Identité européenne, entre volonté et faisabilité

Le point de départ de la plupart des débats sur l’identité européenne repose sur l’idée qu’une communauté politique a besoin d’un ensemble de valeurs et de références communes afin de garantir sa cohérence, de guider ses actions et de doter ces dernières d’une légitimité. La question est donc de mettre en avant les aspects identitaires qui lient les Européens entre eux afin de bâtir une culture politique commune et d’ancrer les différentes identités nationales au cadre européen. D’une part, les études montrent que le ciment n’unit que théoriquement les européens entre eux, puisque qu’un repli sur l’identité nationale, régionale est un fait avéré. D’autre part, la participation politique relativement faible et l’attachement peu profond à l’U.E. posent un problème de légitimité à cette dernière.

Une notion ambiguë.

L’identité européenne demeure en effet une notion ambiguë. De multiples visions du « fait » européen s’enchevêtrent sans pour autant se superposer : la réalité historique de l’Europe ne coïncide pas avec les données physiques ou géographiques. L’accélération du processus de construction européenne conduit les citoyens comme les responsables politiques à s’interroger sur l’avenir des organisations fondées sur l’adéquation entre état, nation et territoire. Ces interrogations prennent place dans un contexte dans lequel se développent à la fois un sentiment de fragilité face aux processus de globalisation. « Mais c’est également un mélange de cultures, une diversité qui nous permet de promouvoir la tolérance et le respect mutuel » (Clara SOMMIER).

« De l’Atlantique à l’Oural », sommes-nous « Unis dans la diversité »?

Dans l’évolution de l’humanité, le concept d’Europe est tout à fait récent. Avec la chute du communisme en Europe de l’Est et la fondation de l' »Union européenne » en 1992 avec le Traité de Maastricht (donnant à la communauté européenne de nouvelles compétences), l’U.E. repose sur « des principes de liberté, de démocratie, du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et de l’Etat de droit ». L’U.E. a le devoir de promouvoir la diversité de ses cultures, tout en « mettant en évidence l’héritage culturel commun ». Concernant la construction juridique de cet espace supranational sans équivalent, cela suppose un sentiment d’appartenance à un territoire, une identité commune, des valeurs approchantes.

Les incertitudes entourant le projet européen résultent, selon Dominique Strauss-Kahn, d’une crise de légitimité et de l’absence d’identification populaire. Les travaux de Sylvie Goulard mettent l’accent sur la nécessité de poursuivre l’intégration européenne tout en invitant à un débat public accru sur les enjeux européens. L’Europe doit se faire à l’avenir en impliquant beaucoup plus les Européens, en les préparant à être des citoyens informés et actifs : à cette fin, les échanges, l’enseignement des langues sont essentiels. Elle appelle aussi à prendre au sérieux les doutes exprimés par les populations face à une entreprise européenne dont elles comprennent mal le sens. Ayant pris en compte les analyses de Sylvie Goulard, surtout il ne faut pas éviter le débat: « de l’Atlantique à l’Oural », sommes-nous déjà « Unis dans la diversité »? Le peuple européen existe-t-il? Ou bien, est-ce au Fédéralisme de faire naître l’identité européenne (à grand renfort de traités incompris par les citoyens)? Dont acte.

Faire émerger une identité européenne.

Les libéraux et les républicains défendent une culture politique commune reposant sur des principes universels de démocratie, de droits humains, de l’état de droit exprimés dans le cadre d’une sphère publique commune. Selon eux, l’identité européenne se formera à partir de pratiques politiques et civiques communes, des organisations de la société civile et d’institutions européennes fortes. Selon ce point de vue, « Unie dans la diversité » signifie que les citoyens partagent les mêmes valeurs politiques et civiques, tout en ayant des pratiques culturelles différentes. Les constructivistes pensent qu’une ‘identité européenne’ pourrait naître de la coopération et des échanges intenses au niveau civique, politique et culturel. Les identités étant en constante évolution, « l’identité européenne » comprendrait de multiples significations et serait constamment redéfinie à travers la relation à l’autre. « Unie dans la diversité » signifie la participation à des pratiques politiques et culturelles communes.

Identité européenne et question religieuse.

Les représentants de l’église catholique ont été parmi les acteurs les plus importants dans les débats sur l’identité européenne. Dans un message adressé aux membres du Parti Populaire Européen (PPE) le 30 mars 2006, le Pape Benoît XVI a déclaré que l’Europe devait mettre en valeur ses racines chrétiennes et renforcer son sentiment d’appartenance à une civilisation commune afin de mieux relever les défis à venir. Selon la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), une référence explicite à Dieu ou au christianisme « aurait constitué un signal fort vers l’idée d’identité européenne ». Les droits et valeurs universels, comme la démocratie ou l’état de droit, se sont développés à partir de l’héritage chrétien.

L’Union européenne doit contribuer « à l’épanouissement des cultures des Etats membres dans le respect de leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l’héritage culturel commun » (article 128 du traité de Maastricht).

OUI, l’espace européen offre à l’être humain liberté, respect et possibilité de commercer, de se déplacer, de se développer.

OUI, l’identité européenne est présente certes, mais insuffisamment. Des enseignants européens soutenus par les responsables politiques, la multiplication des échanges et l’accentuation de l’apprentissage des langues étrangères peuvent y remédier.

OUI, l’identité européenne existe et s’accentuera dans l’âme des européens, à condition aussi que les responsables politiques acceptent que l’approche intergouvernementale est démodée et peu efficace.

Pierre-Franck HERBINET

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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