L’impopularité de l’Europe !

 
Tous les sondages l’indiquent, les prochaines élections européennes risquent d’être dévoyées et de se transformer en un referendum pour ou contre l’Union Européenne.

Cette situation est très dangereuse: en effet comme la question ne sera pas posée explicitement dans ces termes tels que tout referendum qui se respecte l’imposerait, il sera parfaitement loisible à ceux qui feront campagne en faveur du « Non » d’éviter de détailler les modalités de l’alternative qu’ils proposent. S’il est probable que, superficiellement, le « Oui » l’emporte, le débat fera, néanmoins, apparaître des divergences importantes au sein de ce camp, ne fusse que sur un avenir « fédéral » ou « intergouvernemental », tant au sein de l’Union à 28 que de l’UEM à 18.

Admettant que le camp du « Non » soit représenté par 1/3 des nouveaux eurodéputés et celui du « Oui » partagé de façon égale entre fédéralistes et confédéralistes, hypothèse réaliste, il s’ensuivrait que l’Union serait dans l’incapacité de proposer un projet d’avenir crédible entraînant l’adhésion d’une majorité de l’électorat. Cette perspective ne ferait qu’attiser la spéculation sur la pérennité de l’Union car il est parfaitement illusoire de compter sur une amélioration de la conjoncture mondiale, encore aléatoire, pour résoudre les problèmes structurels de l’Europe.

Pour éviter cette situation, il est essentiel de mobiliser l’électorat en soumettant à son suffrage des alternatives « politiques » pour la conduite des affaires européennes au point de vue économique, social, environnemental etc. La désignation par les « partis » européens de leurs candidats à la présidence de la Commission constitue un premier pas dans cette direction, quoiqu’insuffisant. Ce qui est fondamental, c’est d’établir que l’orientation « politique » issue des urnes s’imposera pour cinq ans, laissant les matières « nationales » régies par les majorités issues des élections législatives respectives. C’est seulement de cette manière qu’on peut éviter que l’Europe soit tenue en otage par ses Membres et que l’intérêt général puisse prévaloir.

C’est dans ce contexte seulement, qu’il est possible pour les partisans du « Oui » de faire front commun contre le « Non » pour décrédibiliser cette imposture comme totalement irréaliste et porteuse de très graves conséquences pour tous les pays de l’Union.

De ceux qui haussent les épaules et pensent que l’Europe est irréformable car gangrénée par les mêmes dérives qui ont compromis la classe politique dans nombre de ses Etats Membres, j’attirerais l’attention sur une autre institution. Elle compte deux fois plus d’adhérents que l’UE et a été sujette elle aussi, à une désaffection croissante. Donnée pour moribonde encore récemment à cause d’allégations concernant son manque de légitimité démocratique, son élitisme, ses mœurs dissolues, sa corruption, son incapacité à répondre aux préoccupations de ses membres, elle semble tout d’un coup miraculeusement convalescente. Il s’agit évidemment de l’Eglise catholique et de l’élection du Pape François dont l’impact initial a redonné espoir à des millions de fidèles, voir bien au-delà, même s’il est évident que mettre en place les réformes nécessaires prendra du temps et que certains nostalgiques ou ultras progressistes seront déçus.

C’est d’un choc du même ordre que l’Europe a besoin pour initier sa transformation. L’électeur doit indiquer clairement quelle orientation politique il désire donner à l’Union et le « Synode» (Conseil), réuni en Conclave (Conseil Européen), élira ensuite le « Pape » (Président) de l’exécutif en fonction des résultats. Ce dernier doit pouvoir choisir son équipe rapprochée (Commission) de façon à utiliser son droit d’initiative pour mettre en œuvre, avec l’aval du Parlement, les orientations issues du scrutin et les réformes nécessaires à la concrétisation de son « programme européen ». Cette équipe devra proposer à un « Concile » (Conférence intergouvernementale) un nouveau Traité qui actualisera les changements institutionnels indispensables et la dévolution des responsabilités entre les différents niveaux de pouvoirs ; il définirait notamment le rôle du « Synode » et il laisserait aux « Conférences épiscopales » régionales (Etats-Membres) une large autonomie dans le respect de la subsidiarité. Un référendum européen unique, récoltant au moins 60% des voix, entérinerait démocratiquement le processus.

L’impopularité actuelle de l’Europe doit être combattue vigoureusement. Loin d’être le problème, l’Union Européenne est un élément incontournable de toute solution.

Il nous reste moins de 6 mois pour en apporter la démonstration.

 

Paul N. Goldschmidt
Directeur, Commission Européenne (e.r.) ; Membre du Comité Consultatif de l’Institut Thomas More.

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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16 Commentaires

  1. Bonjour,
    Vous avez raison, l’UE est jugée sur son bilan et si pour les partis politiques qui envoient à Bruxelles comme l’indiquent vos études les éclopés du suffrage national, tout va bien; par contre ce ne sont pas les promesses des partis politiques pour une Europe radieuse fédérale, confédérale ou autre qui redonnera confiance aux électeurs. c’est ce qui se passe entre chaque élection qui compte: les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
    Moi-même qui suis partisan d’une Europe fédérale je regrette que l’on dépense pour diviser l’UE (développement des langues régionales) au lieu d’encourager une citoyenneté européenne ( langue commune qui ne soit pas une langue nationale).
    Je regrette que l’on profite de la crise financière mondiale que l’UE n’a pas su ou voulu contrôler (libre circulation des capitaux) pour appauvrir les populations et pousser à la privatisation des services publics qui au final va enrichir les plus riches aux dépens des plus vulnérables.
    Bien Sincèrement !
    Henri PARATON

  2. Parler du camp du « non » comme celui de ceux qui refuse l’Europe est une très grande erreur. Nous sommes nombreux à avoir voté « non » au référendum de 2005 et à souhaiter une Europe plus démocratique qui ne fige pas dans sa constitution une forme socio-économique or de la portée du débat citoyen.

    Personnellement, je souhaite une démocratie européenne qui donne le pouvoir législatif au Parlement formé de deux chambres:
    – une assemblée européenne élue dans des élections paneuropéennes sur listes paneuropéennes;
    – un sénat formé de représentants des parlements nationaux;
    – et un pouvoir exécutif qui soit élu par les deux chambres parlementaires européennes.

  3. Comment s’étonner aujourd’hui du niveau de défiance des peules européens vis à vis d’une politique libérale qui fait porter les déficits nationaux générés par l’évasion fiscale systématisée des grandes banques, grands groupes et grandes fortunes et cassant la protection sociale solidaire et le niveau de vie de la majorité des européens.
    Aucune avancée sur la construction d’une protection sociale harmonisée (sécu, retraite, …), une fiscalité harmonisée (on continue à raisonner sur une réforme fiscale hexagonale qui a toutes les chances de ne jamais sortir), par contre, on s’empresse, sous la pression américaine de mettre en place le « grand marché » Europe-Etats unis à l’échelle de l’Europe, moyens de livrer nos derniers outils de production et notre technologie aux fonds de pension anglo saxons et de favoriser les délocalisations. Oui une autre Europe est possible, une Europe des peuples et non celle de l’argent.

  4. Oui, il faut que les défenseurs de l’Europe montent au créneau car les gens ne sont pas eurosceptiques mais eurodécus. Pour leur part, les Européens solidaires aborderont cette élection pour apporter un nouveau souffle à l’Europe en proposant de rmettre la personne au coeur des politiques européennes.
    Patrice Obert, membre des Européens solidaires
    http://www.europeenssolidaires.org
    auteur de Un projet poiur l’Europe – harmattan 2013

  5. Pourquoi, le cynisme devient une généralité, des Etats, de nos collectivités, et bien sur de nos représentants élus ?

    Parce que pas de projets européens? Un attentisme réel… Un manque de
    *priorités. Et nos partenaires financiers, peuvent décider, et nous guident dans nos choix énergétiques, commerciaux, et publics…

    Quelle est la part, aujourd’hui, dans les Etats, de notre contribution,
    à l’Europe ? Ainsi, nous pouvons nous auto-proclamer EUROPÉEN,
    si nous ne décidons pas, une fois pour toute de demander à la Grèce,
    berceau de l’Europe, de quitter provisoirement l’Union Européenne,
    le temps qu’elle se remette de cette crise. Ensuite, nous verrons; la
    volonté commune des Etats membres, réviser leur prétention…

  6. Je suis d’accord sur le fond avec cet article mais je trouve dommage de comparer les institutions européennes à la structure hiérarchique de l’Eglise Catholique car celle-ci n’est pas démocratique, comme le reconnaît l’auteur, et n’a peut-être pas à l’être…Je me mets à la place des lecteurs laïcs, ni cléricaux ni d’aucune confession, et trouve assez saugrenu de mélanger les genres, malgré tous les guillemets utilisés…La séparation de l’Eglise et des institutions publiques devrait rendre prudent sur ce genre de comparaison.
    Par ailleurs, je suis d’accord avec les remarques de Henri Paraton sauf sur les langues régionales : elles ne menacent pas l’Union Européenne mais nourrissent sa diversité ; une langue européenne commune (laquelle??) risquerait fort d’être perçue comme autoritaire et artificielle…

  7. L’europe est toujours décriee car rendue responsable par les politiques en place de tous les maux ( mais ce sont bien les ministres des differents gouvernements qui forment le conseil des ministres!
    En outre il existe des députes européens serrieux , qui travaillent ( sot toujours présents) rendent régulièrement compte de leur travail à leurs électeurs. ( je suis francaise mais je vis en Allemagne c’est toute la différence et il est ici facile de les rencontrer participer aux débats etc. cela s’applique aussi à quelques députes européens francais ( certes beaucoup plus rares.)
    Quand on s’interesse vraiment à leurope on peut se tenir informé sans difficulte, mais qui le fait? c’est plus facile de critiquer ce que l’on ne connait p, as vraiment ( journalistes inclus) quand j’entends des journalistes, élus autres soi disant sommités confondre dans des emmissions TV le parlement européen et le conseil dde l’Europe on croit rêver!

    • Il est vrai qu’il est plus facile de critiquer ce que l’on ne connaît pas, mais il est possible de critiquer, de connaître et de ne pas détester l’Europe.
      L’échec de l’Europe est de ne pas séparer la politique européenne de son fonctionnement.

  8. Cher Monsieur Goldschmidt,

    Votre comparaison avec l’Eglise catholique m’a fait sourire. En effet, « le Vatican » est le nom que je donne à nos Institutions européennes. Mais ma comparaison est à prendre dans le sens négatif. S’étendant de la place du Luxembourg jusqu’au rond-point Schumann , notre « Vatican » s’ouvre aux visites guidées de curieux de l’Union, à l’instar de Rome, mais se ferme encore trop à l’implication des citoyens des pays membres, empêchant ainsi ces derniers à s’y sentir chez eux . Certes, sécurité oblige, les accès aux « messes » ( parlement ) sont interdits et les suggestions à nos députés via leur « tronc » respectif
    ( boîte aux lettres ) impossibles ou compliquées. Il faudrait y remédier .

  9. La comparaison de l’UE avec le Vatican n’a pas sa place ici. Elle n’apporte que de la confusion et ne peut qu’augmenter le nombre de gens qui perçoivent l’UE négativement. Les comparaisons sont trop approximatives et excluent de la réflexion le plus grand nombre qui ignore le fonctionnement du Vatican et n’ont pas du tout envie de s’y intéresser.

  10. Pour avoir été correspondant à Bruxelles et aujourd’hui auprès du Vatican, je trouve la correspondante avant tout amusante, originale et en rien gênante (n’en déplaise aux esprits étroits). Le plus éclairant est dans la comparaison est d’apprécier l’effet que peut produire un homme neuf (ici le pape François) sur une vieille institution. Ceci peut nous signaler que l’Europe, avant d’avoir besoin de nouveaux traités ou de nouvelles institutions, a d’abord grand besoin d’hommes ou de femmes à l’engagement européen indiscutable, enraciné et cohérent. Il faut des Européens convaincus pour convaincre de l’Europe.

    • Aha! Nous sommes d’accord, et pour nous ceci passe par une démocratisation du processus. Pour faire émerger des hommes et des femmes de talent au niveau européen, il faut leur donner les moyens de s’exprimer.

  11. Si l’Europe est si décriée, c’est essentiellement parce que les gens ne savent pas ce qu’elle fait, et que ce qui est inconnu est par là même suspect.

    On parle des frais de personnel et d’administration, mais qui sait que le tout ne fait que 5 % du Budget ?

    Qui sait que les belle réalisations locales ou nationales sont largement subventionnées par le FEDER ? Les élus locaux s’en attribuent tout le mérite.

    Si une chose doit être réformée, c’est bien le volet « relations publiques », qui frise le zéro absolu.

  12. En tant que jeune habitant à Bruxelles, je ne peux vous répondre qu’en fonction de mon entourage et non d’après des sondages ou autres études concernant l’euroscepticisme ambiant.

    Je ne suis ni « infiltré » dans le milieu des eurocrates, ni un jeune qui ambitionne de travailler dans le milieu européen.

    Mon avis n’est que celui d’un citoyen lambda.

    Fraîchement débarqué dans le monde du travail, je constate une chose.

    Les places sont chères, les salaires peu encourageants, les perspectives pour moi d’acheter un bien immobilier quasiment nulle, à moins de me trouver une moitié avec laquelle nous partagerons le prêt.

    Les élections approchent à grand pas, alors il faut que je me demande pour quel parti voter…

    ET… Je suis complètement perdu!

    Je constate un recul net des aides sociales, je suis chômeurs (en stage d’attente) et je vais décrocher un emploi bientôt, qui s’avérera être un CDD dont je sais qu’il ne se renouvellera pas. Pour la suite je verrai bien… je commençais à me demander si une reconversion ne serait pas à envisager.
    Ce que je constate, c’est que l’Onem (Office National de l’EMploi belge) fait culpabiliser les chômeurs.
    Il faut réduire le pourcentage de chômage, donc on élimine…
    Peut importe si cette élimination se fait à l’encontre du bon sens, pas assez de travail pour tous le monde, mais qu’importe, pourcentage de chômeurs doit être revu à la baisse.
    On vide un vase pour en faire déborder un autre.

    Je ne suis pas pour un chômage passif ou le chômeur se contente d’être une victime qui subit les problèmes sociétaux et économiques. D’ailleurs affirmer que tous les chômeurs sont paresseux et ne sont pas motivés est aussi absurde que le vote d’un parti nationaliste eurosceptique qui bat la campagne à coup d’idées populistes et sans réflexions profondes.

    On nous préviens bien que ce genre de parti sont dangereux et sombrent dans la caricature, que se soit face aux solutions qu’ils proposent, face à la crise économique, à l’euroscepticisme et encore plus face à l’immigration extra et intra européenne.

    Pourtant, récemment nos gouvernements on fait exactement pareils en présentant les chômeurs comme des profiteurs d’un système qui gâte ses pauvres et les empêchent de faire preuve de volontarisme et les laissant s’apitoyer sur leur sort.
    Il fut un temps ou les homosexuels étaient des gens malades qu’il fallait soigner, ou les noirs étaient des gens paresseux qui ne pourraient jamais s’acclimater à notre rythme de vie occidental, ou les femmes n’avaient pas d’âme,…
    Aujourd’hui, on considère que les chômeurs sont paresseux et les pauvres un cancer sociétale!

    Je me suis demandé pourquoi on a commencé à stigmatiser et pointer du doigts autant les chômeurs.

    Bien sur la crise économique ne favorise pas l’élan social, l’émergence des partis extrémistes n’aident pas non plus, la dette des états encore moins.

    Hors c’est ce dernier point que l’on nous ressort à toutes les sauces.

    Les agences de notations doivent nous donner une bonne cote. Pour cela, elles se basent (entre autre) sur le taux de chômage qui en fonction de plusieurs autres facteurs et selon s’il est élevé ou non, influencera cette cote.

    L’Europe et le modèle allemand ne favorisent pas cette aide sociale.

    J’ai lu récemment dans le soir (journal belge) que les réformes sur le chômage en Belgique étaient dues à des normes imposées par l’Europe et que la Belgique était le plus mauvais élèves à ce niveau là.
    Cela voudrait dire que cette pression appliquée par l’état belge sur ces pauvres est une conséquence directe de la pression européenne.

    De mon point de vue populaire, et par populaire j’entends faisant partie du peuple, donc pour moi ce terme n’est absolument pas péjoratif, car n’oublions pas que le peuple travaille, paie des taxes et élit les représentants,… populaire n’est pas forcément lié à populiste…

    De mon point de vue, je constate que vivant dans la capitale européenne, les institutions européennes et le peuple, vivent en autarcie complète les uns des autres.

    J’ai lu plus haut qu’il fallait que l’on s’informe au sujet de l’union européenne, mais le citoyen lambda ne souhaite pas passer ses weekends ou ces jours de congés à faire des visites au parlement européen ou à visiter les institutions européennes quand celles-ci sont ouvertes au publiques et que des événements se présentes.

    La majorités de ceux qui se rendent à ces activités sont des personnes intéressées par une carrière tournant autour des institutions européennes, ou bien dans un cadre scolaire ou ayant une envie de connaissance politique qui frise le hobby.

    Lorsque les élections approchent, le MR, le parti socialiste,… n’attendent pas que je pousse la porte de leurs bureaux pour venir voir ce qu’il s’y passe et me tenir au courant de leurs programmes.

    Les gens ne sont pas paresseux, ils sont occupés à se battre pour leurs survies.

    Donc c’est un fait que l’Europe ne peut ignorer ou mettre sur le compte d’un « Ils n’ont cas venir s’informer… », car les conséquences, elles, ne se contenteront pas d’un « ils n’ont cas… », elles tomberont comme un couperet sur la gorge des institutions européennes.
    On ne peut se dire que le peuple est immature, car c’est manqué de respect à l’essence même de tout organisme de représentation du peuple.
    Donc le peuple n’a pas d’image net de ce qu’est l’Europe.

    Par contre, les fonctionnaires européens et leur image d’une élite à privilèges en pleine période de crise, n’aide pas le peuple, le citoyen lambda, à se faire une idée positive d’une Europe proche de ses tourments quotidiens.

    Les gens ne se préoccupent pas des décisions de lois, car c’est l’affaire des parlementaires. Nous les avons élus pour qu’ils nous représentes, pas pour qu’ils nous gouvernent (petite différence).
    Donc, nous attendons d’eux qu’au moment de voter les lois, ils les votes en fonction de leurs valeurs qui sont en fait les valeurs communes à leurs électeurs.
    Le peuple ne peut pas à la fois aller travailler, s’occuper de leurs vie et en plus contrôler le travail de leurs représentant.
    C’est comme si votre comptable, vous demandait de bien vouloir corriger son travail après qu’il l’ai effectué…

    Appliquons cela pour toutes activités professionnelles dont nous dépendons chaque jours et nos journées devront être trois fois plus longues.

    Le peuple voit les conséquences direct sur son quotidiens.
    Il a peur pour l’avenir de ses enfants et il voit que les enfants d’une élite d’eurocrates ont accès aux écoles européennes et pas les leurs?
    Ils en concluront que l’Europe les tient à l’écart.

    Les gens ont peur pour leur niveau de vie et voit les fonctionnaires européens avec des salaires triples aux leurs?
    Ils se sentirons exclus de cette Europe.

    Bien sur les fonctionnaires européens sont aussi synonymes de richesses et de consommations, surtout dans Bruxelles, mais les gens ne voient pas cela.

    Les gens voient ce qu’ils observent en se trouvant en dehors de cette bulle de la « place du Luxembourg ».
    Bulle qu’ils dont ils ont l’impression qu’ils ne pourront jamais la percer.
    Il est vrai qu’il ne faut pas avoir peur de faire un pas dans la direction de l’autre pour le connaître, mais on peut dire cela de beaucoup de fonctionnaires européens face à la population Bruxelloise aussi par exemple.

    Il ne faut pas jeter la pierre aux fonctionnaires européens, car bien sur, pour la plus part, ce sont des citoyens européens avant tout qui ont du quitter leurs pays d’origines et s’installer dans une ville qu’ils ne connaissaient pas.
    Du point de vue des citoyens européens hors institutions européennes, les compensations leurs paraissent outre mesure.
    Hors, il faut bien que les avantages soient conséquents si l’on veut attirer des hommes et femmes de toutes l’Europe à joindre le rang des eurocrates, sans quoi abandonner son foyer pour un pays que l’on ne connaît pas deviendrait bien moins populaire…

    L’Europe passe donc pour une société d’élite à la quelle le citoyen lambda ne s’identifie pas et l’on voudrait que ce même citoyen lambda croit en cette Europe?
    Juste en lui disant « qu’il n’a cas s’informer » ?

    Ajoutons à cela que l’autre image de l’Europe aux citoyens lambda soit transmise par les médias et comme ceux-ci aiment également mettre le feu aux poudres…

    On y voit les camionneurs se plaindre des travailleurs de l’Europe de l’Est, à cause des normes européennes.
    On y voit les reportages (à la chaîne nationale francophone belge), sur les eurocrates et leurs avantages indécents,…

    Le peuple est-il stupide?

    Je ne crois pas, car le peuple c’est eux, moi et vous.

    De plus, il faut se demander si le manque de recherche ou d’initiative vers l’information du peuple, ne vient pas d’un manque d’éducation, et une éducation au niveau macro d’une population ne vient pas des parents, mais de la société, celle-la même que nous contribuons à bâtir… Bref c’est le serpent qui se mange la queue.

    Je viens d’un milieu modeste, j’ai eu accès à l’Université, étant donné que les premières années en Belgique sont éliminatoires, que je ne viens pas d’un milieu socialement élevés et que la différence entre mon école secondaire et le niveau universitaire se compte en années lumières, terminer mes études à été un long chemin parsemé d’embûches.
    Je les ai terminées.
    Qu’est-ce que j’ai constaté, que la plus part des jeunes qui ont réussi en rentrant en même temps que moi et sortant avant moi, c’est à dire avec un cursus quasiment parfais, étaient tous issu de milieu favorisés.
    En ayant gardé contact avec certains d’entre eux, je sais que grâce à des contacts qu’ils ont de leurs entourages, ils ont déjà décrocher un bon emploi en rapport avec leurs diplômes.
    Je ne perds pas l’espoir de décrocher un job qui sera en rapport avec mon diplôme.

    L’espoir…
    C’est un mot qui pour ma génération n’est pas aussi dominante que pour les générations passées.
    Mon grand-père qui me parle des goldens 60’s ensuite de mai 68, mon père et les années 70, puis 80, toutes jonchées de crises économiques majeures ou non, mais quoi qu’il en soit, ce qui me fascine c’est cette mentalité de reconstruction, de changement, inconscience face à l’avenir et… l’espoir!

    Aujourd’hui, nous avons des jeunes gens pleins d’idées, venant de milieux chanceux, car oui je me considère comme venant d’un milieu chanceux, modeste mais chanceux.
    Que faisons-nous du reste. De ceux qui sont en décrochages, de ceux qui n’espère plus rien, de ceux pour qui l’université n’est même pas une option envisageable… Ceux-la dont le nombre ne cesse de croître.
    Ceux qui ont aussi une voix? qui ont aussi droit à un vote…
    Que faisons-nous de ceux qui obtiennent un diplôme et qui n’arrive pas à trouver un emploi digne dans leurs matières et qui deviennent de plus en plus frustrés à mesure que l’âge avance?

    Frustrations qui s’accompagne d’une haine des privilèges, d’une haine face à un état, face à une Europe qui leur paraît inaccessible.

    Pendant mes études secondaires, on me disait qu’il fallait que j’étudie dans un domaine qui me plaisait et que l’on verrait ensuite quoi faire de mon diplôme, c’est ce que la conseillère d’orientation me disait. Aujourd’hui à l’Onem, on me fait presque culpabiliser de ce choix, comme si j’avais été un idiot.
    J’aurais du choisir en fonction des métiers en pénuries quitte à ce que cela ne me plaise pas.
    Ce qui compte au final c’est que je suis conscient d’avoir fait un choix et d’en avoir encore devant moi, c’est en cela que je m’estime chanceux.
    Beaucoup de gens n’ont pas beaucoup de choix…

    N’oublions pas que les personnes de classes moyennes et gagnants suffisamment bien leurs vies deviennent une minorité, même dans les pays développés comme les nôtres!
    Du moins c’est ce que les médias nous rabâche sans cesse…

    Cela veut donc dire que cette majorité grandissante de classe inférieure, pour peu qu’elle soit déçue de représentants en place, se dirigera vers autre chose dans ces intentions de vote.
    Quitte à sortir des sentiers battus par désespoirs.

    Je suis jeune et citoyen de l’Europe et ce que je constate, c’est que l’on veut rabattre la pension, que l’on souhaite rabattre les salaires, que je n’aurai jamais le niveau de vie de mes parents, que je ne suis pas sur de trouver un emploi fixe pour le moment, que l’on souhaite rabattre les remboursements de la mutuelle pour les plus de septante ans et que le budget des soins de santés va exploser quand j’en aurai septante, que l’on a donné des milliards aux banques pour qu’elles puissent continuer à jouer alors que ça va être ma génération qui va rembourser la note, que les industries agro alimentaires nous empoisonnent, que les antibiotiques et les entreprises pharmaceutiques nous poussent à consommer et indirectement à renforcer la résistance aux anti-microbiens, que l’Union européenne a voté la ré-utilisation des farines animales pour nourrir certains animaux, qu’un exploitant de terre agricoles s’est vu condamner car il refusait d’utiliser des pesticides chimiques autorisés et obligatoires par des normes européennes pour employer des pesticides bio tout aussi efficace mais non « conforme », que l’avenir m’est dépeint de noir et uniquement de noir, je vous assure que croire en quelques chose devient difficile.

    Je ne suis pas un eurosceptique, nous connaissons une période de paix sans égale depuis plusieurs siècles en Europe centrale.
    J’aime l’idéologie européenne, mais je suis convaincu que cette Europe ne suit plus ces idéologies de base et qu’elle favorise un Marché, un Libéralisme outrancier, qui risque de nous exploser à la figure, parce-que si les pays du centre de l’Europe ne se déchire plus entre eux, qu’en serait-il d’une révolution qui tourne en guerre civile?

    Combien de temps allons-nous autoriser les riches à devenir de plus en plus riche, et les pauvres à croître et devenir de plus en plus pauvre?

    Que l’on considère les chômeurs comme des profiteurs, les pauvres comme un cancer sociétale, il n’en reste pas moins qu’ils existent et vivent à nos côtés et que nous subirons tous le ras-le-bol de cette tranche massive de la population.

    Le problème est que pour se sortir de cet euroscepticisme et de ce scepticisme tout court, il faudra plus qu’un vote, que des débats et que de longues procédures pour résoudre la pauvreté.

    Ce que je veux dire par là c’est qu’il faut que cela se résolve vite car il faut trouver des solutions avant que le ras le bol général qui est en train de faire monter la pression dans la casserole européenne ne finisse par exploser.

    C’est de ce ras-le-bol là que les partis anti européens et extrémistes se nourrissent.

    Opter pour le socialisme?
    on nous les présentes comme étant de plus en plus de droite que de réel socialiste.
    Les partis libéraux?
    Au moins, vu comme le vent souffle nous ne serons pas déçu.

    Les partis extrémistes de gauche ou de droite?
    Avec un minimum de jugeote, on se rend vite compte qu’ils ne sont pas une solution.

    Alors pour finir je re-poserai la question posée au début de ce (très long) commentaire…

    Pour qui vais-je voter?
    Je n’en sais rien, car aucun des partis ne me semble comprendre l’angoisse dans laquelle beaucoup de jeune de ma génération se trouve, en fait nous ne nous identifions à aucun d’entre eux.

    Nous sommes vendredi soir, je vais commencé un nouveau travail sous payé, pour lequel je n’ai aucune expérience et qui me stresse un petit peu. Je dois essayer de trouver un moyen de gagner régulièrement ma vie, peu importe le boulot que je trouverai sur le côté pour pouvoir me payer un logement et quitter mes parents, car il faut que je vole de mes propres ailes.
    Je ne sais absolument pas si le monde va tourner dingue et si les grands patrons auront ma peau, mais ce soir je veux penser à autre chose.

    Je vais aller rejoindre mes amis, oublier toute cette pourriture d’avenir en faisant la fête pour avoir une tête vide de tout cela lundi matin, et je vais laisser cette bulle européenne continuer à exister de son côté sans moi.

    Bref, je ferai comme les trois quarts des citoyens européens, je passerai mon temps à penser à ma survie…

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