce petit monarque n’est représentatif que de la minorité qui lui a permis de se hisser au second tour des élections présidentielles de 2017 , est ce ce genre de gouvernance que l’on peut souhaiter pour l’Europe quand on connaît le scepticisme des peuples européens après la gestion calamiteuse de l’Europe de Bruxelles concernant la pandémie en privilégiant le commerce plutôt que la protection des populations……….
    Tant que la gouvernance européenne sera dans les mains de l’idéologie libérale représentée par des dirigeants sans scrupules comme Mr Macron, les valeurs progressistes serons , pour longtemps, perçues comme néfastes par les couches populaires tant méprisées par les dirigeants européens…..

    • D’accord avec Fabrice. Progressiste EM ? Vous voulez rire !! Dis tout…et son contraire selon les circonstances, suit comme un caniche la chancelière à qui il ne peut rien opposer et finalement ne propose rien qui fasse progresser une fiscalité européenne qui reste en chantier sans parler d’une prise en compte des défis environnementaux ou climatiques de notre époque et de la jeunesse. Vous êtes bien «gentils» chez SLE vis à vis de cet avatar de monarque ripoublicain.

    • Tout le monde connait l’adage : « Tout ce qui est excessif est insignifiant « .

       » Bruxelles concernant la pandémie en privilégiant le commerce plutôt que la protection des populations………. » vous oubliez de mentionner juste un détail. La réponse des systèmes de protection sociale (ne vous en déplaise) européens à la crise.
      30 millions d’européens, au pic de la crise sanitaire, ont pu bénéficié d’indemnisation pour activité partielle (de 70 à 90 % du salaire brut). A noter en Suède, c’était 38 %.

      En France, en avril 2020, jusqu’à 9 millions de français (pas moins d’1/3 de la population active) en a bénéficié. Et le niveau de la dépense publique a frisé les 65 %. C’est sans nul doute peanuts pour certains, mais insoutenable. Une conception de l’idéologie libérale, à l’européenne, donc, mais de fait, très très…expansionniste.

      Macron a toujours opposé son progressisme au populisme. En France, tjs europhobe. Une vraie rente de situation, pour les, Le Pen, Zemmour, Mélenchon, etc

      • En effet, il est assez commode, dans le confort de son salon,de charger de multiples péchés le bouc-émissaire de service – en l’occurrence « Bruxelles ». Il n’empêche que la pandémie de coronavirus a bien pris de court toutes les autorités, qu’elles soient nationales ou européennes. Quel éloquent réflexe, par ailleurs, de se tourner précisément vers « Bruxelles » pour déplorer les insuffisances – si ce n’est l’inexistence – d’une véritable politique européenne de la santé… alors que l’UE en tant que telle n’ a disposé, jusqu’à présent, que de compétences limitées (notamment de vague coordination) dans un domaine où les Etats membres sont censés se trouver en première ligne !

        D’où l’improvisation qui a incontestablement marqué, du moins au départ, la réaction européenne à la crise sanitaire. Cela dit,il est tout aussi clair que « Bruxelles » n’a pas non plus trop tardé à faire usage des moyens à sa portée, voire à sa disposition, pour répondre à un défi si brusquement survenu. D’une certaine manière, l’UE s’est trouvée confrontée sur le plan sanitaire à une menace comparable au péril qu’elle avait dû affronter en 2008 sur le plan monétaire. Cette fois-ci, le levier privilégié a été emprunté à la panoplie des outils forgés dans le cadre du marché intérieur pour donner l’impulsion nécessaire à la production et à la commercialisation des vaccins – même si ce « ressort » a eu un certain coût face à la rente de situation dont les laboratoires pharmaceutiques ont pu tirer profit.

        Mais les résultats sont là: des centaines de millions de doses ont pu être fabriquées à l’intérieur de l’Union… et cette dernière ne manque pas par ailleurs de s’afficher avec raison comme le plus grand donateur de vaccins au monde, un effort complété par l’appui qu’elle apporte à la production locale de vaccins dans les pays les plus défavorisés, à commencer par des actions concrètes menées en Afrique – un effort qu’elle compte poursuivre en 2022.

        A cet exemple d’adaptation à l’imprévu s’ajoute un autre élément, voire un autre « cheminement », témoignant d’une faculté de composer avec la « nécessité faiseuse de loi », en dépassant un attachement dogmatique à une certaine idéologie ultra-libérale: la souplesse dont la Commission a fait preuve vis-à-vis des aides d’Etat soumises à son contrôle en application des traités. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, cette institution a en effet montré une tolérance assez large à l’égard des appuis publics fournis par les Etats membres pour pallier les conséquences économiques et sociales de la crise dans leurs pays respectifs. Certes, d’aucuns laissent entendre qu’un « retour à la normale » sera de rigueur à l’issue de la récession – mais le doute reste permis à cet égard, au même titre qu’un espoir en ce qui concerne la modération d’une stricte observance du pacte dit « de stabilité ». L’avenir le dira…

  2. Une grave omission du gouvernement en place : l’absence de réaction à l’invraisemblable explosion du décalage entre les revenus/fortunes des 1% et du reste de la population.

    • Ce n’est pas du tout une omission mais bien plutôt la politique de l’autruche, un déni de la réalité que ces messieurs dames ne vivent manifestement pas comme la plupart des citoyens.

  3. Orban est le PM hongrois, et non tchèque…plus qu’une coquille, ceci illustre parfaitement le mépris et l’ignorance de l’Europe occidentale pour sa contre-partie centrale. La situation politique en République tchèque n’a rien a voir avec celle en Hongrie, et ne pourrait conduire à un scénario « Orban »…Qu’on se le dise.

    • Bien d’accord avec Christopher, et je suis choqué que les commentateurs aient mis aussi longtemps à relever qu’Orban n’est pas tchèque !

    • Eh oui, tout aussi choquée que vous par cette « coquille » non relevée dans les commentaires précédents. Toute erreur diminue la force du propos,c’est un peu dommage.

      • Je trouve maintenant la phrase équivoque : l’auteur a pu mentionner Orban puis dire ensuite qu’au contraire E. Macron ne reprochait rien au premier ministre Tchèque de l’époque, Andrej Babiš (un autre personnage douteux).

  4. M. M. n’est ni européen, ni progressiste. Il n’est rien qu’un petit pdt élu par surprise ce qui lui manifestement pris le chou puisqu’il arrive même à en mépriser une partie de sa population. Ce n’est manifestement pas le représentant de tous les Français et il ne tient pas du tout à l’être. Ce serait plus qqun qui tient à l’avoir, voire aux avoirs, qu’à l’être, sinon nous le saurions selon ses actes depuis son élection. D’ailleurs, fait-il quoi que ce soit pour permettre la levée des vaccins ?

  5. Bonjour.

    Dans les constats, les interrogations dans vos commentaires, ne recherchons nous pas une réponse à la nécessité d’un changement de société ?
    Ne sommes nous pas déstabilisés en constatant que ceux qui nous gouvernent ou vont nous gouvernés ne cessent d’appliquer des stratégies passéistes en nous faisant croire le contraire ?
    Ne sommes nous pas lassés de constatés ce haut niveau d’incompétences, de cupidités, de mensonges qui affectent de nombreux secteurs d’activités ?

  6. Ces échanges me semblent étrangers voire contraires aux options de l’association. On passe d’une réflexion sur la politique européenne à des règlements de compte qui relèvent d’un anti-macronisme pavlovien ! L’article de départ se voulait un peu plus équilibré, il tourne au procès. il faut savoir si le progressisme se définit par un soutien aux gilets jaunes ou aux islamo-gauchistes de LFI. Aucune envie de continuer à ça-habiter avec de tels ayatollahs !

    • Vous avez raison, tout comme votre fat de pdt ! Faites sécession, ne vous mélangez pas avec les autres : chacun pour soi ! Elle pas plus belle la vie comme ça, sans débat et un point c’est tout ?

    • ce qui est sûr c’est que le progressisme n’est pas la politique libérale de Macron qui semble sortie des cartons du 19e siècle…

    • Je ne pense pas qu’il faille mettre les gilets jaunes au même niveau que l’islamo-gauchisme.
      S’il faut combattre sans répit l’islamisme sous toutes ses formes, le mouvement des gilets jaunes est la conséquence de la pauvreté et de la précarité chez de nombreux français.
      Lors des manifestations, il y a de fortes probabilité que le gouvernement ait laissé les blacks blocs infiltrés les cortèges pour discréditer le mouvement.
      Après, on échange entre nous, ce n’est pas parfait, nous nous posons des questions face à l’incohérence de certaines décisions, surtout qu’il n’y a pas d’explications pour expliquer ces contradictions, dernier exemple, il semblerait que l’UE est approuvé un pesticide tueur d’abeilles pour 7 années supplémentaires, pourquoi, ou sont les explications ou les perspectives ?

  7. Je ne suis pas macroniste, mais la mythification des gilets jaunes m’a toujours posé un problème. Il y avait de tout dans ce mouvement, le meilleur et le pire. L’oublier me semble faire preuve d’absence d’objectivité. Dire par ailleurs que le pouvoir a laissé infiltrer le mouvement pour mieux le réprimer, et cela sans la moindre preuve, relève du complotisme.

    • Bonjour.

      Je ne sais pas si vous l’avez fait vous mais moi je suis allé à la rencontre des gilets jaunes à Toulouse, dans le Gers, dans l’Aude, les Hautes Pyrénées .
      Je l’ai fait parce que j’étais curieux de savoir qui ils étaient, je sais de quoi je parle.
      Qu’il y ait des gens qui se soient glissés dans ce mouvement pour en dénaturer le sens du départ, sans doute.
      Vous parlez de complotisme à mon égard, sachez que je recoupe toutes les informations de divers et multiples médias pour essayer de me forger une opinion, si vous relisez bien mon commentaire, je parle de fortes probabilités, je ne dis pas que j’en suis sur, employer certains mots à toutes les sauces ne nuit ‘il pas au débat ?

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