Qui défend les frontières numériques de l’Europe ?

Le massacre de Nice est d’abord une Barbarie.
Nous condamnons l’instrumentalisation politique de cet acte barbare dans le moment même du drame et de son deuil, qui relève pour nous d’une complicité coupable. Cette complicité est d’autant plus choquante qu’il existe des contraintes évidentes et essentielles entre sécurité des personnes et vie démocratique qu’aucun responsable politique ne peut sérieusement penser contourner. Enfin et surtout, s’il apparaît aujourd’hui si difficile pour nos sociétés de se confronter à un état qui mêle si intimement « la Guerre et la fête », c’est que la barbarie de Daesh dessine jour après jour les contours d’un nouveau type de conflit, sans doute la première guerre du 21ème siècle à l’échelle mondiale.
Les fous, les personnes à la dérive, les voyous en mal de reconnaissance, trouvent désormais sur leur chemin des exemples et une étincelle de légitimité prêts à l’emploi pour donner corps à leur violence. De ce fait même, chacune des tragédies barbares perpétrées par Daesh renvoie en creux l’Europe non seulement à ses failles mais aussi aux défis qu’il lui faut relever pour pleinement continuer à faire sens pour ses citoyens au 21ème siècle.
Ainsi, les attentats de Bruxelles soulignaient les discontinuités qui existent encore dans la coopération entre les polices et les services de renseignement en Europe. Nous plaidions alors pour faire enfin d’Europol un véritable service de police européen pour les crimes qui ignorent les frontières, comme l’est le FBI aux Etats-Unis. Nous faisions le constat évident que l’efficacité, la continuité et la cohérence des enquêtes ne peuvent être laissées à la bonne volonté supposée et à la chance des échanges occasionnels entre services nationaux.
La Tragédie de Nice pose aujourd’hui de manière particulière la question de la maîtrise par les Européens de leurs frontières numériques, c’est-à-dire la nécessité de se doter d’un outil collectif de combat idéologique au service des valeurs et des intérêts de l’Union Européenne sur le Web. Les frontières de l’Europe sur le net sont celles de nos valeurs et de nos choix de société. Les défendre n’est pas uniquement une question de législation et de technologie. C’est avant tout une question de compétences et de moyens en hommes intervenant de manière coordonnées sur le web, dans le cadre d’une stratégie européenne. Bien au-delà de la répression du terrorisme, la loi condamne sans appel partout en Europe tout discours de haine et tout appel au meurtre. Nous constatons qu’il existe une capacité nouvelle et unique du numérique à modifier et radicaliser des comportements humains chez des personnes disponibles. Ceci facilite le déploiement d’un « terrorisme low cost » qui a pour adversaire principal l’humanisme porté par nos sociétés. Le projet européen s’est construit depuis 60 ans sur des valeurs qui sont sans ambiguïté. Encore faut-il une volonté politique sans faille pour les faire vivre partout y compris sur le Web.

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3 Commentaires

  1. C’est vrai, il faut coordonner les efforts pour lutter contre la diffusion de la violence et des appels au meurtre.
    Il faudra aussi que les citoyens apprennet à contenir leurs paroles violentes (et souvent stupides ) sur les réseaux sociaux.

  2. Faut-il maîtriser nos frontières “numériques“? Ou faut-il maîtriser aussi les expressions?
    La liberté d’expression doit être limitée par le respect de l’autre et de sa dignité.
    Dans le cas contraire, cela conduit à vouloir la guerre et l’élimination de l’autre.
    C’est peut-être porteur pour la presse de montrer des images choquantes ou de faire exprimer la haine.
    La notion de vengeance ou de loi du talion ne sont que des réflexes primaires mais qui concrètement ne conduise qu’à une escalade de la violence.
    Les sages disaient que l’on doit tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de s’exprimer.
    L’anonymat d’Internet conduit à dire n’importe quoi, et même à véhiculer de fausses informations, ou des informations dangereuses (Comment fabriquer des explosifs)
    Cette maîtrise suppose le partage de valeurs communes (En particulier le respect de la dignité de l’autre dans la reconnaissance de l’égalité de ses droits par rapport aux nôtres). Elle commence dans les médias à ne pas laisser exprimer de messages de haine sans apporter un commentaire pour montrer que de telles paroles si on peut comprendre ce qui conduit à les exprimer ne peuvent en aucun cas être justifiées.
    Elle doit se poursuivre par les responsables politiques qui devraient être responsables et donc éviter de faire de la sur enchère démagogique.
    Dans le cas contraire cela signifie qu’ils ne partage pas les valeurs républicaines et que pour eux tous les humains ne peuvent partager les mêmes droits et que certains doivent être éliminés de différentes façons (La mort, l’enfermement, l’exclusion…)
    Enfin techniquement, il faut pouvoir supprimer cet anonymat et permettre à la justice de poursuivre les auteurs de ces propos.
    Dans le même temps s’éduquer et apprendre le respect de l’autre et à veiller à ce que nos propos d’une part ne soient pas mensongers, et d’autre part ne portent pas tort à autrui.

  3. Les reseaux sociaux sont-ils responsables?
    Si oui, ou partiellement, ceci pose la question des moyens et de leurs limites.
    Aussi le moyen de contraindre facebook, google et autres americains, motivés par les dollars et les ligues de vertu, beaucoup moins par les valeurs universelles.
    Comment dit-on en langage twitter  » P…. sur un violon »?

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