Europe dans les médias : Notre Europe et Jean-Jaurès rejoignent la bataille !

L’Europe est peu présente dans les médias français. Elle est traitée soit à travers l’actualité de nos pays voisins, soit comme une institution internationale en surplomb, mais jamais comme notre gouvernement commun avec ses luttes politiques. Il ne viendrait à l’esprit d’aucune presse régionale de traiter « Paris » comme un bloc et de n’y prêter pas plus d’attention que ça ; c’est pourtant ce que les médias français font de concert pour « Bruxelles ».

En 2013, nous avions lancé l’initiative plus d’Europe à la télé avec Le Mouvement européen France – Terra Nova – Le Pacte civique – Europe Créative – Europe Avenir – UEF – AEDE France – Les Cabris de l’Europe – L’avenir Jeune – EuropaNova – La Fondapol – La ligue de l’enseignement. Se fondant sur une note de Terra Nova, l’initiative proposait de renforcer les obligations de cahier des charges des médias et les missions de service public, et d’instaurer un comptage du temps de parole politique sur les débats européens, à l’instar du débat national.

Lors des élections européennes de 2014, nous avions entamé un débat avec France Télévisions et obtenu que le CSA adresse une lettre attirant l’attention sur cet enjeu démocratique majeur. Las ! On se souvient que le service public n’avait pas jugé intéressant de diffuser en France le débat entre les candidats à la Commission européenne. Nous avions pu sensibiliser à ce sujet Martin Schulz ou Jean-Claude Juncker, mais en 2019 rebelote ! Le débat passe à la trappe. Nous avons pu susciter des amendements qui n’ont pas été votés, ou écrire à l’orée des dernières européenne une lettre au Président de la République, qui est restée sans réponse.

Les Jeunes européens sont également intervenus sur l’état déplorable du paysage audiovisuel en la matière, et c’est avec un grand plaisir que nous voyons aujourd’hui la Fondation Jean-Jaurès et Notre Europe – Institut Jacques Delors se saisir à leur tour du problème.

La Fondation Jean-Jaurès a réalisé une étude systématique des journaux télévisés en 2018, qui démontre que l’Europe est essentiellement abordée par l’actualité des grands pays voisins. Le jeu politique européen des institutions en revanche, et l’ensemble des normes qu’il produit, ne représentent qu’entre 2 et 3% du temps des sujets.

L’institut Delors pour sa part se livre à une critique serrée des cahiers des charges des chaînes audiovisuelles et en particulier du service public. Les auteurs, Jean-Michel Baer et Théo Verdier (déjà co-auteur de l’étude de la FJJ), tirent le bilan du suivi par le CSA de l’accomplissement de ces missions, et jugent que la barre est particulièrement basse. Ceci reflète l’investissement des chaînes: France Télévisions a… 2 correspondants à Bruxelles contre 21 pour son homologue allemande, la ZDF. Ils appellent donc à un renforcement des obligations, des moyens publics dédiés à cette mission, et à des indicateurs pour suivre cette problématique.

Nous relayons ces excellentes propositions que nous soutenons pleinement. N’hésitez pas vous-même à les diffuser ! Il n’y a pas de démocratie sans information.

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7 Commentaires

  1. Tout à fait d’accord avec votre analyse.je suis journaliste accréditée UE depuis 1993 et j’ai dû subir la fermeture de l’hebdomadaire belge pour lequel j’ai couvert la Conférence des Femmes à Pékin en 1995, puis j’ai tenu la rubrique EU de Trends tendances qui l’ont par la suite supprimée, Je rédigeais ensuite le Courrier de l’Europe (FR/EN).Nous avions élaboré un projet de no spécial sur l’Ukraine que j’avais eu la chance de visiter. Arrive Maidan, l’éditeur parisien nous demande de mettre le projet en suspens pour quelque temps. Puis l’éditeur suspend le projet au motif qu’il ne fait pas confiance aux annonceurs ukrainiens potentiels. Courrier de l’Europe reste encore à Bruxelles puis décide de clore le magazine et de fermer le bureau à Bruxelles. Je me tourne alors vers ma province d’origine , la Bretagne et preste pour une petite radio locale RADIO NORD BRETAGNE car plus on est ;loin de Bruxelles, moins on comprend ce qui se passe dans les institutions qui nous gouvernent .Et de plus, dans les territoires , Bruxelles est souvent le bouc émissaire! Et que dire de la fermeture de l’agence Europolitique! Pour survivre ici, il faut de plus en plus pouvoir travailler en anglais même s’il y a une foule d’interprètes mais les contacts directs se font de plus en plus dans la langue de Shakespeare. Bref, je suis convaincue de l’importance d’informer les citoyens européens sur le fonctionnement et le mécanisme interinstitutionnel des décisions prises au cœur de l’Europe.
    Je remarque aussi que l’information devient de plus en plus audiovisuelle suite à la concurrence des réseaux sociaux et parfois de leurs fake news. Mon emploi du temps n’est pas complet, je suis ouverte à d’autres collaborations.
    Bien cordialement;
    Odile MEAR HARVEY ;Brussels based Franco- British EU accredited journalist, PhD. FR/EN/ES/IT.
    odile.harvey@gmail.com

  2. Obliger les chaînes à traiter des institutions européennes ?!…
    Vous n’y pensez pas, le sujet est un véritable repoussoir : ils vont enregistrer une chute d’audience certaine dans la foulée.

    L’explication est pourtant simple : plus les intermédiaires se multiplient entre le contribuable et le centre du pouvoir, moins il a accès aux informations et aux décideurs.

    C’est voulu : en éloignant le centre du pouvoir des administrés, ceux-ci n’ont plus prise dessus. On le mesure d’ailleurs à la différence de niveau de vie et de confort qu’il y a entre les fonctionnaires, parlementaires ou commissaires européens (ça va très bien pour eux) et les populations (qui souffrent).

    En outre, faire le choix de demander à 27 pays, ayant une langue, une culture, des intérêts différents, voire divergents, d’envoyer leurs représentants, c’est être assuré qu’ils n’auront aucun poids sur les décisions.

    Les « européens » se désintéressent de « l’union » €uropéenne, c’est un fait. À la fois parce qu’ils n’ont aucun moyen d’infléchir les décisions, mais aussi parce que leurs « dirigeants », non élus, se désintéressent des difficultés des populations. C’est austérité, concurrence, privatisations, précarité, appauvrissement à tous les étages, qu’ils le veuillent ou non. C’est ce qu’on appelle pudiquement la « démocratie » européenne.

    C’est tellement vrai, qu’en France et au Danemark, le traité de Lisbonne a été ratifié alors ces pays l’avaient rejeté par référendum. Mais les « décideurs », là aussi, on ignoré le résultat et estimé que les populations avaient mal voté.

    En outre, alors que le français fut la langue reconnue de la diplomatie européenne pendant des siècles, alors que le Royaume-Uni est en voie de sortir, il est surprenant et paradoxal, même si c’est commode, que « l’union » (création anglo-saxonne) persiste à vouloir utiliser l’anglais comme langue officielle.

    Enfin, nous n’en sortirons pas : vouloir à toute force fournir au quidam des reportages, des articles, des analyses sur « l’union », alors que ce sujet ne l’intéresse définitivement pas, c’est encore une fois imposer les choses, ne pas vouloir tenir compte de l’opinion publique et c’est inévitablement voué à l’échec.

    En tous cas, ça en fait des associations, mouvements, organisations qui se dépensent sans compter (d’où viennent leurs moyens ?) pour maintenir debout et en vie cette construction bancale et moribonde.

    • Bon… je ne reviens pas sur votre interprétation simpliste des motivations des votants lors des referendums de 2005… en soulignant toutefois, au passage, que l’autre pays concerné n’est pas le Danemark, mais les Pays-Bas: cette confusion est symptomatique du fait que le suivi de l’actualité européenne requiert un peu plus de rigueur dans les affirmations, svp. L’imbrication des motivations est en effet beaucoup plus complexe que ce que vous voulez bien en retenir: cela a été démontré à plusieurs reprises sur le site de « Sauvons l’Europe » (y compris encore récemment par mon humble « plume »).

      Chute d’audience si l’on se risque à parler un peu plus concrètement d’Europe dans les grands médias audiovisuels ? C’est à voir: l’expérience que, parallèlement au suivi attentif des chaînes d’information françaises, je vis en Belgique serait de nature à contredire vos attentes.

      Par ailleurs, lorsque vous nous réchauffez le plat démagogique des « dirigeants non élus », ne perdez pas de vue que cela s’applique autant aux membres des gouvernements nationaux qu’aux commissaires européens.

      Je crois avoir été très clair sur ce point précis – avec l’approbation de nombre de commentateurs – dans un article que j’ai publié ici-même il y a quelques mois: pas plus que les membres de la Commission (qui, eux, sont soumis à une procédure très éprouvante d’investiture par le Parlement européen… l’actualité récente nous en a fourni quelques exemples !), les ministres, dont les commissaires sont les interlocuteurs, ne sont « élus » pour l’exercice de leurs fonctions. Et encore: très souvent, les commissaires peuvent se prévaloir d’une « onction démocratique » dans leur pays d’origine où ils ont occupé des fonctions électives au niveau local ou national, voire au Parlement européen, avant de faire leurs bagages à destination de Bruxelles… tandis que certains ministres ou secrétaires d’Etat nationaux choisis pour leurs compétences techniques – certes non négligeables – n’ont pas connu le « baptême » préalable du suffrage universel.

      Pour ce qui est de l’usage de l’anglais, merci de ne pas perdre de vue que cette langue n’est pas l’apanage des seuls « Grands Bretons »: elle est encore largement pratiquée en République d’Irlande… et est même la langue officielle de Malte (évitons de mépriser les petits pays) ! En outre, même cela me chagrine parfois, je ne peux méconnaître que l’élargissement de l’UE au nord ainsi qu’au centre et à l’est du continent a largement contribué au succès de la langue de Trump (désormais – hélas ! – plus que de Shakespeare). C’est, du reste, peut-être en cela qu’il y a aujourd’hui une certaine influence anglo-saxonne… mais moins à l’origine: prétendre que l’UE est une « création » anglo-saxonne relève précisément d’une idéologie « créationniste » à l’instar de ceux qui prétendent que l’origine du monde est littéralement conforme à ce qui est écrit dans le Livre de la Genèse. Je préfère voir en vous un honnête contradicteur qu’une sorte de Témoin de Jéhovah.

      Bien cordialement !

  3. Ce que j’aimerais c’est non une chaîne nationale européenne mais une chaîne européenne payée par Bruxelles, tous les européens, la même pour tous les pays de l’UE et une chaîne qui ne passe pas son temps à rendre compte des débats des politiciens européens mais aussi qui parle des peuples, de leurs problèmes, leurs cultures, un peu comme LCP avec des docs, des débats…Merci.

      • Merci à vous pour avoir attiré l’attention sur cette chaîne à vocation européenne et multilingue. Elle existe depuis 1993, l’année où, par ailleurs – et cette conjonction représente tout un symbole – se sont achevés les préparatifs d’un large espace économique européen dépoussiéré de nombre de barrières vétustes et pas nécessairement de nature commerciale subsistant encore après les efforts de réalisation d’un « marché commun ».

        Hélas ! bien qu’ayant son siège à Lyon, ce media est très mal connu des Français. La citoyenneté européenne – qui est déjà une réalité, par exemple sur le terrain électoral mais aussi d’un certain nombre d’autres droits que celui de voter – gagnerait en substance et en consolidation si cet outil d’information bénéficiait d’une meilleure visibilité.

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