Après une énième réunion de la dernière chance, le Conseil européen s’est rallié cette nuit à la proposition de consensus du Parlement sur la fin du changement d’heure. Nous sommes nombreux hier à nous être réveillés, pour la dernière fois, avec le sentiment d’avoir perdu une précieuse heure de sommeil alors que le passage à l’heure d’été est, depuis un demi-siècle, un rituel qui nous accompagne pour rythmer l’année.
Les avantages en sont connus : en s’alignant sur le cycle d’ensoleillement, il permet de mieux profiter de la lumière naturelle pour notre période d’activité et donc d’économiser de l’énergie. Inventée dans les années 70 pour faire face aux chocs pétroliers, cette stratégie se révèle utile à nouveau avec le chantage énergétique de la Russie. En toute hypothèse, l’urgence climatique nous inciterait à rechercher toutes les marges d’efficacité énergétique.
Mais les inconvénients en sont connus aussi : rupture de rythme deux fois dans l’année, et ajustements horaires entre les pays pratiquants et les pays non pratiquants. L’efficacité même de ce ballet horaire était remise en question depuis le passage à l’éclairage par LED.
Tout ceci relève du passé ! Tard cette nuit, un accord de trilogue a finalement été trouvé entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil européen sur une harmonisation de l’heure. Après d’âpres négociations, le compromis s’est arrêté sur le système de la demi-heure médiane, qui rajoute la moitié d’une heure à l’heure d’été et opère un retrait symétrique à l’heure d’hiver. Ainsi, au lieu que l’horaire oscille entre midi et une heure entre les saisons, il sera désormais fixé à midi et demi tout au long de l’année.
Cette réforme conserve un ajustement relatif sur la lumière du soleil, et traduit la volonté de l’ensemble des instances européennes de simplifier la vie quotidienne des citoyens. Des effets importants sont également attendus sur l’interconnexion des systèmes de transports intereuropéens et transmodaux, en alignant effectivement les horaires de l’aviation, du ferroviaire, des transports routiers et des mobilités douces sur un référent commun. L’étude d’impact de la Commission prévoit en effet une augmentation du PIB européen de 0,0013% sur les vingt-cinq prochaines années, accroissement de la richesse collective qui pourrait même atteindre 0,0017% dans l’hypothèse où les négociations internationales avec les pays tiers pour l’extension de ce système se révèlent fructueuses.
Afin de permettre aux Etats membres un ajustement, l’heure commune européenne (HCE) n’entrera en vigueur qu’au premier janvier 2027. Dans cette période transitoire, les gouvernements peuvent néanmoins anticiper cette échéance. La Belgique s’y prépare, la Flandre ayant déjà annoncé son passage à l’heure commune européenne dès le 30 juin de cette année. La Wallonie, pour sa part a exprimé sa préférence pour le maintien du système actuel le temps d’accompagner la population vers le changement de changement d’heure. Les institutions de Bruxelles réfléchissent à une marche intermédiaire, en progressant d’un quart d’heure dans chaque sens à partir de 2026. En France, le sujet est venu percuter les délibérations de l’Assemblée de Corse sur le statut particulier de l’île, dont l’examen est interrompu tant que le Peuple corse n’aura pas décidé par lui-même à quelle heure il veut vivre.
[…] il n’est pas sûr que cette question d’harmonisation horaire soit une priorité absolue https://www.sauvonsleurope.eu/Enfin l’harmonisation : fin du changement d’heure !Publié le 31 MARS 2024. C’est, en plus, un peu gros de sortir cette information justement le […]
Un modèle de pédagogie ! Bravo.
Beau poisson d’avril. Très bien écrit. Bravo.
Pour une fois que l’UE se met d’accord sur une harmonisation pas trop absurde (la demi heure, bien sûr… sa pente naturelle aurait été un truc abscons, du genre 27 minutes 43 secondes) c’est un poisson d’avril ?!? Zut alors. On va continuer avec ces conneries jusqu’à la dissolution de l’UE du coup ?
« L’étude d’impact de la Commission prévoit en effet une augmentation du PIB européen de 0,0013% sur les vingt-cinq prochaines années, accroissement de la richesse collective qui pourrait même atteindre 0,0017% dans l’hypothèse où les négociations internationales avec les pays tiers pour l’extension de ce système se révèlent fructueuses. » J’adore ces chiffres… On aimerait en savoir plus sur leur calcul.
Chaque jour, nous sommes abreuvés de chiffres hypothétiques, issus de projections sympathiques mais peu fiables puisqu’elles ne prennent pas en compte, par nature, les événements imprévisibles (exemple, l’Ukraine), l’innovation etc.
J’aime bien la dernière phrase sur la Corse…
Une fois de plus, à l’occasion du 1er avril, notre ami Colin nous tend une perche.
Il est vrai que, depuis près d’un demi-siècle, on nous empoissonne la vie avec un anchois cornélien à propos de l'(h)Eure haddock. Cette maquereau-mutation a de quoi perturber la petite anguille de nos « dégoulinantes ». Mais, là où l’heure loge, quittons le hors-sole… et, pour la bonne heure de tous: carpe diem !
J’y ai cru, sans doute parce que c’est ce que je souhaite, jusqu’à la demi-heure et la différence entre Flamands et Wallons et le quart d’heure d’adaptation. Mais c’est très bien écrit. Bravo !
Pas prêt de voir ce poisson d’avril se transformer en réalité. L ‘Europe n’est pas là pour arranger les populations. Malheureusement !
Nouvelle « réflection » poétique !!!
À la bonne heure ? Quelle révolution einsteinienne! « Un accroissement de la richesse collective qui pourrait même atteindre 0,0017% si… », ça fait combien dans le réel de mon porte-monnaie ?
“Je ne sais pas ce qu’est un homme, je ne connais que son prix.” Brecht. Le rapport temps/argent semble bien inégal, très relatif. Sur le « marché » du travail, toutes les vies n’ont pas la même valeur : une heure de vie d’un smicard se vend et s’achète en net 9,22€, celle d’un de nos milliardaires vaut 1M/€, valeur bien souvent acquise non par son travail mais par celui de son argent obtenu par le travail, la vie des autres, des smicards par exemple !
Milliardaire ou pas la valeur d’une heure de vie passée avec la femme, l’enfant aimé, à contempler un coucher de soleil, est la même. Elle est difficilement estimable d’autant plus qu’elle est peut-être la dernière et que nul ne vous la remboursera !
Si le temps est de l’argent, l’argent permet d’acheter du temps à vivre! Ces milliardaires, que l’on prétend harassés de travail, semblent prendre le temps de jouir de leur temps de vie : l’hiver à Gstaad (son charme chic et son luxe discret !…), au carnaval de Venise, dans les bunkers de leurs îles défiscalisées, sur leur yacht, d’une fête à l’autre où il faut absolument pointer par peur de jaseries malveillantes sur la santé de votre fortune ou la vôtre… !
Si un milliardaire ne peut vivre sans son armée de smicards pour faire tourner sa petite entreprise qui ne connaît pas la crise, en vit, les smicards, en coopératives, peuvent très bien se passer de patron!
La bourse des uns ou la vie des autres? La valeur travail fait partie, comme le vote blanc… , de tous ces sujets qui reviennent souvent sur le tapis pour y être aussitôt glissés sous avec les poussières qui font désordre… tous ces sujets qui ne sont peut-être pas aussi essentiels que la fin du changement d’heure. Nul doute que de ces élections UE va naître enfin un nouveau monde, moins corrompu, plus juste, plus égal, plus solidaire, plus démocratique… !!!
Simplement : excellent : bravo !
Je suis tombée dans le panneau de ce poisson avec délice ! Même si je trouvais tout de même un peu étrange l’idée de la demi heure … quant à l’impact sur le PIB, excellent !
Merci pour votre article très bien documenté et bravo !
Excellent poisson d’avril. J’ai mordu à l’hameçon jusqu’à ce que je découvre la précipitation de la Flandre comme la prudence de la Wallonie à adopter cette mesure d’harmonisation qui ferait sens pour la majorité des citoyens européens, n’en déplaise aux (trop nombreux) pisse-vinaigre qui risquent bientôt de gâcher le menu de la démocratie en Europe …