Rapprochement avec l’Ukraine : l’Union européenne a tout à y gagner

L’Ukraine fait aujourd’hui la Une de nombreux médias. En cause : son renoncement à signer un accord d’association avec l’Union européenne en novembre dernier. Depuis, l’Union européenne confirme à qui veut l’entendre son intense déception, et pour cause. Position géographique stratégique, potentiel agricole et économique important : un rapprochement avec l’Ukraine ne représentait que des avantages pour l’Union européenne.
L’Ukraine : un potentiel économique fort pour l’Union européenne

Si aujourd’hui, on entend surtout parler de la déception de la population ukrainienne à la suite du renoncement de l’Ukraine à la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne, cette dernière peut elle aussi nourrir d’importants regrets. Au lendemain du sommet de Vilnius, Catherine Ashton, représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a en effet tenu à exprimer sa « déception » et à confirmer sa conviction selon laquelle « l’avenir (de l’Ukraine) passe par une relation forte avec l’UE ».

Une déception d’autant plus importante que l’Union européenne ne voyait dans ce rapprochement avec l’Ukraine que des avantages, stratégiques d’abord, mais aussi économiques. Levier géographique important entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est, l’Ukraine bénéficie d’un emplacement de choix pour l’Union européenne. Faire de l’Ukraine une alliée signifiait en premier lieu prendre à la Russie un de ses anciens vassaux et faire comprendre à Vladimir Poutine que l’influence soviétique est bel et bien éteinte dans la région.

Sur le plan économique, l’Ukraine représente avant tout un marché de 46 millions d’habitants, prêts à consommer et à acheter des produits européens. Le pays possède également un potentiel agricole conséquent avec 7,5 % de son PIB produit par le secteur de l’agroalimentaire. Une richesse dont l’Union européenne aurait pu profiter. Alors que l’absence de signature ukrainienne lors du sommet de Vilnius est généralement vu à travers le prisme ukrainien, il ne faut pas oublier que si l’Union européenne est déçue aujourd’hui, c’est surtout parce qu’elle a perdu des gains potentiels importants.

Sommet de Vilnius : l’échec d’un accord historique, mais pas unique

La non-signature ne signifie cependant pas forcément la fin du rapprochement. Les autorités ukrainiennes ne font que le confirmer depuis le sommet de Vilnius : leur désir de se rapprocher de l’Union européenne reste intact. Bien que pour le moment, la signature d’un accord d’association tel qu’il était formulé en novembre soit impossible pour le pays, les efforts de l’Ukraine pour se rapprocher des valeurs européennes continuent et continueront.

« Le travail visant à rapprocher le pays des standards européens ne s’arrête pas un seul jour », a confirmé le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov. Un discours repris par l’émissaire européen à l’agence polonaise PAP à Kiev, Aleksander Kwasniewski, selon qui le renoncement de l’Ukraine n’est en fait qu’une « demande de pause dans les négociations, pour mettre en ordre les questions économiques en Ukraine ».

En attendant, le pays est sous les feux de la contestation. Les manifestations des Ukrainiens pro-Europe se multiplient. Si l’Ukraine souhaitait prendre son temps pour se rapprocher de l’Union européenne dans les meilleures conditions possible, la situation presse de plus en plus. Viktor Ianoukovitch a d’ailleurs précisé qu’il condamnait les violences commises par la police lors des manifestations (violences qui vont d’ailleurs donner lieu à une enquête). Il a également rencontré Catherine Ashton à deux reprises afin de régler au plus vite cet imbroglio à l’ampleur de plus en plus surprenante. « J’ai exprimé clairement notre souhait d’un dialogue entre les autorités et les personnes se rassemblant pour manifester pacifiquement », a-t-elle précisé à la fin de leurs entretiens. Des discussions qui semblent avoir porté les fruits au vu des dernières déclarations de Viktor Ianoukovitch appelant à « ne jamais recourir à la force contre des manifestants pacifiques » et à « ne pas suivre la voie de la confrontation et des ultimatums », mais celle du dialogue avec les autorités.

 

Grégoire Didier

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

Soutenez notre action !

Sauvons l'Europe doit son indépendance éditoriale à un site Internet sans publicité et grâce à l’implication de ses rédacteurs bénévoles. Cette liberté a un coût, notamment pour les frais de gestion du site. En parallèle d’une adhésion à notre association, il est possible d’effectuer un don. Chaque euro compte pour défendre une vision europrogressiste !

Articles du même auteur

5 Commentaires

  1. Quelque soit l’opinion des Ukrainiens sur le régime Yanoukovitch, l’histoire fait que l’Ukraine, cœur historique fondateur de la ‘Rusland’, appartient au monde russe. Les vicissitudes de l’histoire ont adjoint à l’Ukraine la Crimée d’un côté, un cadeau de Krouchtchev, la partie occidentale catholique (Lviv, la Galicie etc.) de l’autre. Ce patchwork est appelé à dysfonctionner (litote) ; d’ailleurs l’Ukraine, comme d’ailleurs la Biélorussie, n’a jamais réellement existé en tant qu’état. Ce n’est pas le bloc de rouille que constitue sa marine qui va conférer à l’Ukraine un statut. Ce n’est pas plus la série de dirigeants ukrainiens déconsidérés (pas de noms, il faudrait tous les citer) . Il ne faut pas s’étonner de la réticence ( encore une litote) de la Russie à laisser filer une province. Dans l’état de faiblesse actuel de l’UE, « prendre à la Russie un de ses anciens vassaux et faire comprendre à Vladimir Poutine que l’influence soviétique est bel et bien éteinte dans la région » n’est pas réaliste.

  2. La Communauté Européenne a soulevé l’enthousiasme à 6, mais il fallait être plus grand, plutôt que plus solidaire, alors on a passé à 9 au détriment de la cohésion du but à atteindre. A 15 on pouvait déjà douter de l’efficacité et après en avant marche selon les phantasmes de l’économie et de la finance,, à la recherche de la croissance, pour arriver à la fable de la Fontaine;

    Une Grenouille vit un bœuf
    Qui lui sembla de belle taille.
    Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
    Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
    Pour égaler l’animal en grosseur,
    Disant : Regardez bien, ma sœur ;
    Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
    — Nenni. — M’y voici donc ? — Point du tout. — M’y voilà ?
    — Vous n’en approchez point. La chétive pécore
    S’enfla si bien qu’elle creva.

    L’ensemble européen devient un immense fourre-tout, où chacun ne défend plus que ses intérêts nationaux, ou l’économie, la relance priment sut la cohésion et la solidarité. Nous sommes loin du rêve des Pères de l’Europe. L’élargissement à tous les pays ex-soviétique et d’abord à l’Ukraine à tout prix et sans l’adhésion aux valeurs fondamentales, où ça nous mènera ? Réfléchi grenouille….

  3. Je ne sais qui est dénommée grenouille ? L’Europe ? L’Union Européenne ? La zone EURO ,

    En tout cas, une cohésion sociale ) 9? 0 8? ou a 6 n’explique pas pourquoi ? la cohésion numérique, à 28 n’existe pas encore !

    Le lapin de Jade, a un A VENIR !

    Peut-être pas TURCHANY !
    Inflation ou pas ? Salaire minimum ou pas ? Monnaie stable ou pas, au sein d’une union économique, à moins de refaire marche arrière toute (retour monnaie locale, pour quel coût ?). 10 000 économistes ? Cela devrait s’entendre, à plus ou moins court terme… ET la création de billets, a ses limites… Ne pas oubliez, que les américains, ont retrouvé la croissance, pendant la seconde guerre mondiale, en produisant l’armement dont l’Europe, avait besoin (inertie de part et d’autres…).

    Ou alors, je rappelle le livre de Monsieur François LENGLET ? LA FIN DE LA MONDIALISATION. Réfléchir, aux européennes 2014 ! Social ou pas ? Fiscalité européenne, ou pas ? J’ai demandé de la possibilité, des Etats, (ex juste, la Grèce), la possibilité, de sortir de la zone euro, si prévision de désendettement, dans les 5 ans, sous contrôle de l’Europe, avec une mise sous réserve, de tutelle pour sa défense, et donc produit a un bas coût, des produits manufacturés, pour le retour à une saine économie (convention de rentrées d’impôt, et de surveillance de la corruption dans le pays, contrôle du vote démocratique) et apprécier l’augmentation annuelle du pouvoir d’achat ! Observatoire.
    Je ne sais si c’est possible inflation inférieur à CE QUI EST DÉCIDE, par l’Europe, pour démontrer aux pays, qui en douteraient encore, qu’une inflation galopante, est un contresens, pour les démunis…. Pas pour les Etats !

  4. Comment ne pas souscrire à tout ce qui a été écrit et aux commentaires ci-dessus ?
    Qui est déçu ?
    Les multinationales, bien sur: comment laisser filer un tel marché et une main d’oeuvre encore meilleure marché, si c’est possible, que celle des pays de l’Est qui ont intégré l’UE au 1er mai 2004, déstabilisant le marché commun pour mieux le transformer en zone de libre-échange?
    Qu’en pensent les Espagnols dont la sous-traitance pour l’Allemagne se retrouve en Slovaquie ou en République tchèque ?
    Comment empêcher que chaque nouvel arrivant tire vers le bas le niveau social des plus pauvres ?
    En appliquant, bien sur, les traités de Rome d’origine qui prévoyaient l’harmonisation sociale et fiscale et la solidarité entre les pays membres et non leur mise en concurrence, comme celle de leur salariés…

  5. Le drame à mon humble sens est que Vladimir Poutine a raison de regretter la disparition de l’URSS, mais sans dire que l’URSS n’a jamais été soviétique, y compris encore selon sa gouvernance, entre Lénine et Staline et qu’à l’époque, Trotsky l’a payé de sa vie.
    Sans aucun jugement de valeur sur les hommes dans leur contexte, j’espère que « Gorby » prendra la place de notre « Madiba » qui vient de partir au royaume de la Reine verte.

    Fraternellement, Alain Ternot 06 80 71 89 34

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

A lire également