Le BarrosoGate : aucune leçon n’est tirée !

On se souvient que le président de la Commission précédente, M. Barroso, a rejoint la banque Goldman Sachs un an et demi après son mandat, ce qui soulevait des interrogations éthiques particulières après sa gestion de la dérégulation financière avant la crise de 2007, comme sur son rôle exact dans les relations futures avec les institutions et responsables européens. Nous avions initié une déclaration parlementaire à ce sujet qui avait recueilli le soutien de 143 parlementaires européens.

La Commission Juncker après tout ce temps en tire les leçons de fond et se dote d’un nouveau règlement sur les conflits d’intérêts. Attention c’est du lourd: un Commissaire sera soumis à une obligation de réserve particulière pour son travail, non plus un an et demi mais deux ans (et trois pour le Président) après avoir quitté son mandat. Le Comité d’éthique qui donne éventuellement son avis ne le rendra surtout pas public pour autant, et la Commission se permettra désormais d’adresser officiellement une remontrance publique! Comme pour Nelly Kroes. Mais si, vous savez, cette remontrance rendue publique en page 16 des minutes de la réunion de la Commission! Il y a même eu un rappel à la presse des sujets du jour (c’est le dixième dans la liste!).

Disons au minimum que c’est très léger. Ce qu’avait révélé fondamentalement l’affaire Barroso, au-delà de la question de son honnêteté personnelle, c’est que la Commission n’avait guère de moyen de traiter ces situations. Elle n’est informée dans les faits que par la presse, doit s’en remettre à son secrétariat ou son service juridique pour découvrir les faits réels et les analyser juridiquement,  que l’assistance du comité d’éthique était au mieux faible, et qu’en cas de véritable problème éthique la Commission était en réalité assez désarmée. Rallonger le délai de période d’attention de six mois est pour ainsi dire sans objet au regard de ces enjeux…

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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15 Commentaires

  1. Tant que la finance pourra se payer des « politiques » et leurs relations…
    D’un autre coté les citoyens doivent, s’ils verrouillent l’avenir des politiques, s’assurer que les dits politiques conservent des revenus en rapport avec les fonctions occupées précédemment. Et puis il faut disposer effectivement d’un moyen de sanctionner les abus, par exemple en appréhendant les revenus en cause.

    • L’ Europe a été un formidable accélérateur de richesses pour les gens qui en avaient le moins besoin et un enterrement ritualisé ,en continu ,de la démocratie . Une déconstruction complète est le minimum vital pour freiner les processus dictatoriaux en cours ; et sa reconstruction sera le défi du 3ème millénaire sans les politiques , les penseurs et autres experts corrompus par la pensée unique et qui ont préparé avec acharnement sa dégénérescence. La parole citoyenne est plus que nécessaire, ne se laisser pas séduire par les pseudos spécialistes aux « égos » démesurés.

      • ça manque peut être un peu de nuances de gris tout de même :-). L’Europe reste aujourd’hui le principal bloc social de la planète, et l’effet concret de l’Euro a été la baisse par deux du poids du remboursement de la dette dans le PIB alors que la dette a doublé….

      • je n’ai pas bien compris le sens de votre message a propos des « processus dictatoriaux », pourriez vous être plus spécifique pour une meilleure compréhension?

        • Soyez indulgent vis-à-vs de ce pauvre Weber J.Ferdinand : son commentaire, lui-même reflet d’une variante de la pensée unique « négationniste », n’est que la récitation de slogans sans aucun rapport avec la réalité.

          • c’est le  » test du troll  » : ou bien Weber revient ici pour argumenter ou bien il disparaît après avoir déposé son étron.

            Vient ensuite le second test : le test de l’argumentation, j’entends par la une argumentation étayée par des faits et une mise en perspective. Certains arguments eurosceptiques bien charpentes sont parfaitement légitimes et doivent permettre aux europhiles ou même aux euro-béats d’approfondir leur réflexion, qui laisse parfois a desirer.
            A l’inverse, comme j’ai pu le constater ici, certains se contentent d’invectives a l’emporte piece (cf « anti-démocrate assumé ») ou d’attaques personnelles (babar est « tordu » et « pervers »)

          • Je partage votre appréciation. Pour ma part, je me suis efforcé de toujours veiller à éviter l’amalgame entre « eurosceptiques » – qui posent souvent de très bonnes questions invitant à la réflexion – et les « europhobes », esclaves de leurs oeillères, qui pataugent dans la boue des contrevérités. Il va de soi que le « troll » que vous dénoncez appartient à la seconde catégorie.

  2. Une seule solution: le passage obligatoire par le Parlement, qui valide ou infirme les commissaires et est donc tout à fait légitime pour apprécier…
    Comment voulez-vous que la commission faite de commissaires qui scrutent la suite de leur carrière, réglemente ou restreigne?
    Le peuple a t il quelque chose à objecter?

    • Les commissaires sont soumis a l’approbation du Parlement en tant que collège (c’est dans le Traité) . De plus chaque commissaire est auditionné individuellement par les parlementaires au début de leur mandat.
      Dans le cas de Neelie Kroes c’est seulement en 2016 avec les »Panama Papers » révélés par la Süddeutsche Zeitung (donc bien après la fin de son mandat) que l’on a découvert qu’elle avait « omis » de déclarer certains mandats d’administrateur de société offshore. Ca les Parlementaires ne pouvaient pas le savoir.
      Dans le cas Barroso il s’agit d’un engagement chez GS posterieur a son mandat (en fait immédiatement après la fin de son mandat). Tout cela laisse une odeur de (potentiel?) conflit d’intérêts mais ni la Presse ni les parlementaires n’y pouvaient rien au moment de leur audition.

  3. Les véritables anti-européens, ceux pour qui l’Europe n’est qu’un formidable marché, ont pris les reines du pouvoir de l’Europe et font appels aux meilleurs spin doctors pour répendre leur idéologie. Sauvons l’Europe se fait même souvent relais de leur communication et s’étonne ensuite de voir que, face aux magouilles de ces financiers, l’Europe ne fait pas grand chose. Amusant.

  4. Barroso fut une catastrophe pour les destinées de l’Europe économique. Il fut aussi au Portugal un très médiocre premier ministre qui lâcha les commandes dès lors qu’on lui fit ce pont d’or d’aller à Bruxelles.
    Récemment, de nouveau un responsable portugais, notre actuel ministre des finances, Mário Centeno, s’est vu choisi comme président de l’Eurogroupe, donc aux responsabilités en matière économique. Sans doute parce que, en un an et demi, il a changé la donne ici au Portugal, sur les méthodes et les résultats obtenus. Il a stoppé net l »austérité pour l’austérité », il a remis en place le treizième mois que son prédécesseur avait aboli, il a rétabli les retraites à leur montant normal, bref, il a amélioré la situation ici, et comme il y a une certaine expansion en ce moment, le déficit et la dette sont contrôlés… Bref, notre CR/7 de l’économie donne toute satisfaction et ça fait râler toute la droite, car notre ministre est de gauche, socialiste depuis toujours…
    A « Sauvons l’Europe « , en avez-vous parlé, l’avez-vous interviewé ???? Pas encore constaté !!!!

  5. J’apprécie beaucoup « Sauvons l’Europe », qui a un ton mesuré……ce qui facilite la discussion….Il y a bien parfois quelques dérapages, mais dans l’ensemble les arguments présentés ont un caractère sérieux….Il y aura toujours quelques intervenants excessifs, mais c’est à nous toutes et tous d’être responsables, dans le bon sens du terme. Cordialement à toutes et tous. Marc Domec

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