En attendant le plombier ukrainien… qui ne viendra pas

Du coût de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne

Marion Maréchal et LFI semblaient s’être concertés ce week-end pour lancer leur campagne pour les élections européennes sur un haro contre toute perspective d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Tandis que Marion Maréchal annonçait que « l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne serait « le tombeau de l’agriculture française », LFI nous mettait en garde qu’avec « un marché unique avec un pays membre dont le salaire minimum est à 200€ par mois, (…) une guerre économique entre les travailleurs (serait déclenchée) ».

Bien évidemment, il ne fallait pas s’attendre à ce que l’extrême-droite de Reconquête ou LFI accordent toute forme de prime morale à une perspective d’adhésion à l’Union européenne d’un Etat qui se bat pour la défense de valeurs européennes – liberté, démocratie, état de droit et dont les soldats tirent justement leur motivation de cette perspective.

Les leçons de l’adhésion de la Pologne en 2004 pour le cas de figure ukrainien

Peu importe aussi que l’adhésion de l’Ukraine ne soit pas envisageable dans les scénarios les plus optimistes avant 2030, c’est-à-dire après les élections européennes suivantes, Reconquête et LFI préfèrent entrer dans le dur dès maintenant en 2024 quitte à donner une impression de déjà-vu par rapport aux prédictions de Cassandre qui avaient accompagné l’élargissement de l’Union européenne à l’Espagne en 1986 ou celui à la Pologne en 2004. Tout comme l’agriculture française devait être ensevelie sous les fraises espagnoles et le tissu des PME françaises mis à genou par le plombier polonais, voici que l’adhésion de l’Ukraine – à un horizon indéterminé – est déjà promesse de cataclysmes.

Or, alors que nous sommes nombreux à rechercher un plombier peu importe de quelle nationalité, force est de constater que cette invasion de plombiers n’a malheureusement pas eu lieu et que l’adhésion de la Pologne et des autres Etats d’Europe centrale et orientale s’est soldée par exemple par une hausse de 0,5 de PIB annuels pour les Etats occidentaux de l’Union européenne accompagnée d’une augmentation du rapport du PIB par habitant polonais au PIB moyen par habitant européen, en parité de pouvoir d’achat, de 51% en 2004 à 79% en 2022. Les fonds de politique régionale versés à la Pologne ont non seulement permis de combler un important déficit de cohésion européen mais aussi grandement profité aux entreprises d’Europe occidentale avec un « juste retour » pour les entreprises de BTP ou de machines-outillage estimé à plus de 50 cents pour 1 euro versé. Les entreprises allemandes, par exemple, ont un chiffre d’affaires supérieur en Europe centrale à celui qu’elles ont aux Etats-Unis et au Canada cumulés.

Faire référence au bilan de l’élargissement de l’Union européenne à la Pologne est aussi un paramètre intéressant dans la mesure où l’Ukraine se trouve justement dans une situation similaire que la Pologne en 2004, à savoir que si l’Ukraine rejoignait aujourd’hui l’Union elle accroîtrait son PIB d’environ 1% et sa population de 9%.

Mais jetons un regard plus précis sur les inquiétudes par rapport au risque de dumping social.

Risque de dumping social ? Les Ukrainiens bénéficient déjà de la libre circulation

Sur ce sujet la situation de l’Ukraine est en fait quelque peu différente de celle de la Pologne en 2004 puisque l’accès des Ukrainiens aux marchés du travail de l’UE est déjà plus avancé que celui dans les élargissements précédents, à la fois du fait de l’émigration ukrainienne à grande échelle vers l’UE antérieure à 2022, mais surtout en raison de la directive sur la protection temporaire, qui permet aux plus de 4 millions d’Ukrainiens qui ont trouvé refuge dans l’Union européenne de travailler et d’accéder aux services publics dans toute l’UE. Celles et ceux qui souhaitaient quitter l’Ukraine l’ont donc déjà fait. Les hommes en âge de combattre ne pourront quitter le pays avant la fin de la guerre. Et il est probable que celles et ceux qui restent au pays ont fait le choix de plus long terme de participer sur place à la reconstruction. Enfin, le risque de dumping social sous forme de délocalisations reste très faible au vu de la difficulté de l’Ukraine d’attirer des investissements étrangers pendant la durée du conflit.

L’impact pour la politique agricole commune sera triplement plafonné et maîtrisable

Pour ce qui est de l’impact d’une adhésion ukrainienne sur le budget de l’Union européenne, les études prospectives disponibles actuellement soulignent son caractère limité. Sur base d’une extrapolation de la situation actuelle, il est évalué à une somme comprise entre 13 et 19 milliards d’euros par an, soit à peu près le montant que l’Union européenne verse déjà annuellement à l’Ukraine au titre de l’assistance macrofinancière et qu’elle devrait continuer à verser d’ici 2027 au titre de la « Facilité pour l’Ukraine » de 50 milliards d’euros, soit 12,5 milliards d’euros par an. Ces projections ne tiennent pas compte des éventuelles ressources que pourraient constituer des réparations de guerre sous forme de saisie des avoirs russes, dont les 180 milliards d’euros d’avoirs détenus dans le cadre du mécanisme Euroclear basé en Belgique.

La part essentielle de cet impact sur le budget de l’UE (90% selon les études citées) serait imputée à la Politique agricole commune (PAC). Mais il serait contenu par plusieurs facteurs dont un probable triple plafonnement : un plafonnement national, un plafonnement par exploitation et un plafonnement dans le temps.

Le plafonnement national découlerait de la négociation au sein du Conseil sur les enveloppes financières totales des dépenses agricoles des États membres. Il est ensuite très probable que l’Ukraine prévoit pour l’allocation des moyens à l’intérieur du pays un mécanisme de plafonnement par taille de l’exploitation comme le font déjà huit Etats membres avec un plafond de 100 000 euros.

Ce plafonnement serait d’autant plus nécessaire que la superficie moyenne des terres arables des entreprises agricoles ukrainiennes s’élève à 485 hectares contre 30 hectares en France et 8 en Pologne et que l’Ukraine compte 166 méga-exploitations de 21 945 hectares de moyenne.

Le plafonnement dans le temps reprendrait simplement le modèle de tous les élargissements depuis 2004 d’une phase transitoire décennale pour les paiements directs. Au moment de l’adhésion, seuls 25% du montant total des paiements directs sont appliqués, avec des étapes annuelles supplémentaires de 5% ou 10% jusqu’à ce que les 100% soient atteints. Si l’Ukraine devait adhérer en 2030, l’impact total sur les dépenses agricoles du budget de l’UE ne se produirait donc qu’en 2040.

Cet impact se ferait essentiellement dans le secteur céréalier du fait de la spécialisation ukrainienne dans ce domaine.

Peut-être faut-il rappeler enfin que ses projections se font à PAC constante alors que le besoin de réforme vers moins de productivisme est criant et devrait intervenir dès la prochaine période de programmation 2027-2033.

Des plafonnements à revoir en matière de politique de cohésion

La politique de cohésion connaît elle aussi un plafonnement. En effet, les versements au titre de la politique de cohésion sont limités à 2,3% du PIB pour les États membres dont le RNB (revenu national brut) moyen par habitant (en parité de pouvoir d’achat/PPA) pour la période 2015-2017 est inférieur à 55% de la moyenne de l’UE par habitant. Avec un RNB par habitant de seulement 26,1% de la moyenne de l’UE, l’Ukraine serait évidemment soumise à ce plafond de 2,3% du RNB. Or, avec un RNB actuel de l’Ukraine de 143 milliards d’euros, le montant versé à l’Ukraine s’élèverait à seulement 3,3 milliards d’euros. Manifestement, ce montant semble très en deçà des besoins et devrait être renégocié notamment des engagements déjà proposés par la Commission dans le cadre de la Facilité pour l’Ukraine pour 2024-2027 avec des montants annuels de 12,5 milliards d’euros qui représentent 8,7% du RNB actuel.

Alors que toutes les projections sur les coûts de l’élargissement à l’Ukraine devraient faire taire les cris d’orfraie, la vraie question est peut-être celle de savoir quel serait le coût d’un non-élargissement à l’Ukraine – tout comme il y a un coût de la non-Europe amplement illustré par le Brexit.

En effet, élargir l’Union européenne à l’Ukraine, n’est-ce pas aussi un investissement à la fois dans la sécurité de l’Union mais aussi dans la défense de la démocratie et du rejet de « la violence, de la corruption et de l’autoritarisme comme modalité de vivre ensemble » tel que l’incarne l’Etat russe.

Matthieu Hornung
Matthieu Hornung
Animateur de Sauvons l'Europe en Belgique & Administrateur au Comité Européen des Régions

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11 Commentaires

  1. Félicitations Matthieu pour cette excellente analyse. La comparaison entre Ukraine et Pologne est très judicieuse. Tu as tout à fait raison, aussi, de souligner que la libre circulation a actuellement été donnée (à juste titre) aux Ukrainiens. Reste à « régler » et ceci n’est pas une mince affaire le court et moyen terme, l’horizon est actuellement sombre face à une Russie poutinienne très déterminée

  2. Quand on regarde au-delà de l’adhésion de la Pologne à l’UE, l’histoire des 40 dernières années laisse entrevoir un autre dénouement pour celle de l’Ukraine. Certes, le secteur du BTP peut se réjouir, car contrairement à la Pologne, tout est à reconstruire. Mais avec quel financement? Les « dommages de guerre » infligés à la Russie ? N’est-ce pas vendre la peau de l »ours avant de l’avoir tué ? N’est ce pas en raison d’une politique étrangère désastreuse de l’UE que cet état se voit obligé de se battre pour la défense de valeurs européennes ? L’UE avait toutes les raisons d’éviter les guerres en Ukraine, pourtant elle n’a rien fait pour enrayer la politique belliciste des USA. Et comme d’habitude, ce pays se désengage du conflit quand ce n’est plus payant électoralement. En résumé, avant d’enregistrer des gains en PIB, il va falloir financer une hypothétique victoire de l’Ukraine (les marchants d’armes sont aux anges), et si tout se passe bien (pas d’extension du conflit aux pays voisins ou à l’UE toute entière), reconstruire ce pays en ruine.

    • Bonsoir Monsieur DIEBOLT.

      Tout à fait d’accord avec votre commentaire, la gouvernance européenne porte la lourde responsabilité d’avoir poussé les Ukrainiens à s’engager dans ce dramatique conflit.

      Pas d’analyse honnête des conséquences d’une telle guerre sur le court et long terme, que de fanfaronnades, elle a vendu « la peau de l’ours avant de l’avoir tué » , les sanctions prises ont été facilement détournées, la Russie qui devait être a genoux semble en meilleure santé que nous même, surtout sur le plan militaire et de l’armement.

      Que dire du rôle des USA qui en plus risque de devenir « la perfide Albion », si c’est le cas, qu’allons nous faire ?

      Comme vous l’écrivez fort justement, avant de penser à engranger des gains en PIB, réfléchissons plutôt à mettre en place rapidement une véritable armée européenne, elle seule pourra changer la donne dans le conflit actuel.

      Non, je ne fais pas parti des commentateurs qui vont féliciter Mattieu, à quoi sert d’épiloguer sur de tels sujets en abordant pas le cœur du problème, à savoir comment se sortir d’un tel guêpier en sauvant les Ukrainiens.

  3. La société ukrainienne est aussi corrompue et post soviétique que la société russe. Regardez la taille des exploitations agricoles qui sont nées de la privatisation arbitraire dans les mains d’anciens membres du parti communiste ou des services secrets, des kolkozes et svokoses . C’est un modèle d’agriculture productiviste à l’américaine qui sera mis en place. Exemple: Les filières « volaille de qualité » européennes seront liquidées. Je vis en Espagne et les « ukrainiens et les russes  » riches sont amis , et roulent dans des voitures de luxe et ont des maisons magnifiques , par contre il y a des milliers d’ukrainiens pauvres qui ont connus des facilités inimaginables (autorisation de travail, appartement, scolarisation gratuite, sécurité sociale)etc…pour les autres émigrés qui font concurrence aux « émigrés indésirables » marocains africains , car ils sont censés rentrer en Ukraine la guerre finie. En parlant avec ces bonnes personnes elles comptent bien rester en Europe, car elles savent qu’en Ukraine la démocratie et la justice sociale sont des leurres. Le plus grand réseau de femmes prostituées en Europe sont des ukrainiennes trahies, mises sur le trottoir par des ukrainiens qui vivent si bien en Espagne . L’UE pantin des Etats-Unis, veut ouvrir de nouveaux marchés de profits avec de nouveaux naïfs qui croient que le capitalisme libéral permet à tous de mieux vivre dans la dignité, alors que les Peuples de l’union votent pour des partis qui veulent fermer les frontières à l’émigration noire et musulmanes , alors que la Turquie ou la Serbie entre autres pays attendent depuis des années l’adhésion. Les partis racistes fascistes vont gagner les élections européennes de 24 . La présidente du parlement européen n’est elle pas du même parti que Meloni. Ce qui montre que les femmes de pouvoir ne sont pas féministes wokistes car le pouvoir politique n’est pas lié au genre mais à l’idéologie des rapports de force au sein des sociétés créés par le système économique. L’UE ce n’est plus une utopie humaniste mais c’est le cynisme et l’hypocrisie ., la propagande guerrière est telle qu’ aucun mouvement pacifiste et anti armement n’est apparu. Les écologistes ne dénoncent pas l’impact de la pollution aérienne et terrestre des bombes et se taisent depuis que ces démocrates occidentaux israéliens tuent 20 000 palestiniens musulmans  » des « sous hommes » pour venger le massacre horrible de 1400 israéliens Européenne de la 1ère heure, sociale démocrate militante, 70 ans, ex-administratrice au CNRS , à Science Po etc… je voterai contre l’adhésion de l’Ukraine à marche forcée favorisée par le soutien américain.

    • Bonjour Madame GODELIER.

      Comme pour Monsieur DIEBOLT, je suis à 100% d’accord avec votre commentaire, il est dans le vivant, le réel.
      Etant marié à une Bulgare, me déplaçant dans les pays de l’Est, votre description correspond à ce que j’ai vu en Bulgarie, Roumanie, Hongrie, etc …..

      Oui, la corruption est reine dans les pays de l’Est, dans ceux qui sont dans l’UE, on en arrive à subir le chantage d’un de ses sbires (ORBAN), pas d’anticipation, pas de contrôle sérieux, ou va l’Europe ?

      Dans mon précédent commentaire, je pose la question « comment se sortir d’un tel guêpier en sauvant les Ukrainiens », quand je parle d’Ukrainiens, je ne pense surtout pas aux corrompus, je pense aux citoyens lambda victimes de cette sale guerre voulue par l’UE qui est aux bottes des USA, qu’ils abandonneront si nécessaire, sans aucuns complexes.
      Quelle naïveté malsaine de la gouvernance européenne et de nombreux chefs d’état.

  4. C’est avec un grand intérêt que j’ai pris connaissance de l’article sur le « plombier ukrainien » ainsi que des commentaires qu’il a suscités.
    Il n’est guère contestable que les propos de Matthieu Hornung, qui peut se prévaloir d’une position d’observateur privilégié des politiques européennes en raison de son suivi attentif de ces questions au sein du Comité européen des régions, exposent opportunément les données d’un problème particulièrement sensible, souvent insuffisamment apprécié lorsque l’émotionnel a tendance à l’emporter sur le rationnel.
    Ayant personnellement vécu de l’intérieur les tribulations des élargissements successifs de l’UE – certains plutôt réussis comme l’adhésion de l’Espagne et du Portugal ; d’autres plus chaotiques comme celui opéré en direction des pays d’Europe centrale et orientale – j’inclinerais moi aussi à penser que la pleine intégration de l’Ukraine à l’Union a peu de chance d’être pour demain.
    Je comprends aussi les interrogations de Mme Godelier lorsqu’elle évoque le comportement de certains Ukrainiens hors de leur pays. Cela me rappelle un des avatars du soulèvement hongrois de 1956 : à savoir que l’ouverture des geôles staliniennes, si elle avait pour objectif de libérer des prisonniers politiques, a eu aussi pour conséquence, dans la confusion, de permettre à des détenus de droit commun de prendre la poudre d’escampette pour gagner l’étranger et y poursuivre des activités peu recommandables. Si l’on en veut un exemple particulièrement emblématique, on peut se reporter à l’une des composantes du commando de pieds-nickelés qui, au Petit Clamart, a tenté d’éliminer physiquement le général de Gaulle : parmi les « apprentis » ainsi impliqués, figurait un ressortissant hongrois qui avait mis à profit l’ouverture des prisons pour se réfugier en France… et cela pendant qu’à Budapest d’authentiques résistants faisaient face aux chars soviétiques.
    Sur d’autres points, en revanche, j’éprouve quelques difficultés à suivre les propos concernant l’implication supposée de l’UE à la source du conflit russo-ukrainien. Ainsi, une formule du type « l’UE pantin des Etats-Unis » me paraît quelque peu caricaturale de la part d’une personne qui met en avant ses antécédents au service d’un monde universitaire dont je suis quant à moi également un (modeste) rouage. A tout le moins, on attendrait un peu plus de profondeur que des proclamations à l’emporte-pièce difficilement compatibles avec la rigueur scientifique. Loin d’être un « atlantiste béat » – et je pèse mes mots – je m’efforce de faire au moins la part des responsabilités en évitant de sombrer dans la facilité de théories superficielles – et souvent bien commodes – de la manipulation. C’est aussi la raison pour laquelle il serait tout autant intéressant, en termes de pédagogie, que M. Diebolt étaye son affirmation selon laquelle l’UE n’aurait rien fait pour enrayer la politique belliciste des USA (qualificatif souvent pertinent). En tant que praticien d’un suivi quotidien de l’actualité européenne (v. les « coups de périscope » successifs publiés sur le présent site), j’apprécierais en effet d’avoir une lecture un peu plus approfondie, de la part d’un commentateur habituellement convaincant. Ainsi, je crois me souvenir que l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 n’avait pas recueilli le soutien unanime des Etats membres de l’UE, même si nombre d’entre eux s’y étaient résolus. Et l’on sait l’influence éminente que les Etats membres exercent sur les relations extérieures de l’Union.
    Réflexion complémentaire (ou incidente) par extrapolation : pourrait-on parler d’une vision stratégique de notre ami Poutine qui, par le biais du conflit avec l’Ukraine, a poussé la Suède et la Finlande, jusqu’alors attachées à une prudente neutralité, à frapper à la porte de l’OTAN ?
    Puisque Mme Godelier évoque Sciences-Po, je m’en remettrais volontiers à ce qu’y enseignait un de mes professeurs lorsqu’il mettait en évidence un « impérialisme des faits » (c’était son expression) qui prévaut parfois sur les ressorts de la volonté : l’exemple de la Grande Armée confrontée à l’hiver russe en dépit du génie militaire de Bonaparte en constitue une illustration particulièrement évocatrice. Parfois, on ferait bien de méditer sur les tribulations de l’apprenti-sorcier…
    Enfin, sans amoindrir la sympathie que je porte habituellement aux commentaires de Mylord – parfois un peu idéalistes, mais ce n’est pas une faiblesse dans la mesure où c’est stimulant – je lui adresse les mêmes questions que ci-dessus. Il me semble notamment que ses critiques gagneraient en substance s’il explicitait ce qu’il entend par « gouvernance européenne ». Pour l’anecdote, je me permets de confier que la première fois que j’ai entendu prononcer le mot de « governance » (dans la langue de Trump), ce fut, au début des années 90, dans le cadre d’une réunion à l’OCDE… où le représentant des Etats-Unis s’en était fait le promoteur.

    • Bonjour Monsieur VERNIER.

      D’après moi, la gouvernance actuelle de l’Europe ne peut pas répondre aux défis du monde actuel, l’un des exemples parmi d’autres est le chantage effectué par Mr Orban concernant la SUEDE, certains diront que c’est l’art du compromis, je parle moi de marchands de tapis, est ce vraiment sérieux ?

      La refonte de la gouvernance Européenne doit ‘être totale, la communication de la politique européenne doit être doté de véritables outils ( une chaine européenne dédié, etc, etc…).
      Les différentes strates qui la composent sont pour beaucoup d’entre nous incompréhensibles, la règle de l’unanimité dans certains domaines est source de blocage, la mise en avant de l’identité européenne est mise de côté et pourtant primordiale, elle doit ‘être « vendue » en permanence.
      Nos avons besoin d’un seul président et non une multitude de représentants ( Ursula Von Leyen, Charles Michel, présidence tournante et temporaire des chefs d’Etat, etc….), de l’équivalent d’une assemblée nationale et d’un conseil des ministres, soumis au suffrage universel, assumant les domaines régaliens comme la défense, la sécurité aux frontières européennes, etc, etc…

      Oui, je suis idéaliste, cette qualité semble être absente de ceux qui nous représentent, ils se seraient déjà battus pour la finalisation de cette construction européenne.

      Oui, l’Europe est à la botte des USA, depuis longtemps et dans de nombreux domaines, le conflit avec l’UKRAINE nous le rappelle constamment, nous donnons nos vieilles armes et nous en achetons de nouvelle pour se défendre aux USA, ou est la préférence européenne, ou est l’industrie d’armement européenne, n’appliquent ‘ils pas la devise « diviser pour mieux régner » .

      Monsieur VERNIER, j’ai essayé de clarifier ma pensée suite à votre commentaire, encore merci pour ces échanges fructueux.

  5. Cher Mylord,
    En espérant, en cette aube d’une année nouvelle, que 2024 permettra la poursuite sereine – et fructueuse – de notre dialogue, je m’empresse de souligner que je partage une fois de plus l’essentiel de votre commentaire. En particulier, ce que vous évoquez à propos du regrettable Orban – dont j’ai souvent écrit qu’à l’inverse de la bénédiction « Urbi et Orbi » il symbolisait plutôt une « malédiction Orban et Forban » – nuit effectivement à une gouvernance pour le moins raisonnable, sinon idéale, de l’UE.
    Je demeure en revanche un peu moins convaincu de la pertinence d’une affirmation un peu lapidaire selon laquelle notre Union serait (je simplifie) purement et simplement à la botte du cow-boy yankee. Si l’Histoire telle qu’elle a évolué depuis 1945 peut certes attester de nombreuses convergences – et singulièrement face aux menaces avérées de l’impérialisme russe – une observation attentive et documentée des relations transatlantiques montre par ailleurs que des divergences non négligeables ont aussi émaillé le cours de ces relations. Pour me limiter à un exemple, je mentionnerai les contentieux successifs qui ont opposé les deux rives de l’Atlantique au sein de l’Organisation mondiale du commerce. Je me réserve d’y revenir plus en détail une prochaine fois. A ce stade, ne lassons pas le lecteur…
    Bien cordialement !

  6. Bonjour Monsieur VERNIER.

    Omission dans mon précédent commentaire, je vous adresse ainsi qu’a tous les membres de Sauvons l’Europe mes vœux de santé et de bonheur pour cette nouvelle année.

    Merci pour votre réponse, concernant les USA, leur méthode pour influencer la politique européenne est plus insidieuse, nous aurons en effet l’occasion d’en reparler.

    J’espère que mes explications sur la gouvernance vous ont permis de mieux comprendre mon point de vue.

    Encore merci, cordialement.

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