Et si même les marchés devenaient Europrogressistes ?

La mission de Sauvons l’Europe depuis sa fondation en 2005 est de travailler à renforcer une voie europrogressiste susceptible de fédérer une majorité autour du projet européen. Le sommet européen de Bruxelles renforce manifestement nos espoirs :

1. L’Europe commence à toucher les dividendes du remplacement voilà presque 8 mois de Silvio Berlusconi par Mario Monti. L’absence de l’Italie au sein du Conseil Européen du fait du discrédit total de Berlusconi sur la scène européenne a cruellement manqué tout au long de la crise de la zone Euro. Le parcours quasi sans faute de M.Monti depuis 8 mois (regrettons juste qu’il n’ait pas cru bon de recevoir F.Hollande avant le 6 mai !) est sans doute aussi déterminant que la fin du couple Merkozy.

2. Naturellement ni le Premier ministre italien, ni le Premier ministre espagnol ne sont connus comme de fervents europrogressistes…. Pourtant, ils sont les exemples « vivants » qu’il n’existe aucune corrélation immédiate et directe entre purge budgétaire et satisfecit des marchés. Leur demande pressante pour une solidarité organisée des Européens lors de la soirée de jeudi dernier renforce considérablement l’approche europrogressiste en Europe.

3. François Hollande devra certainement aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite sur la scène européenne. Son plaidoyer pour une relance de l’économie européenne face à l’austérité « Merkozy » est déjà presque de l’histoire passée. Maintenant, il va falloir aborder des sujets moins consensuels… Notamment la question de la taille optimum du budget européen pour faire redémarrer l’économie européenne. Egalement, va se poser pour la gauche française la question fédérale, non pas dans sa dimension sémantique, mais dans ses implications concrètes à court et long terme. Par exemple sur la question des retraites…

4. Au rythme des couleuvres avalées par les uns et les autres, nous nous interrogeons sur la possibilité pour notre trio « Latin » de passer à l’acte sur la question des Eurobonds sans attendre la lente maturité de l’opinion publique allemande. Au fond, qu’en penseraient les marchés ? Nous parlons quant même de grouper autour de 50% du PIB de l’Eurozone…

Henri Lastenouse


Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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8 Commentaires

  1. Enfin une approche « europrogressiste » que je partage !

    Retrouvons donc l’impulsion mère donnée par ses Pères à l’Europe ;

    mutualisons ses forces économiques, techniques et matérielles dans une plus vaste vue :

    dans des perspectives politiques enfin dignes de celle qui depuis trois millénaires s’appelle Europe, c’est-à-dire en grec précisément Vaste-Vue, et qui nous appelle d’une manière d’autant plus pressante et réalisable à l’intégration pour l’union dans la diversité.

    Au retour d’un bref séjour en Turquie, spécialement en Cappadoce, je repense à la vitalité de cette Eurasie, qui invente autant qu’elle se souvient de nos racines communes, tant culturelles que religieuses, en tout cas toujours vigoureuses et porteuses, fédératrices et créatrices… Comment le projet Euromed sortira-t-il de l’actuel bouillonnement méditerranéen ?

  2. Encore un coup d’épée dans l’eau !
    C’est l’art suprême de la stagnation organisée : vouloir ce qui est impossible, car les mêmes causes produisent les mêmes effets.

    Très cordialement.

  3. Appeler le trio latin endetté, dont un seul membre (l’Italie) se préoccupe très concrètement des enjeux de compétititivité, à « avancer » sur les eurobonds en l’absence du PDR/payeur de dernier ressort qu’est le contribuable allemand …? Voilà qui serait original et semblerait méconnaître la cohérence et les exigences d’un certain nombre de mécanismes financiers internationaux..!
    L’union de trois faiblesses n’a jamais créé une force .
    Par ailleurs, la gauche française n’a rien à voir avec les sociaux-démocrates des autres Etats membres de l’UE : elle reste dogmatique et entretient toujours une conception d’ « économie administrée » dans un cadre macro-économique dirigiste…. C’est d’ailleurs la principale raison de son opposition au « partage de souveraineté » requis pour exercer en commun la gouvernance économique de l’€urozone. Il ne lui serait plus possible en effet d’utiliser l’économie comme champ d’expérimentation idéologique… Il n’y a pas eu en effet de congrès de Bad-Godesberg en France pour le PS…pas plus qu’il n’y a eu de remise en cause du « système » communiste totalitaire par le PCF, celui-ci, plutôt que de remettre en cause ce système comme l’ont fait les autres PC, ayant toujours préféré condamner des « dérives » attribuées au seul « culte de la personnalité »… Voilà une « exception française » dont ce pays aurait pu se passer… L’Italie, pour cette raison notamment, aura plus de chance de s’en sortir que la France…

    • ceci se discute… le PC n’a rien fait d’officiel sans doute, mais l’activité passée de ministres communistes n’a rien d’extra-terrestre. Inversement, la généralisation du salaire minimum en Europe est désormais une demande de la Commission européenne…

  4. Evidemment, souligner le départ de Berlusconi comme un acte positif laisse un peu froid, car c’est, avec le départ du premier ministre Grec et la défaite de la gauche espagnole, un procédé autoritaire de L’Europe qui a influencé et accélérer les choses dans ces 3 pays (rappelons nous que le premier ministre grec voulait faire un référendum ds son pays et que , curieusement pour une Europe démocratique…, c’est pour cela qu’il a été ‘remercié’!et aussi que le successeur de Berlusconi a été choisi par l’Europe avant de l’être par son peuple !) .

    Cependant, la tentative de réorientation actuelle n’a été possible que grâce à l’arrivée du SOOCIALISTE F. Hollande.
    Et l’originalité de la rencontre de travail à Rome avec des pays du Sud (car nous sommes dans une confrontation Nord Sud) montre que d’autres pistes que la soit disant obligatoire domination franco-allemande peuvent être efficaces. Rome, où il y a 55 ans un traité voulait être la base de l’amélioration des niveaux de vie et du bien être des peuples … pas de la finance !
    Et puis, oui Martina, si l’Euromed avait existé (je dirais même ‘n’avait pas été empêché par l’Allemagne qui voyait là une perte de controle !) les rapports avec tout le bassin méditerrannéen seraient améliorés et profitables à notre économie européenne. Je partage votre avis sur la Turquie, après y être allé (avant j’avais pas la même vue des choses) et avoir échangé avec des travailleurs turcs : ils sont déçus de l’Europe, ils sont fiers de leur passé. Ne les abandonnons pas à d’autres perspectives géo-politique, nous pourrions le regretter dans 10 ou 15 ans ..

    • PENSER SANS NATIONALISME NI DOGMATISME POUR AGIR EUROPEEN…
      Le partenariat de Barcelone (ce que vous appelez Euromed)existe et a existé: ce qui l’a fait « mourir », c’est la mort du Processus de Paix au Moyen Orient …pas une quelconque « volonté hégémonique » allemande..! Quant à la proposition française d’Union de la Méditerranée/UdM, qui ne réunissait que les riverains de la Méditerranée tout en réclamant le financement de l’Union européenne, elle a dû etre transformée en Union pour la Méditerranée réunissnt l’Union européenne ett ses voisins du Sud… Transformation demandé et justifié par l’Allemagne et d’autres Etats membres de la façon suivante: que dirait la France si l’Allemagne, la Pologne, la Finlande et les pays baltes établissait un partenariat exclusif avec la Russie sans y associer tous les Etats membres, en particulier la France, tout en exigeant le financement par l’Union européenne ? On crierai à un « retour à la course aux zones d’influences entre Européens, cette course qui a été source de conflits en Europe »,disait Merkel …
      Comme Européen convaincu, je ne comprends pas bien cette germanophobie de plus en plus prégnante en France et dans les commentaires.. Serait-ce l’expression de ce sentiment d’envie typiquement français face aux succès économiques d’un autre pays européen, en particulier lorqu’il s’agit de l’Allemagne ?

      • Sur les différentes versions de l’Euromed, plus encore que le processus de paix au proche-orient c’est le degré de corruption des potentats du sud de la méditerranée qui a finit par en faire un cadre de projets de grands travaux, dont chacun profite… De ce point de vue, la volonté allemande de ne pas laisser les finances de cette aventure aux mains de MM Sarkozy et Berlusconi semble assez saine…

        • Je crois que dans tout partenariat stratégique, il faut ditinguer l’accessoire (ce que vous faites, mais en mettant en avant l’anecdotique et le non-déterminant) et l’essentiel… Il ne faut jamais oublier que l’un des fondements du Partenariat de Barcelone était d’appuyer/d’encadrer/de compléter le Processus de Paix au Moyen-Orient. Celui-ci disparu, il devenait impossible d’en développer le volet régional-horizontal puisqu’il n’était plus possible de réunir ensemble dirigeants arabes et israéliens: dès lors, il n’est plus resté que les volets bilatéraunationaux avec chacun des pays du Sud-Med… Le problème s’est répété avec l’UpM… Pour avoir longtemps géré ce dossier à Bruxelles, j’ai été un « témoin engagé » (selon la belle formule de Raymond Aron)de ces échecs successifs et de leurs causes RÉELLES… La corruption a peut-être constitué l’un des facteurs aggravants, pas un facteur causal

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