Publication de l’opuscule « Qui va payer ? »

 

Alors que la campagne présidentielle s’empare à nouveau du sujet de la jeunesse, Sauvons l’Europe et la Confédération étudiante publient un opuscule « Qui va payer? » résumant nos travaux sur la jeunesse européenne face à la dette.

En réponse à l’intervention de Nicolas Sarkozy ce week-end, ci-dessous un extrait de nos développements spécifique à la révolution digitale à laquelle nous appelons l’Europe

 

 

 

 

On peut toujours refuser de voir les faits.

 

S’évertuer à distinguer entre les dynamiques des printemps arabes, la crise des marchés financiers ou encore l’indignation et l’émigration économique d’une part croissante de la jeunesse est un parfait exemple d’un conservatisme d’aujourd’hui se refusant à envisager la fin du monde surgi de l’après guerre froide.

 

Fait nouveau, lors de la révolution tunisienne, c’est bien la jeune génération plus « privilégiée » des centres urbains de la côte qui a relayé massivement le soulèvement de ceux de l’intérieur; scellant ainsi la primauté générationnelle et digitale sur les référents politiques traditionnels. Pourtant, le débat politique feint encore d’ignorer que cette primauté générationnelle et digitale est bien le coeur d’une nouvelle dynamique politique

 

Ainsi, aujourd’hui, qu’elles soient artistes ou bloggeurs, révolutionnaires ou entrepreneurs, de nouvelles générations veulent se faire entendre et semblent renouveler à leur manière la célèbre formule de l’abbé Sieyès :« Qu’est-ce que la jeunesse ? – le PIB de demain et l’apurement des dettes d’hier» – « Qu’a-t-elle été jusqu’à présent dans l’ordre politique et économique ? Presque rien – « Que demande-t-elle ? – Confiance et accès aux leviers de la réussite. »

 

En effet, la révolution digitale impacte l’organisation même de nos sociétés. Au-delà de son caractère technologiquement novateur, elle fait naître au niveau mondial de nouveaux acteurs appuyés sur des valeurs qui leur sont propres.Ces «protestants 2.0» modifient les règles d’accès et de partage aux connaissances. Ils développent de nouveaux modes de création de valeur et de nouvelles formes de cultes collectifs. Ils incarnent une confrontation entre une révolution technique porteuse de ses propres valeurs et une organisation sociale et économique de plus en plus défaillante à garantir par sa capacité de croissance le pacte social de l’après guerre. Face à la faillite de leur sphère environnante, de nouvelles élites issues de la révolution technologique émergent avec la volonté d’appliquer leur propre expérience et expertise au règlement des affaires du monde. C’est au sein même de la révolution digitale que ces « nouveaux réformés » fondent leur exigence de transparence et son corollaire l’accès libre aux informations.

 

Un continent ne vit que par sa capacité de création et de renouvellement. A eux seuls, les Etats-Unis concentrent la quasi-totalité des symboles de la révolution Internet. Beaucoup de jeunes talents européens y auront très largement contribué ! Pourquoi ces mêmes jeunes sont-ils créateurs de richesses ailleurs et réduits au rôle de supplétifs bon marchés au sein de l’Euroland ?

 

Aujourd’hui la question de la représentation générationnelle en Europe (…et particulièrement en France), est posée. Aucune solution à cette crise politique et financière sans précédent ne saurait faire sens sans entendre ceux qui seront demain l’Europe. Ce dialogue ouvre la question de l’adaptation dans l’urgence des modes de représentation au sein de l’Union. Les générations nouvelles et futures ne peuvent accepter que les institutions représentatives et les solutions qu’elles vont élaborer, soient dans la seule main des générations qui ont accumulé la dette.

Au delà des dettes accumulées, la crise actuelle place au premier plan des priorités la question des risques, nouveaux et anciens, que nos sociétés peuvent et veulent assumer. Plus que jamais, le débat politique doit se porter sur les risques extrêmes aux conséquences irréparables. La crise financière aujourd’hui est bien la réalisation d’un risque que le système a laissé se construire sans comprendre qu’il mettait ainsi en danger sa propre pérennité. Plutôt que de donner dans la facilité d’une règle dite d’or, soudain exhibée pour mieux sommer les générations futures de régler les dettes de leurs aînés, nous entendons imposer au coeur de la démocratie européenne les principes de « no tax without generational representation » et de « no risk without democratic representation ».

 

Le « reboot de l’Europe » passe aussi par des actes courageux sur les sujets tabous de l’immigration et du travail :

 

– Premièrement, les peuples qui viennent de gagner seuls leur liberté et leur dignité n’ont certainement pas fait la révolution chez eux pour venir vivre chez nous. Il revient sans doute à la génération des petits enfants de Jean Monnet d’oeuvrer à substituer à la néfaste proposition de guerre de civilisations celle plus humaniste d’un modèle social méditerranéen partagé au travers d’une mobilité économique méditerranéenne et de corollaire : une citoyenneté économique méditerranéenne. Pour quelle raison les jeunes générations européennes paieraient-elles encore longtemps le surcoût économique du racisme latent de leurs aînés ?

 

– Deuxièmement, un « Acte Fondamental du travail » -qui soit un acte 360°- est aujourd’hui indispensable pour garantir dans le futur un socle démocratique minimum qui, rappelons-le, a tant fait défaut à notre continent dans les années 30. Cet acte doit garantir le travail des générations « nouvelles et à venir » autour d’un périmètre sacralisé, s’imposant à toute politique économique. La promesse européenne est toujours que l’Europe soit d’abord un espace de choix politiques».

 

Par ailleurs, la jeunesse européenne attends des propositions en phase avec l’univers des nouvelles générations, notamment en intégrant massivement le digital au centre –et non à la marge- de l’action politique. Pour reprendre les comparaisons historiques de certains autour des événement de 1940, il s’agit d’utiliser le digital comme Rommel et Guderian ont utilisé leurs chars, non comme Weygand et Gamelin.

 

– A ce titre, n’est il pas devenu indispensable pour tout jeune de connaître les langages informatiques au même titre qu’il sait «écrire et compter ? N’est ce pas à l’Europe de proposer aux nouvelles générations un cursus éducatif « on line » visant à offrir directement à chaque jeune une compétence en écriture digitale la plus élevée possible ? Lutter contre « l’analphabétisme digital » de 90% de la jeunesse permettrait de massifier les offres de contenus développées en Europe et d’orienter massivement les compétences vers les nouveaux territoires d’activité .

 

– Egalement, pourquoi ne pas permettre aux citoyens européens de disposer plus librement de l’affectation de leur épargne au travers d’un outils européen de « Crowd Funding (ECFI) ?. Cet outil permettrait aux citoyens européens d’investir un peu de leur épargne au côté et avec la garantie de la BEI dans des projets d’avenir ? Cet instrument d’épargne populaire irait de pair avec la capacité offerte à des groupes de citoyens européens de suggérer collectivement tel ou tel nouvel investissement. Ces «caisses d’épargnes européennes on line» ouvriraient la voie à la réconciliation de nos concitoyens avec les outils financiers, redonnant sens et perspective aux efforts qui leur sont demandés aujourd’hui.

 

Enfin, l’Europe disposant seule de l’échelle nécessaire pour prélever des valeurs autres que le travail, pourquoi ne pas décider de la mise en place immédiate d’une EuroTaxe Erasmus en faveur de la jeunesse, qui soit directement financée par ces ressources fiscales échappant aux Etat Membres. Cette Taxe abonderait un Fonds Erasmus Européen qui traduirait la garantie donnée aux nouvelles générations que des moyens seront « mis de côté » pour leur réussite future.

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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3 Commentaires

  1. Bonjour,
    Quelles sont les « valeurs » de la « révolution technique »?
    La « révolution digitale » n’a-t-elle pas facilité d’abord les abus spéculatifs du système financier global?
    Ceci ne tendrait-il pas à prouver que la révolution technique n’est porteuse, en elle-même, d’aucune valeur nouvelle mais plutôt d’une puissance de démultiplication, de communication et d’accélération du meilleur comme du pire? En quoi les jeunes générations sont-elles,plus que les anciennes porteuses de valeurs homogènes, harmonieuses et progressistes? En quoi la nouvelle révolution technique, dite « digitale » échapperait, plus que les autres, aux errances du cerveau humain? cordialement, jm Bochel.

    • Excellente question. Sans entrer dans la questions philosophique profonde de l’errance du cerveau humain considérons le parallèle suivant: il y’a plusieurs usages possibles d’une technologie nouvelles, mais certaines se prêtent à des évolutions sociales libératrices et d’autres moins. L’invention de l’imprimerie a mis à disposition d’un nombre considérable de personnes un accès au savoir qui était l’apanage de quelques clercs. Cela s’est traduit par une transformation profonde de nos sociétés.

      Nous considérons que le numérique, par sa puissance et sa facilité d’appropriation, met à disposition de chaque individu des outils auparavant totalement hors de sa portée. Sauvons l’Europe s’est entièrement tourné vers ces outils pour vivre et se développer, quasi sans argent.

      Par ailleurs, le système de production qui s’articule dans le numérique a tendance à favoriser la coopération sur la hiérarchie, le partage sur la propriété, l’utilité sur la maîtrise du processus, la transparence sur le secret. Ceci crée une culture « incorporée » à la technologie par ceux qui la font évoluer, et donc des valeurs que nous jugeons progressistes.

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