L’ambassade de la discorde

On nous annonce depuis quelques semaines que le futur ambassadeur des USA auprès des institutions européennes serait un M. Ted Malloch. Ce dernier a annoncé récemment qu’il pensait que d’autres pays suivraient le Royaume-Uni hors de l’Union, et surtout hors de l’Euro dont il pense qu’il va s’effondrer dans l’année. Il a déclaré « J’ai déjà eu des postes diplomatiques dans le passé qui m’ont permis d’aider à abattre l’URSS. Alors, peut-être qu’une autre Union a aussi besoin d’être domptée », mettant en doute le caractère démocratique de l’UE. A cela s’ajoutent d’autres amabilités comme de traiter Jean-Claude Juncker de maire de province. Tout ceci, insistons, non pas dans un lointain passé mais depuis que sa nomination probable est annoncée à Washington.

Il s’y ajoute des fantaisies personnelles. Ce monsieur s’est attribué, à tort selon le Financial Times, le fait qu’il ait été anobli par la Reine, que Margaret Thatcher l’ait publiquement qualifié de génie, qu’il ait été en poste dans diverses universités anglaises et qu’il soit un auteur régulier pour des journaux internationaux prestigieux.

Assez logiquement, la perspective de sa nomination provoque des remous, et une pétition circule pour appeler les responsables européens à refuser son accréditation, ce qui est leur droit le plus strict.

Mais est-ce réellement la conduite à tenir? Devons nous réclamer un ambassadeur décent, qui rapportera les propos de Donald Trump en les enrobant de sucre et qui pourra dire le soir devant un verre qu’il partage votre opinion?

Nous ne le pensons pas. Il ne faut pas tourner le dos à la réalité, et Ted Malloch est la réalité des USA aujourd’hui. Trump nomme à la tête de l’éducation une adversaire de l’école publique, il nomme à la tête de l’agence de l’environnement un partisan de sa suppression, il nomme en ambassade à l’UE quelqu’un qui pense son devoir de la détruire. Cet ambassadeur, pour exotique qu’il soit par ailleurs, reflète exactement la politique souhaitée par le Gouvernement américain actuel, et qui se traduit également par le retrait américain de ses obligations d’aide militaire dans le cadre de l’OTAN.

Ce n’est pas une simple lubie inspirée par les voyages aux USA du leader de l’UKIP, mais un choix stratégique de sortie du cadre international régulé par des organisations globales, pour revenir à des rapports de force directs entre nation. Les USA sont la puissance la plus importante, donc America First! et ne nous laissons plus emmailloter par tous ces machins et ces traités.

A ce jeu, les USA ne sont plus seuls sur la scène mondiale, comme en 1945. Il existe deux autres puissances mondiales qui peuvent le concurrencer. La Chine, par la simple force du nombre, et l’Europe qui est la première économie mondiale.  Les USA ont donc un but stratégique extrêmement simple, qui est de fragiliser et si possible détruire l’Europe pour ne plus avoir à gérer qu’une tension avec la Chine. La Russie est naturellement un pion précieux dans cette aventure.

Il est inutile de se voiler la face, il faut faire avec le défi que nous lance Donald Trump, et avec son ambassadeur.

 

 

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

Soutenez notre action !

Sauvons l'Europe doit son indépendance éditoriale à un site Internet sans publicité et grâce à l’implication de ses rédacteurs bénévoles. Cette liberté a un coût, notamment pour les frais de gestion du site. En parallèle d’une adhésion à notre association, il est possible d’effectuer un don. Chaque euro compte pour défendre une vision europrogressiste !

Articles du même auteur

11 Commentaires

  1. Tout à fait d’accord avec votre position réaliste face à cet ambassadeur américain qui vient nous casser le dos. Mais on peut ajouter aussi, pour aller dans votre sens, que son intention de briser l’Europe restera lettre morte si l’Europe sait se trouver une unité de combat au lieu de passer son temps à geindre pour obtenir la  » protection » du parapluie américain.

  2. Evidemment l’Union Européenne et sa monnaie unique l’Euro ,sont de sérieux concurrents vis à vis des USA ,qui apparaissent avec Trump de plus en plus « impérialistes »et quoique nos alliés et nos amis ,ils verraient d’un bon œil cette Union se dissoudre en de petits états plus faciles à manipuler..!Comme on dit « Mon Dieu ,protégez -moi de mes amis.. mes ennemis je m’en charge »…!Il serait plus que temps de songer à la création d’une Communauté européenne de défense ,mais là il s’agit d’un vœu pieux compte -tenu que beaucoup persistent à compter sur les US pour leur défense..!

  3. Tout à fait d’accord avec vous.

    Pourquoi ne soutenons pas l’indépendance de la Californie et d’autres états qui n’ont pas voté pour Trump? Il veut saper notre Union, sapons la sienne.

    • vous avez raison, monsieur, quand on fait un concours de b… à la place de la politique, il faut bien montrer qui a la plus grosse. Bonne chance à vous, bonne chance l’EU !!!!!

  4. Trump a pour source Fox News auquel il croit dur comme fer. C’est ainsi qu’il a inventé un crime en Suède.
    Fox News s’était déjà illustré avec les « no go zones » de Paris.
    Alors qu’il attire des imbéciles qu’il récompense, est-ce vraiment une surprise?
    L’UE n’a que peu à faire d’un crétin, fut-il ambassadeur, par contre les USA se privent d’un élément essentiel.

  5. D’accord avec cette sage analyse.

    Il est grand temps de resserrer nos rangs et de mettre en place une
    Europe à deux vitesses, un noyau restreint et uni, solide qui aille de l’avant dans
    l’intégration et la défense des valeurs dans lesquelles nous croyons. Un
    ensemble qui donne envie aux autres de le rejoindre vraiment, et non de
    seulement profiter de ses avantages en refusant les inconvénients. Cela demande
    une volonté forte, car en effet un vent mauvais se lève, Donald Trump qui table
    sur la désunion de l’ennemie commerciale à abattre, les Britanniques qui
    cherchent à diviser les Vingt-Sept, Poutine et Xi Jinping en embuscade.

    Il est urgent d’avoir une ambition et de faire remonter la confiance des opinions publiques dans le projet européen.

    • Je pense que des discussions sont en cours entre la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie afin de déblayer le terrain. Je pense que le Benelux, le Portugal et l’Autriche suivront, les autres pays de la zone Euro sans doute aussi, malgré les problèmes de la Grèce et de l’Irlande qui est un semi paradis fiscal. Pour les autres, tout dépendra des conditions posées et des politiques locales, bien fort celui qui peut prédire.

      • Le noyau restreint c’est l’Allemagne, les autres ne feront bientôt plus partie de l’UE ! Quoi que ce n’est pas sûr que l’Allemagne reste unie entre l’Est et l’Ouest…

  6. Ce qui est souhaitable c’est que l’Europe « restreinte ou non », soit capable de reprendre la main sur les règles de la Finance et que l’Union tienne compte des partcularismes de chaque état pour fortifier leur entente et ne pas la jouer trop « concurrentielle ». On doit réguler des tas de choses entre nous, et permettre aux plus faibles de payer leur dette : le Portugal où je réside a déjà commencé, tout en desserrant l’étau des contrainetes qui furent imposée par notre ancien gouvernement de droite qui était à la botte de Schauble et Merkel. Et ça marche! le Portugal est en pleine reprise économique m^me si ce n’est pas encore le paradis pour les classes les moins favorisées. Mais les gens respirent déjà mieux. tant mieux.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

A lire également