Bernard Hayette : « L’heure est à la résistance »

Bernard Hayette est Secrétaire général de la délégation des socialistes belges au Parlement européen. Il est le premier Belge signataire de l’Union européenne des territoires au titre de Conseiller communal d’opposition à Uccle. Il mène actuellement campagne, dans sa commune, pour les élections locales qui se tiendront le dimanche 14 octobre. Sa liste, largement ouverte aux animateurs de la société civile, accueille notamment Henri Lastenouse – Secrétaire général de « Sauvons l’Europe » qui l’interroge ici.

Dans quel contexte se dérouleront les élections de dimanche ?

Par-delà les clichés liés aux déménagements fiscaux de quelques grandes fortunes françaises dans notre commune (le cas de Bernard Arnaud est, à cet égard, exemplaire  !), Uccle réunit des situations très contrastées. Le revenu annuel par habitant varie, par exemple, de 12  000 € à 60  000 € en fonction des quartiers. En fait, si de nombreux Français choisissent de s’installer à Uccle, c’est pour des raisons multiples : familiales, socio-économiques, ou encore scolaires – le Lycée français est présent dans notre commune depuis 1968.

La campagne électorale que je mène aujourd’hui avec mes 42 candidates et candidats n’échappe pas au contexte social et politique européen. Un chiffre traduit cette nouvelle réalité : celui du nombre d’habitants émargeant à l’aide sociale. Un nombre qui, dans notre commune, a triplé depuis la crise financière de 2008 ! Par ailleurs, la « droite extrême » incarnée le parti populiste N-VA sera, pour la première fois, présente à Uccle lors d’un scrutin communal. Ce parti participe déjà au Gouvernement fédéral belge dans le cadre d’une coalition avec le parti libéral (Mouvement réformateur – MR) dont est issu le Premier ministre Charles Michel. Historiquement ce parti est dominant à Uccle… Toutefois, une alternative est possible. Mieux, elle est souhaitable. Les citoyens attendent une autre majorité, plus ouverte, plus à même de répondre à leurs préoccupations quotidiennes.

Que ce soit face au modèle libéral-conservateur qui, ces dernières années, n’existe plus qu’en version « XXL », ou face à la tentation populiste qui s’est installée y compris à Uccle, l’heure est à la résistance et à l’union de toutes les forces du progrès  !

Comment sur le terrain organiser une campagne progressiste à l’heure des populismes ?

Je soutiens vivement la volonté des électeurs de voir des jeunes prendre, à Uccle comme ailleurs, leurs responsabilités sociales et politiques. Pour moi, l’engagement des jeunes générations est crucial. Par ailleurs, nous devons souligner clairement que les progressistes ne sont pas adeptes de la rente élective. C’est un message fort. Il est indispensable de retisser des liens de confiance et de solidarité avec les citoyens. L’heure est au « dégagisme », nous le savons. Mais ce « dégagisme » rime bien souvent avec le populisme et la démagogie. Il faut donc encourager le renouvellement en facilitant le passage de témoin, la transmission au sein des équipes progressistes. Le but est là : ne pas laisser l’argument du « Nouveau Monde » aux aventuriers de la politique en Europe.

La promotion de la diversité sociale, culturelle et géographique constitue un message également très fort. Les forces du progrès doivent mettre en avant la variété des parcours de vie. C’est ce que j’ai voulu faire pour la liste que je conduis à Uccle. L’enjeu est déterminant. La liste socialiste uccloise est à l’image de la commune : diverse. Les citoyens le voient et s’en réjouissent. Ils le disent chaque jour. Notre crédibilité politique s’en trouve renforcée. Concrètement, comment pourrions-nous tenir l’engagement progressiste qui nous habite sans accueillir l’ensemble du corps social dans notre combat politique ? Ce serait impossible.

La conformité des progressistes aux valeurs du progrès représente, je crois, la meilleure réponse aux discours populistes. Lesquels travaillent sans cesse à opposer un peuple idéalisé (et forcément moral) à des dirigeants politiques supposés « déconnectés du réel ». À l’inverse de nos concurrents libéraux, les socialistes ucclois refusent de se réfugier dans une forme d’entre soi très confortable où tout le monde pense pareil et vit de la même façon. Force est de reconnaître que les citoyens n’acceptent pas ou plus cette uniformité. Et ils ont raison !

La solidarité est elle encore une arme ou handicap pour les progressistes en campagne en Europe aujourd’hui ?

Sur le terrain, les électeurs nous attendent pour ce que nous sommes et pour ce que nous représentons, c’est-à-dire pour notre ancrage social et solidaire. Soyons fiers de porter et de défendre les valeurs du progrès. Je constate que de nombreux citoyens ne sont pas fiers de voir le gouvernement fédéral belge céder aux phobies migratoires du partenaire populiste N-VA…

Beaucoup d’électeurs sont convaincus que l’échelon communal représente un niveau de pouvoir encore capable de protéger et d’émanciper les citoyens en déployant des boucliers pour garantir les acquis sociaux face aux risques des mondialisations. C’est aux exécutifs communaux d’assumer le coût d’une innovation sociale et d’une solidarité réelle. Le but est de répondre de façon crédible, responsable et audacieuse aux mutations qui arrivent ou qui sont là ! Les socialistes ucclois œuvrent dans cette dynamique.

Par-delà les discours relatifs au « mieux libéral » qui ne concernent qu’une petite minorité d’électeurs, je rencontre, chaque jour, de nombreux citoyens qui sont convaincus que la maxime de La Fontaine reste, à Uccle, d’une actualité criante autant que tragique : « Selon que vous serez puissants ou misérables… ».

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7 Commentaires

  1. Il faut savoir que le MR (Mouvement réformateur), qualifié dans votre texte de « libéral-conservateur, version XXL » est cul et chemise avec Emmanuel Macron, soutenu par « Sauvons l’Europe ». N’y aurait-il pas là une petite contradiction ?
    Yves Herlemont (La Louvière, Belgique)

  2. Le Président Macron est sans doute libéral-conservateur……et ce qui m’attriste le plus, moi qui suis un social-démocrate français, c’est de voir le Parti Socialiste de mon pays totalement inaudible depuis des années, alors que « la crise » de 2008 et le dévoiement de Monsieur Mélanchon vers une gauche négative sur tout et une extrême droite de type italien aurait du lui ouvrir un beau boulevard pour un projet de justice sociale , environnemental, et écologique, au moyen d’une économie « soutenable »…..Bon courage à Bernard Hayette.
    Cordialement. Marc Domec

    • Cher Marc Domec,

      Pour la situation du Parti Socialiste Français, le non renouvellement ou le renouvellement trop tardif des équipes et des candidats aura sans doute beaucoup pesé dans son éclipse actuelle.

  3. cher Yves Herlemont

    Pour réagir à votre post !

    Evidemment parler des relations du parti MR de Uccle avec un Président français, c’est un peu parler de la corde dans la maison d’un pendu !

    Je pense à la démission du bourgmestre précédent à Uccle, Monsieur De Decker, mis en examen dans une affaire avec le président Sarkozy !

    http://www.dhnet.be/actu/belgique/armand-de-decker-inculpe-dans-l-affaire-du-kazakhgate-chastel-demande-sa-demission-5af00b4.

    https://www.rtbf.be/info/dossier/kazakhgate-toutes-nos-infos-sur-ce-dossier-sulfureux/detail_kazakhgate-de-kubla-a-de-decker-en-passant-par-sarkozy-l-affaire-chodiev-en-12-dates?id=9507331

    Concernant le choix de SLE pour la présidentielle française, nous avons effectivement préféré défendre la candidature d’Emmanuel Macron (qui était le plus à même de faire barrage au FN), plutôt que de voir Madame Le Pen affronter Monsieur Mélenchon ou Monsieur Fillon…

    Notre dernière prise de position sur la question parlait de la dérive néo-giscardienne du Président Macron… difficile d’être plus clair.

    amitiés progressistes
    H.lastenouse
    sauvons l’Europe

    • Cher Henri Lastenouse,
      Je suis persuadé (mais je peux me tromper) que lors des prochaines élections européennes, « Sauvons l’Europe » soutiendra encore Emmanuel Macron devant l’alternative : Europe néo-libérale VS Euroscepticisme nationaliste. Pour ma part, je veux sortir de cette alternative toxique. Mon choix est fait, je voterai Philippe Lamberts, candidat belge, Ecolo.

      Amitiés progressistes
      Yves Herlemont

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