Retour sur le débat Europe et Afrique


Bonjour à tous,

Pour tous ceux qui n’ont pas eu le loisir d’y assister, nous vous proposons ici un compte rendu du débat organisé par Sauvons l’Europe sur l’Europe et l’Afrique.


Rencontre avec Thomas Mélonio par sauvonsleurope

Thomas MELONIO (TM): Economiste, conseiller Afrique de Parti Socialiste

La zone Euro n’est pas constituée de 17 Etats membres, mais d’une cinquantaine, en ajoutant les anciens pays de la zone Franc CFA, dont le taux de change est fixe par rapport à la zone Euro. Ainsi, ces pays doivent laisser une partie de leur réserve monétaire à la BCE. De plus, un pays basé sur l’agriculture primaire ne peut se permettre d’avoir un taux de change élevé, au risque de n’être pas compétitif sur ces marchés agricoles.

La Commission Européenne a cherché à faire signer des Accords de partenariat économique (APE) sur le principe de la réciprocité de la diminution des droits de douane. Ces accords contestés par le parlement européen sont également fortement refusés par les pays africains. La conclusion d’accord en est donc au point mort.

C’est en Afrique que la force d’intervention (Eufor) est le plus intervenu. Mais la majeure partie des militaires provient des Etats qui ont le plus de diaspora dans leur pays et/ou les ancienne colonies (même si le fait que ces anciennes colonies, comme la France, sont des puissances militaire importante explique le fait qu’elles représentent le plus grand contingent). Il faut rappeler que ces interventions ont permis d’éviter des massacres, on peut citer en particulier l’opération Artémis.

Alors que l’aide au développement était devenue non conditionnelle aux exportations sous le gouvernement Jospin, cette conditionnalité est revenue. Ainsi, les pays aident uniquement s’ils ont « un retour sur investissements » avec des signatures de contrat.

La politique de contrôle migratoire a été « déléguée » à la Libye de Kadhafi avec des centres de rétention, dans des conditions que l’on ne peut imaginer.

L’aide aux contrôles des élections n’est pas systématique et dépend de l’intérêt des pays Européens. Si le contrôle en Cote d’ivoire a été effectif (bien que n’assurant pas la transition démocratique par la suite), l’élection en Centrafrique n’a vu aucun observateur européen.


Rencontre avec Nacer Kettane par sauvonsleurope

Nacer KETTANE (NK) : PDG de Beur FM (les points abordés par TM ne sont pas repris).

L’Europe est vu, en Afrique, comme une zone qui se divise, qui rejette le droit des peuples à se déplacer, profondément égoïste dans sa manière de voir l’Afrique.

Si les pays producteurs de matière première était des démocraties, le pétrole serait à 300 dollars, y sommes-nous prêts ?

Les politiques de pays européens restent un comportement de type néo coloniale pour s’assurer un accès les matières premières.

NK rappelle qu’être jeune dans ses pays, c’est « no future », que l’emprisonnement est la règle pour ceux qui fuient la misère en essayant de prendre le bateau pour attendre l’Europe. En même temps, les enjeux démocratiques et de développement sont essentiels, car les jeunes des pays du Maghreb ne souhaitent pas du tout quitter ces pays, s’ils y ont un avenir.

Intervention de la salle

Obama donne une leçon à l’Europe en aidant les politiques de planification familiale et en contrôlant l’origine des minerais pour s’assurer qu’ils ne proviennent pas de zones en guerre. Si les enjeux démographique sont essentiels, MT rappelle que ce n’est pas tant en terme de nombre d’habitants, mais en lien avec une évolution rapide qui ne permet pas d’assurer une urbanisation et une scolarisation satisfaisante.

Il sera nécessaire à terme d’envisager une transformation de nos industries et de notre modèle économique. Tant que Dassault construira des armes qu’il voudra vendre et que nous aurons besoin de matière première à coût faible, une partie de l’Europe n’a, d’un point de vue cynique, pas intérêt à la démocratisation de l’Afrique. En revanche, une démocratisation et un développement de l’Afrique conduiront nécessairement à des échanges supplémentaires et donc à des emplois des 2 côtés de la méditerranée, précise MT.

La politique de l’Europe vis-à-vis de ces propres populations d’origine africaine contribue à l’absence de confiance des pays africains envers la France.

L’objectif de l’aide au développement devrait être le développement endogène par les infrastructures, l’envoi de techniciens en vue d’une formation (et pas pour faire le travail comme dans certains pays nuance MT) et une aide à l’industrialisation. Or aujourd’hui, il est précisé dans les documents budgétaires de la France que l’aide au développement est la visibilité de la France. MT précise également que le développement financier en aide extérieur est seulement un outil et rarement l’élément le plus efficace du décollage d’un pays.

L’Europe, par des licences des pêches, envoie des bateaux de pêche qui contribuent au pillage des ressources halieutiques. Les débats au sein de parlement européen étaient élevés entre la commission Développement du parlement européen (qui souhaitait augmenter le paiement pour ces licences) et la commission Commerce qui ne le souhaitait pas explique MT.

Il faut Européaniser ces politiques, car les anciennes puissances coloniales ont trop d’enjeu, et ne pourront pas changer leur relation avec ces pays. En même temps, aujourd’hui, les politiques européennes sont les politiques que les Etats n’osent pas assumer en leur nom propre (l’exemple des forces d’intervention européennes).

Le Parlement Européen a plutôt un rôle d’équilibre par rapport aux objectifs libéraux de la Commission Européenne.

L’enjeu est-il le commerce et donc une relation Afrique/Europe ou faut-il aider l’Afrique à se construire par elle-même dans des zones autonomes ?

Conclusion politique personnelle

L’Afrique connaît une croissance de 5 % par an. Elle est donc sur le chemin de la croissance et est entré dans l’histoire. Néanmoins, elle se construit contre l’Europe et ses objectifs libéraux centrés sur le commerce et l’accès aux matières premières. L’exemple le plus frappant concerne la révolution des pays arabes, qui se sont fait sans les diplomaties Européenne voire contre en ce qui concerne la France. L’Europe ne voit que l’accès de leur grande multinationale et la vente d’armes dans ses pays et leur propre accès aux matières premières.

L’Europe doit donc construire un partenariat apaisé avec l’Afrique en réorientant l’aide au développement et les accords de commerce en s’appuyant sur les réels besoins de l’Afrique et de sa société civile, et surtout sortir d’une vision paternaliste qui consisterait à dire que sans nous l’Afrique ne peut pas s’en sortir.

Ainsi, nous avons une responsabilité particulière sur les enjeux suivants : planification familiale pour améliorer la situation des femmes, éducation, aide à l’autonomie alimentaire et à la lutte contre la désertification. De manière pratique, l’aide au développement doit redevenir conditionnelle à des pratiques démocratiques. Cette aide ne doit pas favoriser le commerce et l’accès aux matières premières de l’Europe, mais bien le développement par les infrastructures et la formation.

Il faut permettre au pays de l’ancienne zone franc CFA de retrouver leur souveraineté monétaire s’ils le souhaitent. L’envoi de bateaux de pêche dans les zones de pêche africaine doit être soumis à des conditions de maintien de la pêche artisanale et de la quantité de poissons. Cela passe par une limitation de la taille des bateaux et une augmentation du niveau des licences.

Compte rendu écrit et conclu par Ben.

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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