Euro-Digital : plus ou moins de démocratie ?

Le 2 Octobre dernier, Christine Lagarde déclarait « Nous devons nous tenir prêts à émettre un euro numérique si cela s’avère nécessaire ».

“Ainsi soit-il”, tenons-nous prêts!

Il s’agit là d’une formidable ambition technologique, celle de créer un outil ouvrant la porte à de nouveaux usages, produits et services, en adéquation avec le « Monde d’après ». Pourquoi ne pas y voir aussi l’ambition de fonder rapidement un service public en matière de monnaie numérique ? Une alternative aux offres à venir du côté des GAFA, comme LIBRA de Facebook. Bref une manière originale de protéger les citoyens européens car, comme le souligne le documentaire « The Social Dilemma » : “if you aren’t paying for something, then you’re the product”.

La promesse d’un “Euro-digital” est celle d’une monnaie conjuguant les caractéristiques de l’argent physique avec la flexibilité des systèmes d’information. L’euro deviendrait “intelligent” et plus liquide. Ce serait alors l’opportunité de repenser « l’outil euro ». Quelles sont les « fonctionnalités » que nous souhaitons attribuer à notre monnaie européenne, et quels problèmes voulons-nous résoudre avec sa version numérique ?

Il est donc urgent pour les citoyens européens débattent des enjeux d’un tel bouleversement ! En effet, soyons lucides, la praticité à terme d’un Euro-digital pour ses utilisateurs sera telle que la monnaie physique rejoindra tôt ou tard le cimetière des éléphants, même si personne n’ose se l’avouer à l’heure actuelle …

Or, une chose est certaine, par nature cette technologie permet un lien direct entre l’émetteur de monnaie et le citoyen sans nécessiter l’intervention d’un intermédiaire bancaire. Il s’agit d’une rupture technologico-anthropologique profonde, dont l’effet collatéral est de potentiellement d’altérer la nature et les pouvoirs de la BCE …

Par conséquent, l’étape critique de la numérisation de l’Euro pourrait à nouveau mettre le feu aux poudres au sein des opinions publiques européennes. L’Euro-digital pourrait, selon, être synonyme de plus de transparence et de démocratie, ou, au contraire, représenter une nouvelle étape vers l’instrumentalisation de l’argent comme levier de pouvoir, plus centralisé que jamais, creusant ainsi le gouffre entre les citoyens et leurs institutions.

Actuellement, l’équipe d’architectes de l’Euro-digital est avant tout composée de représentants de banques centrales. Il sera stratégique de porter cette belle initiative hors de l’entre-soi, lui donnant toutes ses chances, pour éviter le risque qu’elle soit perçue par l’opinion publique comme la concentration ultime du pouvoir de l’argent, au détriment des libertés individuelles et de la solidarité.

[author title= »Santiago Rabier et Henri Lastenouse » image= »http:// »][/author]

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