L’Europe et les Régions

Bien au-delà de la place des régions dans l’Europe, les événements de Catalogne posent avec une force nouvelle une question fondamentale.

Peut-on construire l’Europe et dans le même temps favoriser l’émergence de régions plus autonomes, voire indépendantes ?

La vocation de l’Europe n’est-elle pas de rassembler, d’ unir, alors que l’émergence de régions autonomes ou indépendantes aura pour conséquence de la fragmenter, de la diviser ;

Les conflits d’aujourd’hui puisent souvent leur origine dans les déceptions, les frustrations du passé.

La politique régionale de l’Europe fut longue à s’imposer. Elle est née dans le prolongement du traité de Rome, de la prise de conscience par les Etats membres de la gravité des déséquilibres régionaux dont la persistance pouvait mettre en péril la cohésion sociale et économique de la communauté ;

Il est vrai que la création de la communauté européenne s’est produite dans un contexte où la centralisation était la caractéristique commune aux états fondateurs.

Avec la Catalogne, nous voilà une nouvelle fois confrontés à la seule question qui importe :

Quelle Europe voulons-nous ? Acteur du monde ou puzzle de régions ?

Quel serait le poids politique d’une Europe réduite à un puzzle de régions ?

Pour autant, l’Europe terre des libertés, des droits de l’Homme, de la démocratie ne peut ignorer les attentes de ses citoyens et répondre uniquement par la force à ces demandes.

Dans une démocratie, on se parle, on dialogue. Dialoguer c’est reconnaître l’autre, le respecter.

Donner plus de place aux régions ne serait pas affaiblir l’ Europe, mais la rapprocherait des citoyens ; la rendrait moins lointaine et plus humaine.

Au fond, l’Europe comme la France, comme l’Espagne sont confrontées à deux mouvements qui peuvent paraître contraires :

  • Un mouvement vers plus d’Europe
  • Un mouvement vers plus de proximité, de démocratie locale, de pouvoirs locaux.

Le défi n’est – il pas de leur donner une cohérence et non de les opposer ?

Jacques VUILLEMIN 25000 Besançon.

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10 Commentaires

  1. Il est probable ce scénario :

    – les citoyens ne comprennent pas ce qui se passe/pas assez de transparence en Europe.
    – se sentir alors détaché de l’Europe pousserait les gens à se concentrer sur le « local » en espérant « plus facile à manier, plus facile à comprendre ».

    C’est comme ça ? Je crois que dans l’Union, il n’a pas eu un effort de transparence/divulgation de la gestion et aussi de comprension des autres nationalités.

    U Reali

    • J’ai travaillé plus de 15 ans comme volontaire dans une grande ONG européenne.: même en participant à fond il m’a fallu près de 4 années pour commencer à comprendre le fonctionnement des institutions européennes Il n’y a pas de mauvaise volonté de la part des organismes de gestion de l’Europe, c’est juste que pour faire fonctionner l’Europe les processus engagés ne sont pas simples, loin de là. Il reste toutefois qu’un gros effort de pédagogie reste à faire.

      • Vous avez raison sur le fait que, pour faire fonctionner l’Europe, les processus engagés ne sont pas simples. Mais – et je m’inspire ici d’une image employée par Pierre Moscovici, qui a consacré plusieurs ouvrages au fonctionnement de l’Union européenne – vous conviendrez qu’il est plus difficile de faire manoeuvrer un paquebot qu’un petit bateau à voile.

        Quant à l’effort de pédagogie, il existe au niveau-même des institutions européennes qui – dès l’aube de leur création – ont mis en place une politique d’information des citoyens. Celle-ci est certes perfectible, comme toute oeuvre humaine. Mais on peut déjà mentionner le site « Europa.eu » où l’on peut trouver quantité d’informations tant sur le fonctionnement des institutions que sur le contenu des politiques conçues et mises en oeuvre dans le cadre de l’UE. Le problème, à mon sens, se situerait plutôt au niveau des médias, qui n’accordent sans doute pas assez d’attention – ou d’intérêt – à ce type de source et, en conséquence, ne les relayent pas comme ils devraient le faire… fût-ce même avec un doigt de critiques.

        Je me permets d’ajouter – ce qui est un point récurrent dans mes commentaires dans « Sauvons l’Europe » – que, sans nécessairement se reporter à de savants ouvrages de sciences politiques – il existe le livre de référence que constitue l’ « Europe pour les nuls » (dans la célèbre collection des « nuls »). Loin d’être méprisant à l’égard des non-initiés, il constitue à mes yeux un des meilleurs outils de compréhension du « tableau de bord » du paquebot auquel j’ai fait allusion… avec cette plus-value qu’il est régulièrement mis à jour.

    • Une confédération est une union d’états ayant conservé leur pleine souveraineté au regard du droit international. Une fédération est une union d’états dont la souveraineté internationale est détenue par un gouvernement fédéral.

      Ces définitions correspondent au fonctionnement d’états fédéraux comme les USA ou l’Allemagne. Le cas de la Suisse est particulier: elle continue à, s’appeler confédération pour des raisons historiques, mais est devenue en fait un état fédéral après le conflit du Sonderbund en 1847 !

      Qu’en est il de l’Union Européenne ? Depuis le traité de Maastricht en 1992, le premier pilier suit une logique fédérale. Mais le deuxième pilier (PESC) et le troisième (coopération policière et judiciaire) suivent une logique confédérale.

      Si je comprends bien la position des pays du groupe de Visegrad , ceux ci veulent recouvrer leur pleine souveraineté (notamment internationale), ce qui signifie qu’ils veulent dénoncer, notamment, le traité de Maastricht et transformer l’Union Européenne en confédération.

  2. Votre article sur l’Europe et ses régions, à la faveur de la situation catalane, trouve un fort écho chez moi. Les sentiments d’appartenance qui construisent mon identité sont bretons et européens, avec un signal français faible. J’aspire pour l’Europe à une évolution fédérale à partir des régions qui la constituent et observe que les états-nation présentent des freins à cette intégration. Je relève que cet attachement européen est plus marqué dans les régions, si l’on se réfère aux scrutins, tel qu’en Ecosse, en Catalogne, en Bretagne, au Pays Basque…Le risque d’émiettement ou de dislocation, comme l’agitent certains politiques (Junker, Walls), n’est pas sérieux. Les Etats Unis d’Amérique ont fait la preuve de la viabilité d’une fédération avec 51 états.
    Je pense que l’organisation de l’Europe sur la base des peuples et régions est le meilleur antidote au sentiment d’éloignement entre la technostructure centrale et les citoyens.

    • En effet les Etats-nations européens avec les deux mandats Barroso, le Traité de Lisbone ont donné un fort signal pour stopper toute velléité fédéraliste, démocratique à l’UE. A l’heure actuelle l’UE est sous les attaques du Conseil européen, qui ne veut pas céder sur les prérogatives des gouvernements nationaux (comme pour exemple sur l’immigration, la défense, les politiques sociales, la fiscalité) et des partis et mouvements plus ou moins ouvertement néofascistes, qui se développent en exploitant les ravages humains et économiques des politiques d’austérité conduites au sein de l’UE depuis 2008.
      Comme Reder, je crois que le redémarrage d’un mouvement pour une UE fédérale, solidaire, éco-responsable ne peut venir que des régions, les villes d’Europe. Et souvenons-nous que la Renaissance démarra des villes comme Florence, Rotterdam, Bruges, Anvers, Venise, Hambourg, …

    • Une évolution fédérale de l’Union Européenne serait loin de m’effrayer a priori. Force est quand même de constater que le vent qui souffle dans ce sens n’est pas une tornade, tant mieux si je me trompe. Il faudrait au minimum pour qu’il en soit autrement que l’UE soit moins intergouvernementale et plus parlementaire, condition nécessaire mais pas suffisante.
      La comparaison avec les Etats Unis d’Amérique il y a plus de 2 siècles ne me convainc pas. Ils sont nés avant la mondialisation. Leur seul conflit était avec la Grande Bretagne; celle ci étant largement impliquée dans les guerres napoléoniennes, ce n’était pas un conflit de forte intensité. La mondialisation est passée par là. Maintenant l’Europe doit faire face à de nombreux conflits mondiaux qui l’obligent de manière urgente à penser à sa sécurité. Celle ci n’est elle pas plus difficile à assurer pour une fédération de régions que pour une fédération d’états ?

  3. Répartir les pouvoirs nationaux entre l’Europe et les régions est chose très complexe, l’expérience belge le prouve, eux qui sont restés des mois sans gouvernement national, avec seulement les gouvernements régionaux. Parmi les points les plus délicats citons la défense, la sécurité sociale, les retraites, l’éducation, la représentation à l’étranger, …

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