La souveraineté commence à 13 ans !

L’avenir de notre continent dépend de notre souveraineté à venir… et l’épisode à venir du côté de Budapest ne présage rien de grandiose pour l’UE. Alors pourquoi ne pas se tourner vers les prochaines générations d´Européens qui seront la meilleure garantie de notre souveraineté à long terme.

Or, sur l’initiative de l’eurodéputée socialiste danoise Christel Schaldemose, la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs du Parlement européen vient d’adopter à une large majorité une proposition radicale. Celle d’interdire aux moins de 16 ans l’accès sans autorisation parentale aux réseaux sociaux et aux assistants d’intelligence artificielle. Les députés proposent un âge minimum de 16 ans dans toute l’UE pour accéder aux réseaux sociaux, aux plateformes de partage de vidéos, sauf autorisation parentale, et un âge minimum de 13 ans pour accéder à tout réseau social.

Dans un rapport publié le 11 juin 2025, la fondation KidsRights tire la sonnette d’alarme sur une « corrélation inquiétante » entre la dégradation de la santé mentale des enfants et une utilisation excessive et addictive des réseaux sociaux, jugée néfaste. Le rapport cite notamment l’Europe comme la région où les enfants de 13 ans sont les plus exposés au risque d’utilisation problématique des réseaux sociaux, comme un usage compulsif et addictif.

Dans une tribune publiée sur Euronews le 27 juin, 21 ministres de l’Union européenne originaires de 13 États membres appelaient à revoir les conditions d’accès aux réseaux sociaux pour les enfants : « La protection des enfants en ligne doit être élevée au rang de priorité politique et sociétale, soutenue par des mesures concrètes et applicables ».

En dehors de l’Union européenne, la mesure est déjà mise en œuvre en Australie. Le pays a adopté une interdiction pour les moins de 16 ans. Elle doit entrer en vigueur en novembre 2025.

Un projet de majorité numérique européen est lancé

Cette majorité numérique a pour objectif de préserver les plus jeunes de contenus dangereux, susceptibles de renforcer l’anxiété, de diminuer l’estime de soi ou de favoriser la dépression. Les réseaux sociaux sont en outre accusés de véhiculer de nombreuses fausses informations et de contribuer à la propagation de la violence dans la société.

En vertu du RGPD, les pays de l’UE peuvent fixer un âge minimum pour les plateformes de traitement de leurs données, à condition qu’elles dépassent 13 ans. Or, les 27 Etats membres de l’UE sont partagés sur la question, mais l’idée fait de plus en plus son chemin en Europe, sous l’impulsion du Danemark, qui exerce la présidence tournante de l’UE et qui vient d’annoncer un projet de majorité numérique fixée à 15 ans.

Quant à le suite à donner à l’initiative du Parlement européen, elle sera soumise à l’ensemble des eurodéputés fin novembre, en session plénière. Une occasion concrète de poser les jalons de notre future souveraineté.

Henri Lastenouse
Henri Lastenouse
Vice-Président de Sauvons l'Europe

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8 Commentaires

  1. Ah cette Europe qui sait si bien interdire !
    Donc, l’un des premiers contacts des jeunes avec l’Union européenne, ce sera l’interdiction de l’une de leurs activités favorites. Mais cette interdiction-ci, elle doit être du strict domaine familial et en aucun cas venir d’un organisme extérieur, sauf à considérer les parents comme des mineurs. Une fois de plus, l’Europe s’immisce dans les foyers pour dire (ici aux parents et aux jeunes) ce qui est bien et ce qui est mal. Et bien sûr c’est, comme toujours, pour les meilleures raisons du monde, incontestables sur le fond : morales, de santé, de sécurité etc.
    Quand donc cette Europe-gendarme va-t-elle se rendre compte des dégâts qu’elle cause à l’Europe rêvée par ses fondateurs, qui était une Europe des libertés ?

    • Il ne s’agit pas d’interdire, mais de fixer un âge légal pour l’inscription à un réseau social. Comme il existe une majorité civile et pénale, il y aurait une majorité pour l’inscription à un réseau social. Il s’agirait de produire un document d’état civil prouvant notre date de naissance. Cela permettrait aussi de mettre fin à l’anonymat, tellement pratique pour diffuser n’importe quoi (racisme, sexisme, incitation à la violence et à la haine, etc.) en toute irresponsabilité et impunité.

      • Il conviendrait sans doute de débattre aussi des déviances liées à l’émergence invasive de plus en plus préoccupante -notamment auprès des jeunes, mais également en direction de cibles plus générales – de la mode des « influenceurs et influenceuses »… des vers qui s’incrustent dans la fructification d’une information faisant jusqu’à une époque récente la noblesse de la profession de journaliste.

  2. Il n’y a pas que les réseaux sociaux qui seraient à la base de troubles divers sur les jeunes personnes en devenir d’adultes amochés. Il y a aussi les chaines télé qui diffusent, des séries, des films extrêmement violents. A 21h15, vous avez chaque soir, en France et sans doute ailleurs, pleins de cadavres sur les écrans. Et çà interpelle qui ? pas nos politiques en tout cas. A croire qu’ils n’ont pas d’enfants….

  3. Bonjour.

    De bonnes intentions qui se heurtent à la réalité du terrain.
    La protection de l’enfant est lié à l’exercice de l’autorité parentale, pensez-vous que ce soit le cas actuellement dans de nombreux foyer ?
    On parle de souveraineté, sommes nous sérieux, tout est fait pour empêcher son avènement ( intégration de pays qui ne respectent pas l’Europe) ?

  4. D’une certaine façon, on pourrait considérer que Pierre Lefort plaide en faveur de la reconnaissance du principe de subsidiarité appliqué aux droits des mineurs.
    On serait, certes, fondé à imputer à l’action de l’UE une fâcheuse tendance à réglementer de manière excessive – ce dont, semble-t-il, les institutions ont pris conscience et qu’elles ont entrepris d’atténuer … une observation qui mériterait à elle seule un échange approfondi.
    Cela dit, il convient de replacer la problématique soulevée par l’eurodéputée Christel Schaldemose dans un contexte plus large, dont un des éléments majeurs est un règlement du Parlement européen et du Conseil en date du 19 octobre 2022 et relatif au marché unique des services numériques (texte publié au Journal officiel de l’Union européenne L 277 du 27 octobre 2022).
    C’est en effet dans le sillage de cette réglementation que, le 14 juillet 2025, la Commission européenne a quant à elle publié des « lignes directrices » sur la protection des mineurs en la matière : ce document présente une liste non exhaustive de mesures susceptibles d’aider les fournisseurs de plateformes en ligne à garantir un niveau élevé de confidentialité, de sûreté et de sécurité pour les mineurs. Cette communication de la Commission a été elle aussi publiée au Journal officiel de l’UE (série C, le 10 octobre 2025). Du reste, comme souvent, celle-ci a fait suite à une consultation publique au cours de la période allant du 13 mai au 15 juin 2025, au demeurant consécutive à un « appel à preuves » lancé le 31 juillet 2024 et ouvert jusqu’au 30 septembre suivant. Une telle initiative a elle-même fait l’objet d’un rapport de synthèse mis en ligne sur le site Europa également le 14 juillet 2025. On peut considérer que, d’une certaine façon, cet effort de transparence relève d’un emboîtement inspiré du système des « poupées russes ».
    Si Pierre Lefort rappelle à juste titre l’idéal de liberté qui a inspiré les « pères fondateurs » à l’origine de l’UE – mais ce essentiellement sur le terrain économique – on ne doit pas négliger pour autant une autre réalité : à savoir qu’au fil des traités le ciment de la construction s’est progressivement enrichi d’autres éléments que met aujourd’hui en évidence le traité de Lisbonne. Il suffit à cet égard de se référer à l’article 2 du traité sur l’Union européenne, qui fait écho au préambule de ce dernier : outre la liberté, les « valeurs » ainsi prônées englobent le respect de la dignité humaine, la démocratie, l’égalité, l’Etat de droit et les droits de l’homme – valeurs censées s’épanouir, poursuit le texte, « dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes ». Soit dit en passant, il semblerait que cette disposition fondamentale dépasse quelque peu l’obsession de la « concurrence non faussée » choisie maladroitement comme bannière par certains promoteurs du traité « constitutionnel » rejeté en 2005.
    Alors, pour en revenir à l’objet de notre débat, dans la mesure où la réglementation contribue à canaliser un certain « libertarisme » parfois impétueux, gardons à l’esprit la judicieuse formule de Lacordaire : «entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ». Désolé si cette citation comporte un jeu de mots involontaire avec le patronyme de mon interlocuteur…

  5. Pas un mot dans tout ce débat et ces propositions législatives de l’éducation aux « réseaux sociaux » (terme qui englobe des choses bien différentes)… On ne résoudra pas le problème de fond – le marché… disons le mot : le capitalisme de l’attention, dans lequel se greffe à présent la foire à l’influence, qu’elle soit culturelle, politique, « désinformationnelle » – par une simple interdiction, si tant est qu’elle soit applicable sans aboutir à un fichage généralisé des utilisateurs de ces plateformes numériques !
    Comme pour la santé, l’environnement… la prévention, toujours et encore !

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