Chat de Fabien Chevalier à « 20 Minutes »

 

Fabien Chevalier, not’bon président, participait lundi 22 juillet sur le site de 20 Minutes à un chat sur l’Europe. Voici les échanges :

Un impôt européen est-il envisageable? (bubulle5625)

 

Un impôt européen est indispensable pour permettre à l’Europe de mener de grandes politiques. Aujourd’hui, le budget de l’UE correspond à 1% du PIB de l’Europe. C’est trop peu face aux défis actuels. Je pense notamment à la question “qui va payer?”. Qui va payer la dette d’aujourd’hui et les investissements de demain? La jeunesse sera la première sacrifiée si on ne continue pas à investir dans des services publics, un système social de qualité, alors même qu’aujourd’hui, elle a d’énormes difficultés à trouver du travail dans des conditions correctes. Ce n’est qu’un exemple.

 

Pensez-vous que la création d’une agence de notation européenne indépendante serait un premier grand pas vers la régulation du système financier ? (nAlonzo)

 

Grand je ne sais pas, mais un pas certainement.

 

Pourquoi c’est aux citoyens de payer la crise en Grèce et non aux banques ? (nAlonzo)

 

Peut-être parce que c’est la droite qui est au pouvoir en Europe? Je tiens cependant à saluer le courage du Premier ministre socialiste grec Georges Papandréou, qui n’a pas fait l’autruche ni persévéré dans les mensonges du précédent Premier ministre conservateur.

 

Que pensez-vous de la rigueur imposée par Bruxelles? (ArthurPSE)

 

Il faut différencier rigueur et rigueur. Si la rigueur signifie dépenser intelligemment son argent et s’interroger sur de justes ressources, c’est plutôt une bonne chose. Par contre, s’il s’agit de faire uniquement payer aux travailleurs la crise actuelle et de préserver les intérêts des grandes entreprises et des hauts revenus, il faut s’y opposer avec force. Ce qui est certain, c’est que la dette est l’ennemi de la gauche car elle réduit les marges de manoeuvre pour mener une véritable politique progressiste.

 

L’intégration des pays ayant un niveau de salaires et de charges sociales trés faibles a provoqué, soit des délocalisations ou un nivellement des salaires vers le bas. Comment combler les déficits sociaux du fait de la baisse de la masse des cotisations sociales liés à ces intégrations? (paujo)

 

On peut surtout regretter que l’Europe n’ait pas fait preuve de plus de solidarité financière lors de l’intégration des derniers pays. Faire baisser le chômage aiderait à combler la dette sociale. Vaste programme! Il faut également ne pas oublier que l’immigration sera un élément précieux pour notamment préserver notre modèle social contrairement à ce que dit la droite extrême et moins extrême…

 

L’Europe a été construite sur un modéle ultralibéral à l’américaine, comment comptez-vous changer ce modèle? (paujo)

 

Je ne suis pas sûr que le modèle soit réellement ultra-libéral. Un modèle se change soit par la révolution, soit par les urnes. Est-il nécessaire de dire que nous préférons la deuxième méthode?

 

Sauvons l’Europe ou plutôt sauvons le système capitaliste mis en place par les banques avec l’aide et la bénédiction des états membres? (LIBERTITAS)

 

Si vous aviez regardé le site de Sauvons l’Europe, vous auriez vu que nous ne sommes pas tellement du côté du grand capital…

 

Très bonne initiative votre tribune Eurofoot, est-ce que vous pensez que cela sera suffisant pour permettre aux clubs de football de rivaliser avec les autres championnats européens? Est-ce que cela pourra éviter aux clubs français de se faire piquer leurs jeunes talents? (nAlonzo)

 

Eurofoot fait partie de nos propositions pour montrer que l’Europe doit s’intéresser à des sujets concrets qui intéressent le citoyen, même s’il y a bien sûr des sujets plus urgents et importants. L’intérêt d’Eurofoot serait de faire du football en Europe un terrain d’équité pour les différents clubs. Après, tout n’est pas une question d’argent, même dans le foot… Un joueur préférera toujours évoluer au Barça qu’à Guingamp.

 

Aujourd’hui, l’Europe, c’est 15 milliards d’euros pour la Grèce qui ne sait pas gérer son budget, qui ne paye pas ses impôts et qui a masqué ses comptes. L’Europe c’est l’euro avec une augmentation de 20 à 30% du coût de la vie pour les Français. L’Europe c’est le catalyseur de l’immigration clandestine avec l’ouverture des frontières intracommunautaires et les accords de Schengen et, comme par hasard la montée du communautarisme. C’est quoi la prochaine étape Monsieur Fabien Chevalier ? Quelles sont les prochaines réjouissances ?? (henriremi)

 

Répondre à toutes ces questions risque d’être trop long pour ce tchat. Face aux critiques, parfois justifiées, faites à l’Europe, je réponds deux choses: la première, il ne faut pas confondre l’institution européenne (qui existe depuis 1957) et les politiques qui sont menées par des majorités que l’on peut renverser. Rappelons-nous que c’est la droite qui est au pouvoir dans la grande majorité des États membres, de même qu’au Parlement européen, et donc à la Commission européenne. La seconde, c’est que si l’Europe du traité de Maastricht n’est pas parfaite, elle est tout de même préférable à l’Europe des tranchées de Verdun et à celle du mur de Berlin.

 

D`où sortent tous ces milliards que la France va devoir donner à la Grèce ? (anarchiste au pouvoir)

 

La France ne va rien donner à la Grèce, elle va se porter garante auprès du FESF (Fond européen de stabilité financière) de sa cote-part. A savoir 15 milliards d’euros. Cela va donc aggraver la dette de la France mais pas son déficit. C’est le FESF qui va emprunter sur les marchés pour ensuite prêter à la Grèce. C’est seulement si la Grèce ne rembourse pas que le contribuable français sera effectivement mis à contribution.

 

Les budgets militaires sont très lourds pour un pays comme la France. Pourquoi n’a t’on jamais fait une armée européenne? (Pierrotlelou)

 

On a bien essayé avec la Communauté européenne de Défense en 1954, mais la France s’y est opposée… Les États membres investissent 80 milliards d’euros par an dans leur défense. Une armée européenne serait certainement plus fonctionnel que nos armées nationales. Mais cela suppose une politique étrangère commune.

 

Pour vous, l’entrée de la Turquie en Europe serait-elle un plus ou un moins ? Et pourquoi ? (Kurli)

 

L’entrée de la Turquie en Europe serait un plus. Au préalable, cela ne sera possible que si la Turquie remplit l’ensemble des critères d’adhésion à l’UE, notamment en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme. Ce serait un plus pour l’Europe car la Turquie nous apporterait son dynamisme économique, sa culture. Surtout, cela montrerait que l’Europe n’est pas un club chrétien mais une union politique fondée sur des valeurs. Par ailleurs, la Turquie est une formidable passerelle entre la “vieille europe” et le monde arabe.

 

Comment est-il réellement possible d’appliquer durablement une monnaie unique à des économies trop différentes. Exemple : Allemagne vs Grèce. Le pays le plus fort sera obligatoirement désavantagé face au pays le plus faible. (Leonna23)

 

Arf. C’est une vraie question! C’est une des faiblesses de l’euro. A côté d’une politique monétaire commune, on a “oublié” de construire une politique économique si ce n’est commune mais à minima convergente. Force est de constater que le problème aujourd’hui n’est pas l’Europe en tant que telle mais le manque d’Europe!

 

La solution pour sauver l’Europe ne passe t’elle pas par la création des États-unis d’Europe, Une Europe totalement et définitivement fédérale? Cela est-il réellement possible? Notamment avec la montée du nationalisme. (ahahlo)

 

La question institutionnelle est en effet importante. Une Europe fédérale permettrait d’être plus efficace, on le voit bien aujourd’hui en temps de crise. Cela sera possible le jour où les hommes politiques et les femmes politiques auront le courage d’abandonner les vieux égoïsmes nationaux et de penser à plus long terme. En ce qui concerne la montée du nationalisme, c’est un fléau que “Sauvons l’Europe” combat. En période de crise, les réponses simplistes du populisme peuvent trouver un écho et c’est donc aux progressistes de proposer une véritable alternative à la situation que nous vivons actuellement.

 

Moins de pouvoir d’achat, chômage, délocalisations, monnaie surévaluée… On vivait mieux lorsque l’on était au franc. De plus nous savons tous que de nombreuses entreprises ont profité de l’Euro pour changer les prix à la hausse… Alors, pourquoi l’euro ? (Lebouc)

 

L’euro a permis de mettre fin à la guerre des taux de change entre les monnaies européennes, de bénéficier d’une période de stabilité monétaire, de taux d’intérêts très bas, à l’inflation de rester sous contrôle. Si les prix ont été arrondis à la hausse lors du passage à l’euro, l’inflation constatée depuis cette époque est principalement due à la hausse des courts mondiaux des matières premières. Par ailleurs, depuis l’euro, le chômage est resté à un niveau relativement bas. Il a même baissé jusqu’en 2008 avant la crise financière. L’euro nous a même plutôt protégé pendant cette crise. Pour financer leurs déficits, les États auraient certainement du payer des taux d’intérêts plus élevés. Une monnaie forte n’a pas que des inconvénients, cela permet par exemple de payer moins cher le pétrole dont le prix est fixé en dollars.

 

Après Delors, quelle personnalité incarne le mieux l’idéal européen que vous défendez aujourd’hui ? (nAlonzo)

 

La réponse n’est pas facile car aujourd’hui, l’Europe que nous défendons a du mal à s’incarner dans des leaders ayant une dimension réellement européenne. On peut néanmoins penser à des personnalités comme Daniel Cohn-Bendit, Romano Prodi, José-Luis Zapatero, P.N. Rasmussen ou Guy Verhofstadt.

 

N’a ton pas surtout besoin, d’avoir à la tête de l’Europe des personnalités charismatiques, plutôt que, pour ne citer que lui, un Van Rompuy,président du Conseil européen, que personne ne connaît. Sinon, je suis fervent européiste mais je trouve que la communication de l’Europe est extrêmement mauvaise. On ne sait pas, ce que l’Europe fait pour nous. Qu’en pensez-vous ? (ctatillon)

 

Vous avez raison! Les chefs d’Etat nationaux ont pour la plupart peur qu’une personnalité réellement européenne, comme l’a été Jacques Delors par exemple, leur enlève de leurs prérogatives. Pourtant, on voit bien que l’Europe des Etats nations n’est pas toujours des plus efficaces. L’Europe fait beaucoup en matière de communication mais elle n’est pas aidée par les responsables politiques locaux qui, s’ils s’approprient les succès européens, mettent bien souvent leurs échecs sur le compte de Bruxelles.

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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2 Commentaires

  1. L’Europe des peuples sera sociale et progressiste avec
    L’adhésion de la TUrquie ou elle ne sera pas.
    Assez de populisme a la sauce FN ou proche du pouvoir!!!
    Une honte pour le peuple de France qui est gouverne par une bande
    Qui remet en cause les mutuelles et la solidarité: des idées qui remontent avant 1883 date de la création des organisations syndicales.
    Pas vu ça depuis la 3ème république.
    Halte la ici et maintenant.

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