Le triste jeu de Podemos

Il y a six mois, la gauche espagnole a gagné les élections sur un programme de remise en cause de l’austérité. Mais elle n’est pas au gouvernement.Elle est en effet divisée entre les socialistes du PSOE et le mouvement citoyen de Podemos. Or ce dernier a refusé une alliance avec le PSOE qui n’inclurait pas le petit parti indépendantiste Catalan, faisant ainsi de l’indépendance de la Catalogne le problème central de son action plutôt que la remise en cause de l’austérité. Le gouvernement conservateur gère donc les affaires courantes depuis six mois, et une nouvelle élection est convoquée pour la semaine prochaine.

Or que se passe t-il? Podemos ayant fusionné avec un autre petit parti dépasse désormais le PSOE dans les intentions de vote. Ceci change un tout petit point: en cas de victoire de la gauche, c’est désormais à Podemos qu’il reviendrait de former le gouvernement et surtout de revendiquer le poste de premier ministre. Les résultats ne se sont pas fait attendre: l’indépendance de la Catalogne n’est plus un sujet. Par ailleurs, Podemos se déclare à présent « social-démocrate » et son leader porte désormais costume et cravate.

On ne peut se défaire de la triste impression que le refus de s’allier avec le PSOE pour mettre fin à l’austérité, comme au Portugal voisin, n’était pas entièrement sincère et reposait sur le calcul de nouvelles élections plus favorables.  Ce faisant, Podemos a clairement pris le risque d’un accord de gouvernement entre le PSOE et les conservateurs, ou bien d’un retournement de l’opinion, la désunion de la gauche profitant finalement au parti conservateur. Le quotidien El Pais a ainsi révélé que le premier ministre Rajoy a adressé une lettre à la Commission Européenne la priant de ne pas imposer de sanctions pour dépassement du déficit avant les élections, et indiquant que contrairement à son programme électoral il poursuivrait et accroîtrait la politique d’austérité en cas de réélection.

Nous nous étions félicités de l’arrivée au pouvoir de Syriza qui venait renouveler un jeu politique bloqué. Podemos est plus inquiétant. L’exemple portugais a montré que la gauche classique pouvait remettre en cause l’austérité et le PSOE était prêt à le faire. Podemos a pris le risque de laisser passer cette possibilité pour asseoir son pouvoir, sous des prétextes oubliés le lendemain. Ceci soulève quelques inquiétudes.

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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15 Commentaires

  1. Après le 20D, le PSOE a choisi de faire du parti Ciudadanos sont partenaire privilégié en signant un accord avant toutes discussions avec Podemos. La ligne politique de C’s est clairement de droite. En faisant cela , le PSOE coupait toutes possibilités d’accord avec PODEMOS ou/ et avec Izquierda Unida. Donc rien de comparable avec le Portugal. Pour votre information, la communauté valencienne est actuellement dirigée par une coalition PSOE / COmpromis ( podemos local) et IU. Ce schéma est rejeté par les barons PSOE, alors que les électeurs l’approuvent. Cette stratégie semble mortifère pour les socialistes, au point de voir leur implantation territoriale réduite à une peau de chagrin. Peut-on gouverner l’Esapgne sans présence significative en Catalogne, au Pays Basque, à Madrid…. Si les chiffres se confirment, le scrutin du 26 J va être un cataclysme pour le PSOE qui était un dernier parti de masse de la sociale démocratie européenne avec plus de 600 000 militants… il ne faut pas inverser la charge de la responsabilité de l’échec du 20D

    • Petit retour en arrière: lorsque les conservateurs (PP) ont succédé au gouvernement Zapatero (PSOE), le FMI et l’UE voulaient mettre l’Espagne sous tutelle comme la Grèce; le gouvernement Rajoy a refusé et appliqué ses propres réformes; ce fut indéniablement brutal même si, aujourd’hui, il y a une amélioration de la situation (insuffisante certes). La potion eut pu être moins amère si le Président Hollande avait, comme promis dans sa campagne, fait fléchir l’Allemagne sur la rigueur…On sait ce qu’il en est advenu et notre pays s’est aligné sur la ligne dure, peut-être d’ailleurs pour faire « oublier » ses propres faiblesses.
      La montée de la protestation est donc logique; en France le FN en profite, en Espagne c’est Podemos: Ce parti a l’ambition déclarée de représenter la Gauche et donc d’effacer le PSOE (il a fagocyté IU au passage) selon un processus « léniniste »: hier bolivarien, aujourd’hui social démocrate, demain ?
      Si les « barons » du PSOE se sont opposés à une alliance c’est en raison des exigences inacceptables d’Iglesias et de sa position sur les « indépendances ».
      Cet aspect est primordial dans un pays traversé par des pulsions nationalistes régionales même si elle se réclament de « gauche » (national socialisme dans le discours suprémaciste et les méthodes; les preuves abondent pour qui veut les connaitre).
      Enfin et pour être bref il reste à bâtir un programme pour un pays non seulement en termes de promesses mais surtout de moyens.. Et ceci est une autre histoire!

  2. Sauvons l’idéologie
    Peut-on vraiment décider de mettre fin à l’austérité?
    Qu’est-ce que l’austérité? Le retour à une gestion laxiste des deniers publics, c’est à dire revenir à l’équilibre des recettes et des dépenses.
    Mettre fin aux dépenses excessives est évidemment douloureux voire impopulaire, les dépenses excessives ayant profité à beaucoup..
    Est-ce pour autant un sujet politique?
    Non!
    Est-il possible de « mettre fin à l’austérité »? à court terme oui, avant que la réalité rattrape les petits idéologues faibles économistes.
    Sauvons le PS, changez de lunettes et cessez de croire aux lutins et aux fées!

      • La soi-disant austérité n’affecte réellement que les plus modestes ; elle permet la poursuite jamais vue de l’accaparement des richesses aux mains d’une classe dangereuse socialement et écologiquement .

        Quand je dis dangereuse , je veux dire qu’elle sème la mort .

  3. Pablo Iglesias avec costume cravate ??? vous avez vu ça où ?? l’autre « petit » parti est Izquierda Unida (l’ancien PCE), votre article n’es rien d’autre que de la propagande du bipartidisme si cher aux « socialistes européens »….

    • Vous avez raison, je n’ai jamais vu non plus Iglesias en costume dans sa présentation « politique »; il faut bien affirmer sa qualité d’anti-système !
      En revanche il portait trés bien le smoking lors de la cérémonie des Goya.
      Comme quoi le comédien (ou tragédien c’est selon) n’est jamais trés loin du politique……

  4. INCREÍBLE !!! articulo TOTALMENTE NULO, Podemos, es CONTRA LA INDEPENDENCIA DE CATALUÑA o cualquier región, solo desean solucionar el problema Catalán envenenado por el PP para que ello sea objeto campaña electoral. El PNV vaco, (derecha) ofreció en un pleno de investidura en la cámara baja a Pedro Sanchez (PS) su abstención para que pudiera formar gobierno con podemos (visto en directo en TVE) este rechazo indicando que no había mayoría!cosa que no es cierto. (PS+Cs= 130); PS+Podemos=160, + abstención PNV,

    • Cet article n’est pas nul, il exprime une incompréhension d’une situation qui est également incompréhensible pour beaucoup d’Espagnols…Podemos avance masqué, seule la conquête du pouvoir lui importe; ce qu’il fera…mystère ! A chacun de rêver et de croire ! C’est bien mené mais DANGER.
      Podemos se adelanta con máscara y actua como si no existiría ninguna constitución vigente; por eso cada uno puede afirmar una cosa y su contraria ! Y lo que dice Ud con el PNV indica que para los secesionistas las cosas serían mucho mas fácil…..Lo cierto es que Iglesias domina perfectamente la communicación y las herramientas de esta .
      Por lo del secesionismo catalán, echar la culpa al PP solo es una falsificación de un problema que viene, como minimo, de los años 1980 y que necesitaría una larga analysis.

  5. le PSOE a eu tout le temps de montrer ce qu’il valait…il a joué à des jeux pas très honnêtes en trahissant quelque peu la classe ouvrière… et il a perdu. Laissons voir ce que fera Podemos!

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