Pour réussir la présidence française de l’UE, il ne suffira pas de participer

La présidence française du Conseil de l’Union européenne (UE) se déroulera lors du premier semestre 2022, et les travaux préparatoires sont déjà entamés. Le Gouvernement a annoncé que cette présidence française se construira autour des notions de « relance, puissance, appartenance ». Il convient toutefois de s’interroger, dès à présent, sur ce qui fera de ce semestre une réussite. Pour cela, pourquoi ne pas faire une analogie avec les jeux olympiques (JO) que la France organisera en 2024 ? A quelles conditions considèrera-t-on qu’il s’agira d’un succès ?

Tout d’abord, remporter un maximum de médailles.

La France doit convaincre ses partenaires européens d’avancer sur plusieurs dossiers prioritaires : la relance économique post-covid-19, le numérique, les relations avec l’Afrique, la transition énergétique, la santé, etc. Nous ne doutons pas un instant que l’engagement pro-européen d’Emmanuel Macron et de son secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, permette à la France d’obtenir des résultats. Soyons tout de même prudents car nous ne sommes pas à l’abri, tel un athlète d’une blessure, d’un mouvement social d’ampleur à la sortie de la pandémie qui paralyserait le pays.

Ensuite, il faut obtenir une large adhésion autour de l’évènement et susciter de nouvelles vocations pour développer le sport.

Le Gouvernement doit ainsi viser à développer un réflexe européen dans la population, à convaincre nos concitoyens que l’appartenance à l’UE apporte une véritable plus-value dans leur vie quotidienne. Il faut donc donner les moyens d’agir aux structures qui sont au contact des publics les moins intéressés par le projet européen. Les associations de terrain, celles qui font de l’éducation populaire, au premier chef le réseau des maisons de l’Europe, mériteraient ainsi de sortir d’un sous-financement chronique. Ce ne sont pas les technocrates, énarques ou non, qui feront rêver les enfants.

Et si on s’attend à une couverture télévisuelle en continue des JO, espérons que les médias, et notamment le service public audiovisuel, jouera à plein son devoir d’informer et d’éclairer les téléspectateurs sur les enjeux de cette présidence française, ses réussites et ses échecs.

Enfin, les JO doivent laisser une trace pérenne qui prendra la forme d’infrastructures construites ou rénovées.

Les débats et contributions des différents acteurs seront riches pendant les mois qui précèdent cette présidence française et durant celle-ci. Quel dommage de perdre cette dynamique collective ! Le Gouvernement doit créer une structure permanente de débat et de concertation entre les pouvoirs publics, des praticiens de l’Europe et les organisations spécialisées sur les problématiques européennes. Laisser un héritage quand les lumières des projecteurs seront éteintes.

Alors que la majorité présidentielle affirme que l’Europe est dans son ADN, elle devrait avoir à cœur que cette présidence française soit à la hauteur des enjeux, pour affronter sereinement le contrôle antidopage de l’élection présidentielle qui se tiendra, hasard du calendrier, au beau milieu de ce semestre européen.

Article publié dans Ouest-France le 20 mai 2021

Fabien Chevalier
Fabien Chevalier
Président d’honneur de Sauvons l’Europe

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6 Commentaires

  1. La France réussira-t-elle mieux sa présidence européenne que celle de son propre pays càd rassembler autour d’une perspective commune ??? Quand on voit le nombre de votants lors des élections nationales et il faudrait peut-être en faire une analyse politique, permettez-moi d’en douter !
    La seule perspective actuelle est de compter les milliards d’€, ce qui passe par dessus la tête de la majorité des européens qui ont d’autres préoccupations. Nos gouvernants, malheureusement, ne sont même plus de la race des seigneurs, ce sont de simples comptables.

  2. La France laissera-t-elle l’Allemagne continuer à lui marcher dessus, elle qui a réussi à faire fermer Fessenheim pendant qu’elle ouvre chez elle une (dernière ?) centrale à charbon et continuer à polluer l’Europe, se préparer à plusieurs décennies de gaz russe à la place du charbon et du nucléaire ce qui est une erreur géostratégique majeure, et – cerise sur le gateau – la France réussira-t-elle à imposer le nucléaire comme une énergie « verte » dans la taxonomie alors que l’Allemagne a déjà imposé ou presque que le gaz en fasse partie afin d’en faire bénéficier les futures centrales à gaz allemandes et refuse d’y inclure le nucléaire. L’Allemagne se moque du climat et impose ses intérêts en flinguant le seul secteur français où la France a un avantage concurrentiel… Il est loin le « couple franco-allemand » qui servait de boussole au reste de l’Europe !

  3. Je suis très sceptique, nous avons affaire à de blablateurs communicateurs et impuissants car ils sont d’abord au service de l’ARGENT et non de l’ETRE HUMAIN!!!

  4. Je partage le scepticisme d’Yves Fruchon.
    Quant à l’Euroe que la France doit construire, s »git-il vraiment de l’UE dont elle présidera le Conseil alors que bien des Français rêveront en préparant les Présidentielles à construire une autre Europe
    Cette conjonction des Présidentielles et de la présidence du Conseil de l’UE ne sont une chance ni pour la France ni pour l’Europe.

  5. Ma crainte est que dans cette période , les élections présidentielles et législatives prennent le pas sur les questions européennes tant chez les électeurs que chez les responsables

  6. Je suis consterné par la tonalité négative des commentaires ci-dessus, qui émanent pourtant de partisans, on l’imagine, de la construction européenne.
    Mais je ne suis pas très impressionné favorablement non plus par la prise de position de SLE. L’enjeu prioritaire, il me semble que cela consiste à venir à bout des principaux motifs de fragilité actuels : l’attitude quasi dissidente de la Hongrie et de la Pologne, et l’incapacité de gérer correctement la question migratoire.
    Une bonne adhésion à l’UE se construit sur la conviction que l’Europe est forte, et cette conviction nécessite que l’Europe soit effectivement forte, et le démontre.
    Une bonne présidence européenne, ce sera celle qui oeuvre pour l’UE et non pour le pays dont la personne présidente est issue. J’ai bon espoir que les Français sont sensibles à cet aspect des choses.

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