Un discours plus entendu depuis longtemps en Europe

Présidant l’Union européenne jusqu’au 30 juin prochain, Joseph Muscat, ancien Parlementaire européen et Premier Ministre de Malte est intervenu ce 18 janvier devant le parlement européen. Il a été accueilli par Antonio Tajani, tout nouveau Président du Parlement européen succédant à Martin Schulz.

Il a annoncé que sous sa présidence il compte « attirer l’attention sur six secteurs » : L’immigration, le marché unique, la sécurité, l’inclusion sociale, le voisinage européen et le secteur maritime. « Je suis convaincu que nous devrions commencer par l’immigration », a affirmé haut et fort, J.Muscat, car « nous savons très bien qu’il existe un besoin de politique globale, qui manque depuis des années… »

Ce discours, fait du bien dans ces temps de morosité ambiante…Prenons connaissance des principaux extraits sur les questions de l’immigration.

 

NB : Pour en savoir plus sur les autres aspects de ce discours novateur y compris sur l’Europe sociale : 

 

L’ARGENT, PAS LA SOLUTION

« …Cela fait plus d’une décennie que la situation migratoire dans la région méditerranéenne est insoutenable. Nous étions parmi les premiers à aborder, au sein de ce Parlement, la nécessité d’un partage des responsabilités, et le fait que le fardeau de la gestion des flux  ne peut tomber exclusivement sur les épaules des États membres situés en première ligne. Or, nous nous sommes retrouvés quasiment seuls, durant de nombreuses années, essayant de remédier à une situation de crise qui n’était pas de notre fait. La seule solution qui nous a été donnée, occasionnellement, a été davantage d’argent. Mais cela n’est pas une solution…» 

LA SOLIDARITE…UNE VALEUR EUROPEENNE

« …J’avoue que lorsque nous sommes parvenus l’année dernière à prendre parti au sein du Conseil sur le mécanisme de répartition proposé par la Commission, un certain nombre de voix dans mon pays m’ont expressément demandé de m’opposer à la relocalisation de migrants. « Personne ne nous a aidés quand on en a eu besoin. Nous avons déjà assez donné. Maintenant, laissez-nous nous occuper de nos propres affaires. » Je peux vous assurer que cette position aurait été très populaire au sein de la majorité silencieuse. Au lieu de cela, nous avons choisi de faire exactement l’inverse car nous savons qu’il s’agit d’une question de principes et de crédibilité. La solidarité n’est pas une solution à la carte que nous pouvons utiliser quand nous en avons besoin, et fermer les yeux lorsque d’autres personnes sont dans le besoin. La solidarité est une valeur européenne essentielle, au cœur même de ce que les fondateurs envisageaient il y’a 60 ans à Rome. C’est ainsi que le plus petit État membre qui, au fil des ans, à part les quelques dernières années, a subi de plein fouet le fardeau de la misère humaine de la migration avec peu ou pas d’aide, s’est engagé à accueillir les demandeurs d’asile d’autres États membres en crise. Pour moi, c’est plus que suffisant pour affirmer que nos valeurs européennes et humaines sont indiscutables…»
QUE CHACUN PRENNE SES RESPONSABILITES…
… « C’est avec regret que j’ai pu voir une minorité d’États membres s’opposer à ce système. D’autre part, nous pouvons chercher à comprendre les préoccupations et les doutes sérieux que ces États membres, voire même nos concitoyens de nos propres États membres, ont sur la façon dont l’Europe traite la question de la migration. Nous avons opté pour une approche double, qui met l’accent sur la gestion efficace de nos frontières tout en tentant de progresser sur la répartition équitable des responsabilités, et, pour être parfaitement clair, de ce fardeau étant donné que nous sommes habitués à l’appeler ainsi. La bonne gestion de nos terres et, plus problématique, celle des frontières maritimes,  fait partie intégrante de notre approche à l’égard de la révision du règlement de Dublin, qui doit être une solution réaliste et ambitieuse ».

DOIT-ON FERMER LES FRONTIERES OUI OU NON ?

« La dernière crise majeure que nous avons connu à pris l’Europe au dépourvu, également car la situation était rendue encore plus critique par nos propres procédures et systèmes européens inadéquats et datés. En effet, ces carences ont été exposées dans leur intégralité. Tout ceci a conduit à des tensions sur plusieurs approches. Doit-on fermer les frontières, Oui ou non? À la fin, la seule façon dont le flux a été endigué a été par le biais d’un accord avec la Turquie. Nous savons tous que cette solution n’est pas parfaite et qu’il ne s’agit pas d’une solution à long terme, mais c’est seulement cela qui, jusqu’à présent, a fait une certaine différence. »

« L’Europe ne peut plus se retrouver dans une telle situation. Au printemps prochain, l’Europe devra faire face à un afflux massif de migrants à travers la Méditerranée centrale. Il va sans dire que la composition, l’origine et les raisons pour lesquelles ces personnes acceptent de subir le voyage le plus dangereux de leur vie à travers une mer mortelle, est différente de celle des réfugiés principalement syriens traversant la mer Egée. Nous savons tous que les pays du littoral méridional de la Méditerranée centrale sont différents à  bien des égards de la Turquie. Toutefois, selon moi, il ne fait aucun doute que l’Europe devra faire face à une importante crise migratoire sauf si l’accord avec la Turquie est reproduit en Méditerranée centrale. Permettez-moi de ne pas mâcher mes mots. Je ne vois vraiment pas la façon dont un État membre peut gérer ou absorber cette nouvelle vague. Ainsi, l’essentiel des principes fondamentaux de l’Union européenne passera un test sérieux si nous n’agissons pas dès maintenant… »

«…Je veux également être très clair sur ce que j’entends par reproduction de l’accord avec la Turquie. Je veux dire, ce qui est le plus important, est de démanteler le modèle économique des groupes criminels qui ratissent des millions d’euros de cette entreprise inhumaine. Je crois qu’un message politique fort est nécessaire à ce stade. Et si je dis que nous parviendrons à un accord dans ce domaine, nous devrions alors, en tant qu’Union européenne, organiser des passages et des couloirs sûrs pour les humains qui permettraient d’accueillir des demandeurs d’asile reconnus en Europe en toute sécurité. »

LE 3 FEVRIER A MALTE…
Un dernier point sur la migration. Je n’ai aucun doute que si nous ne sommes pas prêts à prendre de telles mesures audacieuses, nous serions amenés à prendre des mesures encore plus drastiques dans les mois à venir, et ces décisions seraient dirigées par des personnes qui ne portent pas le projet européen dans leur cœur. C’est une question que nous avons l’intention d’aborder directement au cours de la réunion des chefs d’État ou de gouvernement à Malte le 3 février. »

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1 COMMENTAIRE

  1. Tout cela est fort bien, merci Jean-Pierre.
    sauf que Joseph Muscat ne préside pas l’Union européenne. Il ne préside que le Conseil (de l’Union européenne), le 2e organe législatif de l’Union, qui devrait être remplacé par une Chambre haute en bonne et due forme, garante de la subsidiarité.

    Ce n’est pas lui qui fixe les orientations de l’Union. Selon les textes actuels, c’est au Conseil européen (des chefs d’État et de gouvernements) que cela revient. Cette présidence tournante est une survivance des étapes antérieures de l’intégration européenne, preuve s’il en est de la confusion qui règne et que le traité de Lisbonne a aggravée.

    N’en déplaise à tous les pleutres qui craignent l’incompréhension du peuple, il va falloir y mettre bon ordre et réformer les institutions européennes, sans quoi la démocratie restera un mirage. Les électeurs seraient-ils bêtes au point de ne pas pouvoir comprendre cela ? Lorsqu’il s’agit des institutions françaises, on hésite pourtant rarement à modifier la constitution, même par referendum et même sans prendre le temps d’en mesurer pleinement les conséquences comme en 2000.

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