Europe, stop or go ?

Le Royaume-Uni a sans doute commis une faute par rapport à ses propres intérêts. Envers l’Union européenne aussi. Mais le Royaume-Uni ne l’est pas et les nations qui le composent sont aujourd’hui à la recherche d’un avenir qui ne soit plus commun. Rien que cela suffit à dénoncer ce referendum absurde, mal préparé, soumis aux démagogies les plus viles, relayées par des médias couchés devant une opinion dont on ne sait plus qui de celle-ci ou de celles-là est à la remorque de l’autre.

Là-dessus les faits sont têtus et il faut tenir bon : lorsque le résultat d’une consultation agit comme une bombe à fragmentation, la démocratie est la première perdante. L’opposition des deux anciens amis de collège, Cameron et Johnson, que rien ne distingue, sauf la compétition comme au bon vieux temps de leurs chambrées communes, la violence langagière de l’extrême droite anglaise, son passage à l’acte meurtrier, et le poison souverainiste de M. Ferrage, à quoi il faut rajouter la tiédeur du chef du Labour dont on a su il a a dix jours seulement qu’il était contre le Brexit… tout cela a précipité ce désastre.

La terrible médiocrité du commandement tory est à peine croyable. Shame !

Quant à la gauche ses tergiversations ne valent pas mieux. C’est là toute l’ambiguïté de la critique « de gauche » de l’UE. A force d’idéaliser une UE qui n’existe pas et de révoquer celle qui existe, ce sont les détracteurs souverainistes qui gagnent la partie. Brexit, exit Cameron et exit l’unité du Labour, lui aussi défait.

L’Europe est un parlement de 27 Etats et elle n’est que l’expression contrariée, composite et mélangée d’intérêts nationaux, de choix économiques ou idéologiques différents. C’est pourquoi accabler l’ « Europe » en tant que telle est aberrant. Cette critique est aussi stérile que de reprocher au soleil de bruler ou à la pluie de mouiller.

On aurait bien tort de se réjouir ou d’appeler à une décentralisation des entreprises fixées à Londres à Paris ou en Île-de-France. Il y a là outre une certaine indécence consistant à danser sur un cadavre qui bouge encore, un calcul à bien court terme. La vérité est toute autre.

La Grande Bretagne y perdra et l’UE aussi. La Grande Bretagne représente 15% du PIB de l’UE, qui s’en va. Inutile de faire de grands discours. C’est une amputation.

L’UE devrait-elle sur réagir et trouver en trois semaines la formule magique ? Qui y croit ? D’abord l’UE est un traité et exige l’accord de ses 26 membres, 26 États censés représenter 26 peuples. Qu’on ne vienne pas nous bercer de la litanie de peuples mystifiés ou absents.

En Grande-Bretagne les peuples se sont exprimés et ils se sont révélés divisés. Il en va de même dans toute l’UE qui va de l’extrême gauche, que ce soit en Espagne, peut-être jusqu’à l’extrême droite de l’Europe orientale. Mais à ce petit jeu l’extrême-droite nationaliste gagnera car le souverainisme c’est son affaire et le nationalisme suivra. Les chefs de l’extrême-gauche en France ou en Espagne feraient bien d’y réfléchir. La fin de l’Europe signerait le glas des peuples et leurs rêves sociaux. D’eux à vrai dire, des chefs, on s’en fiche un peu.

Quant à la gauche et la droite, ce qu’il convient d’appeler les forces du milieu, la mise en parenthèse de leur incessante guérilla pour jouer le jeu de l’unité pro européenne ne convainc personne. Elles feraient bien d’y réfléchir.

Avec suffisance, et disons-le une certaine inculture, les médias recommandent de passer à l’action…mais lorsque l’on voit combien il est déjà difficile de décider en un seul pays avec un consensus minimal pour assurer sa paix sociale et sa cohérence politique, on voit combien ce sera difficile en UE.

Ce genre de choses relève du temps long. C’est d’un temps anthropologique dont il s’agit, pas d’un temps politique. Ce n’est pas tant l’Europe qui est en cause que la politique des gouvernements de chaque pays, tout à tour soumis à un concours de Balltrap, tous aussi irrésolus que le populisme montant est déchaîné.

En attendant il faut nous préparer à des jours des mois et des années difficiles. Ne nous berçons pas trop d’illusions sur la résurrection d’un couple franco-allemand économiquement très éloigné. Il faudra conserver nos liens avec la Grande Bretagne même si elle n’est plus le Royaume Uni. N’insultons pas l’avenir. Elle est notre voisine notre alliée et notre amie. Il faudra se souvenir que la jeunesse britannique a voté massivement pour l’UE. Et un jour, un jour nous nous reverrons, comme au bon vieux temps passé, comme le dit la vielle ballade Écossaise qui a fait le tour du monde.

Mais il faut que Dieu, et les peuples, d’ici là sauvent l’UE. Pas joué.

[author image= »https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2010/09/jean-pierre-mignard.jpg » ]Jean-Pierre Mignard est membre fondateur de Sauvons l’Europe

Article publié dans Témoignage chrétien du 26 juin 2016[/author]

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7 Commentaires

  1. Je suis choqué par l’article.
    Tout européen doit être démocrate avant d’être européiste.
    Je suis profondément européen meme si je reconnais plutôt une Euorpe libérale qu’une vraie Europe.
    Il faut donc la modifier et la transformer.
    Les anglais étaient les plus Europhobes des européens. Reconnaissons-le !
    Et Rocard nous l’avait bien dit !
    nous pouvons enfin orienter l’Europe vers une Europe plus sociale maintenant . Allons-y !!!!

    • Très juste, le peuple britannique souverain a dit non à cette UE qui ne sert que les intérêts financiers. Et je pense comme eux. Ils sont sortis…qu’ils s’organisent maintenant. Les 27 autres changent beaucoup de choses ou les pays les uns après les autres feront pareil. J’ai été parmi les très enthousiastes de l’Europe Unie en pensant alors que chacun des pays jouerait le jeu de cette énorme entente cordiale. Les Anglais ont toujours été à part…(pas d’euro, et des contrats spéciaux) business obllige et les jeunes anglais n’ont fait que suivre cette voie en votant pour rester car ils savent bien que pour l’Angleterre l’UE n’était en rien contraignante.
      Pour ce qui est du text ci-dessus, d’autres que moi l’ont bien commenté, je le trouve assez nul.

  2. « A force d’idéaliser une UE qui n’existe pas et de révoquer celle qui existe, ce sont les détracteurs souverainistes qui gagnent la partie. Brexit, exit Cameron et exit l’unité du Labour, lui aussi défait. »
    Je voudrais réagir à ce constat.
    Je crois qu’il est possible de transformer cette UE pour se rapprocher d’une UE fondée sur une volonté de paix et de solidarité. Mais cela passe, me semble-t-il, obligatoirement par les citoyens qui composent cette Europe et leur conversion au postulat que tous les êtres humains sont égaux en droits dans l’espace et le temps.
    Que ce postulat implique le respect des autres et la solidarité entre êtres humains.
    Cela passe par la démocratie qui suppose à la fois des droits mais aussi des devoirs et une conscience de la notion d’intérêt général qui prime sur les intérêts particuliers et ne peut simplement en être la somme.
    Evoquer le fait que le Royaume Uni représente 15 % du PIB de l’union me choque.
    Cela revient à considérer, même si c’est en fait la réalité que c’est la finance qui nous gouverne!
    Actuellement le principe dominant semble être la compétitivité et donc la compétition qui est une forme de rejet des plus faibles.
    S’il faut lutter, cela devrait être contre toutes les formes d’exclusions avec l’arme de la coopération solidaire. Lutter contre nos égoïsmes et replis sur soi.
    Une solidarité entre les humains dans l’espace mais aussi inter-générationnelle.
    Non pas un cadre rigide, mais une structure vivante de la volonté de ceux qui la compose, tournée à la fois vers les autres habitants de la planète et les générations futures.
    Enfin, bien que chrétien, je ne vois pas pourquoi Dieu privilégierait l’UE.

  3. pauvre article et commentaires ad-hoc!
    quelles que soient les raisons, les explications, les justifications et les regrets, les britanniques ont voté le Brexit, et ceci est un fait incontournable.
    Que l’absence de préparation et les règlements de comptes précèdent l’article 50, c’est également incontournable.

    Donc le Royaume Uni notifiera l’article 50 fin 2016, et sortira de l’UE fin 2018.

    Les incantations n’y feront rien, Dieu non plus Jean Pierre Mignard!

  4. Mr Mignard, Dieu peut très bien rester en dehors de ce débat, je regrette que cette retranscription mot à mot trouve sa place sur cette publication de Sauvons l’Europe,

  5. Je suis désolé de le dire, mais cet article est une succession de raisonnements fallacieux et de contradictions. De plus il est, à plusieurs endroits, assez mal rédigé.

    Écrire que  »le Royaume-Uni ne l’est pas » et que c’est POUR ÇA qu’il n’aurait pas fallu organiser ce referendum (qualifié d’absurde)…. revient à dire qu’il est absurde de demander au peuple de trancher un ‘litige’ qui traine depuis des années. Il me semblait pourtant que c’était la définition exacte de la démocratie. Que les résultats ne plaisent pas à ceux qui étaient contre le ‘Brexit’ n’est pas étonnant. Mais qu’ils remettent le référendum lui-même en question en l’accusant d’avoir été  »mal préparé [et] soumis aux démagogies les plus viles », c’est franchement de mauvaise foi. Des arguments démagogiques –voire grossièrement mensongers– ont été émis des DEUX côtés.

    Écrire :  »Là-dessus les faits sont têtus et il faut tenir bon : lorsque le résultat d’une consultation agit comme une bombe à fragmentation, la démocratie est la première perdante »…. revient à dire qu’il ne faut jamais demander aux gens s’ils veulent se séparer d’une entité politique, puisque la seule réponse ADMISSIBLE, si l’on suit l’auteur de l’article, est  »non » ! ! Autrement, ils allument une  »bombe à fragmentation », et la démocratie est automatiquement  »perdante ». C’est un raisonnement de Père Ubu. Ça ressemble à la célèbre phrase de Henri Ford :  »vous pouvez commander la couleur que vous voulez pour votre voiture, tant que vous la commandez en noir » –à part que lui le disait ironiquement.

    Alors comme ça,  »idéaliser une UE qui n’existe pas et révoquer celle qui existe », c’est.. faire gagner les  »détracteurs souverainistes », euh ? Mais qu’est-ce qu’ils font, ces détracteurs souverainistes, sinon, EUX AUSSI,  »idéaliser une UE qui n’existe pas et révoquer celle qui existe » ?? Il me semblait que ça s’appelait  »proposer aux gens une AUTRE perspective pour le futur.. » —autrement dit : faire de la politique, au sens noble du terme. (Je précise qu’en disant cela je ne défends pas le souverainisme, étant personnellement pour une fédération des États-Unis d’Europe, au sens Victor Hugo du terme).

    Passons sur l’aberration qui consiste à dire que, lorsque les médias recommandent de passer à l’action, ils font preuve de  »suffisance » et  »d’inculture » (ah bon ? en quoi est-ce  »manquer de culture » que de proposer ça ? –mystère..). Mais constater qu’  »il est déjà difficile de décider en un seul pays », et donc, qu’  »on voit combien ce sera difficile en UE » (à part que le  »en », ici, est un solécisme), revient à décourager tout le monde d’essayer de commencer à changer les choses….

    Plus loin, l’usage du terme  »temps anthropologique » sous-entend qu’il faudrait attendre un changement anatomique ou génétique de l’espèce humaine avant qu’on puisse faire évoluer l’Europe…. Vu la phrase entière, il semble bien que l’auteur a utilisé cette expression tout-à-fait sérieusement. Dans ce cas, vérifier ce que veut dire  »temps anthropologique » avant d’utiliser ces mots aurait été bien inspiré. S’il a employé l’expression métaphoriquement, ça n’aurait pas fait de mal de la mettre entre guillemets. (A propos : on dit  »entre parenthèses », et non pas  »en parenthèses »)

    Parler d’  »un couple franco-allemand économiquement très éloigné » est, au mieux, une formulation maladroite, au pire, c’est carrément très mal écrit. Éloigné de quoi ? De lui-même ? Éloigné…. en son sein ?

    Enfin, il est dit que ce texte a été, originellement, écrit pour  »Témoignage Chrétien ». Fort bien. Je suppose qu’il est de bon ton, dans ce journal hebdomadaire, de toujours mentionner, à un endroit ou à un autre de son article, une référence au dieu qui justifie son titre. Parfait.

    Mais ici nous sommes sur un site qui s’appelle  »Sauvons l’Europe ». Pas  »Sauvons le christianisme en Europe » (lol). Parmi les lectrices et les lecteurs, il y a peut-être des bouddhistes, des ba’haïs, des taoistes et, très probablement, des agnostiques.. et même des athées !

    Terminer en demandant au dieu des chrétiens de sauver ce continent, c’est faire état de croyances personnelles de l’auteur. Or la laïcité, qui seule permet de vivre ensemble sans se déchirer à propos de ces diverses théologies, c’est justement de garder ses convictions religieuses pour soi lorsqu’on écrit sur un sujet où la religion n’a rien à voir. Je constate d’ailleurs que, déjà, plusieurs commentaires relèvent ce point.

    Jean-Pierre Mignard est présenté comme  »un membre fondateur de Sauvons l’Europe ». Eh bien j’attendrais mieux d’un tel ‘membre’.

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