Nicolas Ravailhe propose une chronique sur la guerre économique entre les Etats-Unis et l’Europe dans le domaine de la défense en six volets. Première partie, les larmes de crocodile des pays de l’Union européenne qui refusent consciemment d’acheter européen pour devenir souverains.
Que reste-t-il de l’effroi des capitales européennes et des institutions de l’Union européenne depuis l’élection Donald Trump, depuis les propos du vice-président américain lors de la conférence de Munich sur la sécurité et, plus encore, après avoir assisté en direct à la visite du président ukrainien dans le bureau ovale à Washington ? Pas grand chose. La pseudo-réconciliation à Rome entre les deux présidents américain et ukrainien sur fond de prédation de l’économie ukrainienne par les Etats-Unis ne marque pas d’inflexion. Au contraire, cette dynamique, accompagnée d’acteurs américains de premier plan comme BlackRock et initiée bien avant l’élection de Donald Trump, ne fait que s’amplifier.
Personne n’ignore en Europe que les Européens ont très peu de prise sur les présidents américains, tant l’actuel ou ses prédécesseurs. Les États membres de l’Union européenne (UE) ne peuvent donc compter que sur eux-mêmes et sur d’éventuels alliés influents aux Etats-Unis. De plus, le dernier sommet de l’OTAN, qui s’est déroulé aux Pays-Bas en juin 2025, témoigne d’un alignement des Européens sur les Etats-Unis.
Quid de la volonté des Européens d’être souverains ?
A ce stade d’intensité et d’enjeux géopolitiques – une Russie très agressive et des Etats-Unis considérés moins fiables -, il était légitime d’espérer une réaction forte des Européens visant à s’émanciper des dépendances américaines. Malgré ce constat partagé, aucune évolution effective n’est à noter ni même à envisager en matière de souveraineté dans le secteur de la défense. Les taxes douanières américaines ne devraient pas davantage connaître de réaction européenne et c’est en grande partie lié aux choix opérés dans la défense par les Européens.
Des pleurs d’un ancien conseiller d’Angela Merkel en charge de la conférence de Munich aux larmes de crocodile de tout horizon de l’UE, sur les soutiens à l’Ukraine comme sur la protection de l’Europe, il ne reste qu’une volonté de business avec les Etats-Unis exprimée par des Européens non alignés entre eux. En tout état de cause, les Russes savent très bien que, sauf la France, les armées européennes sont équipées d’armes américaines non utilisables sans l’accord des Etats-Unis. Personne en Europe n’est dupe également. Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, a néanmoins évoqué un intérêt manifeste dans un rapprochement avec les Britanniques et les Français concernant un parapluie nucléaire.
La coopération franco-britannique est essentielle notamment dans la défense, mais, en matière nucléaire, il convient de rappeler que les Britanniques ne sont pas souverains. Ils dépendent des Etats-Unis. On ne peut pas sérieusement imaginer qu’un chancelier allemand ne le sache pas. Seule la France peut donc protéger les Européens avec son armement nucléaire. Emmanuel Macron a d’ailleurs ouvert une porte en ce sens. Cependant, est-il encore crédible et concevable de défendre des pays qui ont fait le choix d’être soumis à la protection des Etats-Unis, allant ainsi à l’encontre les intérêts de nos industries de défense, c’est à dire des moyens de notre souveraineté ?
« Pour qui nous prend-on ? »
Les États européens qui achètent des matériels américains ne le font pas par erreur ou par naïveté mais par choix assumé. L’Allemagne a fait le choix d’acheter des avions aux Etats-Unis. Ces aéronefs sont les seuls à être autorisés à porter la bombe atomique américaine. Pour huit milliards d’euros, des F35 seront livrés à l’Allemagne avec une mise en service dès 2027 sur la base de Büchel, dont la modernisation va coûter, selon la presse allemande, un milliard d’euros afin d’accueillir la bombe américaine.
Ces avions américains seront, de surcroît, en partie intégrés sur le sol européen par une entreprise phare en Allemagne dans le secteur de la défense, Rheinmetall. Laquelle vient également d’annoncer une coopération avec Lockheed Martin pour développer des missiles et, le 18 juin 2025, une autre avec la société Anduril. On notera que même MBDA Allemagne, pourtant une belle réussite européenne, décide de s’associer à une entreprise américaine afin de produire des missiles Patriot américains.
Personne en Allemagne n’a manifesté une intention de renoncer à ces choix continus depuis des décennies bien que sachant parfaitement ce qu’ils impliquent en matière de dépendance à l’égard d’un pays tiers. Tant qu’il en sera ainsi, aucune évolution ne sera possible en faveur de la souveraineté européenne. En l’espèce, nous pourrions déjà arrêter toute analyse. Dénoncer les contrats avec les Etats-Unis ou avec d’autres pays tiers à l’UE, a minima ne plus leur commander et acheter français – voire européen – est un prérequis afin de concevoir une défense commune entre Européens.
Ne pas dépendre d’un pays tiers pour sa défense est un préalable. Cette démarche est possible mais refusée en Europe. En France, nous sommes souverains quand nos entreprises sont propriétaires de la R&D, quand elles produisent sur notre sol sans recourir à des composants stratégiques étrangers et quand la commande publique de défense achète cette production.
Une Europe alignée sur les positions de Berlin
Une écrasante majorité d’États européens est sur la même ligne que l’Allemagne. L’Italie assemblera 130 avions et devrait assurer la maintenance des avions « made in USA » présents sur le sol européen. Belges et Néerlandais ont aussi négocié des « retours » sur acquisition. La Belgique a confirmé sa commande de F35 et la Pologne vient encore d’acheter pour des milliards de missiles américains.
Aucun des décideurs politiques européens n’a fait semblant de vouloir une souveraineté européenne à l’exception de quelques fantasmes décalés de la réalité qui ont resurgi principalement en France. Bilan : au-delà des formules creuses sur l’utilité ou la non-utilité de l’Europe qui exaspèrent, aucun n’a renoncé à des acquisitions de matériels de défense américain, malgré le contexte actuel.
L’Europe engage des moyens importants pour réarmer. Plusieurs États pourraient « jouer la carte » américaine et en parallèle « une carte UE ». Les volumes financiers que représentent ces achats d’armements produits aux Etats-Unis et vendus en Europe sont considérables. Vu les intérêts des entreprises américaines, des employés et des financiers américains, des pertes de contrats feraient pourtant réagir. Pourquoi l’UE se prive-t-elle volontairement d’effets de levier aux Etats-Unis comme la recherche d’une souveraineté en commun ?
L’attaque de la Russie — dont la responsabilité est établie — puis le prolongement de la guerre russo-ukrainienne ont déjà été très profitables aux intérêts américains dans la défense. Le réarmement de l’UE pourrait être intelligemment équilibrés entre les fournisseurs américains et Européens comme entre fournisseurs Européens.
Nul n’a intérêt à sombrer dans l’anti-américanisme primaire. La coopération avec les Etats-Unis est utile en matière de défense. Les Américains défendent leurs intérêts, ce n’est pas une découverte. De même, nous n’ignorons pas qu’ils ne sont pas membres de l’UE et qu’en conséquence, ils ne participent pas à ses prises de décision. Le refus de souveraineté européenne face aux Etats-Unis incombe aux Européens et à eux seuls. Il a une explication : une guerre économique entre Européens qui s’intensifie dans le secteur de la défense, avec ou sans coopérations avec les Etats-Unis.
Cette prise de position a été publiée initialement sur La Tribune.
« L’attaque de la Russie dont la responsabilité est établie « 🤣
Actuellement aux USA on peut lire dans le NYT ou le Washington Post que les USA reconnaissent avoir utilisé l’Ukraine pour faire une guerre à distance ( proxy war ) contre la Russie. Le but étant d’effondrer la Russie, d’y placer une marionnette ( façon Zelensky) , afin de bien la contrôler et surtout, la piller comme elle a eu la joie de le faire à la chute de l’union soviétique. Forcément en plantant dans les côtes de la Russie un couteau comme le régime de Kiev d’après 2014, sur armé, ultra nationaliste, noyauté d’éléments neo-nazis , prônant une russophobie outrancière,
, de facto dans l’Otan, et menaçant de régler la question du Donbass par un vaste nettoyage ethnique, cela allait mal se passer. Tolèrerions nous une coalition russo sino Iranienne s’installant en Belgique suite à un coup d’état soutenu par les russes ? Certainement pas ! Mais les russes eux devaient accepter, devaient se soumettre, devaient ployer le
genou devant l’oncle Tom, Black Rock , Wall Street, le FMI et toute la clique qui actuellement gouverne le global west… Les russes ont défendus leur peau ! Et ont été très patients face à notre aventurisme.. NOUS SOMMES TOTALEMENT RESPONSABLES DE CE DÉSASTRE EN EUROPE CENTRALE !
Et non seulement responsable mais nous l’entretenons , humiliés que nous sommes de n’avoir pu repousser les russes, au détriment de l’Ukraine qui continue à faire mourir ses soldats pour rien et à perdre des territoires. Il s’agit désormais de les faire tenir assez longtemps pour que l’Otan puisse reprendre des forces et engager une guerre ouverte contre la Russie. Guerre qui sera inévitablement mondiale et nucléaire et dont une fois de plus le fameux et genocidaire « camp du bien « aura la pleine responsabilité. Et on ose cautionner cela dans Sauvons l’Europe.. Brillant programme d’avenir pour l’Europe. On ferait bien mieux de s’entendre à nouveau avec notre partenaire culturel, naturel et géographique qu’est la Russie et entreprendre une véritable Europe de la pointe de Brest à Vladivostok. Les russes ne demandent qu’une chose, vivre en paix et en sécurité et faire du commerce avec nous. Quand se décidera t on enfin à comprendre que c’est là le pire cauchemar pour les USA et qu’une telle Europe, devenue la 1ere puissance économique mondiale calmerait définitivement les 4% de population que représente l’Amérique de vouloir dominer le monde entier. En attendant hélas mille fois hélas la propagande de guerre continue bon train et la perspective d’un conflit mondial et nucléaire devient de plus en plus probable.. Europeens réveillez vous !