2022, quel est le cap ?

A l’heure où nous célébrons les quarante ans de la victoire de la gauche en France, nous comprenons avec le recul tout ce que cette révolution politique pouvait alors avoir de contra-cyclique à l’aune du reste du monde. Le règne de la contre révolution libérale et conservatrice s’ouvrait porté par des figures comme Margaret Thatcher, Ronald Reagan et Deng Xiaoping ou Khomeiny et Karol Wojtyla.

Il semble qu’en 2020, cette vague libéralo-conservatrice se soit finalement échouée sur les rives sans fin des populismes, qu’elle a enfanté. Une lame de fond brisée sur les récifs d’une réalité inattendue, une brusque pandémie qui a ressuscité le besoin d’État, avec la figure de proue du « quoiqu’il en coûte ». Au sein de l’équipage ébaudi des 27 européens, les « premiers de corvée » des classes moyennes se réveillent d’un long hiver d’engourdissement.

En quarante ans, la révolution conservatrice et libérale a emporté bien plus que la seule idée du socialisme étatique. Les victimes collatérales s’appellent l’impôt, les services publics, le déclassement relatif des classes moyennes, et la marginalisation des classes populaires, dont le vote retrouve des accents populistes d’avant-guerre.

Il faut tirer les leçons des quatre décennies politiques que nous laissons dans notre sillage. Par exemple, les conservateurs-libéraux qui pensaient exporter les ouvriers en Chine et conserver les ingénieurs chez nous, étaient loin d’anticiper qu’au jeu du « plus capitaliste que moi tu meurs », le parti communiste emporterait la mise de la 5G. Egalement, ils ignoraient que l’amertume, née de la marginalisation des classes moyennes et populaires, se combineraient aux effets d’une disruption numérique pour enfanter des formes de populismes irraisonnées et rétives à l’Etat de droit. Plus encore, ceux qui pouvaient se vanter d’avoir évité la destruction nucléaire de notre planète n’ont pas pris la mesure de l’épuisement de ladite planète par un modèle économique destructeur et une approche frileuse de l’intervention publique.

Qui ne sent qu’un vent nouveau souffle d’outre Atlantique, qui porte la marche des cent premiers jours de Joe Biden à la Maison Blanche. Plus près de nous, en Allemagne, la jeune candidate des Verts allemands à la chancellerie fait pour l’instant la course en tête dans les sondages, en proposant aux électeurs un nouveau cap social et climatique.

Quant-à-nous, nous préparons-nous à vivre une présidentielle française à contretemps de nos contemporains ? Serons-nous prisonniers d’une fin de cycle politique caractérisé par un affrontement entre conservatisme libéral et amertume populisme ? Concrètement, après avoir été le pays de la « relance dans un seul pays », il y a quarante ans, seront nous aujourd’hui, le seul équipage à rentrer nos voiles ? Les temps à venir se dessinent comme ceux d’un réarmement de notre puissance collective. Parviendrons-nous à gonfler nos voiles aux risées du nouveau cycle politique en devenir ?

[author title= »Fabien Chevalier, Henri Lastenouse et Arthur Colin » image= »http:// »]Fabien, Henri et Arthur font partie des animateurs du mouvement Sauvons l’Europe[/author]

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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7 Commentaires

  1. Mettre Khomeini, Thatcher et Wojtyla dans le même sac est plutôt osé… Et montre les limites de la démonstration. Le fond du problème n’est pas abordé: y a-t-il une tendance nette en Europe pour un retour à l’Etat providence tel qu’on l’a connu dans les 30 glorieuses? C’est loin d’être évident, car le monde a changé, et il nous faut inventer en Europe une nouvelle forme de progressisme qui soit respectueux de l’environnement ET des libertés individuelles. Ce qui est loin d’être évident quand on voit les nouveaux ayatollahs de l’écologie

  2. Je rejoins le commentaire ci-dessus en précisant que nos élus qu’ils soient nationaux ou européen n’ont pas construit et mis en place un véritable gouvernement européen. Ils ont s’en doute intérêt de continuer sous la forme actuelle, ils font le jeu du populisme et mettent en jeu l’avenir de l’Europe.
    Oui, il faut de l’écologie, mais raisonné et constructive, les réformes écologiques doivent être opérées à la base (entreprises, état, etc..) et non comme une écologie punitive en créeant de nouveaux impôts qui assoment les peuples.

  3. Je suis frappé par cet article, comme le commentaire précédent. Vojtyla et Khomeini ne sont que des noms, mais il n’y a pas deux milliards de fous derrière ces deux grandes religions, c’est certain. Oublier systématiquement, depuis 40 ans, la grande priorité de création volontaire et soutenue d’une extrême droite ultra massive (de 0,4 % à 48 %, série en cours, malheureusement !) afin, seulement, de détruire la droite parlementaire, c’est grave ! Ramener le Président Macron, ancien ministre socialiste à la tête d’un front républicain de Centre Gauche à Margaret Thatcher, c’est pas très objectif, pour le moins !

  4. Donc vous ne soutiendrez pas « le conservateur libéral » Macron en 2022 comme vous l’avez fait en 2017 ! Mieux encore, vous soutiendrez, comme moi, une alternative de gauche et écologiste ! Je l’espère en tout cas.

  5. J’ai vécu l’arrivée des socialistes au pouvoirs en 1981 et je n’analyse pas les décisions prises alors comme une volonté réfléchie de » révolution contra-cyclique » mais comme la mise en applications de principes ressassés depuis des décennies et qu’on n’avait jamais pu mettre en application. Indépendamment de l’évolution libérale du reste du monde, ils étaient obsolètes par rapport à l’évolution naturelle de la société et de l’économie. Ils s’appuyait sur une pensée d’après guerre, « sinon de 1936″, et qui ne répondait plus à l’évolution du monde, de la structure de la société, de l’économie et de l’industrie. Un énorme retard par manque d’ouverture d’esprit aboutissant à un manque d’imagination symbolisé par cette phrase de renoncement : »contre le chômage on a tout essayé »

    • Les commentaires ci-dessus découvrent la réaction sociale-démocrate convertie au « social » libéralisme, et scotchée, pleine de ressentiment, face à l’avènement d’une nouvelle génération de gauche écologiste et radicale.

  6. joli globe mais pauvres TERRE/terriens en voie de zombification….. 2022 :TOUT SAUF MACRON (TSM) C EST BIEN CLAIR !…..ADIEU MACRON / BONJOUR LEPEN si l’actuel diable reussi a nous imposer une finale macron/lepen , que ce site porte bien a la connaissance de qui de droit notre intention bien ferme !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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