La dernière enquête Eurobaromètre qui ausculte l’opinion publique européenne vient de sortir.
Surprise, la confiance dans l’UE n’a jamais été aussi élevée en 18 ans. Près de sept répondants sur dix (69 %) s’accordent à dire que l’Union européenne est un havre de stabilité dans un monde en crise. En outre, plus de six citoyens de l’Union sur dix (62 %) sont également optimistes quant à l’avenir de l’UE.
Dans ce contexte, les Européens aspirent à une UE plus forte et plus déterminée au moyen d’une politique de défense et de sécurité commune, tandis que la paix reste la valeur qui incarne le mieux l’UE.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie continue d’être considérée comme la question la plus importante au niveau de l’UE (27 %), suivie par la situation internationale avec 24 % et la sécurité et la défense avec 20 %. A noter également : 77 % des répondants européens conviennent que l’invasion de l’Ukraine par la Russie constitue une menace pour la sécurité de l’UE.
Face à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, 80 % des répondants européens sont d’accord pour accueillir dans l’UE les personnes fuyant la guerre, tandis que plus des trois quarts des Européens (76%) soutiennent la fourniture d’un soutien financier et humanitaire à l’Ukraine. Quelque 59% des Européens approuvent le financement par l’UE de l’achat et de la fourniture d’équipements militaires à ce pays. De plus, 72 % des citoyens de l’UE soutiennent les sanctions économiques prises contre les autorités, entreprises et particuliers russes. Enfin, six citoyens sur dix (60 %) approuvent l’octroi par l’UE du statut de pays candidat à l’Ukraine.
Côté économie, l’enquête Eurobaromètre enregistre le soutien le plus élevé jamais accordé à la monnaie unique, tant dans l’UE (74 %) que dans la zone euro (83 %). En ce qui concerne la perception de l’état de l’économie européenne, 44 % des Européens le jugent bon, tandis que 48 % le jugent mauvais. Une majorité de citoyens (43 %) continue de penser que la situation économique de l’UE restera stable au cours des douze prochains mois.
Globalement, 52 % des Européens font confiance à l’UE, soit le résultat le plus élevé depuis 2007. Le niveau de confiance est le plus élevé chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans (59 %). Autre record en 18 ans: 52 % des Européens déclarent avoir confiance en la Commission européenne ; les jeunes citoyens présentant, une fois de plus, une note particulièrement élevée (57 %). En terme de comparaison, dans le même temps, 36 % des Européens déclarent avoir confiance dans le gouvernement de leur pays et 37 % dans le Parlement de leur pays.
Optimisme donc, sauf… qu’il reste à concilier ces résultats positifs pour le projet européen avec les sondages Ipsos sortis des urnes lors des récentes élections à la Présidentielle polonaise. Plus de 50 % des électeurs âgés de 18 à 39 ans ont voté pour les trois candidats d’extrême droite au premier tour…
Bonjour M. Lastenouse, merci pour cet article très intéressant. Je me permets tout de même de vous recommander de ne plus opposer extrême droite et Union européenne : ce qui était vrai il y a 50 ans ne l’est plus aujourd’hui. A l’époque, tant les dirigeants de l’extrême droite que leurs électeurs, étaient effectivement contre le projet de l’UE. Aujourd’hui, à part une petite frange d’entre eux, ce n’est plus le cas : les électeurs d’extrême droite – souvent venant de la droite classique – sont en faveur du projet de l’UE mais voudraient juste en changer la nature et le fonctionnement. Cette précision est fondamentale pour permettre l’émergence d’un débat public constructif sur l’Europe que nous voulons. Autrement, l’attitude qui consiste à ignorer les revendications des électeurs d’extrême droite au seul motif qu’elles seraient contraires aux intérêts de l’UE, ne fera qu’empêcher le débat, accroître la frustration des électeurs d’extrême droite et, in fine, continuer de faire monter celle-ci, l’extrême droite étant devenue le réceptacle des électeurs qui veulent une UE modifiée sans pour autant vouloir en sortir.
Je pense qu’il s’agit d’une fausse évolution, l’extrême droite ayant constaté l’attachement de la majorité des electeurs à l’Europe. Mais une fois au pouvoir à une ou deux exceptions près, elle s’efforce de s’opposer à la plupart des mesures progressistes ou fédératrices sans parler de l’Ukraine ou de Gaza.
Je suis à peu près d’accord avec vous et votre colère, à la différence près que moi aussi je voudrais infléchir la direction prise par la Commission et virer plus à gauche, car je souhaite une social-démocratie véritable où plus que le PIB, devraient nous intéresser la vie sociale mieux équilibrée et la défense du vivant partout, sur les océans et dans les terres qu’il faut cesser de sur exploiter pour le profit de quelques-uns .
Bref, vous me comprenez j’espère, j’ai eu un vague espoir hier soir sur F2, dans l’émission sur la défense des océans où s’était invité notre cher Président.
Il veut avancer avec les Européens ( et pas tout seul , il a raison !) mais il y va à pas lents … trop lents pour moi, l’urgence climatique est en train de nous rattrapper plus vite que la musique…
L’optimisme de M. Lastenousse me fait chaud au cœur, mais est-il crédible cet enthousiasme???
Danielle Foucaut Dinis
Il semble en effet plutôt lointain (1992) le temps où Bernard Tapie proclamait que ceux qui votent FN (dénomination du RN de l’époque) étaient « des salauds ».
Pour ma part, je serais enclin à considérer que, comme les brebis de l’Évangile, nombre des électeurs, voire des sympathisants de ce mouvement se sentent « sans berger »… d’où le salut qu’ils/elles croient trouver dans le loup déguisé en pasteur.
Tout en étant conscient des nuances et des précautions dont il conviendrait d’assortir la comparaison, je garde par ailleurs en mémoire le tournant des années 70 (sauf erreur de ma part) lorsque le Parti communiste français reconnaissait que le « marché commun » (comme on disait à l’époque) était une réalité dont il fallait tenir compte et en jouer le jeu de l’intérieur.
Mais ils sont formidables, ces Européens ! Je me demande comment ont été formulées les questions, parce que là (contrairement aux élections, pays après pays) plus trace de ces affreux « populistes frexiteurs », « poutinophiles », « antisémites climatosceptiques » et autres « complotistes eurosceptiques ». Accueillons les Ukrainiens en masse ! Disons adieu à notre service public pour renforcer nos armées de fonctionnaires ! Serrons-nous la ceinture pour rembourser la dette (contractée par qui et au profit de qui?) ! Reconduisons nos présidents de Commission omnipotents, nos commissaires non-élus et nos eurodéputés corrompus ! Renforçons et développons la forteresse réglementaire qui nous étrangle et nous étouffe, tout en multipliant les accords de libre-échange avec les pays qui n’y sont pas soumis ! Réintégrons le RU qui, après avoir fait semblant d’être dedans veut maintenant faire semblant d’être dehors ! Bref oui et cent fois oui à l’UE qui n’a qu’un tort: ne pas être plus grande et forte !
Vous vous demandez comment ont été formulées les questions à la base du sondage « Eurobaromètre » ? Rien de plus facile: il suffit de taper « Eurobaromètre » dans un moteur de recherche… et l’on obtient le lien suivant: https://europa.eu/eurobarometer/surveys/detail/3492
Bonne lecture !
Quant aux insinuations successives dont vous vous faites une fois de plus le chantre, permettez-moi d’y répondre avec une humble démarche de réflexion quelque peu distante d’une proclamation au niveau des tripes.
1. Que doit-on entendre par le clivage « service public/fonctionnaires » ? Le simple bon sens atteste que les fonctionnaires accomplissent précisément des missions de service public… à moins que, derrière l’obscurité de votre formulation, se dissimule une critique voilée des fonctionnaires « bruxellois » ? Libre à vous de considérer qu’ils constituent une « armée ». Mais une comparaison avec les gouvernements nationaux montre que, par exemple, l’effectif d’ensemble des « eurocrates »est de l’ordre de grandeur de celui du ministère de l’Agriculture en France.
2. Des présidents de la Commission omnipotents ? Il serait temps pour vous d’approfondir votre connaissance du fonctionnement des institutions de l’UE : il existe d’excellents manuels de droit européen qui ne limitent pas leurs développements à un ressenti simpliste. Cet effort d’objectivité pédagogique, assorti d’un suivi des décisions concrètes prises à l’échelle de l’UE, vous permettrait de constater que la réalité du pouvoir est dans les mains des États membres, avec les impulsions souvent déterminantes que donnent les réunions du »Conseil européen » au niveau des chefs d’État ou de gouvernement (même si la présidence de la Commission y est associée).
3. Ah ! la ritournelle des « commissaires non élus » ! Sur le présent site, j’ai été souvent amené à en souligner la superficialité. Certes, les membres de la Commission sont proposés par leurs gouvernements respectifs. Mais:
– les ministres ne sont pas davantage « élus » pour l’exercice de leurs responsabilités nationales (en tout cas, à mon modeste niveau, je n’ai jamais été invité à apporter mon suffrage à la désignation d’un ministre)
– l’investiture définitive des commissaires implique une ratification par les élus du Parlement européen – une procédure qui ne se réduit pas à une audition purement formelle: certains candidats ou candidates en ont fait l’amère expérience…
– si, mû par un esprit scientifique, vous avez la curiosité de prendre connaissance de la biographie de chacun des membres de la Commission, vous constaterez qu’une bonne majorité d’entre eux/elles se sont mesurés à la « vox populi » en tant qu’élu/élue à l’échelle locale ou nationale, voire à celle du Parlement européen.
Merci Gérard Vernier pour votre réponse cinglante au commentaire « anonyme » qui précède le vôtre… Aucun raisonnement valable pour assurer des choses non vérifiées. Trop facile de mettre par terre une fédération en devenir et que l’Europe se fasse c’est un fait…qu’elle soit lente à devenir un modèle à suivre, il y a encore du boulot… c’est un fait également….
Bien à vous
A mon tour de vous remercier, chère Danielle,pour, une fois encore, la pertinence de votre commentaire.
Il est vrai que relève d’un véritable sacerdoce le fait de renvoyer à des bases plus approfondies un interlocuteur qui ajoute à sa myopie axiale une solide paire d’œillères faussant aussi la vision latérale de la patiente construction européenne.
Puis-je simplement ajouter qu’en termes de modèle à suivre ma longue expérience des relations entre l’UE et les pays en développement ne peut ignorer qu’une « Union africaine » a également été mise sur pied et que, dans sa conception, elle constitue un véritable « clone » de la réalisation européenne ? Loin de moi l’idée de prétendre que le modèle serait parfait… mais ce dernier a tout de même inspiré un pas en avant en faveur de la présence du continent africain sur la scène internationale.
Excellemment répondu, de façon approfondie et documentée.
L’UE découvre enfin le concept de « pensée magique ». Bravo !
Merci Henri. En effet la situation est, à mes yeux, très paradoxale en ce moment : l’optimisme (relatif) des citoyens vis à vis de l’Europe n’empêche absolument pas la progression des courants populistes et de partis d’extrême droite. Félicitations Gérard pour ta patience, merci pour tes commentaires toujours avisés