Finalement, la Commission européenne d’Ursula von der Leyen a franchi le Rubicon ! Elle a osé s’attaquer à l’un des GAFAM : l’iconique Google. Après quelques tergiversations, voilà un pavé dans la cour de Donald Trump, protecteur et commandeur auto-proclamé des seigneurs du digital américain.
Après quelques tergiversations, voilà un pavé dans la cour de Donald Trump, protecteur et commandeur autoproclamé des seigneurs du numérique américain. Le verdict condamnant Google est l’aboutissement d’une enquête de quatre ans à la suite d’une plainte déposée par la Conseil des éditeurs européens.
Une amende et la menace d’un démantèlement partiel de ses activités
Contrairement aux récents signes de faiblesse affichés par les Européens vis-à-vis des États-Unis, la Commission européenne a, cette fois, frappé fort. L’amende est à la hauteur des profits fabuleux des géants américains du Net, soit 2,95 milliards d’euros. Google est accusé d’avoir faussé la concurrence pendant plus de dix ans, en favorisant ses propres services publicitaires au détriment des annonceurs, des éditeurs et des plateformes concurrentes. Plus grave pour le géant américain, la Commission européenne ordonne à Google de mettre fin à ces pratiques sous 60 jours. Faute de réaction jugée suffisante, Google risque de voir se réaliser une menace majeure, le démantèlement partiel de ses activités.
En retour, Donald Trump a qualifié l’amende de « très injuste », ajoutant que son « Administration ne permettra pas que ces actions discriminatoires soient maintenues ». Il a également écrit qu’il « sera contraint de lancer une procédure au titre de l’article 301 pour annuler les pénalités injustes imposées à ces entreprises américaines qui paient des impôts ». En vertu de l’article 301 de la loi sur le commerce de 1974, les États-Unis peuvent imposer des sanctions aux pays étrangers dont les actions sont jugées « injustifiables » ou « déraisonnables », ou qui pèsent sur le commerce américain.
Une amende de 425 millions de dollars par la Justice californienne
Dans ce contexte, rappelons la mise au point récente du président du Conseil européen, le Portugais António Costa : « Je suis conscient de la frustration ressentie par de nombreux Européens, qui perçoivent l’Union comme trop passive. Mais nous devons être honnêtes : dans les négociations sur les droits de douane avec Trump, stabiliser les relations transatlantiques et garantir l’engagement des États-Unis dans la sécurité de l’Ukraine a été une priorité absolue. »
Sauf que le cas Google est loin d’être un simple désaccord entre Bruxelles et Washington. La semaine de sa condamnation en Europe, le géant de la technologie échappait miraculeusement à une sanction encore plus grave que devait lui infliger un juge fédéral de Washington, son démantèlement pour abus de position dominante dans le marché de la recherche en ligne. Et, au même moment, tombait une amende de 425,7 millions de dollars imposée par une cour de San Francisco pour violation de la vie privée, notamment sur Google Maps et Google…
Au-delà de Bruxelles, paradoxalement, c’est le droit de la concurrence, pourtant né aux États-Unis, que Donald Trump tente bien d’inféoder au projet MAGA.