Y aura-t-il un « couple » franco-allemand face à la crise?

TOBIAS SCHWARZ/REUTERS

 

Quel symbole: Alors que Nicolas Sarkozy saluait la chancelière Angela Merkel en lui faisant la bise et l’appelait par son prénom, François Hollande se contente de lui serrer la main et, bien sûr, l’appelle « Madame Merkel ». Est-ce là le signe extérieur d’une rupture sur fond de politique européenne incompatible?

 

A Bruxelles, lors du dîner informel des chefs d’Etat et de gouvernement le 23 mai dernier, François Hollande a marqué un rupture, sur le plan politique comme sur le plan personnel. D’une posture plus calme que son prédécesseur, il s’est montré parfaitement préparé à cet exercice. Mais surtout, il tranche sur le plan politique en relançant le débat sur les euro-obligations. C’est lui qui domine ce sommet informel. C’est lui qui lance les propositions qui domineront le débat. L’intervention de François Hollande reste brève, certes, à la différence de certains de ses collègues, dont les discours ont pris « une partie de la nuit », mais elle est clairement décisive : la question des euro-obligations est remise à l’ordre du jour, inclus pour le Conseil européen du 27 et 28 juin prochains.

 

C’est un premier succès pour la politique européenne de François Hollande, même s’il reste pour l’instant symbolique. Les soutiens pour la nouvelle position française existent, en Italie notamment, mais aussi au sein de la Commission européenne. En revanche, l’opposition est forte, pas seulement du côté allemand. Finalement, il apparaît que les réticences les plus fortes ne viennent pas d’Angela Merkel, qui considère les euro-obligations dans une perspective d’intégration lointaine, sans y être fondamentalement opposée. N’empêche : tous les yeux sont tournés vers cette opposition entre la France et l’Allemagne. Au point de signaler la différence entre la très courte conférence de presse d’Angela Merkel et celle, beaucoup plus longue, de François Hollande. De quoi signaler peut-être aussi le fait qu’il n’y ait pas eu d’apparition commune?

 

Face à la crise, il sera indispensable de trouver un accord franco-allemand comme base d’un compromis global. Les divergences de position ne changent rien à cette donne. Au contraire, si la France et l’Allemagne arrivent à se mettre d’accord en partant de points quasi opposés, les chances sont d’autant plus grandes d’obtenir le soutien des autres Etats membres. Le secret du couple franco-allemand réside peut-être dans cette perspective. Après tout, les duos franco-allemands les plus célèbres étaient de bords politiques opposés: Helmut Kohl et François Mitterrand, Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing, le socialiste et le conservateur, dont la position commune s’imposait à l’Union européenne comme une évidence.

 

L’atmosphère un peu tendue entre la chancelière allemande et le Président de la République français est certainement réelle. Mais ce n’est pas suffisant pour douter de la continuité et de la force du couple franco-allemand. Après tout, Gerhard Schröder et Jacques Chirac se sont rapprochés l’un de l’autre seulement en 2002, sur fond d’une perspective de guerre en Irak et son rejet commun. La relation entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel n’allait pas non plus de soi en 2007. Mais le couple franco-allemand existe au-delà des personnes et même au-delà des divergences de position. La tradition de se rendre le plus vite possible dans l’autre pays le prouve bien: François Hollande a probablement battu un record en se rendant à Berlin le jour même de son investiture. Après tout, Angela Merkel et François Hollande savent parfaitement que l’autre est leur partenaire le plus fiable. Ce n’est peut-être pas le grand amour, plutôt un mariage de raison, mais il reste solide. Finalement, face à une Europe en crise, le couple franco-allemand gagnera peut-être à représenter un éventail de positions plus large que cela n’était le cas jusqu’ici.

 

K.

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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2 Commentaires

  1. François Hollande n’ira pas à l’encontre de l’UE. Il est dans le moule. De ce point de vue là, il ne risque pas de déranger la politique de Merkel. Il va falloir attendre les prochaines élections allemandes en 2013, Merkel ne sera pas reconduite et là les différentes donnes de l’échiquier européen pourront être « bousculées ». Mais d’ici là, de l’eau va couler sous les ponts.

  2. En effet, pas facile de prédire ce qu’il va se passer d’ici la fin du mandat de Merkel. En tous cas, il semble que personne ne veuille froisser personne, surtout par les temps qui courent en Europe.

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