Messieurs du PPE, vos enfants ne peuvent plus attendre…

Aujourd’hui la question se pose de savoir où regarde le PPE, héritier de la démocratie chrétienne. Les débats autour de la motion de censure de la Commission, ce lundi à Strasbourg, charriaient sans cesse cette même question.

D’autant que l’alternative est connue de tous.

« Populisme ou valeurs européennes », voilà le choix majeur que tranchent les citoyens européens depuis près d’une décennie, scrutin après scrutin, de Lisbonne à Varsovie. Et cela risque encore de durer, attisé par un vent triste et puissant venu des rives Ouest de l’Atlantique et de quelques trous noirs au cœur de la galaxie numérique.

Face au défi majeur de la globalisation et de la digitalisation du monde, face aux dérèglements financiers et climatiques, face aux peurs et aux fanatismes, nos sociétés redéfinissent par leur vote le degré d’ouverture ou de fermeture de nos nations… et de leurs valeurs. C’est déjà le cas chez notre partenaire en démocratie qu’était jusqu’à peu les Etats-Unis d’Amérique.

Rappelons-nous pourtant…

A la sortie du désastre de 39-45, les Européens choisissent d’explorer une voie non meurtrière de vie commune autour d’un nouvel Esprit européen. Ils inventent de nouvelles formes de solidarité et mettent en place une série de sécurités collectives contre la vieillesse, le chômage, la maladie, la dictature et la guerre. Fondatrices de l’après-guerre, indissociables, ces solidarités constituent le cœur battant de ce nouvel Esprit européen. Le 9 mai 1950, s’articule un projet de société à l’échelle d’un continent qui substitue aux dieux de la guerre et des frontières, un nouveau mode de vivre ensemble autour du triptyque  « Solidarité – Liberté – Europe ». Les pères du PPE sont au cœur de cette révolution historique.

A ce triptyque, s’oppose aujourd’hui la triste alternative « Protection – Prédation – Populisme », dont Trump et Poutine sont deux visages puissants, mais très loin d’être les seuls. Car, l’Histoire rappelle que le besoin humain de protection et de bien-être peut aussi s’incarner dans un élan vital de prédation : nation contre nation, communautés contre communautés, barrières douanières contre fermeture de marchés.

Or, nous connaissons le coût tragique des promesses électorales du parti nazi à ses électeurs… C’est pour cela que l’Amérique de Trump nous fait peur. C’est en cela que le conflit ukrainien est pour nous existentiel, bien au-delà de la question des frontières, comme l’a rappelé avec quelque fracas notre haute représentante aux autorités chinoises. Quant au Climat, il n’obéit à aucun oukase !

En Europe, le triptyque « Protection – Prédation – Populisme » s’est largement nourrit du désastre de notre gestion de la crise financière de 2008. Depuis près de vingt ans, l’austérité des comptes et des esprits côtoie l’immobilisme des acquis et l’incapacité d’une génération politique à transcender le dilemme entre la légitimité nationale et l’efficacité de l’action commune européenne. Le PPE devint alors la maison des « frugaux ». Alors même que résonnait un silence gêné face aux constats sans appel posés par Mario Draghi sur le décrochage économique de l’Europe avec ses terribles conséquences sociales et démocratiques.

Le débat de ce lundi en plénière dépassait largement la seule stature politique de Mme Von der Leyen. Une certitude va s’imposer peu à peu. Laisser le présent quinquennat européen dissoudre le projet européen jusqu’au néant fait plus que trahir la génération des géants politiques de l’après-guerre. C’est du droit pour nos enfants et petits-enfants de choisir leur destin dont il s’agit.

Henri Lastenouse
Henri Lastenouse
Vice-Président de Sauvons l'Europe

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5 Commentaires

  1. Oui, certes. Et cela nécessite d’ouvrir un débat sur ce qui est devenu un conflit entre libertés collectives et liberté(s) individuelle(s), sur fond de légitimation de la solidarité en actes, pas seulement en paroles. Au fond, c’est l’état de droit qui est en cause.

  2. Quelle erreur d’avoir choisi Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne !
    Qui connaît la politique intérieure allemande, savait à qui on avait affaire !

  3. Je ne comprendrai jamais l’acharnement que manifeste SLE à rechercher le soutien de la droite (fût-elle d’origine chrétienne) pour contribuer à la réalisation de ses objectifs. La perte de crédibilité de l’Europe dans la population est, pour moi, bien antérieure à la gestion de la crise financière de 2008. Elle date du tournant qu’a pris l’économie mondiale à partir du début des années 80 sous l’effet d’une part de la révolution technologique qui s’amorce et de la révolution néo-libérale du reaganisme et du thatchérisme. À la même époque, la social-démocratie (pourtant dominante en Europe) prend le parti de renoncer à ses projets fondamentaux de transformation progressive du capitalisme en acceptant une lente et constante dégradation de ses acquis (conquis) sociaux que sont les services publics, la sécurité sociale et la progressivité intégrale de l’impôt direct sur tous les revenus qu’ils soient du travail ou du capital, au profit d’une imposition indirecte, pénalisant d’abord les couches les plus précaires de la société. La paupérisation croissante de la population (malgré la hausse des PIB) ouvre alors la porte au populisme, provoquant un transfert inexorable de la gauche vers l’extrême droite. La gauche ne peut aujourd’hui que compter sur ses propres forces, en s’unissant à tous les échelons de pouvoir pour proposer la seule alternative crédible qu’est l’éco-socialisme.

  4. Tout le monde râle contre l’Europe, et avec raison, car moi aussi elle me frustre et me rend triste. van der Leyen n’ a aucun charisme… Mais nos dirigeants sont trop frileux et à genoux trop souvent devant des puissances qui ont perdu toute crédibilité et tout sens des valeurs humaines, pour ne citer que les deux plus évidents, Trump et Poutine…
    D’accord avec Yves Herlemint , toute cette décadence lente fur amorcée avec la décennie 80, Thatcher et Reagan.
    Née en 1950 avec les tous débuts de notre Europe qui a tout de même fait son chemin, j’espère un revirement des évolutions actuelles mais je suis obligée de dire que je reste assez pessimiste, pour des raisons que je n’aborderai pas ici, mais je continue à suivre SLE …

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