De Jean Monnet à Al Capone…

Au cœur du scandale de corruption qui éclabousse de ses valises bourrées de billets le Parlement Européen, on trouve Pier Antonio Panzeri, ex-président de la sous-commission des Droits de l’homme à Strasbourg.

Ce dernier vient d’endosser une nouvelle casquette, dont ses 704 collègues se seraient fort bien passés : celle d’un « Repenti » selon la Loi belge.  Une appellation qui fleure bon la Sicile ou les prétoires de Chicago, bien loin des nobles ambitions de Jean Monnet et Robert Schuman !

D’ailleurs, la présidente en exercice du Parlement européen ne s’y est pas trompée qui déclarait récemment : « Nous devons regagner la confiance, qui s’est construite en 20 ans et a été détruite en quelques jours ». La dernière session plénière du Parlement européen n’a d’ailleurs pas pu éviter de modifier son agenda pour caler en urgence un débat sur le sujet qui n’aura finalement pas rassuré grand monde.

Pour situer l’affaire sur « l’échelle de Richter judiciaire belge », Panzeri est le second « repenti » dans l’histoire judiciaire belge. Pour comprendre jusqu’où l’institution européenne se trouve aujourd’hui abaissée, rappelons que le « statut de repenti » a été inauguré en 2021 par l’agent de joueurs de foot Dejan Veljkovic, dans le dossier « Footbelgate ».

Un grand déballage pour le Foot belge, mettant en cause des dirigeants de clubs, des joueurs, des agents, des arbitres, des entraîneurs à qui le « Repenti » avait fait gagner en tout… 25,5 millions d’euros au noir. Veljkovic était, « de facto », le comptable d’un système frauduleux qui s’était répandu dans tout le football belge jusqu’aux ténors du ballon rond, outre Quiévrain, que sont Bruges, Anderlecht ou le Standard.

L’agent de joueur avait passé « un deal » avec la justice pour une remise de peine qui s’avère plus clémente encore que celle accordée aujourd’hui à Panzeri. C’est dire où classer notre ex-député européen dans le « calcio » de la pègre en col blanc.

Ironie ou surréalisme belge, l’avocat de Panzeri déclarait en 2018, lors du vote instituant le statut de « Repenti », : « pour ma part, je me demande sincèrement si ce n’est pas un système qui devrait être limité à de la très grande criminalité. » Manifestement le choix fait d’une procédure qui stigmatise autant aura des effets de bord politiques… Pour l’institution européenne, le boulet du « Repenti » risque bien d’occulter le fait, qu’à ce jour, le nombre des députés en exercice à possiblement être pris la main dans le pot de confiture, n’est pas significatif du tout d’une corruption généralisée de l’Hémicycle par le Qatar ou le Maroc.

Ironie de l’histoire, c’est peut-être moins les aveux obtenus via le statut de repenti, que les billets de banques retrouvés qui révèleront in fine la vérité. Neufs, n’ayant jamais servi pour la plupart, leur numérotation devrait mener droit au réseau bancaire qui les a émis et, de là, pointer vers un compte identifié.

Henri Lastenouse
Henri Lastenouse
Vice-Président de Sauvons l'Europe

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5 Commentaires

  1. Vous me semblez bien clément avec les parlementaires européens dont la présidente, elle-même, a accepté au moins un voyage payé par un tiers, non déclaré comme la loi l’exige pourtant. Accepter un cadeau (sous quelque forme que ce soit) pour un personnage politique, c’est se mettre en position de redevabilité. C’est, en soi, inacceptable

  2. La communauté européenne est elle – et a-t’elle été un jour, un instant seulement – autre chose qu’un instrument de domination et d’assujettissement des peuples par le capitalisme US et mondial ? Merciii !

    • Pour qui connaît un tant soit peu l’histoire et le fonctionnement de l’Union (et non pas la Communauté – vous ne semblez pas très bien informé de l’évolution de la terminologie) européenne, la réponse à une question aussi démagogique est que celle-ci appelle à être fortement nuancée.

  3. Le problème dans les enjeux de pouvoir, c’est comme pour celui qui crache dans la soupe… Pour ne pas la partager, pour mieux se l’approprier… peur, égoïsme… Autant d’explications pathos.
    Il ne peut en rester qu’un….
    Pour détruire le système aussi… Ingérence, accointances…. Autres explication pathos.
    Mais le réel problème apparaît surtout quand il ne reste plus que la cerise sur ce gâteau…
    Alors là…. Sortez les couteaux…
    On devient tous psychopathos…. je l’ai vécu.
    C’est de façon systémique ce qui se passe actuellement avec la guerre en Ukraine et la Russie…
    Elle a décidé de s’approprier et de manger le gâteau au risque de ne récupérer que la ruine du château.
    Et puis la cerise, c’est le meilleur morceau…. jusqu’au noyau.
    Gardez confiance…. Restons unis.

  4. Bonjour.

    J’ai déjà dénoncé dans des précédents commentaires l’immoralité et l’amoralité de nos politiques et gouvernants, qu’ils soient nationaux ou européen.
    Un grand nombre sont cupides, menteurs et voleurs, ceux sont des délinquants à col blanc, nos règles et lois sont très peu adaptés pour lutter efficacement contre cette délinquance, elle est aussi et peut être plus nuisible que la délinquance traditionnelle.
    Un des exemples actuel au niveau national est le dossier des retraites, on nous ment, on interprète les chiffres dans le sens que l’on désire (ex déficit régime retraite non mis en perspective avec le cout de l’assurance chômage des plus de 50 ans, etc, etc…).
    Le fonctionnement des institutions européenne actuel porte en son sein les germes de toutes ces dérives, ce scandale est la face cachée d’une corruption beaucoup plus importante, non visible.
    Si nous ne réagissons pas, pensez vous alors que l’Europe a un avenir ?

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