Le transport des marchandises en Europe, une nouvelle approche

Licence GFDL. Auteur : Olivier MEYER

 

Une chocolaterie importante des Pyrénées reçoit chaque semaine trois semi-remorques citernes de lait en provenance de Pologne alors que le piémont est rempli de troupeaux de vaches.

400 camions de 40 tonnes attendent à la frontière d’IRUN en Espagne chaque dimanche soir l’heure fatidique des 22 heures pour emprunter leur long parcours jusqu’à l’Europe du Nord, la file ininterrompue de camions sur les grandes autoroutes représente parfois 20 à 30 kilométres.

Un seul ralentissement en période hivernale bloque les axes et l’économie.

Si j’achète un produit à mon commerçant du coin, le produit en question qui est produit à 10 kilométres de chez moi par exemple, à d’abord était approvisionné dans une plateforme européenne souvent situé en Europe du Nord pour être redistribué ensuite dans ma région.

Si, si c’est vrai !!!.

Voilà le constat, et rien n’est fait pour que cela change.

Une autre. Le rendement d’un moteur diesel est de 38 à 40% c’est à dire que si je mets 1l de carburant dans ce moteur 0,3 à 0,4 l sont utilisés pour me faire avancer, le reste part en frottements et donc en chaleur.

Le routier polonais, enfin plutôt bulgare, nouvel esclave de la route, peut partir un mois sur les routes sans revendication auprès de son patron pour 1/3 du prix d’un routier français ou Espagnol ou des pays européens « anciens ». Alors pourquoi s’en priver. Tout le monde en profite mais le résultat est là et le prix à payer est :

-une saturation des infrastructures sous 10 ans.

-une pollution grandissante et incontrôlée

-une gestion sociale calamiteuse

-une sécurité routière en berne

-une économie des territoires dévastée par des concurrences à bas coûts.

 

La solution :

Le transport n’est pas assez cher !!!

Il n’est pas assez cher, non pas pour enrichir les transporteurs, mais pour mettre en place des solutions techniques et économiques européennes qui interdiront les déplacements non nécessaires.

Transporter du vin de Bordeaux ou du Champagne, ok il n’y en a pas ailleurs. Des azulejos portugais, oui, du jambon espagnol pourquoi pas, des voitures allemandes oui, mais à un prix qui permettent la mise en place de solutions de transport écologiques et durables.

Pour cela deux principes :

Une tarification transport européenne obligatoire : TREO

Cela rappelle des choses aux transporteurs français. Il y a de cela 30 ans un transporteur ne pouvait facturer son transport en deçà d’une fourchette de prix à la tonne qui était réglementée et qui lui assurait la juste rémunération de sa prestation en fonction de la nature de la marchandise, de la relation qui était réalisée, par exemple, un prix pour un Bordeaux-Paris et le prix pour un Paris-Bordeaux n’était pas le même, tenant compte de la possibilité pour lui de trouver un rechargement en fonction du potentiel économique de chaque localité.

Tout cela se calculait à la main sans aide de l’informatique à l’époque, ce qui maintenant pourrait être fait dans l’instant par n’importe quelle plateforme internet ou logiciel informatique.

Bloquer les prix du transport en Europe permettrait de surenchérir le prix avec obligation pour les transporteurs d’utiliser le moyen le plus écologique de faire parvenir les marchandises, de payer ses chauffeurs dignement, d’avoir du matériel très sécurisé, et surtout de faire baisser le nombre de tonne/km transitant sur les routes européennes par annulation du trafic.

En synthèse que le lait ne vienne plus de Pologne, car celui des vaches du pré à coté est moins cher.

 

Utiliser la traction électrique ferroviaire et redynamiser le transport combiné :

Le grand ratage de la France qui possédait la meilleure technologie ferroviaire d’Europe, et particulièrement la responsabilité immense et impardonnable de la SNCF compte tenu de ses immenses talents, c’est d’avoir saboter la branche sur laquelle elle était assise.

En effet, en pratiquant un coût de traction ferroviaire trop important pour le peu de transporteurs qui avaient été convaincus par le transport combiné, en se comportant comme des banquiers en demandant à chaque petit transporteur 2 mois de consommation de traction en caution financière pour permettre l’accès aux solutions, en bloquant par des gréves incessantes les trains chargés de caisses mobiles sur les rails au détriment des transporteurs et de leurs clients, elle a tout simplement sabordé l’idée même d’un transport combiné performant en Europe alors qu’ elle, seule, et la France avec elle, avait l’avantage concurrentiel résultant du choix politique de notre pays du ferroviaire dés son avènement.

Le transport combiné pour les transports de plus de 400 kilométres est la solution impérative à mettre en place en Europe, car doublée à une TREO, il permettra la mise en place d’une réponse écologique durable et protégeant l’économie des productions locales de chaque membre de l’Union.

Le surcoût engendré par les solutions combinées Rail-route, Mer-fer, Mer-Route sera financé par l’imposition du tarif intra européen de transport aux opérateurs et aux clients de ceux-ci. Le trafic s’allégera des échanges de longue distance, débarrassé des produits importés inutilement.

Une législation sociale intra-communautaire pourra réellement voir le jour et assurer ainsi la sécurité de nos concitoyens sur les routes.

Le besoin en infrastructures routières s’en trouvera alléger et nous pourrons utiliser les réseaux ferrés anciens pour les marchandises, car les réseaux pour les voyageurs sont maintenant des réseaux obligatoirement à grande vitesse que nous devons construire.

D’autres solutions techniques sont à mettre en place pour amoindrir l’impact du transport des marchandises en Europe, il serait trop long de les énumérer toutes, mais elles existent.

Une toute dernière à explorer, depuis 40 ans on transporte par semi-remorque 35 à 40 tonnes, 44 tonnes pour un transport combiné, encore !!, mais la technologie mécanique a quand même évoluée en 40 ans.

Entre le freinage d’un tracteur routier d’il y a 40 ans et celui d’un véhicule actuel, il y a la même différence qu’entre le freinage d’une Citroën 2CV pour ceux qui connaisse et celui d’une Ferrari à freinage céramique.

Alors, supposons qu’au lieu de 40 Tonnes, dans un moment de folie et après des tests on passe le tonnage de 40T à 48T et que le plancher des semi-remorques passe de 13,60 m de longueur à 14,60m, et bien d’un coté c’est 20% de moins sur les routes que le trafic actuel et de l’autre 2 palettes de plus sur 33 palettes soit 6% de moins sur les routes. Si Si c’est possible et sans concession à la sécurité !!

Je suis né avec le traité de Rome, d’une famille de résistant, je connais la valeur de Paix portée par notre grande espérance européenne.

Certains veulent malheureusement nous faire croire qu’il n’en est rien. Hommes de peu de foi dans cet océan d’espérance et de prospérité que l’Europe peut et doit constituer pour le bonheur, valeur non cotée malheureusement, des peuples européens.

Du courage politique ! Messieurs, car l’idée nous l’avons ! En tout cas sur le transport !!!

 

Pierre Luc BERGE-LEFRANC

Consultant transport terrestre

Président de Transporteurs sans frontières

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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9 Commentaires

  1. Bonjour,
    Oui il faut renchérir le prix du transport routier, mais on peut le faire de diverses manières soit en augmentant le prix des carburants (ce qui poussera à la modération) soit avec une vignette poids lourds assortie d’un paiement au kilomètre parcouru ; cette solution est actuellement appliquée en Allemagne, Autriche et Suisse et avec d’assez bons résultats.

    • Merci de votre réponse,

      En fait, la taxe ne résout rien au différentiel social et fiscal, d’autre part il est nécessaire d’entrer dans l’équilibre des flux de transport intra-européen pour que les transporteurs eux-mêmes y trouvent un avantage et adhérent à l’organisation technique et aux contraintes qu’elles engendrent.
      Cordialement.
      PLBL

  2. Merci Pierre Luc

    Si vous permettez que je vous appelle par votre prénom.

    Ça fait des années que je peste contre le transport routier pour les raisons que
    vous indiquez, à savoir: (je cite)

    « -une saturation des infrastructures sous 10 ans.
    -une pollution grandissante et incontrôlée
    -une gestion sociale calamiteuse
    -une sécurité routière en berne
    -une économie des territoires dévastée par des concurrences à bas coûts.

    Lorsque je me rends, chaque année en Espagne, où j’ai de la famille, je constate l’aggravation de la situation: une file de droite encombrée de camions et quasi ininterrompue de Bordeaux à Bayonne.

    Mais je crois que vous n’insistez pas assez sur le fait qu’il est relativement facile de monter une PME de transport routier à moindre coût, y compris avec des véhicules qui sont de véritables cercueils ambulants, ce qui arrange bien les pays de l’est-européen plutôt désindustrialisés. Sinon comment expliquer que dans l’extrême ouest (pas le Far West) où j’ai l’honneur d’habiter, on rencontre autant de poids lourds lituaniens.

    Je précise que je n’ai rien contre les Lituaniens, la Lituanie, et la langue lituanienne (lietuvių kalba) que j’aime explorer et utiliser chaque fois que j’en ai la possibilité.

    Les solutions ? La relocalisation alimentaire est impérative, ne serait-ce que pour mieux contrôler la qualité des produits. (Les oranges, en Grèce tombent à terre où on les laisse pourrir, alors que la Grèce importe des oranges marocaines). Le ferroutage généralisé. Vignette et/ou taxe poids lourds comme le propose Lorenzo.

    • Tout cela est une longue histoire, dont l’origine, entre autre, est le redéploiement des transporteurs allemands dont l’activité préalable à la guerre d’Irak était orientés sur l’est du continent et qui se sont rabattus sur l’Europe occidentale en profitant de la libéralisation des titres de transprts européens. Un exemple Willy BETZ. Mais cela serait trop long a raconté ici!!

  3. Merci pour votre analyse, tout à fait intéressante.

    Nous explorons le potentiel du transport maritime, à l’occasion d’un forum flottant qui aura lieu en amont du Sommet de la Terre Rio + 20. Si vous avez des réflexions et des contacts à ce sujet, n’hésitez pas à nous écrire, et à visiter notre site.

  4. Bonjour,
    A priori 100 % d’accord avec votre article.
    Ces chauffeurs (avec qui j’aime bien partager le repas et discuter avec plaisir au « restau routier », quittent de plus en plus souvent l’autoroute par souci d’économie ou sont obligés de rouler sur les grandes routes du réseau.
    Alors là, je les redoute réellement et ils me font perpétuellement souffrir quand je suis volant d’un fourgon/camping-car (et même quelquefois en voiture si je visite une région) car ils vont aussi vite que possible, assez fréquemment au-dessus du fameux 90. Ils ont une confiance inouïe dans leur machine … Ceci dit tous les matins le bulletin radio indique leur large implication dans les accidents de la route.

    Peut-on s’assurer que certains candidats aux élections à venir, vont vous suivre, même s’ils ne peuvent mettre en avant ces directions par souci de ne pas trop déplaire aux électeurs ? (Pas seulement les écologistes !)

    Merci pour votre action.

  5. Bonjour.

    Article intéressant mais je mettrai un bémol sur le ferroviaire. En effet, vous prônez « [d’] utiliser les réseaux ferrés anciens pour les marchandises, car les réseaux pour les voyageurs sont maintenant des réseaux obligatoirement à grande vitesse ». Mais la construction de LGV est de plus en plus contestée, longue et coûteuse sans oublié que vous accélérez le phénomène de métropolisation (plus périurbanisation…) car la grande vitesse n’est pas compatible avec la desserte des petites gares.

    Cordialement.

  6. Bonjour, merci pour cet intéressant article.. Mais, s’il vous plaît, et pour le bien de notre chère langue, améliorez votre orthographe,

    Bien à vous,

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