Pour un pass transports en commun européen

Il faut une Europe des projets concrets et ne pas avoir la tête dans les étoiles, nous dit on régulièrement. Fort bien. Sauvons l’Europe propose donc aujourd’hui un droit nouveau pour les Européens : être partout chez eux.

La liberté de déplacement est un des droits fondamentaux que nous avons acquis au sein des frontières européennes, avec notamment la suppression des contrôles douaniers tatillons et la mise en place d’une monnaie commune. Mais quel embarras quand on arrive quelque part, que de devoir déchiffrer des indications sur les tickets de transport urbain et examiner les options disponibles. Pourquoi ne pas interconnecter nos abonnements aux transports en commun ? Pourquoi ne pas simplement avoir à se demander quelle est la bonne ligne ?

Nous proposons donc que tout Européen qui dispose d’un abonnement à son système de transport urbain puisse lorsqu’il se déplace utiliser sans surcoût les transports locaux. Il s’agirait en outre d’une puissante incitation à employer les transports en commun plutôt que la route. Nous avons vu l’impact des décisions du gouvernement Allemand sur une tarification unique du rail.

Mais est-ce raisonnable ? Est-ce même possible ? Qui assumerait le coût ? Comment assurer l’interopérabilité technique des systèmes ? Comment éviter la fraude avec des achats de forfaits peu chers sur d’autres territoires ?

De bien belles préoccupations qui trouveront réponse auprès des autorités compétentes s’il faut mettre en œuvre cette idée. Jetons cependant ici quelques pistes.

Ce projet n’a nul besoin de couvrir d’un coup toutes les villes d’Europe. Il peut parfaitement débuter sur la base de collectivités volontaires et s’étendre jusqu’à devenir quasiment universel. Une structure de coopération bénéficiant de financements européens ou d’une cotisation des membres peut être un noyau de départ.

Le coût peut être largement maîtrisé dès lors que les abus sont contrôlés. Une idée simple pour y parvenir est de limiter ce droit de tirage à quelques jours par an dans chaque ville, deux semaines par exemple. Ceci empêcherait en pratique de payer à un endroit différent de celui où l’on vit, et réduirait l’étendue des transports non couverts par le système de tarification local. Un financement européen additionnel ou un fonds de péréquation des membres pourrait dès lors suffire à absorber le coût de ces transports.

La technique semble également surmontable pour tous les réseaux urbains qui se sont dotés de cartes lisibles par des bornes. D’une manière où d’une autre, celles-ci incorporent un identifiant et une base anonymisée pourrait donc permettre aux différentes collectivités de vérifier l’existence d’un forfait en cours sur une carte. Ceci est d’autant moins un obstacle que plusieurs réseaux de transports s’appuient sur la technologie Calypso, développée dans un projet européen et détenue par un organisme non lucratif.

Ce ne sont que quelques idées incomplètes, mais qui permettent d’apprécier la faisabilité globale d’un tel projet. Il n’attend que la mobilisation de quelques collectivités européennes pour en poser les premières bases et apporter un nouveau droit à leurs habitants.

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9 Commentaires

  1. Très bonne idée…. Encore faudrait t’il que l’écartement entre les rails soit le même…
    1,45 m en France… qui correspond par pur hasard aux sillons laissés par certains tracés de chariots romains…
    On avance…

    • C’est effectivement essentiel. Si l’écartement à Berlin n’est pas le même qu’à Paris, comment pourrait-on aller en métro de Paris à Berlin? Ou alors, il faudrait faire un changement de bogie quelque part à mi-chemin, en réservant un lieu à cet usage dans le tunnel joignant les deux villes.

  2. Bonjour,
    merci pour cet article, question intéressante en effet,
    autre exemple, je veux prendre des billets de train pour Amsterdam mais la SNCF n’accepte pas le paiement en chèques vacances pour des voyages « à l’étranger »…Aberrant, non ?!
    Tout le meilleur, Vive l’Europe

  3. Bonjour.

    Le thème de cet article est très intéressant et fédérateur, il se heurte malheureusement à la dure réalité du terrain comme le souligne certains commentaires ci-dessus.
    Il fait à nouveau ressortir l’incapacité de l’Europe a agir dans différents domaines (transports, douanes, armée et armement, etc, etc…), incapacité du essentiellement à la non finalisation d’une véritable gouvernance européenne, qui ne se fera s’en doute jamais, trop d’occasions manquées dans le passé qui aurait pourtant permis de la faire.
    Le vrai idéal européen me semble battre de l’aile, on parle d’intégrer de nouveaux pays qui attendent, on va le faire sachant qu’ils ne sont pas prêt, on accentuera l’impossibilité de gouverner correctement, cette impossibilité fera le jeu surtout d’un pays qui a l’air actuellement de nous tourner le dos, ils lorgnent entre autres cette main d’œuvre peu chère, etc, etc….

  4. Très bonne idée !
    Et je ne vois pas en quoi la largeur des rails posent un problème, vu qu’il ne s’agit pas ici d’un projet de chemins de fer internationaux mais seulement d’un abonnement aux transports en commun qui serait valable dans certains voire tous les pays de l’union européenne.
    Et l’absence de gouvernement commun n’empêche pas non plus de se mettre d’accord sur un tiquet spécial valable dans toute l’Europe.
    Nous avons déjà l’euro, nous pouvons réussir aussi ce projet.
    Alors allons y !

  5. Voilà en effet une idée qui peut transporter d’aise celles et ceux qui restent fidèles à l’esprit – voire à la lettre – de la déclaration Schuman du 9 mai 1950 mettant, en « ticket » avec Jean Monnet, le convoi européen sur les rails – je cite de mémoire: « l’Europe ne se fera pas d’un seul coup ni dans une construction d’ensemble, mais par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait ».

    Cela dit, je me permets d’ajouter, pour l’anecdote, cette expérience personnelle: familier du trajet Bruxelles – Paris (et retour), je choisis parfois d’acheter un carnet de billets utilisables sur les transports en commun parisiens dans les magasins de presse situés en gare de Bruxelles. C’est pratique pour éviter les files pour le moins impressionnantes qui, au débarquement du « Thalys », se forment à la gare de Paris-Nord auprès des distributeurs de billets « RATP ». Mais, sauf erreur de ma part, c’est nettement plus cher que les mêmes billets fournis par lesdits distributeurs.

  6. Très bonne idée. Ne pas oublie qu’une grande partie des habitants de l’Union ne vivent pas dans des villes et qu’ils n’ont donc pas d’abonnement de transport. Prévoir donc une solution pour eux aussi ( je suis concerné et intéressé par ce pass). D’autre part ne pas lui choisir un nom en anglais ou dans une langue nationale : faire vraiment quelque chose en respectant toutes les langues. Dankon.

  7. Bonjour, bien sûr qu’il faut aller dans ce sens, et contribuer ainsi au sentiment positif qu’il peut y avoir à être européen. Mais je vous trouve bien timoré dans votre proposition en ne raisonnant que sur les transports urbains.
    Et une proposition plus large, plus universelle serait-elle plus complexe à mettre en oeuvre ? Imaginons :
    – Une carte de transport en commun terrestre, universel sur toute l’Europe ; son coût annuel pour l’usager, disons 700 € soit 2€ par jour, soit un ticket de bus quotidien environ. La carte donne accès gratuit à tout transport en commun (bus, autocar, ou train) assuré par une compagnie ayant contractualisé avec le gestionnaire européen du système.
    – Chaque usager utilisant un transport en commun présente sa carte, ce qui enregistre son trajet. Ce qui n’empêche pas un non titulaire de carte de pouvoir , bénéficier du transport en réglant son coût unitaire comme actuellement.
    – Le coût de chaque trajet (forfaitaire ou à la distance) a été identifié et validé dans la contractualisation entre la compagnie de transport et le gestionnaire européen du système. La mise en concurrence entre divers prestataires et tout à fait possible.
    – Chaque compagnie gestionnaire du transport, facture régulièrement, au gestionnaire européen du système selon les passages comptabilisés au vue des cartes présentées.
    – Liberté est laissée à chaque collectivité locale ou état, d’avoir sa propre politique sociale, en aidant à l’acquisition de la carte selon le revenu, l’âge, la situation sociale…
    – Bien entendu les transports aériens en sont exclus.

    Si 60 % des européens souscrivent une carte annuelle à 700 €, combien cela fait-il ? comparé au coût de fonctionnement global des sociétés de transport en commun de combien de combien faudrait-il que l’Europe abonde en complément ? Un tel système universel offert, ne constituerait-il pas une vraie incitation forte au transport collectif terrestre ?

    Ne serait-il pas un vrai marqueur révolutionnaire du bénéfice à être européen, au même titre que la disparition des postes de douane aux frontières ?

    Et serait-il si compliqué que cela à mettre en oeuvre ?

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