Face au choc, plus que jamais europrogressistes !

Comment avons-nous pu tomber si bas ? La séquence électorale que vous venons de vivre nous laisse un goût amer et le sentiment d’un immense gâchis.

Les causes de notre déliquescence démocratique sont connues, à défaut d’être traitées :

La Ve République encourage le clivage et la polarisation au lieu du compromis et du consensus. L’illusion du pouvoir absolu confié à une seule personne magnifie les désillusions face aux accommodements imposés par la réalité. L’invective et l’opinion ont pris l’ascendant sur le débat et l’information dans de nombreux médias. Les responsables politiques pratiquent trop souvent une forme de séparatisme en ne s’adressant qu’à leurs bases militantes et non aux citoyens dans leur ensemble. Les élites intellectuelles du pays ont par conséquent déserté depuis longtemps un champ politique mortifère, tandis que le culte antique de la Charte d’Amiens interdit aux organisations syndicales de faire bénéficier les partis de leur expertise et compétence. L’absence d’un statut pour les élus les condamne à faire de leur réélection le seul horizon possible, justifiant ainsi toutes les compromissions. Dans ce climat, le budget consacré aux institutions démocratiques est perçu comme une gabegie et non comme un investissement indispensable à la réalisation de l’intérêt général.

Ce renferment de la sphère politique sur elle-même ronge les possibilités d’existence d’un débat démocratique sur les alternances possibles. Et voilà que le résultat du second tour des élections législatives solde l’éclatement politique de la France en trois blocs étanches, qui embrassent chacun une forme de radicalité pour s’imaginer un avenir en silo. Cette incommunicabilité artificielle estompe la nature bien spécifique d’une de ces radicalités, qui ne peut se comparer aux deux autres ni dans ses fondements, ni dans sa réalité concrète. Nous nous sommes époumonés à alerter sur l’angle mort d’un débat électoral qui s’évertuait à glisser sur la question centrale du front républicain. La haine de tous envers tous n’est pas acceptable en démocratie, qui ne peut confondre adversaires et ennemis.

Nous découvrons à présent une autre forme de radicalité, aujourd’hui majoritaire en France : l’abstention. Elle est une nouvelle expression de la crise générationnelle, qui sépare les classes d’âges qui votent encore, et celle qui se considèrent à raison du mauvais côté d’un « Yalta générationnel » en matière de dette climatique et de pouvoir de vivre.

Pourtant, nous pensons que nos concitoyens méritent mieux que ce triste spectacle, eux qui sont si nombreux à s’engager au quotidien dans un bénévolat désintéressé ou à soutenir ceux qui œuvrent à une société plus solidaire. Les militants politiques et syndicaux, notamment, ont pour la plupart un engagement sincère au service de l’intérêt général. Le débat démocratique ne devrait pas être irrémédiablement un pugilat et la visibilité médiatique corrélée avec l’exacerbation des idées.

Le premier réflexe, quand on est plus accoutumé au pouvoir sans condition, semble être de le réclamer encore à ses opposants. C’est une piètre satisfaction d’anticiper que, d’ici un apprivoisement raisonnable de la situation par les forces en présence, nos concitoyens pourront compter sur l’existence d’un cadre européen politique et économique, qui supplée au mieux quand l’une ou l’autre des démocraties, parmi les 27, devient momentanément ingouvernable. Ainsi, il existera a minima un cadre européen en matière de climat avec le Green Deal, dans l’attente que se trouve une majorité sur ces sujets à l’Assemblée nationale !

Beaucoup avait été dit sur les avantages comparés d’un maintien et d’un report de la présidence française de l’Union européenne… Force est de constater que le calendrier finalement choisi aura au moins épargné à l’Europe une présidence française avec un gouvernement minoritaire ! Quant à se projeter vers une future réforme de l’Europe, les différents gouvernements français avaient jusqu’à présent la sécurité de recourir à la formule d’un vote parlementaire pour contourner l’imprévisibilité du référendum. Pas sûr que ce dernier vote n’ait pas temporairement fermé la porte.

Et pourtant, ce constat de la difficulté d’une modification des traités ne doit pas être un frein à la recherche d’une réforme ambitieuse, car le modèle européen repose sur des exigences sociales et environnementales élevées. Des coopérations renforcées peuvent être initiées pour contourner les blocages. Tout en reconnaissant le long chemin parcouru depuis sa fondation, l’Union européenne doit – et devra continuellement – aller plus loin, démontrant ainsi chaque jour sa plus-value et la force de ses valeurs humanistes.

Le combat politique europrogressiste pour le respect absolu de la dignité de la personne humaine reste notre horizon, face aux conservateurs, et contre les populistes.

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34 Commentaires

  1. Il est vrai que c’est à désespérer du debat politique dans notre pays, du moins lorsqu’il se cantonne aux « professionnels » de la chose…

    • J’aimerai savoir dans quel pays c’est mieux, je veux dire en ce qui concerne les résultats pour les gens moyens et modestes, bref pour le bien-être de la population en général (je ne parle pas des plus riches…). Si vous avez des exemples précis, je suis intéressée.

  2. Il reste à la France à prendre exemple sur la Belgique et troquer une république monarchique pour une monarchie républicaine…

  3. Mais le choc reste à venir…
    Quand la NUPES comprendra que son programme participe encore un peu plus à la ruine de la France, ce sera l’heure de la désillusion.
    Quand Le RN comprendra que c’est Maruine qui s’écrit, ce sera l’heure du « Nous n’oublierons pas »…
    Vous croyez que la France à le droit de se tromper de pilote ?
    Mélenchon ou Lepen c’est la mort assurée de la France…
    Macouronne n’est certes pas parfait… mais il tient le fil du rasoir…
    Le problème du rasoir c’est qu’il coupe aussi les gorges.
    Alors tout comme l’Abbé Cochon, prions pour ne pas perdre le fil du temps.
    Et précisons grâce à cette flêche du temps et puisque la peur s’installe, que les mesures de rétorsions de tel ou tel parti ne serviront à rien.
    La peur, L’intimidation s’arrêtent au pied de l’escalier… en haut vous y découvrirez mon statut.

  4. Je continue de voter mais très sincèrement, je me demande à quoi cela sert ? Je comprends les abstentionnistes qui s’aperçoivent au fil des élections que rien ne change. L’argent dirige et contrôle tout, certains se gavent de pognon quand d’autres, qui pourtant travaillent, peinent à se loger, à manger et font une croix sur les petits plaisirs de la vie. L’égoïsme est au centre des problèmes de la société. Je suis constamment révolté ! JP

    • Profitez-en… Vous avez encore le droit de parler…
      Bientôt Trump reviendra au pouvoir et vous l’écouterez parler… et puis bientôt Poutine ou Xi Jinping gardera le pouvoir et vous ne parlerez plus, et puis bientôt Maruine sera au pouvoir et vous ne l’oublierez plus et puis bientôt Melenchon sera au pouvoir et vous ne rêverez plus.
      Profitez de l’instant présent.

  5. Je serais plus nuancé quand à l’imprévisibilité du référendum. L’article 27 de la Consti­tu­tion exclut expres­sé­ment que les élus soient contraints à dérou­ler un quel­conque pro­gramme qui les enga­ge­rait : rien ne peut obli­ger les élus à appli­quer leur programme. Ce qui introduit une bonne part d’imprévisibilité du point de vue de l’électeur et explique peut-être en partie, la montée de l’abstentionnisme. Nous devrions sans doute, à l’inverse de l’exemple états-unien, nous départir d’une constitution désuète, qui après tout, a été taillée sur mesure par et pour un général très médiatique.

  6. Réconfortante, partageable, ta conscience qu’on a « pu tomber si bas », et notre volonté de faire « face aux conservateurs, et contre les populistes ».
    Après :
    Reste, derrière tout Ça, le « Spectre »(*) de Ce Capitalisme (mondialisé/globalisé), Non? ou Oui??
    Ou Non, – une simple « difficulté » de détail sur la « modification des traités » (?!)
    Notre NUPES :
    Va-t-elle susciter « du compromis et du consensus », dans notre bon sens, c’est-à-dire? une Émancipation ? … – pour un nouveau Paradis, y compris sur Terre en lendemains qui chantent … ?
    Si je prévois (en Prospective) que ce Capitalisme se perdurera mieux en alliance avec l’Extrême-Droite qu’avec de soi-disant.e.s Émancipé.e.s de fraîche date, l’Histoire (passée) à l’appui, – tu contestes (?)
    Et d’abord :
    Qui/Quoi mène la Danse du « Progrès » ?!

    Si tu butes là-dessus, dis-moi :
    daniel.monsegu@free.fr

    (*) « Spectre » dis-je, parce que difficile à cerner, tant IL est multi-formes, multi-faces, dans l’Ombre de …; mais tellement Puissant, supra-étatique, supra-européen … Un « Dieu », Non? Lequel s’installe – Mystérieusement – en « Religion » (voir l’ Actualité de ce jour) comme il s’est installé intellectuellement par la « Main invisible » de Lois Irréfragables de l’Économie …

  7. Ce texte de sauvons l’Europe est assez juste dans son constat mais n’apporte hélas aucune solution et pour ma part à cet instant je n’en vois pas : elle reste à construire !

  8. Y-a-t’Il une justice pour les riches ? Rinat Akhmetov dépose une plainte contre la Russie auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. On comprend sa frustration alors que ce conflit a réduit sa fortune de 16 milliards $ à moins de 6 milliards $, et ce après avoir été victime d’une loi du 23 septembre 2021, initiée par le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky et visant à réduire l’influence des oligarques.

    • Mais la Russie s’en bat les yecou de la cour Européenne des droits de l’homme…
      Les USA aussi…
      D’ailleurs qui s’en soucie ?
      Le MEDEF peut-être ? Orpea, Korian ou Coallia ?
      Morts de rire.

  9. Bonjour.
    Nous avons soi disant des gens très compétents formés dans de grandes écoles (ENA avec énous, Polytechnique sans technique, etc…) formés pour anticiper, se projeter (mort de rire), grâce ment payer et rarement au chômage (les pauvres), voilà le résultat décrit dans cet l’article.
    Notre société est malade d’elle même, un système mis en place pendant des décennies qui ne résous rien, ou le politiquement correct l’emporte, pas de vagues, on ne veut pas voir la réalité, on diffère et on attend d’être au pied du mur et là la bombe explose.
    Vous vous rendez-compte, nous avons vécu avec des acquis récoltés après la seconde guerre mondiale (nucléaire, espace, aviation, etc…) puis rien de nouveau n’a été fait donc déclassement.
    Dans l’article est écrit « les organisations syndicales faire bénéficier les partis de leur expertise et compétence », j’ai très rarement côtoyer une organisation syndicale pouvant être qualifier ainsi, je les ai plutôt vu se fondre dans le moule décrit plus haut, je fais croire mais je n’agis pas car je bénéficie ainsi d’énormes avantages qui sont le plus souvent cachés.
    Le plus petit économiste sait que quand un produit se rarifie il devient plus cher (sanctions dénudés de bon sens), que quand on s’endette, que les revenus ne suivent plus on part à la catastrophe, je n’ose bien sûr pas parler des intérêts de la dette qui vont étrangler le budget si les taux continuent leurs montées et pourtant on dépense, on promet avec un argent qu’on ne possède pas, au mieux on fera payer les autres, au pire on ira vers une nouvelle crise qui fera, d’après moi très mal, les banques centrales ayant déjà toujours d’après moi, utilisés les outils qui pouvaient contrer une telle crise, personne n’en parle ?
    Est ce moi qui perd la raison ?

    • J’ai connu une délégation syndicale qui s’appelait la CFDT…
      Je n’ai jamais vu une telle merde de ma vie…
      Entre le secrétaire du CE qui rentrait chez lui le soir et qui envoyait des mails harcelants aux salariés qu »il ne pouvait pas blairer, ou le jeu des chaises musicales ou les copains deviennent cadres ou coordinateurs de mes deux et les autres ont droits aux patates chaudes sans oublier les incursions dans la vie privée, appels dans la famille, intimidations…
      Mais c’est partout pareil… Il faut leur bouffer dans la main a ces salopes sinon ils te pourrissent la vie.
      Politique, syndical, patronal et militaire… Un pour tous et tous pourris.
      C’est la France. C’est pour ça qu’elle meure.

    • « Rien de nouveau a été fait », dites-vous… et l’informatique, avec ses 4G, 5G, bientôt plus qui nous fliquerons en permanence tellement nous sommes fiers de nos joujoux que nous ne lâchons plus, qui nous rendent accro et bêtes !
      Bien des commentaires ici manquent de clarté…et cherchent à faire du littéraire…
      Ce n’est pas l’endroit à mon humble avis!!

      • Oui, vous avez raisons, des commentaires de commentaires manquent de clarté, cerise sur le gâteau, les appeler de littéraire, alors là ?????

        • Vivement que le RN arrive à l’assemblée pour nous parler de l’OAS et de l’Algérie Française.
          La France en est restée là…
          On avance… On progresse

          • Le retour du grand bond en arrière…
            On sent tout de suite que Lepen va faire progresser la France et l’Europe.

          • Ah la nostalgie de la gégène et de Dien Bien Phu….
            C’etait le bon temps…
            Ca aura moins le mérite de remuer les vieilles merdes

  10. en fait, en Europe…
    En France, comme en Russie, comme en Ukraine…
    et partout ailleurs,
    C’est l’heure de la grande thérapie familiale…

  11. le modèle européen repose sur des exigences sociales? je n’ai pas bien vu où se situaient ces exigences….

    • Le travail c’est la santé… il est écrit dans la constitution que c’est un devoir pour l’homme d’avoir un travail de merde, maltraitant et mal payé…
      Il est aussi écrit qu’en toute circonstance tu devra bouffer dans la main du chef… celui qui t’envoie sous la mitraille de l’efficience et qu’on enterre au Panthéon

  12. Dans cet article excellent , j’ai remarqué au passage la mention de l’importance du bénévolat en France( concerne 12,5millions de personnes) ; à confronter avec le nombre des abstentionnistes; même si de nombreux bénévoles peuvent être abstentionnistes et sont même parfois bénévoles parce qu’ils sont abstentionnistes, même s’il se trouve des bénévoles issus TOUTES les sensibilités politiques, il me semble que l’effectif massif des bénévoles constitue une ressource sociale inexploitée. Le degré zéro du bénévolat qui est est commun à tous est l’intérêt pour les autres. Qui ne voit qu’en ces temps de dérive politique analysée dans cet article il y aurait de quoi ressouder la societe à partir de tous ces assez braves gens.
    Je ne sais pas comment, mais on peut y réfléchir. De toute façon, je pense que les pouvoirs publics devraient y porter attention.
    J’aimerais d’ailleurs savoir quelle est la situation et quels sont les effectifs dans les autres États européens.

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