Traitons les élections européennes comme des élections européennes !

Les élections européennes sont pour la plupart des mouvements politiques un objet déconnecté de leur vie propre. Cette échéance leur tombe dessus comme à l’improviste, et sans qu’ils sachent bien qu’en faire. Les Français ne s’y intéressent pas, l’Europe est trop compliquée dès qu’on sort des grands discours, ces élections ne servent à rien… Alors, autant les traiter comme un sondage pour préparer les prochaines vraies élections !

Voici le discours que l’on entend au sein de l’attelage cahoteux de la NUPES, avec des propositions d’union pour préparer les listes aux élections locales. Chez les insoumis, cette opinion est franche et directe, chez d’autres elle a des degrés divers de fortune selon que les scores sont traditionnellement importants ou non à ce scrutin.

Commençons par rappeler quelques bases. Les Français ne s’y intéressent pas ? Ils ont voté à plus de 50 % aux dernières européennes, contre 46 % aux dernières législatives qui devaient pourtant porter Jean-Luc Mélenchon à Matignon et ont donné lieu à tant d’agitation apparente. L’Europe est trop compliquée ? Simplifions la ! La Commission doit être issue du Parlement et donc être l’enjeu des élections ; des candidats clairement identifiés doivent battre campagne en présentant leur projet. On règlera du même coup la question de l’utilité de ces élections, sans avoir à disserter sur le pouvoir supérieur du Parlement européen ou de l’Assemblée nationale.

Ceci suppose que l’on n’accroche pas au même carrosse des fédéralistes assumés, des Européens un peu honteux et des réfractaires qui piétinent le drapeau. Les points d’équilibre du discours autour de la désobéissance dans le cadre de l’obéissance ne permettent pas de construction commune sauf à confondre parti politique et agence de Pôle Emploi.

Ceci suppose à l’inverse que les alliances se fassent avec des mouvements politiques qui ont des proximités de fond sur les combats qu’ils portent. Mais lesquels ? Où les trouver ? Puisqu’il s’agit d’une élection européenne, peut être en sortant de France ? Il existe d’autres partis ailleurs en Europe, et le temps faisant son œuvre ils ont déjà constitué des unions politiques : une alliance européenne des libéraux, un parti socialiste européen, un parti des verts et des écologistes, une gauche radicale plus ou moins unifiée. Et même un parti populaire (conservateur) et un rassemblement, voire deux, des chemises brunes.

La campagne des différents partis nationaux pourrait ainsi être l’écho et le soutien des campagnes de ces partis européens, et se faire le porte-voix de leurs candidats à la Commission européenne. Et pour rendre tout ceci visible, ne serait-il pas possible de s’échanger des candidats entre listes de différents pays ? Cela nous semble souhaitable, voire indispensable car cela garantirait le caractère européen de la dispute démocratique.

Des élections européennes se tiennent dans deux ans. Nous appelons donc les partis français, et singulièrement ceux de l’arc europrogressiste, à faire vivre la démocratie.

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11 Commentaires

  1. Vous le dites très bien… L’Europe est une question de désobéissance dans le cadre de l’obéissance….
    On sait où mène l’obéissance… On sait où mène la désobéissance….
    C’est une question de confiance, une question de bon sens…
    Lorsque les gouvernements enjoignent leurs organisations criminelles que l’on nomme « armée » à massacrer les peuples voisins, on voit où mène l’obéissance….
    Le rôle dévolu en ces institutions a toujours été dévoyé au nom du pouvoir et du profit…
    Obéir ? Ah…. Même quand le Patronat s’approprie tes libertés fondamentales ? Quand il massacre l’environnement ? Quand le gouvernement ne reconnaît pas tes droits sociaux et qu’il se fait épingler par la CEDS à deux reprises et qu’il persiste….
    Obéir à quoi ? A la chaîne de maltraitance que tous instituent sur l’employé, toujours plus corvéable ?
    Pour certains, l’Europe ne vaut guère plus qu’un camp de travail…
    Alors ratifier des textes, faire des grandes déclarations, des chartes en veux-tu, en voila… Que l’Europe essaye déjà de maintenir le cap des promesses et des engagements passés.
    Et peut-être regagnera t’elle la confiance des citoyens.
    Obéir….. ce mot viendrait de la racine indo-européenne AUS II qui signifie l’oreille… ecouter , entendre, audience, oir…. voir le lobe de l’oreille…
    Ca sent la punition…. la rétorsion…. Déjà petit on vous tire les oreilles… c’est le début.
    Au nom de l’obéissance, on en a vu des tortionnaires…. et il est tout autant étonnant que l’on enferme, parfois définitivement, ceux qui les dénoncent…. Assange, Navalny, Anna Politkovskaïa…
    L’obéissance serait la cohésion des grands systèmes, des grandes civilisations… jusqu’à la rupture…. puisque seule la confiance structure véritablement…. Le reste s’effondre, disparaît ou est d’entrée de jeu, voué à l’échec….
    C’est de la confiance qu’il faut instituer… et non de l’obéissance.

    • Rien de tel que la peur pour obtenir l’obéissance….
      Mais sur la peur, ne pousse que la ruine….
      Nos militaires, comme nos gouvernements et comme nos patrons pourront vous en donner des leçons…
      ils savent de quoi ils parlent…
      Alors Pôle emploi… Tous n’ont pas la chance de s’y inscrire… Pour certains, c’est la case prison ou la grande faucheuse.
      Plus pourris que ceux là, plus retors et pervers… je crois que ça n’existe pas.
      Ah si Hitler, Pol Pot, Mao, Staline et tous ces méga-tortionnaires qui ont exterminé leur peuple pour leur bonheur…. merde j’ai atteint le point 1100 goldwin…le point de non retour.
      A la différence de nos gouvernances qui ont exterminé les peuples voisins pour notre bonheur…
      Heureusement Poutine est là…. ça risque de changer….
      Ca fera un trauma de plus.

  2. Sujet excellent et important. Mais ne pourrait-on pas prendre les choses dans l’ordre, avant de discuter d’échanges de candidats qui paraissent sympathiques mais ressemblent un peu à des gadgets symboliques ?
    Donc : inciter les « partis » européens à prendre des positions, des ébauches de programmes, et inciter les partis nationaux à se référer à ces programmes. Ainsi on commencerait à y voir clair et savoir de quoi on parle.
    Courage.

  3. Tout à fait d’accord. Il faut que les élections au Parlement européen soient véritablement des élections à l’échelle européenne, car les enjeux essentiels (la survie de la planète, la lutte contre la folie des dictateurs, …) dépassent largement aujourd’hui le cadre des Etats-nations.. Cela serait d’ailleurs peut-être l’occasion de régénérer l’offre politique, car les partis politiques nationaux sont à bout de souffle et d’idées. Enfin, il me parait évident qu’il est vain d’espérer faire avancer l’Europe en faisant alliance avec des gens incapables d’avoir une vision de l’avenir, tels le leader des « Insoumis » …

  4. Merci à « Sauvons l’Europe » pour cette précieuse piqûre de rappel. Même si l’échéance de ce scrutin peut paraître encore lointaine, ce n’est pas en janvier 2024 qu’il faudra commencer à préparer le terrain.

    Je rejoins les considérations mises en évidence dans les divers commentaires déjà publiés, tout en ajoutant ce qui suit:

    – d’une part, le caractère « européen » de ces élections prendra d’autant plus de relief si des listes « transnationales » parviennent à rejoindre le terrain avec suffisamment de dynamisme (sans servir, notamment, de prétexte pour « recaser » des personnalités battues dans des élections nationales) . Dans ma mémoire, je garde le souvenir de l’initiative pionnière qu’avait prise il y a déjà plusieurs années le politologue français Maurice Duverger de figurer parmi les candidats du Parti communiste italien

    – d’autre part, compte tenu de la valeur ajoutée que constitue la coopération interparlementaire, je me demande si, à côté de l’engagement à temps plein que représente l’exercice d’un mandat de député européen, une partie, même infime, des sièges à pourvoir ne pourrait être réservée à des représentants émanant des parlements nationaux: avant l’introduction de l’élection directe des parlementaires européens, ce système était de mise à Strasbourg. Par exemple, des membres des commissions en charge des Affaires européennes au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat français pourraient ainsi se trouver plus directement associés aux travaux du Parlement européen.

    • Bravo Gérard Vernier, l’interpénétration des parlements nationaux et le Parlement Européen serait une façon de faire marcher l’Europe de façon logique, coordonnée pour éviter des doublons, économiser des aller et venues inutiles et évoluer dans le sens de plus d’efficacité, et de sobriété.

      • Bonjour.

        Au lieu de parler d’interpénétration ne vaut-il pas mieux parler de la finalisation de cette construction européenne ?

        A force de mettre des rustines partout, on ne comprend plus rien, clarifions les schémas pour éviter ces doublons, savoir qui fait quoi.

        Oui, le citoyen lambda comprend de moins en moins ce fonctionnement donc il s’en désintéresse.

        Est ‘on sûr que nos députés européens français travaillent avec efficacité au sein de parlement européen (comme d’ailleurs les Espagnols et les Italiens) ?
        Ne se font ‘ils pas systématiquement doublé et mis à l’écart par les députés allemands et de l’Europe du nord qui eux travaillent et s’investissent, qui eux font une passation intelligente quand un part et un autre arrive, nous sentons bien cette suprématie dans le fonctionnement des institutions européennes.

        N’avez pas été choqué lors de la prise de fonction de notre président pour la présidence tournante européenne du chahut fait par certains députés Français, était-ce le lieu, quel spectacle lamentable nous avons offert
        aux autres députés européens qui n’était pas concerné par notre salade nationale ?

        Je ne sais pas si aujourd’hui en France on accorde une grande importance à ces élections, le politique Français ignore malheureusement et systématiquement l’Europe dans sa communication ?

        • Cher Mylord,

          Une fois de plus, vous mettez le doigt sur un certain nombre de plaies qui gangrènent le fonctionnement démocratique de l’UE.

          Mais c’est précisément parce que des lanceurs d’alerte (pardonnez-moi si c’est une expression qui a tendance à devenir un peu passe-partout) – comme, souvent, SLE – oeuvrent avec persévérance à la sensibilisation des citoyens à l’importance de cet objectif de démocratie qu’il nous incombe de préparer le terrain. Cela implique notamment de creuser des sillons où ensemencer le « bon grain », en dépit de la menace de prolifération de « l’ivraie » europhobe. Je dis bien « europhobe », que je me garderai de confondre avec le terme « eurosceptique », dans la mesure où l’euroscepticisme pose parfois des questions tout à fait pertinentes.

          N’oublions pas, du reste, que « Sauvons l’Europe » a été créé en 2005 à la suite de l’échec du referendum sur la « constitution » (terme malheureux) européenne – étant entendu que la victoire du « non » obéissait aussi à des préoccupations sans lien avec l’UE… comme c’est souvent le cas avec ce genre de procédure où il s’agit d’en profiter pour faire valoir sa défiance à l’égard de ceux qui posent la question soumise au vote.

          Bref – et c’est entre autres le sens de mon plaidoyer – il convient d’agir suffisamment en amont pour essayer de redonner un élan à une élection que boudent volontiers les citoyens (même si le phénomène de l’abstention touche aussi de plus en plus d’autres scrutins). Sans doute plus que jamais, le thème de « davantage d’Europe à la télé », fer de lance de SLE, devra être encouragé… en laissant, bien entendu, la porte largement ouverte aux débats entre des opinions contradictoires.

          • Bonsoir Monsieur VERNIER.

            Le vote du non ne trouve pas uniquement son origine dans la volonté de témoigner sa défiance dans le pouvoir en place, il est aussi l’expression de Français qui était en désaccord sur ce projet de constitution, ils en ont vu les failles, ils ont compris qu’il n’y avait aucunes volontés d’aller vers la finalisation politique de la construction européenne, que le résultat serait une gouvernance basé sur l’incertitude et le chantage, que nous ne pourrons jamais jouer à jeu égal avec les autres grandes puissances, que nous serions toujours des vassaux, j’étais un de ceux-là.
            Il y a eu un déni de démocratie, ce refus a été contourné en adoptant le traité de Lisbonne par une voie autre que référendaire ?
            Si le projet de constitution avait été clair et ambitieux, si il y avait eu écoute et explication, nous aurions eu peut-être un autre résultat.

  5. (à Mylord)
    Si vous relisez mon commentaire, vous constaterez que j’ai tenu à indiquer que la victoire du « non » obéissait AUSSI à des préoccupations sans lien avec l’UE… ce qui laisse entendre que l’opinion négative ainsi exprimée portait D’ABORD sur le texte soumis à referendum, ce que je ne conteste pas.

    Simplement, ce que j’ai souhaité mettre en évidence est, d’une certaine façon, un fait comparable au fameux avertissement de la SNCF: « un train peut en cacher un autre ». Or, l’analyse scientifique, avec un certain recul au-delà d’un débat passionnel, des motivations des électeurs a révélé que cette volonté d’adresser un pied de nez au gouvernement alors en place en France, quelle qu’ait été la question posée, était loin d’être absente des raisons du « non »… d’où ce que je considère en partie comme un vote « caché », même à titre subsidiaire.

    Cela dit, je réitère une fois de plus mon sentiment très mitigé à l’égard de la pratique référendaire. Poser une question simple – du genre: « approuvez-vous l’élection du président de la République au suffrage universel ? » – me paraît tout à fait légitime. En revanche, « balancer » aux citoyens un texte aussi touffu que celui soumis au vote en 2005 , c’est, à mon sens, se foutre de la g… du peuple. Cela dit, non seulement la préparation du texte dit « constitutionnel » (encore une fois, ce terme était sans doute mal choisi) s’est enracinée dans un terreau démocratique par le biais de la composition de l’assemblée qui l’a discuté, mais – précisément – la « ratification » d’un tel document devrait relever davantage, à mon sens, de la sagesse des représentations nationales au niveau de leurs parlements.

    On m’objectera que les semaines qui ont précédé le scrutin ont pu témoigner de débats contradictoires. Certes, mais, comme on peut le constater dans le domaine de la construction, l’édification d’un mur brique par brique réclame infiniment plus de patience et de doigté que de le détruire d’un coup de bulldozer, travers auquel n’échappe pas un recours sans discernement au referendum.

    Enfin, l’observation de la pratique politique a montré que l’un des promoteurs du « non » en la personne de Laurent Fabius a par la suite – lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères – joué honnêtement le jeu des traités respectifs sur l’Union européenne et sur le fonctionnement de l’Union européenne, adoptés selon une procédure moins exposée à des dérives démagogiques.

    • Bonjour Monsieur VERNIER.
      Merci pour votre réponse, je me suis s’en doute mal exprimé, je suis d’accord avec vous, j’ai simplement voulu insister sur un autre aspect qui a conduit au non au référendum, qui est très peu évoqué ?.
      Regardez aujourd’hui, rien ne change, on ne se pose pas les bonnes questions, on rajoute une autre structure (CPE) avec des pays qui globalement n’ont pas la même approche et qui nous font croire le contraire.
      Que fait ‘on de la vision des pères fondateurs de l’Europe, que fait ‘on du souhait de François MITTERAND qui fin 1989 souhaitait l’arrivée prochaine d’une véritable puissance Européenne.
      PS : Aujourd’hui, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, dès qu’il y a un problème, on créait une commission ou autre qui se juxtapose à des organismes existant, ceci pour nous faire croire qu’on agit, j’ai la désagréable impression qu’on nous prend pas pour des ……. ?

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