En Marche, seuls

Scrutin clos se confirme l’hégémonie politique d’En Marche, pour un renouvellement de nos pratiques politiques. Se confirme aussi l’immense désenchantement démocratique. Des primaires transformées en machine à éliminer les têtes de gondoles, 40% des voix au premier tour de la présidentielle pour des partis qui affirment vouloir tout envoyer balader, et maintenant six citoyens sur dix restés à la maison sans participer au choix de la représentation nationale. Chez les moins de 25 ans, seul un citoyen sur quatre s’est présenté au bureau de vote.

Lassitude d’une saison démocratique un peu longue ? Bien sûr. Sentiment que le choix a été fait à la présidentielle? Peut être, que l’on pourrait en partie corriger en tenant les législatives et la présidentielle à la même date comme chez nos amis américains. Mécontentement des éliminés au premier tour ? Certes. Mais d’abord absence d’envie. Relativement peu de gens, au final, ont porté ses suffrages au soutien du Gouvernement, mais surtout presque personne n’a souhaité s’y opposer. La fidélité avec les anciens partis est rompue, et les Français les ont abandonnés au bord du chemin. Ils attendent de voir comment va tourner le quinquennat nouveau.

Dans l’instant, c’est un aubaine pour le Gouvernement. Mais dans la durée, c’est une fragilité importante. Les abstentionnistes ne sont pas, en masse, prêts à battre le pavé dans deux semaines. Mais comment gouverner avec un peuple qui observe de plus en plus loin? La Présidence Hollande est aussi morte de n’avoir pas pris la mesure de ce danger. Les majorités pléthoriques tendent à se suffire à elle-même. Cette tentation serait dangereuse et nous croyons au contraire qu’il faudra au nouveau pouvoir une volonté sans faille de contact avec la société française.

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5 Commentaires

  1. « Lassitude d’une saison démocratique un peu longue ? »
    Je ne crois pas que l’on puisse qualifier de “démocratique“ la période qui s’achève!
    Je pense plus que nous assistons au résultat d’une manipulation des opinions et à la logique d’un système électoral destiné a créer de fausses majorités en s’appuyant sur des habitudes d’alternances.
    Les classes populaires sont maintenues à l’écart et soumises à l’illusion de fausses promesses.
    Quand aux “souverainistes“ ils ont oublié ce qui faisait la “grandeur“ de notre pays et qui n’était ni sa puissance économique ou industrielle, ni sa puissance militaire, mais son esprit frondeur, sa culture ouverte et le plaisir d’y vivre.
    Dire que les abstentionnistes ne sont pas prêts en masse à battre le pavé dans les deux semaines à venir me semble un peu aventureux. Je crois plutôt qu’ils ne veulent pas se laisser entraîner dans ce qui ressemblerait fortement à une guerre civile, mais qu’ils sont conscients de la dégénérescence de l’action publique aux dépens des libertés, et de la montée des inégalités (tant économiques que culturelles ou sociales)
    La démocratie repose sur la diversité acceptée et tournée vers le progrès, alors que l’on propose l’uniformité et l’encadrement dans des “cases“ ce qui entraîne l’exclusion de tout ce qui n’entre pas dans ces cases imposées et un appauvrissement pour le renouvellement.

  2. La France est un pays latin. Pour ce fait et pour une école qui privilège la mentalité ayant peu de realisme, il serait bien que on se regarde dans le miroir. Confrontons nous avec les pays plus au Nord ! !

    Apprenons la « société ouverte » ! ! !

    An Européen

  3. Je pense que nous avons assisté à un rejet important du « système » tel qu’il fonctionnait depuis des décennies, que le choix était alors entre Mélenchon à l’extrême gauche, Lepen à l’extrême droite, et Macron au centre. Macron avec un programme peu défini, mais qui paraissait au moins réaliste. Le parlement a été choisi en conséquence. Seule LR – UDI y représente un contrepoids possible significatif. Mais avec la rhétorique de Baroin, je crains une obstruction à l’ancienne, celle du système rejeté. La vraie opposition sera donc dans la rue si les choses ne changent pas dans le sens souhaité, c’est-à-dire redressement de l’économie sans destruction du lien social.
    Bon courage.

  4. Clairement l’idée de modifier le mode de scrutin législatif en instillant une dose de proportionnelle fait son chemin. Si elle ne suffirait certes pas à rétablir la confiance démocratique et à diminuer l’abstention, elle y contribuerait. Je suggère de s’inspirer du mode de scrutin mixte des élections au Bundestag.

    Chaque électeur allemand dépose deux bulletins le jour du vote:

    -un bulletin pour élire le député de la circonscription au scrutin majoritaire uninominal à un tour

    -un bulletin pour élire au scrutin de liste proportionnel à l’échelle nationale un certain nombre de députés représentant les partis rassemblant plus de 5% des bulletins

    Ce système fonctionne inchangé en Allemagne depuis 68 ans. Il est très différent d’une proportionnelle intégrale, a permis des coalitions en Allemagne à maintes reprises et pourrait être prochainement adopté en Italie.

    N’étant en rien spécialiste de droit constitutionnel j’ai une question. Pourrait on institutionnaliser le mode de scrutin,

    -soit en l’inscrivant dans la constitution par voie d’amendement,

    -soit par une loi organique ?

    Il serait ainsi plus difficile de modifier le mode de scrutin pour convenance politicienne comme ce fut le cas en 1986!

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