Retraites : Bérézina d’un projet politique

L’adoption d’une nouvelle réforme des retraites devait être le moment d’un renouveau du pacte de sécurité sociale des Français, en même temps que la démonstration internationale de notre capacité à maîtriser nos dépenses publiques. Il se termine dans la discorde et l’effarement de la presse européenne et mondiale. Alors que nous regardons ce naufrage, souvenons-nous un instant de ce qu’était la promesse du macronisme.

C’était il y a peu, dans un climat de forte déception face à un groupe fatigué de politiques professionnels qui s’appliquaient à se caricaturer. C’était au contraire l’émergence espérée de nouvelles têtes, venues des sphères associatives, c’était une réaffirmation de valeurs centrales – certaines globalement tenues comme l’Europe qui nous est chère, d’autre moins comme la dignité de l’accueil des étrangers qui nous est chère également – c’était le règne annoncé du choix des meilleurs, de la compétence et des idées les plus convaincantes plutôt que d’un théâtre d’affrontements stériles. Ce que nous voyons aujourd’hui ressemble bien d’avantage à une verticalité des premiers de cordée.

Le projet politique porté par la réforme des retraites n’est plus compréhensible. S’agit-il d’une mesure de justice sociale ? D’un redéploiement de nos dépenses de solidarité vers de nouveaux besoins de prise en charge ? De sauver un système en implosion financière ? De réduire nos déficits ? De limiter le coût du travail pour dynamiser l’emploi ? Nous avons vu en trois ans se succéder plusieurs annonces de réformes distinctes et contraires. Les ministres directement concernés ne semblaient eux-mêmes pas en saisir les enjeux et les ressorts ; en tout cas ils n’ont pas en mesure de les exprimer clairement et sans erreur. Dans ces conditions comment convaincre ?

L’argument central même d’un régime de retraite à sauver, alors que nos voisins européens ont tous fortement repoussé l’âge de départ, n’est pas flagrant. Dans un régime par répartition, les générations nouvelles payent les pensions des générations précédentes. Le taux de natalité français est tout à fait exceptionnel en Europe, ce qui interdit de considérer comme une évidence l’exemple général. La réalité est que l’effort national des Français pour leur retraite est un peu supérieur à celui de la Belgique et l’Espagne, équivalent à celui du Portugal et de l’Autriche et un peu inférieur à celui de l’Italie. De même, le déficit du régime de retraites ne se comprend que par l’idée traditionnelle d’un financement unique par des cotisations sur les salaires, que l’État s’emploie parallèlement à supprimer car il les juge néfastes pour l’emploi. Personne ne s’interroge jamais sur un hypothétique déficit de l’éducation nationale ou de la police, qui relèvent du budget général de l’État. On oublie d’ailleurs un peu vite que le gouvernement Jospin avait créé en période de croissance un fonds de réserve public, qui aurait assuré l’équilibre du régime s’il n’avait pas été détourné par le gouvernement Fillon. L’effort en termes de PIB est donc la seule référence qui ait un sens réel. Il est probable en revanche que le vieillissement de la population se traduise par une baisse des pensions, en particulier si l’on prévoit de réduire les cotisations affectées aux retraites.

L’opinion est largement défavorable à la réforme qu’elle trouve illisible et n’a pas été convaincue de la justesse des efforts qui lui sont demandés, les mouvements sociaux sont les plus importants depuis des décennies, les syndicats ont su trouver des compromis pour surmonter leurs divergences et présenter un front uni et finalement le recours au 49.3 est l’aveu que le Parlement non plus n’a pas été convaincu. Ce passage à marche forcée constitue une faute majeure contre la démocratie. La recherche de compromis, à tort considérée comme une faiblesse, est une de ses composantes fondamentales et s’impose d’autant plus qu’il n’existe pas de majorité favorable. A défaut, le précédent des gilets jaunes conduit malheureusement à penser que seules la violence et la destruction sont audibles. Le fait que cette procédure soit prévue à titre exceptionnel par la Constitution pour garantir l’existence du budget ne peut tenir lieu de légitimité partagée.

Cet échec du débat ne doit pas être mis au seul débit du gouvernement, les oppositions en faillite n’étant pas capables de présenter de projet alternatif. Les Républicains sont un parti différent au Sénat et à l’Assemblée, les socialistes ont publiquement au minimum deux programmes sur le sujet, tandis que les écologistes se sont évanouis. Les Insoumis vivent apparemment dans un monde sans contraintes et le Front national ne prétend même pas avoir d’idée sur le sujet, ce qui lui permet de ne plus rebuter personne.

Au final, la discussion des choix démocratiques possibles s’est organisée autour de la société civile et des syndicats. Les divergences dans les approches n’ont pas été dissimulées, mais ont nourri une convergence d’action. Les défilés ont été à la fois massifs et dignes. Il y a là sans doute des forces de renouvellement de notre démocratie et nous devrons nous en souvenir. C’était après tout la promesse du macronisme.

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38 Commentaires

  1. Le problème avec la macronie et la caste dirigeante c’est leur vision commune de la retraite qui n’est pour eux qu’une dépense comptable alors qu’elle est financée par des cotisations ….les déficits sont le résultat d’une gestion malhonnéte des besoins qui s’annoncent , dans le seul but d’harmoniser l’âge de départ avec les autres pays membres ….tout ça n’est qu’idéologie libérale .
    Le seul projet qu’offre l’Europe en matière de retraite n’est que régression sociale et perte de souveraineté …..triste destin pour les pays fondateurs qui remercient leurs populations après 50 ans d’une baisse de pension et un recul social inacceptable ….

  2. IL faut au moins une demi heure pour expliquer le système actuel et la réforme; sur les TVs on n’a jamais entendu cela, donc tous les gens sont abusés par les simplifications sélectives. C’est comme si un référendum concernait une réforme constitutionnelle avec une douzaine de modifications: chacun pourrait y trouver une modification qui ne lui plait pas, et la plupart voteraient non. La complexité requiert un effort d’analyse. Une réforme dans la complexité requiert des négociations et cela requerrait des majorités opportunistes sur chaque détail important, et non pas de l’obstruction stupide et un rejet a priori d’un seul point l’âge légal normal, susceptible d’exceptions ciblées à justifier. Trop de députés de gauche se sont soumis aux Insoumis et à la moustache et grande gueule syndicale.

    • Le peuple n’a que faire des explications de ce gouvernement: il a compris ce que signifie néolibéralisme et qu’il est plus que temps de s’en débarrasser (pour rappel, Macron est fan de Schumpeter).

      • Absolument d’accord !
        Macron combat les pauvres et non la pauvreté.
        Son concept est on ne peut plus simple : pour bien gérer la France, il faut partager les sacrifices avec les plus humbles, et les richesses produites avec personne.
        L’arrogance précède la ruine et l’orgueil précède la chute.

  3. Pointons tout de même la responsabilité des journalistes qui expliquent mal les enjeux de la réforme des retraites et qui au contraire caricaturent l’objectif recherché. Pointons aussi l’irresponsabilité des syndicats philo-révolutionnaires, d’un autre temps, incapables d’entrer dans la modernité.

    • Ce n’est pas aux journalistes de justifier une réforme. Certains, comme Alternatives Economiques, l’ont assez bien expliquée. Quant aux syndicats, ils jouent très bien leur rôle de contre-pouvoir, et, beaucoup mieux que les politiques, ils représentent les 70%de citoyens opposés à cette réforme. Certains ont tendance à l’oublier.

  4. Reporter l’age légal de départ à la retraite c’est pénaliser ceux qui ont commencé à travailler tôt, qui n’ont pas eu la chance de pouvoir faire d’études et qui ont les métiers les plus ingrats et les plus mal rémunérés. Ceux qui ont fait des études jusqu’à 24 ou 25 ans travaillaient déjà jusqu’à 64 ans pour avoir leurs annuités.

  5. Qu’on le veuille ou non la France et les Français bénéficient d’un système social remarquable et d’un niveau de vie exceptionnel; mais en France comme ailleurs on souffre de la montée des inégalités ce qui rend l’idée de demander un effort supplémentaire à la population : deux ans de travail supplémentaires cela ne passe pas et la façon de mener cette réforme a été un fiasco incroyable. Que faire? Il faut s’engager à taxer les plus riches qui ont vu la valeur de leur patrimoine plus que doubler depuis 1995 (voir INSEE) sans aucune justification de production si ce n’est l’envolée des prix du patrimoine financier et immobilier

  6. Vous plaisantez, je suppose, lorsque vous évoquez les nouvelles têtes venues des « sphères associatives » ? Vous ignorez, ou pas, que la plupart des membres de ce qu’on appelle la « macronie » sont issus des hautes « sphères » économiques, hauts cadres d’entreprises, pour la plupart « riches », pour employer un gros mot ! Vous plaisantez aussi en utilisant le terme « coût du travail », cliché néo-libéral qui considère donc le travail, non comme une production de richesse, bien utile pour TOUS, y compris les rentiers du capitalisme, mais comme quelque chose qui « coûte »… C’est finalement indécent. Quant à la valeur « Europe », c’est se moquer? L’Europe est un continent géographique, pas une valeur… les Norvégiens, les Ukrainiens, les Russes sont aussi européens. L’Union Européenne – cette Europe dont vous parlez – est le parangon d’un régime non démocratique où la volonté des peuples disparaît derrière une commission non élue qui dispose de beaucoup de pouvoirs, qui tient compte des lobbies les plus nuisibles, qui se couche devant les décisions américaines, qui a détruit la Grèce, etc.
    Enfin, à aucun moment, dans votre article, vous n’évoquez la vie des gens, leur douleur au travail, leur misère lorsqu’ils ne trouvent pas d’emploi, jeunes ou vieux travailleurs, à aucun moment, vous ne tentez de comprendre leur colère devant l’injustice qui fait que la plus grosse fortune du monde est française, alors qu’on exige de gens modestes qu’ils travaillent jusqu’à l’épuisement. Je dois dire que votre « Europe », nous sommes nombreux à ne pas vouloir la sauver. Pas celle-là. Et si nos voisins sont satisfaits de leurs injustices sociales, par exemple de leur départ à la retraite à plus de soixante-cinq ans, on peut considérer qu’ils ont tort. Mais je doute qu’ils soient si satisfaits, tant sont nombreux partout sur le continent, les victimes d’un néo-libéralisme échevelé.

    • Chère madame Ascari,

      C’est avec la perception d’une communauté de « longueur d’ondes » que je me suis senti proche du début de votre commentaire. Mais je crains que vous n’ayez cédé à quelques sirènes démagogiques lorsque vous avez abordé les considérations visant spécifiquement l’Union européenne.

      Ainsi, à propos de la ritournelle quelque peu éculée de l’omnipotence d’une Commission non élue, on peut craindre que votre commentaire n’aborde la question plutôt par le petit bout de la lorgnette, dont la caractéristique est d’éloigner d’une vision réaliste. Il me paraît donc utile de réitérer quelques observations que j’ai déjà développées à plusieurs reprises sur le présent site au sujet de ce détournement de perception:

      – certes, les commissaires ne sont pas directement élus dans le cadre de leur désignation au sein du « Collège » qu’ils composent. Mais: d’une part, si leur candidature est, à la base, promue par leurs gouvernements respectifs, c’est au Parlement européen, où siègent des « élus », qu’il convient d’accorder l’investiture définitive – et cela à l’issue d’une procédure d’auditions individuelles… qui est loin d’être une partie de plaisir, comme l’ont montré plusieurs exemples de rejet des candidatures;

      – une vision réaliste – fondée sur l’expérience – de l’équilibre institutionnel de l’UE conduit par ailleurs à largement relativiser l’omnipotence que vous -mais pas les traités, ni leur application – attribuez à la Commission. En effet, les jeux de pouvoirs ont contribué, au fil des ans, à faire davantage émerger les prérogatives des Etats membres en la personne de leurs chefs d’Etat ou de gouvernement, mais aussi des ministres (voire de leurs collaborateurs) !. Du reste, en mentionnant les ministres, peut-on négliger le fait qu’eux non plus ne sont pas directement « élus » pour assumer leurs responsabilités, y compris européennes ? En tout cas, à mon humble niveau, je n’ai jamais été convié à prendre part à l’élection d’un ministre en tant que tel: il semblerait que le privilège du choix demeure l’apanage des plus hautes sphères de l’Etat.
      Certes, les ministres – lorsqu’ils ne sont pas de purs technocrates (mais il y en a tout de même un certain nombre) – peuvent se prévaloir d’avoir souvent eu un parcours d’élus avant leur entrée au gouvernement.. Mais n’est-ce pas aussi le « curriculum » de nombreux membres des Commission successives ? Si vous avez la curiosité de vous reporter à la biographie des commissaires (c’est sur la place publique, à commencer par Google), vous constaterez que ces personnes ont déjà eu l’occasion de se mesurer au suffrage populaire, au niveau municipal, départemental, régional ou national – et, bien entendu, pour certains d’entre eux, à celui de l’élection du Parlement européen;

      – quant à l’influence des lobbies,on ne saurait l’ignorer. En revanche, ce que l’on ignore, c’est que, depuis quelques années, des dispositifs sont été mis en place pour en limiter l’ampleur et la portée. Paradoxalement, du reste, c’est parce que l’Europe se montre plutôt transparente en ce domaine sensible que l’activité des groupes d’intérêts n’est précisément pas véritablement dissimulée de manière honteuse. Il serait en outre naïf de méconnaître que ces « influenceurs » sont au moins aussi actifs sur le plan national… mais on a tendance à en parler de manière plus discrète (sauf, peut-être, le « Canard enchaîné »);

      – s’agissant enfin de l’existence de « valeurs » que vous semblez mettre en doute à l’échelle de l’UE, peut-on vous inviter à prendre la peine de lire (ou parcourir) la « Charte des droits fondamentaux » qui fait partie intégrante du traité de Lisbonne ? Nul doute que les promoteurs de la « Déclaration » de 1789 se reconnaîtraient une certaine paternité. Si divers pays tiers frappent à la porte de l’Union, ce n’est pas uniquement pour des raisons économiques: la défense des droits humains, des libertés fondamentales et de l’Etat de droit n’y est peut-être pas tout à fait étrangère. La démarche de l’Ukraine en est un exemple particulièrement emblématique.

      Ma conviction demeure que tout ce qui touche à l’Union européenne appelle des appréciations nuancées et que relayer la rumeur plus ou moins « populiste » ne repose pas sur la connaissance des faits.

      Bien cordialement.

      • Quelle splendide plaidoirie digne d’un fonctionnaire des institutions européennes. Face à cette implacable argumentation pleine de bienveillance on se sent tout petit et honteux. On n’a donc rien compris à cette Europe qui veut tant de bien à ses peuples.
        Et puis on rembobine le film et on confronte les mots aux faits qui ont émaillé la construction des institutions européennes…

        Le traité européen ? Chaque fois qu’il a été soumis directement aux peuples ces derniers l’ont sèchement refusé. Et certains ont même été contraints de revoter, histoire de leur rappeler qu’ils s’étaient trompés…
        Puis, en vertu de la loi de la concurrence libre et non faussée, ont suivi les directives sur la libéralisation du marché du travail car le travail n’est pas une activité humaine indispensable à sa survie et à son bonheur mais un marché c’est-à-dire une concurrence implacable entre les pauvres au profits des riches (Artz en Allemagne, Job act en Italie loi El Khomri en France).
        Puis ont suivi les suppressions de lits dans les hôpitaux et la privatisation rampante de la santé la libéralisation du rail avec les résultats que l’on sait en Grèce par exemple… tout ça pour le bien des peuples évidemment.
        La Grèce… ce pays « sauvé » par la célèbre troïka (qui n’avait aucune légalité institutionnelle, le FMI que je sache ne fait pas partie des institutions européennes) et qui se retrouve plus endetté que jamais et vendu à l’encan. Un ami nous a demandé de participer à une cagnotte pour tenter d’aider une psychologue grecque à garder son logement qu’elle a fini par perdre …
        Il est vrai que le prix de l’énergie est également un chef d’œuvre des directives européennes que l’on peut brandir comme un symbole d’efficience : résumons par exemple les effets en France : on oblige EDF (endettée à hauteur de 60 milliards) à vendre un quart de sa production à un tarif préférentiel à des fournisseurs dont le seul travail consiste à servir d’intermédiaires et à spéculer sur les marchés de gros. Étant entendu que le prix du marché est lui calculé à partir du prix du gaz et donc des aléas économiques et politiques (actuellement la terrible guerre en Ukraine).
        Et puis il y a la BCE et son cortège de dettes publiques aptes à dissuader les peuples de toute tentative de contestation, son quantitative easing pour sauver les banques et les états, c’est-à-dire les asservir toujours plus à la finance, par la dette et par les capitaux privés qui mettent ces mêmes états en concurrence et les jouent au casino du célèbre spread des taux d’intérêt… En effet les états doivent se financer auprès des capitaux privés, mais pas auprès de la BCE… Allez y comprendre quelque chose.

        Pour ce qui est des commissaires vous concédez qu’ils ne sont pas élus mais que leur choix est validé par le parlement européen. Vous oubliez cependant de préciser que ce parlement une fois qu’il a validé leur nomination n’a pas de pouvoir législatif et qu’il se contente de valider (ou pas) les propositions de de la commission européenne …
        Ainsi ces commissaires, une fois nommés se sentent légitimes à faire les gros yeux au pays qui ne respectent pas les directives européennes. Je pense par exemple au sieur Thierry Breton qui regarde actuellement d’un air sourcilleux ce qui se passe en Italie. Thierry Breton, jamais élu mais président de nombreuses sociétés, et particulièrement apte à comprendre les souffrances de peuples qui doivent affronter l’inflation et le blocage de leurs salaires au nom de la concurrence libre et non faussée et voir le prix de l’énergie devenir tellement inabordable qu’ils doivent choisir entre se nourrir et se chauffer.
        Pour ce qui est des lobbies (dont on sait qu’ils sont constitués de milliers de personnes qui font le siège de l’union européenne) les mauvaises langues disent même qu’ils proposent des directives clés en mains à faire voter, mais ce ne sont probablement que médisances d’europhobes. Concédez- cependant que les valises de billets apparues dernièrement aptes à graisser les rouages européens sont du plus mauvais effet aux yeux des plus précaires de la société qui doivent survivre face à l’inflation galopante contre laquelle est pourtant censée lutter la BCE.
        On a pu également constater la transparence des institutions européennes lors de la crise du Covid.
        A tout seigneur tout honneur… Ursula Von Der Leyen a refusé catégoriquement de rendre publics les échanges avec le patron de Pfizer concernant le prix d’achat des vaccins. Michèle Rivasi, députée écologiste européenne, a quant à elle essayé d’obtenir des précisions sur les subventions octroyées aux labos privés. Elle raconte dans une interview qu’après maintes demandes on l’a obligée à consulter quelques documents dans une pièce fermée sans téléphone ni nécessaire pour écrire…
        https://www.youtube.com/watch?v=9vKdN11WPfE

        https://www.youtube.com/watch?v=4SUx2fhhBmw&ab_channel=SudRadio

        Le hasard fait bien les choses… Un institut de recherche médicale dont le siège était à Padoue a aussi été subventionné. Il se trouve que Le mari de Mme Van Der Leyen était membre du directoire…

        https://corrieredelveneto.corriere.it/padova/cronaca/22_ottobre_18/padova-marito-ursula-von-der-leyen-centro-ricerca-farmaci-guidato-dall-ateneo-e423d124-4e47-11ed-9d7d-160ead659065.shtml

        A quoi bon multiplier les exemples et les péripéties… la liste serait interminable.
        Concluons donc et gardons le meilleur pour la fin, la cerise sur le gâteau, ou plutôt la couronne mortuaire sur le cercueil…
        J’entends encore Laurent Fabius clamer quotidiennement « L’Europe c’est la paix » lors de la campagne électorale pour convaincre les Français de voter en faveur du traité européen. Et voilà que toute l’Europe participe au martyr du peuple ukrainien par l’envoi massif d’armes toujours plus puissantes et meurtrières au lieu de peser de tout son poids diplomatique pour imposer des négociations de paix à Poutine et à Zelensky. Notre président quant à lui parle désormais d’économie de guerre…
        Dans notre famille nous avons des origines lorraines, provençales espagnoles et italiennes. Comment pourrions-ne pas être européens ? Depuis des années nous espérons une Europe sociale, une Europe des peuples et des solidarités et nous avons une Europe du libre marché des capitaux des lobbies et de la finance sans freins, une Europe dure avec les pauvres et bienveillante envers les riches. Non cette Europe là ne fait pas rêver, elle est au contraire un cauchemar pour les plus faibles. Et désormais nous avons une Europe de la guerre.

        • Merci, Monsieur le Procureur, pour cette longue liste de griefs… dont, rassurez-vous, je partage un certain nombre d’appréciations, en particulier -grosso modo- ce que vous évoquez au sujet de la Grèce… même si, à ce propos, des culpabilités méritent d’être recherchées à la source – on doit le souligner – dans le comportement des banques privées, notamment allemandes.

          Notre convergence de vues vaut aussi face à quelques dérives imputables à la Commission en matière de concurrence, au point de desservir la politique industrielle de l’UE. Cette approche du thème particulièrement sensible que représente la concurrence doit être cependant commentée avec des nuances, car le sujet, plutôt complexe, mérite d’être aussi jaugé à la lumière d’une connaissance approfondie de cette politique européenne, conçue pour la protection des citoyens-consommateurs. Nous aurons l’occasion – du moins je le souhaite vivement – de poursuivre nos échanges sur ce terrain plus que délicat..

          Permettez- moi donc de revêtir à nouveau la robe noire de l’avocat de la défense pour procéder à quelques mises au point. Mais, pour ne pas lasser nos lecteurs, permettez-moi aussi d’opter pour des commentaires successifs – et non pas en un seul bloc, ce qui vous laisse le loisir d’y répondre point par point, à votre meilleure convenance.

          Brève parenthèse préalable: je me réjouis de partager avec vous l’esprit du cosmopolitisme familial que vous évoquez. De mon côté aussi, je puis mettre en exergue des origines hongroises (parents ouvriers immigrés), roumaines et italiennes. Nous sommes donc, chacun avec son ressenti, des « prédisposés » à l’esprit européen… et c’est heureux !

          Pour inaugurer ma nouvelle plaidoirie, je m’attacherai déjà aux propos que, non sans sous-entendus, vous affichez en introduction de votre commentaire.

          Ainsi, vous mentionnez « une plaidoirie digne d’un fonctionnaire européen ». Merci pour cette minorité si souvent stigmatisée, car le racisme ordinaire, voire subconscient, ne se limite pas à des considérations de couleur. Votre observation pourrait même, d’une certaine façon, être appréciée comme un compliment… si l’on veut bien ne pas ignorer que le « sacerdoce » que ces maudits bureaucrates exercent répond d’abord à un attachement à un idéal de service public, qui n’est pas moins présent et profond que celui que l’on décèle aussi à l’échelle des administrations nationales.

          Certes, je n’ignore pas que certains courants ultra-libéraux (que j’ai personnellement en horreur) au sein des institutions européennes ont tenté de réduire l’utilité des services publics. Mais ces tentatives ont été, fort heureusement de mon point de vue, désamorcées. Et ce d’autant plus que, par exemple, le concept plus large de « service d’intérêt général » – qui n’est pas étroitement franco-français – a ouvert des perspectives méritant qu’on en discute sérieusement. A votre disposition pour en débattre, là encore, à votre meilleure convenance.

          Je remarque aussi que, dès l’abord, vous ne manquez pas d’évoquer « les peuples ». Outre le fait que personne n’a le monopole de ce généreux concept, il n’est pas interdit – même à un méprisable ex-fonctionnaire européen qui a quitté une cité HLM de la banlieue parisienne pour rejoindre la prétendue « tour d’ivoire » bruxelloise – d’avoir lui aussi une certaine compréhension, renforcée par des antécédents familiaux, des aspirations populaires et ce à force de dialogue avec « les gens ». Attention, donc, aux tentations d’une dérive quelque peu démagogique lorsqu’on ne connaît pas à vrai dire l’ « équation personnelle  » de ses interlocuteurs.

          Suite au prochain numéro.

          • « Méprisable ex fonctionnaire européen » Ces mots sont de vous et non de moi…
            Critiquer la fonction n’est en aucun cas critiquer la personne, et en l’occurrence on peut se demander si la fonction ne se joue pas de la personne… Toutes les institutions européennes semblent avoir été imaginées pour cela… Rassurez-vous, ou plutôt inquiétons-nous, car vous n’êtes pas sans savoir que la souffrance au travail (Christophe Dejours) est désormais un mal terrible qui ronge un nombre croissant de métiers. Les orientations des politiques européennes en sont un puissant facteur de développement… Donner du sens au travail et non pas gaver les mastodontes pharmaceutiques, les fonds de pension et autres actionnaires en détruisant la planète. Voilà ce que refusent de faire les institutions européennes.
            Mais, si j’ai bien compris, vous reliez votre origine modeste, à une « dérive démagogique » que vous semblez déceler dans mes propos.
            J’hésite à vous répondre sur le terrain des « équations personnelles ». Car elles touchent à l’histoire intime. Je le dois pourtant à mes parents. Si cela avait un sens, je pourrais vous répondre que mon père, (immigré italien) était maçon et qu’il construisait pour un salaire de misère avec ses compagnons de la tour de Babel méditerranéenne (Français, Espagnols, Portugais, Maghrébins) les villas de milliardaires disséminées sur la Côte d’Azur désormais hérissées de clôtures hautaines et de caméras de surveillance. Pour ce qui est de ma mère, elle était femme de ménage.
            C’est en pensant à eux et à la vie modeste que vous avez pu avoir que je ne saurais pardonner les souffrances que les institutions européennes infligent aux peuples et au plus fragiles de nos concitoyens au profit de l’Internationale des oligarques et de leurs paradis fiscaux.
            Pour ce qui est de la transparence et du fonctionnement de l’Europe laissons encore une fois la parole à Michèle Rivasi. C’est une jolie métaphore du fonctionnement et de l’efficacité des institutions européennes…
            https://www.youtube.com/watch?v=O37Rp7Zm678&t=246s

  7. La partie la plus faible du texte concerne la nécessité – ou pas, justement – d’une réforme du système actuel de financement des retraites. On entend tout et son contraire à ce sujet, venant de spécialistes (ou supposés tels) de cette question. Cela illustre les limites de la démocratie vs. la technocratie, qui se justifient l’une et l’autre – à développer ! -.
    A partir de là, l’opinion qu’on peut se faire, nous, non spécialistes, confine à la foi en celui qui émet un avis soi-disant éclairé.
    En tout cas, c’est certain : quelle maladresse (due à du mépris ?) d’avoir mis le pays à feu et à sang sur un tel sujet.

  8. Que l’on récupère directement pour les caisses de retraites les bénéfices des autoroutes qui tombent drus depuis des années dans les poches de nos oligarques.
    Avec un coup de pied où je pense pour tout dédommagement. On pourrait créer une loi «  d’urgence économique » pour l’occasion.
    Et voilà ! Madame l’oligarque ( l’oligarce ?) à qui monsieur avait promis un yacht pour elle aussi et ses copines sera certes un peu déçue mais elle pourra toujours emprunter celui de son mari.

  9. Pourquoi Macron a-t-il si lourdement endetté la Nation avec son « koikilencoûte » alors que, surtout en tant que banquier, il ne pouvait ignorer qu’il hypothéquait l’avenir des français pour longtemps et que les financeurs ne manqueraient pas, sous peine d’augmenter leurs taux, pour obtenir des garanties, d’exiger, comme pour la Grèce, des contreparties qui les rassurent en leur rapportant comme des privatisations et l’étranglement des services publics? Les pays qui ont moins généreusement arrosé leurs entreprises, se sont moins endettés, s’en sortent-ils plus mal ?

    L’UE, quant à elle, semble avoir fait pression pour harmoniser le recul de l’âge de la retraite et cette mesure semble nous conduire tout droit encore plus, et plus brutalement, vers un ultra-libéralisme numérique dépendant de plus en plus des USA. Le Wall Street Journal laisse entendre que si Macron a relancé cette réforme de retraite c’est pour «augmenter nos dépenses militaires» !

    Quoi qu’il en soit, toutes ces raisons justes ou non, n’ont rien à voir avec les faux-prétextes avancés par la macronie pour justifier cette réforme inutile, injuste et nos sacrifices ! Non, tous les hommes ne naissent pas avec les mêmes chances, les mêmes choix !

  10. Bonsoir.

    Je rejoins les commentaires d’Annie ASCARI RAME et de Roberto BASARTE, on est dans l’indécence, dans un déni de la démocratie.

    Monsieur MACRON, vous avez bonne mine de vouloir donner des leçons de démocratie à Monsieur POUTINE, vous êtes vraiment très mal placé, de plus, malheureusement, ce dernier vous prend pour un « CHARLOT », vous êtes un teckel qui aboie, vous vous êtes discrédités auprès de nombreux Français, vous êtes le roi des bonimenteurs et des manipulateurs, vous êtes celui qui sera responsable de la montée de l’extrême droite, quel malheur ?

  11. Si, dans un commentaire précédent, j’ai souhaité longuement argumenter les nuances qui me séparent de Mme Ascari au sujet du « vécu » de l’Union européenne, j’ai également manifesté ma compréhension à l’égard de ses critiques de l’attitude actuelle – largement empreinte de maladresse, sinon d’amateurisme – des plus hauts dirigeants français face à la question ultra-sensible de la réforme des retraites.

    En fait, d’autres gouvernants avant l’actuel Président de la République – en duo avec sa Première ministre – ont dû affronter de sérieux mouvements de grogne… dont ils ont su parfois tirer les leçons. Si je mets à part les « troubles » de mai 68 et l’usage plutôt prolifique du « 49.3 » par Michel Rocard, trois souvenirs me reviennent en mémoire: le faux-pas du général de Gaulle recourant à la réquisition face à la grève des mineurs en 1963; l’attitude réaliste (sinon résignée) de François Mitterrand ne donnant pas suite au projet de réforme touchant l’enseignement privé en 1982; le même réalisme dont a fait preuve Jacques Chirac en présence de la contestation – déjà ! – de la réforme des retraites mise en chantier en 1995.

    Malheureusement, Emmanuel Macron – au surplus, apparemment très mal conseillé – ne semble pas avoir (ou pas encore ?) l’étoffe de De Gaulle, Mitterrand ou Chirac: comme quoi il arrive que Jupiter n’ait pas toujours la forme… olympique – et c’est dommage, nom de Zeus !

  12. Emmanuel Macron nous montre à quelle point la 5° république peut être anti-démocratique et dangereuse si elle tombe entre les mains de personnes mal intentionnées. J’approuve désormais Mélenchon dans sa volonté de passer à une 6° république plus moderne et respectueuse de la volonté du peuple.

  13. Bonsoir Monsieur VERNIER.

    L’Européen que je suis pensait que nous allions bâtir tous ensemble un modèle de société qui faciliterait le mieux et le bien vivre en Europe, est ce le cas ?
    D’après moi, nous en sommes loin, les discours qui nous sont servis par certains membres de la Commission Européenne et de nos gouvernants sont remplis d’ambiguïtés, de mensonges dans beaucoup de domaines dont celui de la retraite.
    Pour soi disant équilibrer les comptes des retraites (mensonge), n’est ‘il pas indécent de demander de travailler plus longtemps alors qu’il n’y a pas eu taxation des super profits fait en profitant de la crise, de taxation des très hauts revenus, d’arrêter l’exonération des charges sociales qui contribuent à ne plus alimenter les régimes de protections sociales, l’évasion fiscale des plus riches et des multinationales, etc, etc…
    Le déficit est créer volontairement pour aller vers des réformes néo libérales qui rempliront les poches d’une minorité au détriment de nous tous, elle contribuera inévitablement à notre appauvrissement.
    On cite comme exemple d’autres pays comme l’Allemagne et autres, mais a t’on vraiment envie de les copier, a t’on vraiment envie de voir des retraités qui n’ont plus les moyens de vivre, a t’on envie de voir des personnes âgées cassées en deux pour travailler, est ce cela notre Europe ?

    • Bonsoir Mylord,

      L’acteur américain John Barrymore affirmait qu’on devient vieux – et vraiment vieux, insistait-il – lorsque les regrets remplacent les rêves.

      Alors, en dépit d’un âge affiché au compteur qui devrait, dans quelques mois, m’interdire la lecture de Tintin, conçu pour « les jeunes de 7 à…. », j’ose avouer que je nourris encore des rêves en ce qui concerne l’avenir de l’Union européenne, pour contourner la tentation des regrets.

      Certes, il m’arrive de déplorer, comme vous, les occasions souvent manquées de faire progresser la patiente construction de notre continent. Cela dit, je ne suis pas indifférent à l’évolution de certaines formulations. Ainsi en est-il de la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE sur un point précis: dans des arrêts rendus à partir des années 60 – et pour justifier la primauté du droit communautaire – elle invoquait des transferts de souveraineté consentis par les Etats membres « dans un nombre RESTREINT de domaines; au contraire, sa jurisprudence plus récente, prenant en compte le développement progressif des compétences de l’Union, constate que de tels transferts se manifestent dans un nombre de plus en plus ETENDU de domaines.

      Bien entendu, nous ne sommes pas dans l’aire d’un fédéralisme classique, comme peuvent s’en prévaloir – avec des nuances d’un pays à l’autre – des modèles comme les Etats-Unis, la Suisse, l’Allemagne ou la Belgique. En fait, c’est sans doute Jacques Delors qui, oscillant entre l’observation d’un « OPNI » (objet politique non identifié) et l’objectif de réaliser une « Fédération d’Etats-nations », a le mieux cerné l’originalité de l’entreprise.

      De surcroît, il serait inopportun, même de nos jours, d’oublier la « prédiction » formulée en 1950 par Robert Schuman – à savoir que l’Europe ne se ferait pas d’un coup ni dans une construction d’ensemble, mais plutôt à travers des réalisations concrètes créant des solidarités de fait.

      Par ailleurs, on ne doit pas non plus méconnaître une soupape de sécurité que ménage désormais le traité sur l’Union européenne sous la forme de « coopérations renforcées » à travers lesquelles quelques Etats membres peuvent promouvoir des avancées dans telle ou telle politique, en attendant que d’autres choisissent de s’y rallier eux aussi.

      Ces réflexions de ma part peuvent paraître très éloignées des considérations que vous développez sur le sujet très précis des retraites. Mais mon propos, dans une optique plus générale, était de rappeler quelques éléments de contexte dans lequel prend place une construction à laquelle je vous sais très attaché… quitte à faire montre d’une sympathique impatience.

  14. On pourrait à juste titre me reprocher un excès de bavardage en marge d’un thème – la réforme des retraites – au sujet duquel je n’ai pas exprimé de position détaillée quant au fond.

    A cet égard, je me limiterai à rappeler qu’en 2020 le Conseil d’Etat s’était exprimé sur la mouture d’un projet initial… en déplorant que le gouvernement ne lui ait pas laissé le temps nécessaire pour garantir la « sécurité juridique » du texte et que les projections financières de l’époque apparaissaient plutôt « lacunaires ».

    Pour en revenir à ma réponse à Mme Ascari, quitte à enfoncer (le plus délicatement possible) le clou, je reprends le clavier avec l’intention d’expliciter un point qui pourrait avoir laissé des lecteurs sur leur faim: ma mention des « collaborateurs » (terme sans doute trop vague) des ministres. Cette mise au point me semble d’autant plus appropriée qu’il s’agit d’un ressort non négligeable du processus décisionnel de l’UE.

    Pour simplifier, on peut considérer que le dispositif ainsi déployé se répartit sur deux étages:

    – d’une part, un rouage fondamental s’incarne dans le « COREPER », abréviation du Comité des représentants permanents des gouvernements des Etats membres, dont l’existence est mentionnée à l’article 16 § 7 du traité sur l’Union européenne et à l’article 240 du traité sur le fonctionnement de l’UE.

    Cette instance, qui est présidée à tour de rôle par le représentant de l’Etat membre qui assure semestriellement la présidence du Conseil, est composée des ambassadeurs de chaque Etat membre auprès de l’Union. Il s’agit de diplomates de haut vol chargés de préparer les différentes délibérations et les décisions des ministres réunis en Conseil. On ne saurait en effet imaginer que ces derniers étudient en personne et discutent chaque projet de texte soumis à leur approbation formelle. Dans la réalité, un travail de tri s’effectue à ce niveau des Représentants permanents, ce qui permet de ne laisser à leurs ministres respectifs que l’examen des dossiers les plus sensibles avant de se prononcer. Autant dire que les affaires ainsi évoquées au niveau strictement ministériel restent en général limitées en nombre, ce qui n’amoindrit pas – loin de là – leur importance politique.

    – d’autre part, en amont du COREPER, un dispositif préparatoire est également aménagé sous la forme de comités spécialisés et de groupes de travail réunissant des fonctionnaires et experts nationaux, soit directement attachés à chaque Représentation permanente, soit mandatés au cas par cas, en fonction des dossiers traités, par les ministères concernés.

    On osera espérer qu’en regard des explications ainsi développées la vision d’un système décisionnel à sens unique sous la coupe d’une Commission omnipotente aura été quelque peu tempérée par ces coups d’oeil sporadiques en direction des coulisses des institutions de l’UE.

    • Bonsoir Monsieur VERNIER.

      Merci pour ce dernier commentaire, je pense malgré tout qu’une réforme des institutions européennes comme nationale est souhaitable.

      Au niveau Européen, les différentes strates dans les processus d’études et décisionnels sont de nature à créer la confusion chez l’Européen lambda, de plus une présidence semestrielle du conseil est pour moi une absurdité, on arrive et on repart ?
      C’est entre autre pour de telles raisons que j’espère la finalisation politique de la construction européenne, qui sera pour moi source de clarté et d’efficacité.

      Au niveau national, la constitution actuelle est à bout de souffle, elle n’est pas représentative des aspirations du peuple Français, elle facilite des dérives anti démocratiques, la situation actuelle le prouve.

      Merci encore pour le dialogue que vous établissez avec nous tous, nous débattons et c’est super.

  15. « Ce passage à marche forcée constitue une faute majeure contre la démocratie. »
    Vous pourriez quand même rappeler que cette réforme a été élaborée après des mois d’échanges avec les partenaires sociaux et qui a ensuite été enrichie et amendée à l’issue de 175 heures de débat à l’Assemblée nationale et au Sénat.
    Ce n’est pas de la démocratie ça?

    • Bonjour Monsieur Robert BOURGAULT DU COUDRAY.

      Echanger s’en tenir compte des aspirations des interlocuteurs n’a pas de sens, ou est l’écoute, ou est le dialogue ?

      Si pour vous c’est de la démocratie, pourquoi alors avoir eu recours au 49-3 ?

  16. (A Sylvain Ascari)
    Monsieur le Procureur,
    Poursuivons donc une plaidoirie axée sur le rétablissement de « ce qui est » face à des extrapolations hasardeuses relevant du domaine des préjugés. On peut en effet redouter que, dans ce que vous présentez comme des constats, vos assertions n’oscillent entre deux sympathiques expressions populaires : « être à côté de la plaque » et « pédaler dans la choucroute ». On peut l’illustrer par deux exemples.

    1° Vous écrivez que je « concède » que les commissaires ne sont pas élus. Est-ce une « concession » ou, plus simplement, une « constatation » ? Et ce parce que, en loyal (du moins j’essaye) enseignant dans le monde universitaire – mon autre casquette – je m’efforce de combiner observation et explication.
    Cela dit, vous vous gardez bien d’ignorer (ou de feindre d’ignorer) le point névralgique de mon argumentaire : à savoir que les ministres, qui sont les interlocuteurs, à niveau égal, des membres de la Commission, ne sont pas « élus », eux non plus, pour l’exercice de leurs responsabilités au niveau national. Or, cela revêt d’autant plus d’importance si l’on veut bien se référer à un principe fondamental, inscrit à l’article 5 du traité sur l’Union européenne, en vertu duquel l’Union n’est habilitée à agir que dans les limites des compétences que les Etats membres lui ont attribuées pour atteindre les objectifs des traités … avec pour conséquence que toute compétence non attribuée à l’Union appartient aux Etats membres. Ce principe d’attribution doit, de surcroît, se combiner avec le principe de subsidiarité : à savoir que, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive (ces domaines sont bien circonscrits dans les traités), l’Union agit seulement si les objectifs d’une action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière suffisante par les Etats membres. Bien entendu, de son côté, la Cour de justice de l’UE veille au respect de ces délimitations.

    Je présume que je ne vous apprends rien à cet égard… mais une douce piqûre de rappel peut avoir occasionnellement ses vertus – le cas échéant, au-delà du dialogue bilatéral que nous avons entrepris. En outre, ces considérations sur le partage des compétences ne sont sans doute pas superflues lorsque l’on songe au fait que, contrairement à une fable propagée par des europhobes, la place qu’occupe la réglementation européenne dans les législations nationales se situe seulement entre 20 et 30 %, selon des études scientifiques dignes de foi.

    D’une manière plus générale – et pour faire justice de considérations « de salon » – on ne saurait négliger la présence très concrète, voire prégnante, des Etats membres dans le fonctionnement quotidien de l’UE. Pour une réflexion sur cette emprise, on peut se reporter à l’article « Souveraineté et suzeraineté nationales », que Sauvons l’Europe a publié sur le présent site le 9 octobre 2020 :
    https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2020/10/SLE-Souveraineté-Suzeraineté-10-20.pdf

    2° Quant aux pouvoirs du Parlement européen (avec une majuscule à « Parlement », svp… c’est une norme élémentaire d’orthographe institutionnelle), on peut craindre que vos allégations ne reposent sur une méconnaissance surprenante du droit et – surtout – des faits. Oser prétendre que l’assemblée qui pérégrine entre Bruxelles et Strasbourg n’a pas de pouvoir législatif relève assurément, sinon de la mauvaise foi, du moins de l’ignorance.
    On doit en effet souligner que les prouesses oratoires manifestées dans l’hémicycle (mais avec l’atténuation des élans que produit le multilinguisme !) ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le vrai boulot de nos élus, il s’élabore dans les commissions parlementaires qui étudient soigneusement chaque dossier et participent ainsi abondamment à l’élaboration de la législation avant qu’un texte ne soit adopté en session plénière, parallèlement aux « résolutions » axées sur des préoccupations essentiellement politiques.

    En outre, l’aboutissement d’une proposition législative implique très souvent de laborieuses discussions (voire de véritables négociations pied à pied) avec le Conseil avant adoption définitive… les ministres n’ayant pas nécessairement le dernier mot. Du reste, le terme « amendement » prend à cet égard tout son sens : ne se limitant pas à des modifications techniques, l’amendement parlementaire permet, comme dans un jardin, d’enrichir substantiellement l’humus.
    Si vous avez la curiosité de vous reporter au « coup de périscope » que Sauvons l’Europe publie de manière récurrente, vous aurez au moins un aperçu de quelques-unes de ces réalités. De même, pour une vue beaucoup plus complète et approfondie du fonctionnement du Parlement européen, n’hésitez surtout pas à naviguer sur le site du Parlement. Rien n’est autant revigorant qu’un bain de jouvence à la source…

    Pour finir, je peux très bien admettre – qui ne le ferait pas ? – que des scandales récents ont pu ternir l’image du Parlement européen…qui a lui-même rapidement réagi en révisant son règlement intérieur dans le sens d’une vigilance accrue et en sanctionnant les fautifs. Mais la présence de quelques brebis galeuses devrait-elle conduire à euthanasier l’ensemble du troupeau ? De même, en se positionnant à ras de terre, des regards se sont attachés à déceler quelques champignons vénéneux, négligeant le fait que ces derniers risquaient de cacher la forêt. Fort heureusement, celle-ci est aussi peuplée de chênes vigoureux. Parmi les parlementaires français, ils ont eu – ou ont encore – pour noms Jean-Louis Bourlanges (centriste), Bernard Guetta (tendance « Renaissance » de gauche), Sylvie Guillaume (socialiste) ou Francis Wurtz (communiste). Ce sont des figures emblématiques du travail constructif dont peut se prévaloir le Parlement européen.

    • Une omission tout à fait involontaire: au rang des figures emblématiques du travail parlementaire, je m’empresse d’ajouter le nom de Daniel Cohn-Bendit… qui, quelques années après 1968, a apporté un souffle nouveau à ce travail. GV

  17. A Sylvain Ascari (suite 1)
    Monsieur le Procureur,

    Venons-en maintenant à un volet de votre réquisitoire qui témoigne (si l’on peut dire en se référant à la plaidoirie d’un accusateur public) pour le moins de quelques approximations.

    Ainsi, vous évoquez des propos attribués à Laurent Fabius. On peut très bien tenir pour possible que, selon votre affirmation, il « clame quotidiennement » que « l’Europe, c’est la paix ». Et vous reliez ce discours à une campagne électorale pour convaincre les Français de voter en faveur du traité européen. Mais… de quelle campagne référendaire s’agissait-il ? Celle précédant le vote positif (de justesse) sur le traité de Maastricht en 1992 ? … car, quelques années plus tard, en 2005, le même homme politique a préconisé le « non » au traité dit sur la « constitution européenne » – une consultation particulièrement clivante au sein des socialistes de l’Hexagone.

    Effectivement, pour de bonnes ou de mauvaises raisons (et souvent sans lien avec la question posée… le défaut de la cuirasse des referendums), le vote négatif l’a emporté tant en France qu’aux Pays-Bas. Cela dit, lorsqu’il est revenu au gouvernement en qualité de ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a joué avec loyauté le jeu du traité de Lisbonne entré en vigueur en 2009 – traité qui, par-delà ses insuffisances ou ses lourdeurs, donnait un nouvel élan à l’Union européenne, enfin dotée de quelques moyens de préserver des valeurs démocratiques et humaines et d’entreprendre des actions correctrices dans la jungle de la mondialisation.

    Cette question particulièrement sensible de la paix vous conduisant à évoquer le conflit russo-ukrainien, vous ne lésinez pas sur le recours à un manichéisme sommaire accusant l’Union européenne de privilégier la fourniture d’armes au lieu de déployer des efforts diplomatiques. Or: d’une part, ces efforts sont loin d’être absents (merci, là encore, si vous vous donnez la peine de relire les « coups de périscope » publiés sur le site de Sauvons l’Europe); d’autre part, l’UE qui, tout en n’ayant pas encore atteint un degré suffisant de progrès vers une Europe de la défense, pouvait-elle rester les bras résolument croisés en présence de la résistance du peuple ukrainien face au déni du droit international de l’agresseur ? Fallait-il répéter les erreurs des gouvernements que l’on peut qualifier de « démocratiques » des années 30 mais se gardant « prudemment » d’appuyer le combat des Républicains espagnols contre le « Poutine » de l’époque… un certain Franco ? On peut craindre que vos prises de position, étonnamment conservatrices en regard de la promotion du « social » que vous encouragez par ailleurs, ne soient le fruit d’une curieuse cécité politique.

  18. A Sylvain Ascari (suite 2)
    Monsieur le Procureur,

    Quant à, précisément, déplorer l’absence d’une Europe sociale, croyez bien qu’on peut le regretter autant que vous. Mais, là encore, les responsabilités doivent être clairement établies.

    Or, pour qui suit avec constance, voire persévérance, le laborieux chantier de la construction européenne, une constatation s’impose: si la première Communauté européenne – celle du charbon et de l’acier – comportait, grâce à ses promoteurs et parallèlement à la lutte contre les cartels, de notables avancées sur ce terrain par le biais d’actions sociales concrètes en faveur des mineurs et des sidérurgistes, la suite a montré que, quelques années plus tard, cette dynamique ne convenait plus tout à fait aux Etats membres de la CEE – puis de l’UE – particulièrement jaloux de leurs compétences éminentes en matière sociale. La Commission dispose d’une certaine marge en termes de coordination, mais beaucoup moins au niveau des impulsions plus ou moins décisives sur ce terrain très sensible.

    Cela dit, la récente crise sanitaire a montré que, dans l’urgence – et après un vent de panique du côté des Etats membres se prêtant initialement au jeu hasardeux du « chacun pour soi » – le chemin raisonnable de l’efficacité n’était pas totalement perdu si, là encore, des compétences d’intérêt général sont confiées – avec discernement – à la Commission. La perspective de bâtir une véritable « Europe de la santé » a également commencé à s’ancrer dans les mentalités nationales, y compris au niveau des opinions publiques, dont le bon sens a perçu le besoin d’une telle entreprise.

    Tout cela peut paraître compliqué… mais pas au point d’être illusoire lorsqu’on revient sur terre. Pour ma part, il m’arrive souvent de me demander si, en guise de symbole susceptible de compléter sa devise déjà très éloquente « Unis dans la diversité », l’UE ne pourrait aussi s’approprier la célèbre formule de Mark Twain (que j’ai vu refleurir en mai 68): « Ils ne savaient pas que c’était impossible. Alors, ils l’ont fait… »

  19. A Sylvain Ascari (suite 3)
    Monsieur le Procureur,

    Puisque vous remettez sur le tapis la « tarte à la crème » (attention, ça peut être préjudiciable au tapis) du lobbying, oserait-on vous mettre en garde contre des interprétations à sens unique ?

    Les « milliers de personnes qui font le siège de l’Union européenne »? Une évaluation scientifique exigerait sans doute un chiffre plus précis… mais admettons que, même vague, l’ordre de grandeur ne soit pas erroné.

    Alors, en premier lieu, permettez-moi d’insister sur le fait que les « influenceurs » ne sévissent pas qu’à Bruxelles ou à Strasbourg. Ainsi, conscient de me répéter – mais le clou peut s’avérer dangereux lorsqu’il n’est pas correctement enfoncé – je maintiens qu’il s’agit d’un phénomène beaucoup plus large, qui affecte aussi l’échelle nationale, y compris au niveau local: la presse s’en fait ponctuellement l’écho. Sur ce terrain, par exemple, la FNSEA joue habilement aussi bien à domicile qu’en déplacement à Bruxelles ou Strasbourg. Et on pourrait longuement épiloguer sur les exploits du cabinet McKinsey, récemment dévoilés, auprès de certains dirigeants.

    En deuxième lieu, si la scène européenne attire tout particulièrement le regard, c’est tout simplement parce que des dispositifs orientés vers le souci de transparence ont été mis en place sur ce terrain hautement délicat. Ainsi existe-t-il une obligation pour les commissaires et les hauts fonctionnaires placés sous leur autorité de déclarer toutes les réunions auxquelles ils peuvent participer avec des représentants des organisations concernées. De même, ces dernières sont tenues de s’inscrire dans des registres spécialement dédiés qui concernent la plupart des institutions de l’UE. On peut toujours faire davantage et mieux … mais il serait excessif de jeter le bébé avec l’eau du bain lorsqu’on avance des certitudes à sens unique. En outre, en matière de transparence, ne négligez pas les très fréquentes consultations publiques auxquelles recourt la Commission avant de présenter une initiative. D’une certaine façon, elle n’attend pas que Lagardère (tiens, tiens…) vienne à elle: elle sonde quotidiennement une audience potentiellement très large. Malheureusement, cette pratique, qui s’adresse en effet à tous les Européens, des citoyens jusqu’aux opérateurs économiques, est largement occultée par l’information sur l’Union européenne.

    Enfin, la pratique imputée aux lobbies de proposer parfois – adverbe assurément indispensable si l’on veut garder un certain sens de la mesure – n’est certes pas une illusion d’optique teintée de médisance. Cela dit, le processus décisionnel tel que je l’ai évoqué dans une autre réponse ne peut être assimilé à du « béni-oui-ouisme »: fort heureusement, le rôle de la Commission ne se réduit pas celui d’un valet et le Parlement européen à celui d’une chambre d’enregistrement. Ce dernier, par exemple, dispose – je le rappelle – d’un pouvoir d’amendement amplement utilisé (sans nier que, le cas échéant,en cours de route,tel ou tel amendement puisse être inspiré par des lobbies !)

    Attention, donc, aux sirènes du « fakisme » ! – un néologisme que je me suis permis de forger sur la base de l’expression « fake news »… et ce n’est pas de ma faute si ce terme constitue, accessoirement, une rime riche par rapport à celui qui qualifie une dangereuse dérive idéologique des années 30… ce que je me garderai de vous imputer !

  20. Pour rajouter aux joutes, exprimées avec plus ou moins de véhémence, sur le bien-fondé de l’Europe, bien qu’en partie d’accord avec les idées exprimées, j’estime regrettable que ces appréciations aient été formulées de façon aussi manichéenne dans un style à l’emporte-pièce sur des sujets controversés. Certes, tout n’est pas positif dans la construction européenne, loin de là, mais tout n’est pas à rejeter non plus. La construction de l’Europe est le réceptacle d’un ensemble inachevé, où il est aisé de formuler des critiques, soft power oblige. Il faut bien reconnaitre que de nombreuses erreurs ont été commises, qu’on peut sans doute attribuer à des défauts de jeunesse, mais il fallait peut être en passer par là. Nous ne pouvons pas refaire l’histoire, le temps est désormais révolu de savoir s’il fallait intégrer, plutôt qu’élargir l’Europe avec un agenda aussi serré. Non, cette dernière ne peut être tenue responsable de tous les malheurs que connaissent aujourd’hui nos démocraties occidentales et le monde. L’Europe a bon dos.

    Parmi les nombreux griefs que vous imputez au fonctionnement de l’UE, vous soulignez avec raison le rôle souvent néfaste des lobbies, des « pressures groups » qui nous viennent d’outre Atlantique, mais ils ne sont pas l’apanage de l’UE, car ils sont également à l’œuvre dans les Etats membres où, là aussi, les fonctionnaires nationaux acceptent volontiers des documents « clef en main ». Peut-on vraiment parler de la « volonté des peuples » comme vous le soulignez lorsqu’au niveau national, dans l’un des principaux Pays membres, les Assemblées consultatives tel le Conseil économique, social et environnemental ou les deux Assemblées parlementaires ne jouent plus entièrement leur rôle, ce qui n’est pas le cas du fonctionnement communautaire.

    Alors, la guerre en Ukraine et ce qui en découle, les changements climatiques, l’économie en berne et pourquoi pas la Covid, etc…sont-ils aussi la faute à l’Europe ? Devons-nous vraiment penser que sans Europe ces malédictions n’auraient pas eu lieu ? Il faut faire attention car l’UE est en grand danger de désintégration. Maintenant, ajustons un peu nos lunettes en essayant de regarder plus loin. Imaginons la situation que nous vivons actuellement au niveau international sans Europe. Il faut bien reconnaitre que nos pays européens, isolément, auraient plus de mal à lutter contre l’adversité. Oui, aujourd’hui l’Union européenne appelle des appréciations plus nuancées que celles que vous avez précédemment énoncées. Pour nous aider à cet exercice il est bon parfois de nous rappeler la dynamique de la campagne « pédagogique » de l’ex Direction générale de l’Information (DG X) de la Commission sur « les acquis communautaires » que vous connaissez certainement.

  21. (à Sylvain Ascari)

    Merci pour votre nouvelle contribution (20 avril) à la poursuite de notre dialogue, dont on peut espérer qu’elle permettra un complément d’éclairage quant à notre « ressenti » respectif au sujet de l’Union européenne.

    En apparence, il semblerait qu’en essayant de trinquer à un breuvage commun l’un se réjouit du verre à moitié plein tandis que l’autre déplore qu’il soit à moitié vide.

    On peut aussi constater que, le 18 avril, un nouveau commentaire, signé Denis Pourchet, s’est ajouté à nos échanges. En termes sans doute moins tranchants que les miens, il rejoint un certain nombre de mes considérations sur le fonctionnement concret de l’UE, trop souvent mal expliqué au grand public et donc à l’origine de quelques confusions.

    Je m’empresse aussi d’ajouter que je vous sais gré d’avoir attiré l’attention sur les propos de Michèle Rivasi. Cette dernière met judicieusement le doigt sur des dysfonctionnements récents identifiés au plus haut niveau de la Commission européenne – ce qui ne signifie pas nécessairement que l’ensemble des effectifs de cette institution seraient éligibles à l’appellation de « dysfonctionnaires »… bien au contraire. Aussi, pour qualifier les agissements d’Ursula von der Leyen en regard de l’exigence légitime de transparence, d’aucuns peuvent hésiter entre maladresse et faute politique. Mais, en tout état de cause, un tel comportement ne peut qu’alimenter les regrets de l’époque où Jacques Delors était à la tête de la Commission. D’une certaine façon, une référence familière conduirait à acter que les deux personnalités ne jouent pas dans la même cour…

    Quant aux suites à donner au défaut de transparence ainsi critiqué, les voies judiciaires évoquées par Michèle Rivasi constituent certainement des pistes non négligeables. Mais, pour ma part, je n’exclurais pas que la Cour des comptes européenne puisse elle aussi mettre son « grain de sel »… sachant qu’une bonne « poivrade » peut également assaisonner un plat qui réclame autre chose que de l’insipidité.

    De même, je me suis senti en symbiose avec Paul Magnette, aujourd’hui chef de file des socialistes belges, lorsqu’il dénonçait les errements du traité dit « transatlantique  » négocié en 2013.

    Cela dit, notre convergence de vues sur l’épisode regrettable du « silence sur les vaccins » n’empêche pas que nous portions des appréciations divergentes sur d’autres aspects – l’épineux aride ne devant pas, à mon sens, cacher la forêt des espèces plus fructifères.

    Ainsi, pour me limiter à un exemple, m’est-il difficile de vous suivre lorsque vous prétendez que les institutions européennes se rendraient coupables d’une destruction de la planète. Ce genre d’affirmation à 2 balles (pardon pour cette familiarité) représente la négation-même des efforts entrepris depuis longtemps par le Parlement européen et la Commission pour, au contraire, promouvoir des politiques environnementales d’avant-garde, souvent bien en avance sur la timidité des Etats membres de l’UE sur ce terrain sensible. En particulier aujourd’hui, l’objectif de la Commission d’établir un lien entre politique agricole commune et défense de l’environnement va bien au-delà des préoccupations purement productivistes qui ont longtemps caractérisé la politique agricole européenne.

    S’il est par ailleurs un autre domaine où ces deux institutions se sont montrées exemplaires, c’est celui de la coopération européenne au développement en faveur des pays du Tiers Monde: en particulier, deux commissaires à la forte personnalité – les socialistes Claude Cheysson et Edgard Pisani – ont été à l’origine d’impulsions décisives, à l’opposé des relents de colonialisme qui pouvaient encore imprégner le comportement de certains Etats membres. Du reste, chacun d’entre eux a investi dans cette tâche son « équation personnelle » (désolé…): le premier en faveur de l’industrialisation de l ‘Afrique; le second au profit de son développement rural, compte tenu de sa grande expérience en matière agricole; son ouvrage « prophétique », paru en 2004 sous le titre « Un vieil homme et la terre » (Le Seuil) mérite une lecture attentive et en profondeur – comme, du reste, tous les ouvrages que ce grand homme, dévoué au service public a écrits. A chacun ses références, ce qui n’atténue en rien ma sympathie pour Mme Rivasi…

  22. des commentaires dont bien peu s’inscrivent dans une vision européenne et qui ne souligne même pas que la France garde l’âge de départ à la retraite le plus bas d’Europe !!

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