Clash démocratique

Qu’allaient donc chercher au Parlement de Strasbourg ce 7 octobre la Chancelière allemande et le président Hollande, constitutionnellement interdit d’hémicycle en France ? Ils venaient poser leurs pas dans ceux de leurs pères, un quart de siècle après le geste de François Mitterrand et d’Helmut Kohl au lendemain de la chute du mur de Berlin. Rappelant le « testament européen » mitterrandien, « le nationalisme, c’est la guerre », François Hollande lui fit écho avec la très belle formule : « Le souverainisme, c’est le déclinisme. » La chancelière Merkel, pour sa part, a convoqué les fondamentaux de l’Europe sur la question des migrants : « Nous devons nous en tenir à nos valeurs car, autrement, nous risquons de perdre… notre identité. Si nous ne respectons pas cela, nous nous méprisons nous-mêmes. » Puis rien. Pas d’annonce sur l’Euro ni sur l’Europe de la défense à l’heure de la Syrie. Silence sur une Europe sociale face à la crise, comme si leurs prédécesseurs de 1989 avaient pris acte de la chute du Mur sans proposer l’Euro.

Et, soudain, la réalité du Parlement européen s’imposa. Cet hémicycle si marginalisé par nos citoyens et dirigeants que personne n’avait réalisé ce que signifiait d’y envoyer 35 députés d’extrême droite. À ce point déserté par les Français que le seul élu à s’exprimer (comme chef de groupe) lors d’une visite protocolaire est Madame Le Pen, aux côtés de quatre Allemands, un Belge, un Italien, un Polonais et un Britannique. Un visage dur de la démocratie européenne, façonné par une proportionnelle intégrale et habituellement ignoré des Français, faute d’Europe à la télé. Il est des instants de vérité qui portent loin. Sans doute Hollande en a-t-il vécu un face aux 750 députés européens. Ce fut un instant de démocratie brutale et sans concession ; de ces moments où il faut abandonner les discours préparés par d’autres pour plonger dans l’arène. L’instant où, enfin, était affirmé qu’Europe et démocratie sont les faces d’une même réalité. L’instant où tous les apprentis sorciers se sont vu montrer la porte de sortie sans autre forme de procès.

Henri Lastenouse et Arthur Colin

 

Article initialement paru dans Témoignage chrétien du 13 octobre 2015

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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9 Commentaires

  1. Cette lecture de l’évènement me semble fortement empreint d’une certaine subjectivité militante ! D’autres lectures plus conformes à ce qui s’est réellement passé ce jour là au Parlement européen nous ont été proposées par les médias, y compris très europhiles ! Attention à ne pas tomber dans l’euphorie militante comme forme de méthode Cauet pour vous/nous rassurer ! l’un et autre ont été à la hauteur de leur objectif de politique intérieure mais absolument pas à la hauteur de l’évènement historique qu’ils venaient honorer de leur préence dans cet hémicycle dans lequel il n’existe aucun sous-parlementaire, pas plus à Strasbourg que dans les capitales ! C’est çà la vraie démocratie ! Vius ne croyez pas ?

    • Bonjour. Juste un petit commentaire sur la forme (et non sur le fond) : je suis triste de voir que la méthode Cauet (« déneuronisation par la télécrotte ») remplace désormais la fameuse méthode du bon Docteur Emile Coué (« autosuggestion consciente »)… Cordialement 🙂

    • Je suppose, que gagné par l’euphorie de la réponse, vous avez subitement confondu « méthode cauet » et « méthode coué », non…? 😉

  2. Écrasée a raison dans toutes ses considérations.
    L’objectif de Merkel et de Hollande était purement intérieur, adresse à leurs majorités ébranlées par les réfugiés.
    Ils sont venus au Parlement Européen, illustration de l’importance croissante de cette enceinte démocratique dans une Union qui l’est très peu!
    Ils sont venus parler des valeurs à l’aune des réfugiés dans un Parlement auquel rien ne fut demandé, qui n’est pas intervenu dans cette crise.

    Merkel et Hollande ont soufflé de l’air tiède, service minimum de leurs vrais objectifs.
    Hollande fut un peu plus chaud, un peu plus vrai, après l’apostrophe obscène de Le Pen, es-qualité présidente du groupe extrême droite.

    Mauvais jeu de rôle. Mauvais rôle pour le Parlement Européen. Lecture tellement subjective, hélas habituelle, de Sauvons l’Europe!

  3. Au souverainisme, qui est volonté de souveraineté, Hollande oppose une sorte de souveraineté positive mais DISSOUTE; à la réalité, ce falot oppose un jeu de mots. Le souverainisme lui déplait parce qu’il est, à son jeu de manche souverain, ce que l’esprit critique – celui de Marine Le Pen – est aux jolis mots du GIGOLO dont celle-ci se moque.
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    Les «fondamentaux» de l’Europe sont MONDIALISTES; ils n’ont de «valeurs» que les mots creux de Merkel. La mission «fondamentale» de cette récipiendaire du prix Coudenhove-Kalergi (ii) est l’avènement de «la race eurasiatique-négroide du futur», le remplacement de «la variété des peuples par la variété des personnalités» (ii); en bref, de nous faire «PERDRE NOTRE IDENTITÉ».
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    A mots creux, poids-plume: celui d’une diplomatie de larbins, que celle-ci soit française ou européenne. On se contentera de cette diplomatie-là, après le bon mot de Fabius qui parlait en DONNEUR D’ORDRE: «sur le terrain, al Nosra fait du bon boulot» (28/1/2013). Comment en vouloir aux dits larbins de rester discrets, en Syrie, quand l’armée russe fait, en UNE SEMAINE, ce qu’on feignit de faire pendant UN AN,
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    1. après que l’OTAN ait fomenté des troubles dans ce pays (iii) et soutenu (iv) armé, entraîné et encadré (v) les islamistes ÉTRANGERS (vi) qui ravagèrent la Syrie sous la supervision des services secrets de l’OTAN (vii),
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    2. après que les dits larbins aient été humiliés par Nuland-Pyatt (viii) qui les remit en place* en Ukraine, pays où le contraste est le plus choquant, entre les PROMESSES des Pères-fondateurs de l’Europe et la RÉALITÉ?
    * le strapontin du larbin
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    L’Ukraine est aussi l’illustration de l’ambiguïté européenne: «le nationalisme, c’est la guerre» mais l’Europe favorisa le NATIONALISME ukrainien,
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    1. au point de mettre au pouvoir, à Kiev, les NÉONAZIS sur lesquels l’OTAN compta, plus tard, pour réduire la révolte orientale, dans un «instant de démocratie brutale»,
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    2. après avoir soutenu, en sous-main, les nationalistes NÉONAZIS bosniaques et croates qui défirent la Yougoslavie… …Faux curés, va!
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    Si Europe et démocratie sont «les faces d’une même réalité», après le déni de referendum que Juncker commit verbalement contre la démocratie grecque (!) on aimerait savoir comment Henri Lastenouse et Arthur Colin définissent la «démocratie» (?)
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    (i) Ambrose Evans-Pritchard, après avoir consulté les archives américaines ouvertes au public en été 2000: «Robert Schuman le visionnaire et Paul-Henri Spaak, ancien chef du gouvernement belge, étaient traités comme des employés par leurs mécènes américains (…) Un mémo de la section européenne (du Département d’Etat des Etats-Unis) daté du 11/6/1965 conseilla à Robert Marjolin, vice-président de la Communauté Economique Européenne, d’aller vers l’union monétaire de façon confidentielle. On lui recommanda d’empêcher tout débat à ce sujet» (le Telegraph du 19/9/2000)
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    (ii) 2010; Richard de Coudenhove-Kalergi: «à long terme, l’Homme sera un métis (…) Semblable en apparence à la race égyptienne, la race eurasiatique-négroide du futur remplacera la variété des peuples par la variété des personnalités» (« Praktischer Idealismus », Paneuropa Verlag, 1925)
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    (iii) Roland Dumas, LCP, « Ça vous regarde », 10/6/2013
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    (iv) le député syrien indépendant Maria Saadeh, 38ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, 11-16/3/2015
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    (v) « Le fiasco des barbouzes français à Homs », voltairenet, 17/1/2012
    « Les instructeurs étrangers se retirent, Al Qaeda arrive », voltairenet, 15/2/2012
    « la France ouvre des négociations avec la Syrie pour récupérer ses 18 agents », voltairenet.org, 26/2/2012
    « La France rétablit la censure militaire », voltairenet, 4/3/2012
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    (vi) mercenaires que les merdia à la botte appellent des «rebelles» – soit des autochtones – en faisant un grand écart de plus en plus difficile à tenir: «en Syrie des rebelles formés par les Américains ont remis du matériel militaire à Al-Qaïda» (France 24, 26/9/2015)
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    (vii) CNN rapporta la visite que John McCain rendit, en Syrie, en mai 2013, à al Baghdadi, devenu chef de l’État Islamique en Irak et au Levant après avoir été retourné par ses geôliers à la tristement célèbre prison d’Abou Ghraib
    +
    (viii) Nuland-Pyatt: «fuck the EU!» (BBC News, « Ukraine crisis – Transcript of leaked Nuland-Pyatt call », 7/2/2014)

  4. « L’Europe en déni de démocratie -le retour du réel ».
    Est-on obligé d’avaler une telle violence dévastatrice dans des propos et pas seulement dans des mots (« merdia », « fuck the EU! »…) déversés sous anonymat? Accumuler les injures (« Gigolo », « mondialistes », « larbins ») et les raccourcis ne relève pas du débat fut-il musclé. STOP.

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