Fabien Chevalier répond au Taurillon

 

Après notre appel à voter pour François Hollande, pour la première fois de notre existence, Fabien Chevalier s’explique de ce choix auprès de Fabien Cazenave pour le Taurillon. Notons que depuis cet entretien, François Bayrou s’est également prononcé en faveur de François Hollande, qui recueille ainsi de soutien de l’ensemble des mouvements que nous appelons à former un arc europrogressiste.

 

 

Sauvons l’Europe vient de prendre position en faveur de François Hollande pour la présidentielle française. Pourquoi ?

 

C’est la première fois que Sauvons l’Europe prend position pour un candidat à une élection. Nous sommes en effet une association indépendante de tout parti politique. En ma qualité de président, j’ai toujours veillé à ce que le camp progressiste, dans sa diversité, ait sa place à Sauvons l’Europe et à tendre la main aux pro-européens de l’autre rive. C’est pour cela que nous n’avons pas soutenu de candidat au premier tour de l’élection présidentielle. Mais aujourd’hui, nous devons prendre nos responsabilités. Sauver l’Europe, ce n’est pas procéder à des lâcher de ballons bleus et jaunes ! mais veiller à ce que des politiques justes et efficaces soient menées au sein de l’UE. Or, la situation de la France et de l’Europe n’évoluera pas de la même manière selon le Président élu le 6 mai.

En tant que pro-européen, nous nous prononçons contre Nicolas Sarkozy. Son mépris des valeurs européennes est insupportable ! L’un des grands principes de l’Europe, c’est l’humanisme, le respect de la personne humaine. Or, qu’a-t-on vu pendant 5 ans ? Du discours de Grenoble à la circulaire Guéant, nous avons assisté à une stigmatisation des étrangers… et même des citoyens européens à propos des Roms. Dans son programme, il propose de remettre de sympathiques douaniers aux frontières gauloises pour lutter contre les invasions barbares. Or, qu’est ce que l’Europe sans les droits de l’Homme ? Juste une zone de libre-échange ? On est loin des combats de Schuman, Spinelli ou Delors !

A l’inverse, en tant que progressistes, nous nous reconnaissons dans la vision de l’Europe développée par François Hollande, dans son engagement à défendre une perspective de croissance en mobilisant de nouveaux instruments comme des euro-bonds. Il propose la mise en place d’un budget européen renforcé et souhaite défendre une logique démocratique face au ballet des diplomates et des experts élevés en batterie.

Nous nous félicitons surtout de sa reprise de notre proposition d’un Erasmus euroméditerranéen, combat que nous avions victorieusement porté au Parlement européen, notamment grâce aux eurodéputés Vincent Peillon et Françoise Castex. Nous notons enfin sa volonté de mettre l’Europe au service de la jeunesse, en suscitant une nouvelle dynamique comme nous le réclamons avec notre campagne « Qui va payer ? ».

 

Pensez-vous que François Hollande ne prendra pas la même voie intergouvernementale que Nicolas Sarkozy ?

 

Nous le jugerons sur ses actes, mais il me parait difficile d’être plus intergouvernementaliste que Nicolas Sarkozy ! Il n’a vu dans l’Union européenne qu’un territoire plus vaste à présider, ou à co-présider avec l’Allemagne, méprisant ainsi les 25 autres États membres, le Parlement européen et même la Commission européenne pourtant aux ordres.

Je pense que François Hollande sera plus à l’écoute de nos partenaires, et favorisera de grands compromis pour faire avancer l’Europe et ses idéaux de paix, de progrès et de prospérité partagée.

 

L’Europe a été peu abordée dans cette présidentielle. Qu’avez-vous pensé de cette campagne du point de vue européen ?

 

Je ne pense pas que l’Europe ait été un sujet peu abordé. Au contraire, on n’a jamais autant parlé de l’Union européenne pour une élection présidentielle, surtout au début de cette campagne. Après, il est vrai qu’on a préféré aborder des sujets nettement plus fondamentaux comme la viande hallal.

Cependant, les citoyens ont pris conscience de l’interdépendance qui existe au sein de l’UE. Ce qui ce passe en Allemagne a des conséquences directes en France, et vice-versa. Par contre, il est vrai que peu de propositions nouvelles ont été avancées. Il vaut peut-être mieux cela que des promesses populistes.

Je remarque en outre que ceux qui souhaitaient ou prônaient la sortie de l’Euro sont complètement discrédités. Qui peut croire que la solution à la crise serait étroitement nationale ?

 

Vous avez participé à la manifestation syndicale du 1er mai sur le thème « Qui va payer ? » à propos de l’endettement. En quoi cela a-t-il une dimension européenne ?

 

La question que nous posons, c’est « qui va payer la dette d’aujourd’hui et les investissements de demain ? » Depuis 30 ans, on accumule les dettes. 17 000 euro de dette pèsent sur chaque enfant français à la naissance. Ces derniers mois, nous avons eu 20 conseils européens pour sauver l’Europe et 4 mois de campagne présidentielle en France… Mais toujours pas de réponse concrète à la question « Qui va payer ? » ou alors, une sinistre réponse, l’austérité aveugle, qui ne résout rien mais qui est une offensive contre les idéaux européens de solidarité et de rapprochement des peuples.

 

L’Europe ne survivra que par son investissement en faveur de la solidarité, de l’innovation, de l’ouverture et du renouvellement générationnel. C’est pourquoi nous posons la question « Qui va payer ? ». En France comme en Europe, c’est le premier pas pour sortir de cette crise et revenir à la croissance !

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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8 Commentaires

  1. Bonjour,

    Pour m’être intéressée au sujet de la crise qui traverse le pays, et donc l’Europe. Et cela, depuis bientôt 10 ans, nous pouvions envisager une vision, à contrecarrer les effets négatifs d’une finance interdépendante, et qui nous a montré ses limites.

    Si aujourd’hui, un facteur déterminant de la résolution de crise, passe par plus de contrôle, et de régularité de ces contrôles par les parlements ?

    Où en sommes-nous aujourd’hui, sur la superposition, des décisions, et des directives, au sein de l’Europe ?

    Ne faudrait-il pas responsabiliser la société civile qu’occupe Bercy, aujourd’hui. Son rôle est important, mais sa propension, à rejoindre le monde de l’entreprise, et son appel constant aux marchés ?).
    Pourquoi pas ? Faisons, un peu de rappel de notre histoire. NECKER, qui était le ministre des finances de LOUIS XVI, et aussi son banquier ? L’ Histoire est là, pour nous rappeler qu’il n’a pas pu faire changer d’idées le monarque de l’époque,à un moment donné, pour la simple raison simple, qu’il était juge et parti !

    Soumettre à une Commission, telle que la cour des comptes, des comptes rendus trimestriels, et annuels. Cela apporterait à notre pays un signal, suffisamment fort pour ceux qui veulent toujours plus de déficits. Lorsque les déficits dérapent d’année en année ! Il faut bien à un moment donné clôturer les comptes.

    LA PROCHAINE FOIS? Nous aborderons peut-être le rôle de LA FRANCE en Europe, et ses projets d’avenir !

    Cordialement,

    Nathalie MANCEAU

  2. A lire Fabien Chevalier il semble qu’on ne peut pas pas être tout à la fois profondément fédéraliste européen et profondément libéral..? Me trompe-je ?
    Jean-Philippe Allenbach
    Fondateur et ancien président du Parti fédéraliste

    • Cher ami,
      Que veut dire profondément Libéral ?
      1°) Est-ce être Ultra-Libéral au point d’écraser le moins fort
      2°) est-ce admettre que nous avons beoin d’une part de libéralisme dans notre production des biens et des services afin d’être dynamique, tout en acceptant que ce libéralisme reste sous le contôle de l’instance politique élue afin d’en éviter les excès et auusi pour, au besoin, promouvoir des aancées nouvelles?
      Merci de votre réponse pour poursuivre notre échange.
      Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

      • Je ne comprends pas bien la question: libéral veut tout simplement dire libéral. Tout comme socialiste veut tout simplement dire socialiste.

        L’Europe n’est pas un contenu mais un contenant cad un nouvel espace de citoyenneté comme dirait Cohn-Bendit. Ce qui faut c’est que le peuple européen puisse décider lui-même de son avenir avec des institutions fédérales démocratiques. Et si le peuple européen opte demain pour le libéralisme (ou le socialisme), ce sera alors son choix souverain, et, comme fédéraliste, on se doit par avance de le respecter. Après tout si la majorité du peuple européen souhaite demain vivre dans un système libéral, voir ultra-libéral au nom de quoi l’en empêcherait-on ?

        Ca a d’ailleurs toujours été le point de vue de Jacques Delors qui, en son temps fustigeait les partisans de « l’Europe sociale » en disant que la création de l’Europe ne doit pas être conditionnée à une quelconque idéologie socialiste ou libérale.

        Quant au fond, de Tocqueville a clairement démontré que libéralisme et fédéralisme allaient de pair. D’ailleurs les seuls fédéralismes ayant jamais réussi sont ceux d Etats libéraux (USA, Canada, Allemagne, Suisse..). Jamais le fédéralisme a réussi dans un état socialiste.

        Jean-Philippe Allenbach
        Fondateur et ancien Président du Parti fédéraliste.

  3. Je suis surpris de cette prise de position : on reproche souvent à l’Europe son opacité et son déficit démocratique, mais sauvons l’Europe ne tombe-t-il pas dans ce travers ? Je pensais que le rôle de l’association était de contribuer à informer et à lancer des débats, pas de donner des consignes de vote dans une élection. Cette remarque relève d’une question de principe, pas d’une préférence partisane. Mon analyse personne est que l’Europe a été très mal traitée par l’ensemble des candidats et que les vrais problèmes ont été esquivés. Ce n’est glorieux pour personne. une fois de plus on prend des positions intenables et demain, on en fera porter la responsabilité à l’Europe !

    • Nous sommes en face de deux candidats
      1°) Mr Sarkosy a la franchise de dire depuis 2007 que sa mission est d’appliquer le nouveau système économique Monétariste appelé aussi Pensée-Unique, et qui porte depuis l’origine le surnom de Modernité. Ce système économique défini dans le traité de Maastricht donne les pleins pouvoirs à la finance au détriment de l’institution politique.
      Il n’a pas changé ; Mr Sarkosy reste l’ami des Bolloré et consorts.

      2°) Mr Hollande est membre du parti socialiste qui avait opté pour le Monétarisme en 1983. Ce parti s’aperçoit que c’est une impasse et qu’il faut changer ce systèpe économique incompatible avec la démocratie. Le débat interne dans le parti nous donne l’espoir presque certain que ce changement se fera prochainement.

      Entre ces deux candidats, il faut choisr. Lequel porte le plus d’espérance. Je crois aussi que c’est Mr Hollande.
      Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

  4. à Fabien Chevalier

    Parce que l’Europe n’arrive pas à se construire, on va finir par ne plus y croire. Des pays qui ont un tel passé, ne peuvent que se confédéder démocratiquement. Mais surtout, choisir un système économique qui soit sous la gouverne du Politique et non sous la gouverne de Financiers apatrides. Ces financiers nous imposent leur loi, et nous voelent la richesse que nous produisons, et ensuite ils nous prêtent de l’argent avec intérêt. C’est digne de la mafia.
    Pour en sortir, dénonçons Maastricht, et ensuite nous construirons l’Europe.
    Puisque l’UMP est incapable de l’entendre, souhaitons que le PS revienne à sa Primauté du Politique. Mélenchon a maintenant lancé ce débat sur la place publique. Cela lui a permis de faire un score inattendu. Les électeurs se réveillent malgré le black-out qu’ol leurs fait subir.

  5. Si las de la fatalité fédérale, l’avenir puise son visage futur dans l’essence héritée de Robert Schuman. Brisant la digue eurosceptique, les chevaliers vaillants contemplent avec amertume l’épreuve des temps fédéraux. A l’heure des choix d’une Europe unie, magnifier l’Union européenne est un devoir fédéraliste. La lettre éprise de solidarité, l’esprit respectant les différences, les défenseurs résolus du projet européen ont des raisons de croire en l’avenir. En l’honneur du couple franco-allemand, la prise de conscience fédère les citoyens européens soutenant la construction européenne à visage humain, favorisant les échanges économiques et culturels, luttant contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

    Aux parfums de l’Europe unie, Pierre-Franck HERBINET se souvient de la Déclaration Schuman tout en revendiquant avec fierté les – Lieux de mémoire -, comme le Salon de l’Horloge. Pour autant, Pierre-Franck HERBINET dénonce la coopération intergouvernementale.

    Pierre-Franck HERBINET

    Ancien Secrétaire Général du Mouvement Démocrate Jura

    Ancien Conseiller de Corinne Lepage

    Président du Café – Citoyen de Lons-Le-Saunier

    Membre dela Société CivileEuropéenne et de la diplomatie internationale

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