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Une urgence: les États-Unis d’Europe !

 

Le renforcement de l’Union européenne dans le sens d’une plus grande intégration économique et politique se trouve de plus en plus menacé. Si les États membres et les peuples européens ne s’engagent pas avec urgence dans la bonne direction, le risque est fort d’un retour à une Europe des nations en conflit les unes contre les autres, brisant ainsi 60 ans d’acquis et de succès communautaires (marché commun, libre circulation des personnes, politique agricole commune, paix, stabilité et prospérité, dont on mesure les bénéfices au regard des crises actuelles ailleurs dans le monde et souvent très proches de nous…).

Le Traité de Lisbonne, conçu et élaboré entre 2002 et 2007, a montré les défauts d’un compromis intergouvernemental, qui sont apparus encore plus évidents après la crise financière internationale.

 

Quelques mois après son entrée en vigueur, les gouvernements ont déjà décidé d’ouvrir une procédure de modification limitée du Traité afin de rendre pérenne le mécanisme de soutien aux pays de la zone euro, qui n’avait pas été prévu par le Traité et qui est apparu indispensable pour éviter son éclatement.

 

Cependant, les modifications décidées par les gouvernements ne sont ni en mesure de résoudre la question du gouvernement économique de l’Union européenne, ni appropriées pour répondre à la crise économique et sociale que traversent déjà plusieurs pays.

 

La proposition d’une réunion périodique des chefs d’États et de gouvernement de la zone Euro, avancée le 16 aout par le directoire franco-allemand, n’est pas en mesure d’assurer l’efficacité et le caractère démocratique du gouvernement économique dont l’UE a besoin.

 

Par ailleurs, après le début des révoltes populaires dans un nombre croissant de pays arabes, les Européens ont montré leur incapacité à réagir en leur proposant une vision et une politique ambitieuse.

 

Dans ce contexte, le débat sur les deux voies alternatives pour l’avenir de l’Union européenne est relancé au sein de nombre de pays européens :

 

la voie qui doit conduire l’Union européenne à parachever ce qui était l’objectif à sa création, sa finalité fédérale, et donc son évolution vers les États-Unis d’Europe, seuls à même de donner à l’Europe un poids dans le monde face aux grandes puissances et de modifier ensemble la trajectoire d’une mondialisation débridée en lui imposant des règles d’abord civiques, sociales, environnementales.

 

le chemin du retour en arrière, aux revendications des intérêts nationaux laissant place à des affrontements entre des groupes, plus ou moins volatils , de pays.

 

La place inquiétante laissée à la seconde voie est aujourd’hui évidente (cf l’absence de politiques économiques ou de sécurité communes, la montée des populismes et nationalismes divers, la mise en cause des immigrés, mais aussi la montée des “indignations”…).

 

Nous plaidons :

 

Dans une première étape :

 

L’adoption en urgence d’un budget européen fondé exclusivement sur des ressources propres auxquelles il faudra ajouter les « Euro-obligations ». Donc capable d’assurer en même temps les fonctions d’allocation de ressources, notamment dans les domaines clés pour le futur de notre Europe, ceux de l’innovation, de la recherche, de l’énergie et de l’environnement, et les fonctions de redistribution propres à garantir la cohésion sociale et aussi territoriale interne et la solidarité externe, en premier lieu vers les pays de la Méditerranée méridionale. Il s’agit d’établir une politique de « Projets Européens Partagés » destinés à entrainer une croissance répondant à des critères d’efficacité sociale, environnementale, civique autant qu’économique et financière.

 

Un Fonds de développement et d’investissement public/privé devrait également soutenir cette ambition.

 

Nous proposons aussi que la politique d’aide au développement et des aides alimentaires devienne une compétence exclusive de l’Union européenne et qu’une vraie politique commune d’immigration soit finalement mise en place. Il faudra inscrire dans le budget européen les ressources aptes à doter l’Union européenne des moyens indispensables aux politiques européennes de maintien de la paix («peace keeping») et de consolidation de la paix («peace building»). Ces politiques ont déjà montré la valeur ajoutée de l’Union par rapport à d’autres États, y compris les États-Unis, dans de nombreuses opérations sur plusieurs continents.

 

 

Dans une deuxième étape

 

 

Il faut aller rassembler tous les pays et les peuples qui partagent le principe de la supranationalité et acceptent le modèle fédéral dans un système constitutionnel nouveau : les États-Unis d’Europe.

 

La méthode que nous soutenons est celle d’une Convention constituante se réunissant à l’automne 2014 et garantissant le rôle central du Parlement européen et associant la Commission européenne ainsi que les parlements et les gouvernements des pays prêts à accomplir un pas décisif vers les États-Unis d’Europe. Le texte issu de cette Convention serait soumis à un référendum pan-européen.

 

L’agenda que nous suggérons est celui d’un avant-projet élaboré par le Parlement européen en temps utile avant le début de la campagne pour les élections européennes qui auront lieu en juin 2014 et une décision du Conseil européen au plus tard au début de la présidence italienne en juillet 2014. Face à la crise politique du projet européen seul le Parlement européen sera en mesure de donner une réponse politique adéquate comme il l’avait fait en février 1984 avec le projet Spinelli. .

 

Il faut oser plus d’Europe pour sortir de la crise tant sociale , économique que celle qui menace le fonctionnement même de nos démocraties.

 

Pier Virgilio Dastoli, président du Mouvement Européen – Italie

 

Arthur

Arthur est Président de Sauvons l'Europe

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8 Commentaires

  1. Rien de plus exact ; il faut faire l’Europe pour ne pas reprendre le cycle des luttres fratricides. Hélas, nous ne sauverons pas l’Europe dans une organisation de vie en société aussi contradictoire : la Démocratie doit s’allier avec un système économique compatible ; or la Pensée-Unique, alias le monétariste, est absolument incompatible pour la raison qu’elle est l’expression la plus sauvege de la loi de la sélection naturelle, et que la Démocratie est déjà un dépassement de cette loi archaïque. Notre statut d’Homo Sapiens nous contraint de dépasser cette loi. C’est la première étape à franchir pour construire une Europe démocratique viable et vivable.
    Commençons donc par celle-ci.

  2. « Le texte issu de cette Convention serait soumis à un référendum pan-européen ».

    Ouf! Enfin le peuple européen aurait son mot à dire….

    Mon rêve serait que ce soit le peuple européen qui manifeste dans les rues pour réclamer aux élites la constitution des Etats Unis d’Europe. Ben oui, une révolution populaire pro européenne! Et pourquoi pas commencer avec notre association et les autres et les syndicats et les régions européennes… et nos députés fédéralistes et les progressistes de tous bords? Allez, on fabrique les pancartes ?

  3. Pleinement d’accord avec vous.Fabriquons les pancartes et sortons les montrer. Mais nous savons bien que cela ne suffira pas. Avant un « référendum pan-européen », c’est un vaste mouvement pan-européen qu’il nous faut obtenir. Surtout pas de manifestations isolées,’chacun chez soi’! Au contraire : allons les uns chez les autres, mêlons-nous, mélangeons-nous, coordonnons et fusionnons les protestations.Oui,bien sûr qu’il sera nécessaire d’associer « les autres et les syndicats et les régions européennes…et nos députés fédéralistes et les progressistes de tous bords », mais sur un objectif clair, un seul : l’Union!la seule réponse possible aujourd’hui face aux risques encourus. Imaginez cela : une journée des peuples de l’Union manifestant en très grand nombre, au même moment,dans toutes les langues, devant les parlements de chacun des Etats. Idéaliste ? Sans doute. Mais l’Europe elle-même n’est-elle pas d’abord une Idée?

  4. Oui, d’accord, c’est bien beau le discours, mais moi j’attends d’abord une Europe fiscale harmonisée. On ne pourra sortir de la crise et bâtir de beaux projets sans ce préalable. Sinon, comment enlever les inégalités de la PAC,harmoniser un coût du travail complètement disparate (produits maraichers, trnsports routiers etc),supprimer les paradis fiscaux (Lettonie, Belgique, Suisse) qui souvent n’apportent m^me pas de revenus fiscaux aux pays accueillants les ex patriés qui renient leur patrie, comment lutter contre les pavillons de complaisance (voir article précédant de SE)etc. Là est la clé me semble-t-il…

  5. Tout à fait d’accord avec ce texte ..d’autant plus qu’il correspond aux idées qui inspirent S.ROYAL, qui contribuerait fortement à ce magnifique et urgent projet,si elle était élue..
    N’oublions pas de voter aux Primaires!!

  6. Mais « oser plus d’Europe » suppose une conscience plus profonde et plus féconde d’être européen :

    comment dans la tourmente garder le cap de la justice, de la paix, de la liberté solidaire,

    sinon en nous rappelant que l’être unique et collectif appelé Eur-Ope existe, dans le mythe fondateur comme dans l’histoire réelle, pour porter la « Vaste-Vue » impliquée par ce nom à travers peur et tempêtes, grâce aux moyens de contact nautiques autant qu’alphabétiques venus de Phénicie (l’actuel littoral syro-libanais) pour diffuser la dynamique démocratique toujours à l’oeuvre après trois millénaires ?

  7. OK pour plus d’Europe et plus d’égalité entre tous les citoyens européens, le respect de leurs différentes langeus et cultures y compris « régionales » totalement iognorées en France ! Mais il faut qu’on arrête avec la « concurrence libre et non faussée ». Elle est de toute façon toujours faussée. Et il faut rétablir la notion de service public. Mais un vrai service public, avec évaluation au plus près du terrain et des besoins des citoyens et dela société.

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